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Erdogan bientôt en Russie. Normalisation
phase B.
Mikhail Gamandiy-Egorov

© Sputnik Alexei
Danichev
Mercredi 27 juillet 2016
Source:
Sputnik
C’est désormais officiel. Le président
turc Recep Tayyip Erdogan se rendra en
Russie le 9 août prochain pour
rencontrer Vladimir Poutine. La
rencontre aura lieu à Saint-Pétersbourg.
La
normalisation des relations
russo-turques suit donc son cours. Ce
qu'il est particulièrement intéressant
d'observer, c'est la rhétorique
ouvertement pro-russe de nombre de hauts
placés turcs et parallèlement un
discours de plus en plus hostile aux USA
et à l'UE.
Petit rappel:
« Le pays qui héberge le principal
accusé de la tentative de coup d'Etat en
Turquie (Fethullah Gülen) ne peut pas
être un ami du nôtre », Binali Yildirim,
Premier ministre turc, le lendemain de
la tentative de putsch.
« La Russie nous a accordé son soutien
total et inconditionnel pendant la
tentative de coup d'Etat. Nous en
remercions Vladimir Poutine et tous les
officiels russes. Une rencontre entre
les deux présidents aura très
probablement lieu en août avant le
sommet du G20. Elle aura au programme
des sujets importants, comme la levée
des barrières économiques et certaines
autres mesures visant le plein
rétablissement des relations », Mevlüt
Çavuşoğlu, ministre turc des Affaires
étrangères.
« La Russie est non seulement notre
proche voisin et une amie mais également
un partenaire stratégique. Comme nous
avons été confrontés à une situation
indésirable, nos relations ont été
interrompues à un moment donné. Pourtant
nous sommes ici aujourd'hui pour
accélérer la normalisation de nos
relations, pour les faire finalement
revenir à un niveau supérieur à celui du
24 novembre dernier », Mehmet Simsek,
vice-premier ministre de Turquie.
Ajoutez à cela la rhétorique ouvertement
pro-russe du maire de la capitale turque
Ankara et les toutes récentes critiques
d'Erdogan visant l'Union européenne,
l'accusant même de malhonnêteté, en
rapport avec l'arriéré de paiement de 3
milliards d'euros destiné à l'entretien
des migrants.
Tout cela est donc fort intéressant à
suivre et observer. Après tout c'est
aussi logique. Economiquement et
commercialement parlant la Turquie est
beaucoup plus liée à la Russie qu'aux
USA. On en avait déjà parlé
précédemment. Plus de 35 milliards
d'échanges bilatéraux avec pour objectif
d'en arriver à 100 milliards d'ici 2020.
C'était en tout cas le but fixé par
Poutine et Erdogan avant les événements
de novembre 2015. Quant à l'UE, en proie
à d'énormes difficultés sécuritaires,
idéologiques, économiques et sociales,
la Turquie ne s'y fait pas trop
d'illusions non plus. Si ce n'est de
tenter à dicter ses conditions à
Bruxelles pour limiter le flux
migratoire transitant massivement par la
Turquie.
L'autre question fort importante et qui
nous intéresse concerne bien évidemment
la Syrie. Plusieurs experts et
hommes politiques turcs prédisent un
consensus du leadership turc sur la
Syrie, jusqu'ici tout aussi responsable
du chaos y régnant, au même titre que
les Occidentaux, Saoudiens et autres
Qataris. Mais si la Turquie allait à
faire marche arrière dans ses positions
anti-Assad, en stoppant sa «
collaboration » avec différents groupes
terroristes (« rebelles modérés » diront
certains), la « coalition » étasunienne
se verrait définitivement obligée à
oublier ses plans de faire tomber le
gouvernement légitime syrien. On n'en
est pas encore là. Mais nous allons
suivre avec grande attention. D'autant
plus qu'on parle de pourparlers déjà en
cours en Algérie entre les représentants
des gouvernements turc et syrien, en vue
de tenter de normaliser aussi leurs
relations.
Quoiqu'il en soit, la Turquie comprend
de plus en plus qu'elle ne gagnera rien
si elle allait à poursuivre la politique
criminelle qu'elle avait jusqu'ici en
Syrie. Et les intérêts la liant à la
Russie sont beaucoup plus importants que
certains rêves néo-ottomans, tout comme
le sale « business » avec les
terroristes. Plus que cela, la Turquie a
aujourd'hui une chance unique d'adopter
une position ferme et radicale envers
ces mêmes terroristes, qui représentent
désormais une menace importante pour la
sécurité intérieure turque. Les
attentats ayant visé plusieurs villes de
Turquie ne font que le confirmer.
L'Europe, et notamment la France, en
sait aussi quelque chose. Comme quoi il
ne faut jamais jouer avec les
terroristes dans le but d'atteindre des
« victoires » géopolitiques discutables
(dans le cas turc) ou suivre aveuglement
le maître (le cas de la France
actuelle). A la fin, on finit toujours
par en payer les frais. Mais il n'est
jamais trop tard non plus de faire un
revirement à 180°, voire 360° s'il le
faut, dans le but de défendre les
intérêts de son peuple.
© 2016 putnik
Tous droits réservés.
Publié le 28 juillet 2016 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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