Algérie résistance
L’Algérie ciblée par Daech-EI
(Etat-islamique)
Mohsen Abdelmoumen
Daech
parade dans la province de Raqqah en
Syrie. D.R.
Mardi 2 décembre 2014
L’échec programmé de la
coalition internationale contre Daech en
Irak et en Syrie
Depuis le lancement en août des
frappes de la coalition en Irak et en
Syrie, plus de 2000 raids ont été
effectués à l’aide d’une gigantesque
armada composée d’hélicoptères Apache,
d’avions de combat F-16, F-15, F-18, de
Tornados, de Rafales, de drones de
reconnaissance Predator, Reaper,
d’avions ravitailleurs KC 135, d’avions
hybrides de transport 22 Osprey, et du
tout dernier F-22, apparu pour la
première fois dans des opérations de
combat. Ces appareils ont été lancés
depuis les bases d’al-Dhafra aux Emirats
Arabes Unis, d’al-Udeid au Qatar, d’Ali
al-Salem au Koweït, depuis la Jordanie,
des bombardiers B-1 à grand rayon
d’action se sont envolés depuis la base
de Diego Garcia dans l’Océan Indien, les
F-18 ont décollé depuis le porte-avions
USS George HW Bush auquel s’est joint le
USS Carl Vinson et toute une série de
bâtiments, réunis dans les eaux du Golfe
pour constituer une véritable flotte de
guerre dont les destroyers USS
Philippine Sea et USS Arleight Bruke qui
ont servi au lancement des missiles BGM
129 Tomahawk à un million de dollars
pièce. Toute
cette force utilise le guidage au laser
et la technologie de haute précision
pour lancer des missiles de croisière
par vagues successives de 50, des bombes
à haute précision GBU-12 et GBU-32 dont
le coût varie entre un demi-million et
deux millions de dollars l’unité.
Pourtant, cette immense puissance de feu
à la pointe de la technologie n’a réussi
qu’à détruire des cibles sans importance
stratégique et à tuer des combattants
kurdes engagés contre Daech-EI ainsi que
des civils, et à abattre plusieurs
appareils de transport d’armement
envoyés par le gouvernement régional du
Kurdistan irakien pour soutenir les
combattants kurdes qui luttent contre
Daech sur le terrain.
« Miraculeusement », une grande partie
de cet armement est tombé entre les
mains des terroristes de l’Etat
islamique. De son côté, Daech possède
tout un arsenal de guerre sophistiqué
allant des mitrailleuses anti-aériennes
14.5 – 23 et 57 MM aux missiles à
infrarouge Igla et Strela, en passant
par les missiles sol-air FN 6 chinois de
troisième génération à guidage
infrarouge qui ont été utilisés pour
abattre des hélicoptères et des avions
irakiens et syriens, mais n’ont jamais
été pointés vers les appareils de la
coalition opérant à basse altitude,
alors que ces missiles sont justement
programmés pour ce type de tir. Ainsi,
au lieu de se replier et de compter ses
morts, Daech garde son potentiel intact,
entre 20 000 et 30 000 hommes, et
progresse sur la voie royale que lui
ouvre la coalition internationale, et
acquiert de nouvelles positions. Des
voix s’élèvent d’ailleurs aux Etats-Unis
contre l’inefficacité des raids aériens,
comme celle de l’inénarrable sénateur de
Caroline du sud Lindsey Graham, le
compère du sénateur criminel John
McCain, qui a déclaré à CNN :
« La stratégie de bombardements aériens
ne va pas détruire ISIS. Vous ne pouvez
pas détruire ISIS sans composante au
sol ». Ses propos ont été relayés en
Grande Bretagne par l’ancien chef
d’état-major, Sir David Richards, qui a
renchéri à la BBC : « La
puissance aérienne ne suffira pas à
gagner une campagne de ce type. Ce n’est
pas réellement une opération
antiterroriste ». Que reflètent de
telles contradictions au sein des
membres de la coalition ? Comment se
fait-il que ces personnalités expriment
publiquement l’échec des frappes contre
Daech alors que l’opération est en
cours ? Et comment l’administration
américaine peut-elle continuer à berner
sa propre opinion publique et l’opinion
publique internationale en continuant
d’affirmer qu’elle combat Daech, alors
que des voix en son sein affirment le
contraire ? Que cachent ces
affirmations ? Et que penser de la
démission de Chuck Hagel, ministre de la
Défense US, qui s’est produite de
manière on ne peut plus discrète le 24
novembre ? S’inscrit-elle dans ce
contexte suite aux pressions du lobby
sioniste, source d’une dissension au
sein de l’administration américaine ? Ce
désaccord serait-il arrivé à un tel
degré de rupture qu’il a entraîné le
départ de Hagel ? Que dissimulent
réellement ces discordes au sein de la
Maison Blanche ?
Le jeu du chat et de la souris entre
la coalition menée par les USA et Daech
nous révèle que ce dernier est
effectivement le bras armé des
Etats-Unis, comme nous l’affirment
diverses sources du renseignement. La
coalition internationale engagée dans ce
conflit sans l’aval de l’ONU, et donc
sans aucune légitimité, ne combat pas
Daech-EI, et a réussi un seul objectif :
la venue des troupes américaines en Irak
avec 3000 soldats pour encadrer et
entraîner l’armée irakienne. Combien de
temps va-t-on encore essayer de nous
cacher qu’il s’agit en fait d’un retour
pur et dur des Etats-Unis en Irak, et
que le but est d’un autre ordre que
celui annoncé dans le projet initial
d’attaquer Daech ? Tous les pays
impliqués dans cette coalition ont un
lien direct ou indirect avec
l’organisation terroriste, chacun ayant
ses propres calculs et son agenda
personnel. Les Etats-Unis ont créé
Daech-EI comme ils ont créé jadis
Al-Qaïda, créant des « chaos
constructifs » pour générer des guerres
destinées à engraisser le complexe
militaro-industriel auquel sont liés les
néocons et les vieilles badernes
étoilées du Pentagone. Israël entraîne
et soigne les terroristes blessés dans
des hôpitaux de campagne et, grâce à la
montée en puissance de Daech, va
concrétiser un contrat gazier historique
de 4 milliards de dollars en livrant du
gaz à l’entreprise égyptienne Dolphinus
Holdings à partir de 2015, gaz pompé
dans le champ offshore de Tamar
revendiqué par le Liban et contenant 250
milliards de mde gaz naturel, alors que
jusqu’ici c’était Israël qui achetait du
gaz à l’Egypte. Les Saoudiens, bailleurs
de fonds, ont financé et armé Daech à
coups de milliards de pétrodollars. La
France qui a été le fer de lance de la
destruction de la Libye, a aidé de mille
manières les islamistes coupeurs de
têtes dits « modérés » et rêve
d’éliminer celui qu’elle nomme le
« dictateur » Assad. Les Britanniques
ont envoyé quelque 6000 recrues à Daech
et lui ont fourni l’entraînement via ses
services secrets et d’anciens militaires
qui ont enseigné les techniques de
combat, le maniement des armes, la façon
d’économiser les munitions et de tirer à
bon escient, l’organisation des
embuscades et comment mener des
opérations de jour et de nuit. L’Union
européenne, dont certains pays ont
acheté du pétrole à Daech-EI, comme l’a
affirmé Jana Hybaskova, l’ambassadrice
de l’Union européenne en Irak, sans
toutefois divulguer la liste des pays
impliqués, permet à Daech de gagner plus
de 3 millions de dollars par jour avec
la vente du pétrole, les vols, les
trafics humains et les rançons.
L’organisation terroriste contrôle,
selon les rapports des services de
renseignement occidentaux, onze champs
pétroliers dans le nord de l’Irak et
dans la province syrienne de Raqqa, le
pétrole étant transféré à travers des
réseaux établis en Turquie, en Jordanie
et dans la région du Kurdistan irakien.
La Turquie d’Erdogan, plaque tournante
du terrorisme islamique mondial, va
accueillir deux mille terroristes dans
le centre d’entraînement militaire de
Hirfanli à Kırşehir à partir de ce mois
de décembre et tamponne les passeports
des candidats au djihad en transit ; des
centaines de passeports libyens,
tchéchènes, turcs, marocains, tunisiens,
belges et français portant le tampon de
l’Etat turc ont été retrouvés dans les
zones de combat. Atteint d’un délire
mégalomaniaque dont son nouveau palais
extravagant et démesuré est le symbole,
le sultan Erdogan Le Maléfique aspire au
nettoyage ethnique de tous les Kurdes,
qu’ils soient du PKK ou du PYD, et
lorgne sans détour vers le Nord et l’Est
de la Syrie en vue de s’emparer des
ressources gazières et pétrolières et de
faire main-basse sur Alep, étendant son
appétit insatiable jusqu’en Afrique. Le
Qatar entraîne les djihadistes dans son
désert où est implantée la base
américaine al-Udeid, et même le Maroc,
créateur du groupe terroriste Mujao
opérant en Afrique noire qui a prêté
allégeance à Daech, vient d’envoyer deux
F16. Ce n’est pas tout, des sources
diplomatiques ont révélé que plusieurs
pays européens ont fourni des armes à
Daech-EI avec l’aval de l’OTAN. Cette
information a été révélée par le
quotidien américain World Tribune,
citant une source diplomatique sous le
couvert de l’anonymat. Selon cette
source, « des armes anti-char, des
missiles, des RPG, des équipements de
télécommunication et des gilets
pare-balles ont été commandés en 2013
par Daech à la Bulgarie, la Croatie, la
Roumanie, et l’Ukraine. Les services de
renseignements de l’OTAN ont facilité le
transfert de ces armes sous prétexte
qu’il s’agissait d’une aide humanitaire
destinée à la Syrie. La Turquie et des
républiques de l’ex-Yougoslavie, telle
la Croatie, ont joué un grand rôle dans
l’armement de Daech. Les services de
sécurité occidentaux ont été en charge
de choisir des fournisseurs d’armes des
pays d’Europe occidentale, fiables pour
les transferts d’argent, le transport et
la livraison des fournitures
«humanitaires» au Moyen-Orient. La
Croatie a fourni des véhicules blindés
et des lance-roquettes, la Roumanie les
chars de combat, l’Ukraine des véhicules
de combat pour l’infanterie, et la
Bulgarie des munitions. Les fournitures
ont été livrées à partir de 2013 par des
entreprises créées spécifiquement pour
un ou deux marchés, dont les contrats
mentionnaient des pays et sociétés
autres que ceux auxquels étaient
destinées les fournitures». En ce
qui concerne la véritable aide
humanitaire fournie par l’USAID et des
ONG gouvernementales de pays membres de
l’UE, ou des camions du Programme
Alimentaire Mondial (PAM) de l’ONU à
destination des populations de Syrie, la
journaliste libano-américaine, Serena
Chélim, envoyée par Press TV et
décédée à la suite d’un assassinat
déguisé en accident de la route,
enquêtait sur le détournement des
terroristes de Daech infiltrés avec la
complicité de l’ONU. Elle avait réussi à
filmer le trafic mais les vidéos
prouvant cette complicité ont
mystérieusement disparu. L’aide
humanitaire sous forme de médicaments,
produits de première nécessité et
nourriture, supposée destinée aux
Syriens déplacés dans leur propre pays
et à ceux qui se retrouvent démunis dans
les zones de combat, échoue aux mains
des mercenaires islamistes de Daech-EI
dont les «Emirs» prélèvent un droit de
passage. L’argent récolté au passage des
camions d’aide humanitaire vient gonfler
la caisse du produit de la vente du
pétrole syrien et irakien acheminé
illégalement via la Turquie en direction
de l’UE, du trafic des antiquités volées
dans les musées et les sites
archéologiques, et qui transitent par la
Turquie pour être écoulées en Europe et
aux USA. Selon un coordinateur de l’aide
humanitaire interviewé par le quotidien
américain The Daily Beast, «
les convois doivent être approuvés
par Daech et nous devons payer des
pots-de-vin qui sont dissimulés et
enregistrés comme coûts de transport.
Ces bakchichs sont payés soit par des
ONG étrangères ou locales chargées de
distribuer l’aide, soit par des
transporteurs turcs ou syriens dont les
camions sont affrétés pour le transport
». Il est également probable qu’une
partie de l’aide humanitaire soit vendue
au marché noir ou utilisée pour recruter
de nouveaux djihadistes sur place, mais
aussi détournée directement par les
terroristes de Daech pour leur propre
profit. En conséquence, une grande
partie de l’aide humanitaire va dans des
zones contrôlées par Daech et très peu
vers celles peuplées de Kurdes syriens
qui subissent les assauts répétés de
l’organisation terroriste.
Daech-EI a son propre style de
communication, et qui n’a rien à voir
avec celui l’Al-Qaïda. Le recrutement
massif repose sur la diffusion des
tueries filmées et les supports de
propagande sont totalement différents.
Si Al-Qaïda s’appuie sur sa machine
médiatique qatarie Al Jazeera, Daech
possède son propre réseau qui recrute
des milliers de gens partout dans le
monde, et ce gigantesque appareil de
com. n’est certes pas le fruit du
prosélytisme d’un groupe terroriste
implanté en Irak. De gros moyens
techniques et financiers sont
nécessaires pour une telle démarche, ce
qui implique plutôt un travail des
services de renseignement puissants,
comme ceux des Etats-Unis et de ses
alliés occidentaux, d’Israël, de la
Turquie, de l’Arabie saoudite et du
Qatar. En effet, comment comprendre
qu’une multitude de comptes Twitter,
Facebook ou Youtube diffusant la
propagande djihadiste puissent envahir
le web et recruter en toute impunité ?
Remarquons par ailleurs la similitude
dans le traitement médiatique du cas
Baghdadi avec celui de Ben Laden dont on
a annoncé la mort à maintes reprises
avant qu’il ne termine sa course par un
grand plongeon (qui d’après le
communiqué de la Maison Blanche
respectait les préceptes de l’islam !)
après une scène de capture trépidante
digne d’un scénario hollywoodien et qui
a même tenu en haleine le président
Obama et son staff devant un écran de
télévision. Si Daech a développé ses
propres caractéristiques dans sa
communication et ses méthodes de
recrutement, la gestion du cas al-Baghdadi
par l’establishment politico-médiatique
recourt aux mêmes énigmes et aux mêmes
communiqués, démentis ou pas, que ceux
réservés à Ben Laden, comme récemment
avec l’annonce subite de sa mort qui n’a
été ni confirmée ni démentie jusqu’ici.
Gageons qu’al-Baghdadi va réapparaître
bientôt pour encore passer de vie à
trépas un peu plus tard. Par contre, si
l’on savait tout ou presque des origines
de Ben Laden et de sa famille, cette
fois, ils nous ont fabriqué une autre
image de chef dont on ne sait pas
grand-chose, sauf qu’il aime les Rolex.
Le service après-vente de la fabrique
des terroristes de l’empire nous a conçu
un djihad industriel, incluant
l’apparition de phénomènes nouveaux tels
que l’organisation de cette véritable
armée avec des bataillons bien
structurés, un armement lourd,
l’instauration de marchés aux esclaves,
le recrutement en masse et à distance
via internet, l’enthousiasme féminin
pour le djihad niqah où l’on a vu des
centaines de filles de Tunisie,
d’Allemagne, de Grande Bretagne, etc.
répondre à un appel d’offre en se
portant volontaires pour « le repos du
guerrier ». Cette perversité généralisée
ne s’est jamais manifestée avec autant
d’ampleur que depuis la venue de Daech.
Il est à noter tout de même qu’Al-Qaïda
ou autres groupes ont affaire à forte
concurrence, car personne n’avait jamais
eu l’idée d’offrir tout à la fois le
paradis dans les cieux et la jouissance
terrestre aux adhérents. Sous couvert
religieux, la partouze est accessible à
tous et à toutes et a désormais atteint
son paroxysme. Cela permet à tous les
frustrés de la terre de prendre un
ticket pour l’aventure et le sexe avec
la bénédiction des imams de la CIA, des
rabbins du Mossad et de Baghdadi. Il
fallait y penser ! Quant à Al-Qaïda
évincée, elle va se restructurer dans
une nouvelle organisation souvent
évoquée par les Américains sous le label
« Khorasan » et qui peut se révéler un
autre cheval de Troie des USA. Autre
point qui nous intrigue, fallait-il donc
que les sionistes attendent la naissance
et la montée en puissance de l’Etat
islamique Daech pour proposer un texte
de loi à la Knesset visant à renommer
l’Etat d’Israël en Etat national du
peuple juif ? Pourquoi maintenant ?
Il est évident que les Etats
occidentaux vont devoir faire face à un
retour de manivelle lorsque leurs
éléments partis combattre pour le
« Djihad » reviendront aguerris aux
techniques de combat urbain. A titre
d’exemple, les services de renseignement
algériens ont livré des informations
très précises aux autorités du
Royaume-Uni concernant des attaques sur
son territoire avec le retour de leurs
ressortissants ayant combattu dans les
rangs de Daech. La Grande-Bretagne est
en alerte maximale, et de l’aveu même de
la ministre de l’Intérieur et du Premier
ministre, jamais un risque d’attentat
n’avait été aussi important sur le sol
d’Albion. Au regard de tous ces
éléments, et malgré les risques majeurs
d’attentats dans les Etats occidentaux,
Daech-EI a réussi à concrétiser tous les
espoirs d’hégémonie de l’empire et à lui
permettre d’assouvir ses appétits
gargantuesques en l’aidant à faire
main-basse sur des richesses qui, sans
lui, n’auraient pas été accessibles.
Le
sénateur John McCain décore un
islamiste. D.R.
Le déplacement de Daech-EI
vers le Maghreb
Le déplacement de Daech, comme
al-Baghdadi l’a annoncé dans une vidéo,
constitue une nouvelle évolution dans la
progression de l’organisation
terroriste. Al-Baghdadi, avant qu’il ne
soit déclaré « mort » a fait diffuser
une vidéo dans laquelle il évoquait de
futures cibles, dont l’Algérie qui
deviendrait une wilaya de l’Etat
islamique. Or, depuis cette déclaration,
CNN, dont on connaît le poids chez les
néocons et ses liens avec le complexe
militaro-industriel et qui a été de tous
les combats allant du printemps sioniste
aux différentes interventions
américaines – à l’instar de son clone
arabe Al Jazeera, chaîne de propagande
d’Al-Qaïda qui diffusait toutes les
vidéos de Ben Laden – CNN, donc, a
consacré toute une série d’articles
concernant le terrorisme englobant
l’affaire Gourdel et la probabilité
d’attaques visant l’Algérie menées à
partir de Derna, sanctuaire de Daech en
Libye. Etrangement, quelques jours plus
tard, un avion provenant de Libye a été
intercepté dans l’espace aérien
algérien. Nous rappelons que nous avions
déjà évoqué cette menace dans un
précédent article, suite aux
disparitions de plusieurs avions lors de
la prise de l’aéroport de Tripoli. La
« coïncidence » entre le dernier article
de CNN évoquant les menaces contre
l’Algérie et l’incursion de l’avion
libyen, ajoutée à la demande américaine
de l’ouverture de l’espace aérien
algérien, soulève beaucoup de questions
et nous amène à entrevoir un scénario
catastrophique qui est en train de se
mettre en place pour cibler l’Algérie.
Il ne faut pas oublier que la Libye, en
plus d’être un axe important pour Daech,
est devenue, d’après nos sources, une
plaque tournante de l’espionnage mondial
et que l’EI a pris le contrôle total de
la ville de Derna, non loin de la
frontière égyptienne et à seulement 950
kms de la rive sud de l’Union
européenne. On évoque même le fait que
Daech y dispose d’armes chimiques. Les
terroristes profitent du chaos politique
pour étendre rapidement leur présence le
long de la côte vers l’ouest où ils ont
accru leur présence, formant des
ramifications à al Bayda, Benghazi où le
groupe islamiste Ansar al Charia règne
déjà, Syrte, Al-Khums et même à Tripoli.
Nos sources confirment que la branche de
Daech à Derna compte 800 combattants et
exploite une demi-douzaine de camps à la
périphérie de la ville, ainsi que des
installations plus importantes dans les
Montagnes Vertes voisines où sont formés
les terroristes de toute l’Afrique du
Nord. L’organisation terroriste a été
renforcée par le retour de Syrie et
d’Irak de quelques 300 djihadistes
libyens qui faisaient partie de la
brigade « al Battar » déployée dans un
premier temps à Deir Ezzor en Syrie puis
à Mossoul en Irak. En outre, Mokhtar
Belmokhtar, élément très important de
Daech en Libye et l’initiateur de
l’attaque du complexe gazier de
Tiguentourine, contrôle, d’après nos
informations, au moins quatre villes
libyennes.
Outre ces éléments, les USA et la
France ont demandé à l’Algérie d’ouvrir
son espace aérien aux avions de
surveillance et autres avions militaires
de transfert des unités de commando pour
une mission de reconnaissance dans
certaines parties de la Libye. L’Algérie
n’a pas encore répondu officiellement à
cette demande. Par ailleurs, tout
en se félicitant du fait que les
relations entre les Etats-Unis et
l’Algérie n’avaient jamais atteint un
aussi bon niveau – chanson serinée ad
nauseam par les officiels français quand
ils visitent Alger – Mme Joan A.
Polaschik, ambassadrice US en Algérie, a
estimé récemment que « la violence
n’est jamais la réponse appropriée au
règlement d’un conflit. Nous
encourageons toujours les parties d’un
conflit à s’asseoir autour d’une même
table et à régler les différends sans
recourir à la violence ». Si
l’ambassadrice nous parle de résolution
des problèmes par la négociation, que
fait donc la coalition menée par les USA
en Irak et en Syrie ? Des frappes
pacifiques ? Comment l’ambassadrice
peut-elle nous expliquer que son pays
peut être à la fois ami avec l’Algérie
tout en programmant pour 2015 avec le
Maroc les plus grandes manœuvres
militaires jamais effectuées dans la
Méditerranée ? Que signifie ce double
jeu, quand on connaît les désaccords
entre l’administration américaine et le
royaume du Maroc concernant le cas du
Sahara occidental ? Les intérêts des uns
et des autres font que la France
soutient clairement le Maroc dans ce
dossier, tandis que les Etats-Unis
jouent sur plusieurs tableaux à la fois.
L’Amérique nous demande d’être une sorte
de Pakistan en Afrique parce que nous
avons une grande armée expérimentée et
aguerrie dans la lutte antiterroriste,
tout en soufflant le chaud et le froid.
Quant aux Français embourbés dans le
conflit malien, leurs intentions n’ont
jamais été claires. Ils aimeraient
impliquer l’ANP dans le chaos qu’ils ont
provoqué au Mali et dans une nouvelle
guerre avec la Libye, alors qu’ils sont
à l’origine de la déstabilisation de
toute la région du Sahel par leur
première intervention belliqueuse en
2011, et dont nous subissons les
conséquences à chaque instant. Nous
constatons un conflit d’intérêt entre
deux pays alliés, la France estimant
l’Afrique comme son jardin privé, et les
Etats-Unis voulant y contrer la présence
chinoise, ce qui explique l’intervention
de la sous-secrétaire d’Etat américaine
chargée des Affaires africaines au
Burkina Faso, pays considéré pourtant
comme chasse gardée des Français. Les
Etats-Unis cherchent-ils à stopper
l’expansion de la Chine au Maghreb et en
Afrique ? Connaissant ce qui se passe en
Irak et en Syrie où les pays de la
coalition font tout excepté combattre
Daech-EI, la demande d’ouverture de
notre espace aérien ne peut que nous
amener à nous interroger avec la plus
vive inquiétude au sujet des réelles
motivations. Après une première phase en
Irak et en Syrie sans aucune résolution
de l’ONU, agissant dans la plus complète
illégalité, ils nous proposent de
remettre ça en Libye, et la vidéo
d’al-Baghdadi n’en était que le prélude.
Nous savons qu’ils ne visent pas Daech,
alors quel est le but de leur
intervention en Libye ? Les objectifs
sont-ils définis ? Pour les Français,
chacun connait leur intérêt à jouer les
gendarmes au Sahel afin de protéger
l’uranium extrait au Niger qui alimente
leurs centrales nucléaires. Mais
concernant les Etats-Unis, quel est leur
dessein à travers ce projet
d’irakisation de la Libye ? Le pétrole
libyen ? Soulignons en outre que la base
de l’OTAN à Stuttgart est en mouvement,
se préparant à des opérations vers la
Libye.
Il est important de noter que dans
des think tanks et medias américains,
l’affaire Hervé Gourdel a bénéficié
d’une très grande couverture qui va bien
au-delà de l’événement lui-même, sachant
que le groupe Jund al Khilafah est sorti
de nulle part pour capturer Gourdel et a
disparu dès la diffusion de la vidéo de
sa pseudo « décapitation ». Le cas de ce
groupe inconnu en Algérie et de cette
affaire plus que douteuse soulève
plusieurs interrogations qui impliquent
les agissements de certains services de
renseignement étrangers. En Algérie, on
reste toujours dans le schéma où Aqmi
joue un grand rôle dans les actions
terroristes, même si les tentatives
d’incursions venant de la Libye
s’intensifient de jour en jour, et c’est
pour cette raison que l’on peut parler
d’un véritable branle-bas de combat qui
se déroule à notre frontière avec la
Libye. Par ailleurs, des groupes
terroristes en Libye seraient en
possession d’équipements destinés à la
guerre électronique et auraient réussi à
brouiller les télécommunications civiles
et militaires dans des régions
frontalières avec l’Algérie, l’Egypte et
la Tunisie. La présence de nos troupes
n’a jamais atteint un tel niveau de
déploiement avec l’implication des
forces spéciales, des unités du génie
militaire et des démineurs.
Dernièrement, l’artillerie lourde a été
appelée en renfort, en plus de la
gendarmerie nationale avec ses
différentes unités. L’Algérie a créé un
couloir humanitaire permettant l’entrée
sur le territoire aux réfugiés libyens
qui fuient les combats, et
l’infiltration de groupes terroristes
parmi ce flux migratoire est une
éventualité à laquelle sont confrontés
notre armée et ses services. Le corridor
humanitaire doit être filtré et
surveillé scrupuleusement. Autre point
important : le plus grand contingent de
djihadistes partis pour se battre en
Syrie dans les rangs de Daech provient
de Tunisie et est désormais de retour au
bercail. S’il y avait vraiment une
guerre en Irak contre Daech, pourquoi
ces 3000 terroristes tunisiens et plus
ont-ils quitté les zones de combat ? Ce
déplacement de l’effectif de Daech est à
prendre au sérieux, car si l’on parle
beaucoup de la Libye, omettre le sud
tunisien qui pullule de terroristes dans
cette véritable réserve à l’identique du
Sinaï serait une grave erreur. Cela nous
confirme qu’il y a effectivement un
déplacement de Daech vers le Maghreb,
suivant la déclaration de guerre
d’al-Baghdadi à l’Algérie. Le sud
tunisien peut devenir une autre source
de danger, tandis que le gros de nos
troupes est concentré sur la frontière
libyenne et que celle avec la Tunisie
n’étant pas fermée, elle constitue une
faille dans laquelle peut se faufiler
Daech, utilisant ce point de passage
depuis la Libye. Ghannouchi n’avait-il
pas déclaré que la Tunisie était une
terre de transit ? Transit vers où ? De
plus, la prétendue stabilité de la
Tunisie n’est qu’une illusion véhiculée
par les bobos rêveurs des printemps
sionistes qui s’extasient sur des
concepts exportés d’Occident tels que
laïcité, transition démocratique, etc.
et qui applaudissent naïvement, pour
certains, le retour de l’ancien régime
de Ben Ali relooké. Quant aux
terroristes d’Ehnnahda, ce sont eux les
véritables arbitres de ces élections. Il
faut rappeler que tant qu’il y aura des
partis politiques se référant au
religieux, le monde arabo-musulman fera
face à des mouvements terroristes. La
Tunisie, mouchoir de poche sur la carte
doté d’une petite démographie, ne pourra
jamais être contrôlée par aucun pouvoir,
parce que plus la crise économique
s’aggrave, plus les radicaux recrutent
et font des émules. Et on essaie de nous
faire croire que c’est le dinosaure Béji
Caïd Essebsi, le Karzai tunisien, qui va
régler la problématique sécuritaire en
Tunisie ? Un peu de sérieux, s’il vous
plaît. C’est grâce à notre armée
algérienne et à nos services de
renseignement que le mont Chaambi a été
nettoyé, mais le réservoir terroriste en
Tunisie peut à nouveau prendre de
l’ampleur avec la crise économique et
sécuritaire.
L’information sécuritaire, si elle
est stratégique chez les impérialistes
américano-sionistes, est quasi
inexistante dans la presse algérienne où
tout le monde semble vivre sur une autre
planète en dédaignant les analyses
sérieuses concernant les enjeux
géostratégiques et les dangers qui
menacent notre intégrité territoriale.
Personne ne sollicite l’avis de
spécialistes sur les aspects
sécuritaires, la culture de l’entretien
est pratiquement inexistante, ne parlons
même pas des enquêtes sur le terrain qui
se résument à néant. Quelques rares
plumes essaient de faire autre chose que
de parler de la pluie et du beau temps,
mais elles se comptent sur les doigts
d’une main. Nous sommes bien loin du
professionnalisme pointu de nos ennemis
et personne ne semble saisir
l’importance d’une information qui
relaie les actions de nos forces armées
pour contrer le terrorisme. Chaque jour,
des terroristes sont neutralisés sur
notre territoire et des armes ainsi que
du matériel militaire en provenance de
plusieurs endroits, surtout de Libye,
sont interceptés, sans compter les
attentats déjoués. D’après le bilan des
dix premiers mois 2014 émanant du
commandement de la 5 région de la
gendarmerie nationale, 38 terroristes
faisant partie de cellules implantées
dans 20 villes ont été neutralisés
depuis janvier. L’opération de la
gendarmerie nationale s’inscrit dans le
démantèlement des réseaux de soutien et
de logistique qui concerne 15 villes de
l’Est algérien, dont certaines sont
frontalières avec la Tunisie, ce qui
confirme nos craintes développées plus
haut. Il est à noter que les terroristes
arrêtés on rejoint ces cellules durant
ces trois dernières années et qu’ils
sont âgés de 30 à 50 ans. Ces chiffres
sont d’une importance capitale pour la
lutte antiterroriste, car ils nous
renseignent sur le nombre de cellules
implantées dans des villes algériennes
de l’Est dont certaines sont également
proches de la Libye, outre le fait très
grave que le recrutement des terroristes
se poursuit de nos jours puisque la
plupart d’entre eux ne sont en action
que depuis trois ans. La communication
des chiffres délivrés par les différents
corps sécuritaires souffre d’un manque
d’analyse rétrospective qui pourrait
pourtant nous éclairer sur les
mécanismes de recrutement du terrorisme
d’aujourd’hui, sur la logistique des
groupes et les différentes pistes, bref
de tous les éléments susceptibles de
nous mener à lutter contre le terrorisme
sur le plan opérationnel. Plusieurs
questions restent en suspend tant que
l’on ne dissèque pas sérieusement ces
chiffres qui restent uniquement des
statistiques. Aucun titre ou organe de
presse algérien n’a daigné analyser ces
données alors qu’elles sont d’une
importance capitale. Sans culture
d’analyse du phénomène terroriste en
Algérie pris dans sa globalité et de
Daech en particulier avec ses visées sur
l’Algérie, nous restons dans le flou,
même avec ces chiffres d’une importance
majeure qui sont le fruit d’un travail
minutieux de nos services de sécurité.
La nécessité d’une coordination entre la
gendarmerie, la police nationale et les
autres services relevant de l’ANP,
surtout sur le plan de l’information qui
relève de la stratégie, est primordiale
en ces moments cruciaux de grand danger
pour notre pays et l’échange
d’informations s’avère indispensable
pour contrer le terrorisme. Les
représentants d’une presse algérienne
inutile qui se gavent de méchoui avec
les maîtres du moment tels des geishas
et cette soi-disant élite de salon
atteinte du syndrome de Sisyphe se
complaisent dans un déni crasse,
enfouissant la tête dans le sable, alors
que de nombreux périls se bousculent à
notre porte quand ils ne sont pas sur
notre propre sol comme l’a révélé le
bilan de la gendarmerie nationale ! La
presse trop occupée à goinfrer avec des
patrons et à faire des affaires ou à
jouer à cache-cache (cash-cash !) avec
le pouvoir politique en spéculant sur
les uns et les autres, a définitivement
enterré son devoir d’informer le public.
Nous continuons d’affirmer que le danger
qui est au sud dans la wilaya de
Ghardaïa et qui s’est étendu à Touggourt
pour des raisons ethniques et sociales
et que le pouvoir politique et les
salonnards de tous bords sous-estiment,
peut nous coûter très cher,
l’instabilité du sud pouvant profiter
aux groupes terroristes liés à Daech.
Mais les chiffres récents communiqués
par la gendarmerie nationale nous
montrent que le danger est aussi au nord
avec ses cellules terroristes de soutien
et de logistique. Dans ces moments très
périlleux, nous remercions le ciel
d’avoir des services sécuritaires qui
font un travail colossal et remarquable
au service de la patrie, quand d’autres
se précipitent sur la mangeoire pour
étoffer leurs comptes en banque,
concentrant leurs efforts pour préserver
leurs privilèges d’oligarques. La
combinaison réunissant les ingrédients
tels qu’un président malade, la chute du
prix du baril de pétrole, et les menaces
Daech qui se concrétisent, forment un
cocktail explosif pouvant constituer un
danger mortel pour l’Algérie. Il est
indispensable de méditer sur cette
constatation. Si l’on veut gagner
la guerre contre Daech, il faut aussi
combattre dans le domaine de la
communication et nous devons tous nous y
mettre ! C’est une question de vie ou de
mort.
Mohsen Abdelmoumen
Published on Oximity, December 2,
2014:https://www.oximity.com/article/L-Alg%C3%A9rie-cibl%C3%A9e-par-Daech-E-1?faid=512983 with
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On Wharsupic:http://fr.whatsupic.com/sp%C3%A9ciale-monde/1417525088.html
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