MADANIYA
France
diplomatie – La France, Patrie des
Droits
de l’Homme, un état voyou 2/2
René Naba
Vendredi 7 septembre 2018
L’expédition de
Syrie : Une farce tragique. Un fiasco.
La manifestation de
force occidentale contre le Syrie, en
avril 2018, hors mandat des Nations
Unies, a viré à une démonstration
d’impotence. Le retour d’opération
établit le constat d’un fiasco militaire
doublé d’une farce tragique. La vérité
des chiffres donne le bilan suivant :
110 missiles américains tirés contre la
Syrie, dont 70 % abattus avant
d’atteindre leur cible. Soit à raison de
deux millions de dollars le missile, un
budget de 220 millions de dollars pour
trois syriens blessés. Ce qui donne 70
millions de dollars pour chaque syrien
blessé.
Ce chiffre ne tient
toutefois pas compte des dépenses
afférentes au déplacement de l‘Armada
occidentale aux larges des côtes
syriennes : un porte avions américain
Harry Truman et son esacdre d’escorde de
six bâtiments, deux sous marins anglais
lance missiles etc.
La France, suprême
sophistication, a dépêché, elle, depuis
la base aérienne de Saint Didier sur le
territroire métropolitain, quatre avions
«Rafale», escortés par 4 autres Rafale
de protection, un avion ravitailleur et
trois bâtiments de la marine soit au
total 12 éléments de sa défense
nationale pour un raid de 4 heures, au
résultat aléatoire. Pis, L’opération
Hamilton, au cours de laquelle 12
missiles français ont été tirés, a
tourné au fiasco. Pas moins de quatre
missiles ne sont jamais partis.
Deux frégates
Aquitaine et l’Auvergne ont essuyé une
défaillance technique, entravant la mise
à feu des missiles. C’est finalement, le
bâtiment de remplacement, le
Languedoc-Roussillon, qui a armé ses
missiles pour atteindre la cible prévue,
un centre de stockage d’arme chimique
près de Homs. Les deux autres cibles ont
été frappées par des tirs d’avions
Rafale.
Le prix des missiles prévus pour cette
opération, capable de pulvériser une
cible à plus de mille kilométres de
distance avec une précision inférieure à
un mètre, est de 2,8 millions d’euros
l’unité.
L’hypothèse d’un
piratage informatique russe a été
évoquée pour expliquer la défaillance
technologique française.
Pour des pays qui
affichent des déficits budgétaires
colossaux, l’exploit mérite d’être
signalé, particulièrement la France, qui
balance « un pognon dingue » aux plus
démunis, chipotant le bout du gras
faisant des économies de bout de
chandelles en réduisant par exemple de 5
euros l’allocation APL concernant les
loyers étudiants, ou en gélant depuis
cinq ans les pensions des retraités,
dont l’économie de surcroît ne dispose
d’ailleurs pas des mêmes possibilités de
rebond que les économies anglo saxonnes,
avec leur monnaie nationale, le dollar
et la livre sterling, qui servent de
monnaies d’échange des transactions
internationales.
Une opération
tenue en laisse par leur contestataire
russe
Les Occidentaux
voulaient donner une magistrale leçon
aux Syriens, au-delà aux Iraniens et à
leur allié commun, les Russes. Dans un
luxe de raffinement qui confine au
sadisme, la Russie a infligé une
humiliation à ses adversaires, assignant
à l’action militaire occidentale un
périmètre clairement défini, une « ligne
rouge » de revers, au-delà de laquelle,
ils s’éxonéraient de leur engagement de
prévenir des représailles syro
iraniennes contre les troupes
américaines présentes dans le Nord de la
Syrie, de l’ordre de 2.500 soldats
déployés autour de la base aérienne de
Minjeb et de la base d’Al Tanaf. Et des
2.000 soldats français encadrant les
kurdes d’Afrine…
Au delà de la
propagande de guerre, l’échec occidental
se révèle par les statistiques fournies
par le commandement russe sur
l’efficacité de la défense anti aérienne
dans l’espace syrien : Pantzir S : 23
frappes sur 25 engagements ; Buk-M2 : 24
sur 29. Autrement dit, la Russie a
engagé le dernier cri de son armement
pour neutraliser l‘attaque occidentale.
Much Ado About Nothing.
De la récidive
d’états voyous
L’agression
tripartite occidentale a retenti dans la
conscience populaire arabe comme un
remake de l’agression tripartie de Suez
contre Nasser, en 1956. Mais à la
différence de 1956, où les deux
anciennes puissances coloniales du Moyen
Orient, Le Royaume Uni et la France,
s’étaient alliées à leur créature,
Israël, l’expédition de 2018 a été menée
par les deux anciennes puissances
coloniales européennes mais avec leur
tuteur américain, dont elles sond
devenues les sous traitantes régionales,
pour la protection de leur créature
commune, Israël, dans un inversion de
tendance, lourde de signification pour
l’avenir.
En 2011, le trio
occidental avait procédé à une
interprétation extensive d’une
résolution de l’ONU sur la Libye pour
bombarder massivement le pays, « la plus
grande erreur » de la double mandature
de Barack Obama, du propre aveu de
l’ancien président américain.
Les états
occidentaux sont des récidivistes en la
matière, s’affranchissant de la légalité
internationale dès lors que leurs
intérêts sont en jeu. Ce qui en ont fait
au même titre que d’autres des «rogues
states». Des «Etats Voyous».
Triste constat : la
France, Patrie des droits de l’homme,
est un « état voyou »… sans doute à
l’insu de son propre gré.
En contrepartie, de
ce résultat aléatoire voire
problématique, la Russie s’est libérée
de l’engagement qu’elle avait prise
auprès des États-Unis de ne pas livrer
des missiles S 300 à la Syrie. Des
missiles performants, infiniment plus
efficace que le bouclier anti missiles
américains Patriot déployé tant en
Arabie saoudite qu’en Israël.
Mieux, alors que
dans l‘optique occidentale, la « frappe
» devait ramener la Russie à la table
des négociations de Genève, sous l‘égide
des Nations Unies, donc sous contrôle
occidental, Moscou a estimé que ce coup
de force frappait de caducité la
Conférence de Génève sur la Syrie,
l’incitant à rechercher une solution
dans un cadre tripartite des puissances
régionales, en concertation avec l’Iran,
et, surtout la Turquie, pourtant membre
de l’OtAN.
L’agitation
belliciste d‘Emmanuel Macron
s’expliquerait par la rebuffade qu’il
aurait essuyé auprès de la Turquie qui
se serait opposé à la participation de
la France au sommet tripartite d’Ankara
sur la Syrie tenu au printemps 2018,
ainsi que par le 2e refus de la Turquie
de donner suite à une recherche d’une
solution pour le nord de la Syrie dans
le cadre d’une démarche commune
franco-turque. Ce double refus aurait
mortifié l’amour propre du juvénile
président français. Il expliquerait sans
la justifier son fonctionnement
vibrionnaire lors de la pré-campagne de
Syrie.
La fin de
l’unilatéralisme occidental dans la
gestion des afffaires du Monde
Dans un mouvement
sans doute irréversible, la guerre de
Syrie a signé dans l’ordre symbolique la
fin de l’unilatéralisme occidental dans
la gestion des afffaires du Monde, en
même temps que la fin de six siècles
d’hégémonie occidentale sur la planète.
Au delà de
l’affrontement Russie versus Otan en
Syrie, « la Chine et les États-Unis sont
engagés, à long terme, sur une
trajectoire de collision. Les précédents
historiques montrent qu’une puissance
ascendante et une puissante déclinante
sont vouées le plus souvent à
l’affrontement» (Dominique de Villepin
dixit). Dans cette bipolarisation du
monde, la France particulièrement,
risque d’être engloutie dans la sphère
d’influence de l’un des deux géants
rivaux, à son grand détriment.
Dans cette
perspective, Emmanuel Macron serait plus
avisé de rechercher auprès de la Russie
un contrepoids efficace à la nuisance
que génère sur la construction
européenne « la nouvelle Europe »,
(Pologne, Hongrie etc), selon la
terminologie du néo conservateur
belliciste Donald Rumsfeld , ancien
secrétaire à la défense de George Bush
jr.
De la «
Communauté internationale »
Emmanuel Macron
s’est drapé dans la dignité de la
couverture de la « communauté
internationale » pour justifier son
action militaire contre la Syrie, en
avril 2018.
Pitoyable et
méprisable procédé qui consiste à
camoufler un unilatéralisme belliqueux
de type néocolonialiste par une
fantasmagorique nébuleuse crypto
moralisante. Forgé par les néo
conservateurs pour se donner la
possibilité de contourner la légalité
internationale, la « Communauté
Internationale » est constituée des pays
de l’Otan plus Israël. Ce que les
théoriciens suprématistes désignent par
l’« anglosphère », soit 21 pour cent de
la population mondiale, exclusivement de
« race blanche».
Que le disciple du
philosophe Paul Ricoeur recourt à cet
artifice moral pour justifier une action
de non droit relève de l’indigence
intellectuelle, doublée d’une imposture
morale.
D’une fébrilité
vibrionnaire sur tous les plans de
partition du Monde arabe, la France se
trouve à l’avant garde de tous les
projets portant création de nouveaux
états dans la sphère arabe, du Sud
Soudan, au Kurdistan irakien au
Kurdistan syrien, grâce à ses activistes
pro israéliens patentés (Bernard
Kouchner, Bernard Henry Lévy), mais,
d’une timidité de violette,
paradoxalement, pour tout ce qui a trait
à la Palestine. Ah le fardeau de la
collaboration nazie de Vichy et de la
tétanie qu’il provoque pour ce qui a
trait au fait juif dans la conscience
politique française.
Emmanuel Macron
frappé du syndrome François Hollande
À l’instar de son
prédécesseur, qu’il déteste pourtant
tant, Jupiter est sensible aux
croassements de la basse cour
intellectuelle, les intellectuels de
cour, la cohorte des flagorneurs,
flatteurs, persifleurs, conseilleurs,
zélés toujours, mais jamais payeurs. À
n’ y prendre garde, Emmanuel Macon
pourrait être happé par le syndrome
François Hollande, le miroir des vanités
intellectuelles françaises, victime de
sa trop grande proximité, voire de sa
complicité, avec la caste médiatique.
La Légion
d‘Honneur
Emmanuel Macron
s’imaginait induire une action en
indignité du président syrien en
instrumentalisant le processus visant à
lui retirer la dignité de « Grande Croix
» de la Légion d’honneur, pour en faire
son procès moral, à chaque étape de sa
dégradation symbolique : Décision du
chancelier du Conseil de l’Ordre de la
Légion d’Honneur, présentation de la
décision au Grand Maître de l’ordre, en
l’occurence le président français en
personne, puis publication au Journal
Officiel de la République Française.
En anticipant le
mouvement par un « retour à l’envoyeur
», -via l’ambassadeur de Roumanie en
charge des intérêts syriens en France-,
Bachar Al Assad a infligé un magistral
camouflet à son homologue français, par
effet boomerang en quelque sorte, en lui
coupant l‘herbe sous les pieds.
Mieux, le Président
syrien peut désormais se targuer de ne
pas figurer dans le lot des
bénéficiaires du grelot, dont bon nombre
figure parmi les autorcrates hideux de
l‘histoire, à l’instar de Benito
Mussolini (Italie), Nicolas Ceasescu
(Roumanie), Omar Bongo, (Gabon), Joseph
Désiré Mobutu (République Démocratique
du Congo), dont l’accès au territoire
français a été cyniquement refusé au
congololais au seuil de sa mort à titre
de gratitude pour ses largesses à la
classe politico médiatique française, de
même que Zine El Abdine Ben Ali
(Tunisie). Des récipendiaires qui
constituent autant de stigmates sur la
belle façade démocratique que la France
veut donner d’elle même au Monde.
L’exception
Française
Ah ce faux souci de
l’« exception française », la fameuse
spécificité française qui verse souvent
dans la spéciosité, dans ses diverses
déclinaisons « responsable mais pas
coupable », ou sa variante ignoble de «
fusible » d’un supérieur fautif d’un
subordonné innoncent, face cachée du «
management panique » pour reprendre
l’expression du sociologue Michel
Crozier (cf: La crise de l’intelligence,
essai sur l’incapacité des élites
française à se reformer Inter-éditions
1995).
Un comportement
attentiste, où des solutions de
circonstances prévalent sur les
règlements de fond ; un comportement de
frilosité où la hardiesse d’une
anticipation est bridée par la quiétude
procurée par le pourissement d’une
situation, où la rationalité cède le pas
à l’improvisation générée par une
ambiance de catastrophisme.
Epilogue
Le mot de la fin
revient au sociologue Michel Crozier qui
porte un diagnostic au scalpel sur la
France et son management panique : «
L’image idéale du dirigeant français,
c’est celle de l’homme qui analyse très
vite les difficultés ou les
opportunités, qui en fournit une
brillante synthèse et qui édicte
immédiatement les solutions ou les
actions appropriées : clarté d’esprit,
simplification et rapidité de décision.
C’est ainsi qu’on provoque les grandes
catastrophes».
… « Le deuxième
corollaire, c’est la priorité donnée à
la conception sur l’exécution. Elle sert
d’excuse à l’ignorance du terrain, elle
explique l’incapacité de beaucoup de
dirigeants à appréhender la complexité
des systèmes humains qui vont devoir
mettre en oeuvre leurs décisions et en
subir les conséquences. Cette distance
par rapport aux réalités de la base est
à la source de beaucoup d’échecs (…) La
France est un pays particulièrement
porté à l’engouement pour les modes et
les gourous : pour les solutions
séduisantes, avant même de savoir à quel
problème elles peuvent s’appliquer».
Fin de la citation
de Michel Crozier qui ne saurait en
aucun cas être suspecté d’être un « anti
français » l’accusation courante qui
frappe quiconque heurte la bien pensance
française.
Pour rappel la
France se classe 23e sur 180 pays dans
l’indice de perception de la corruption,
publié par Transparency International,
derrière certains de ses voisins
européens comme la Belgique (16e),
l’Allemagne (12e) ou le Royaume Uni
(8e).
Reçu de René Naba pour publication
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