Syrie
Il était une fois le Rojava…
Michel Raimbaud
© Michel
Raimbaud
Lundi 9 décembre 2019
Qu’Erdogan me
pardonne de revenir un siècle en
arrière, à la recherche du temps perdu,
quand les puissances triomphantes
prétendaient refaire l’Europe sur les
ruines des empires déchus et redessiner
l’Orient compliqué selon leur simple bon
plaisir. Nous sommes donc en 1919 et « l’homme
malade » agonise. Le monde guette
son ultime soupir, mais il y a dix ans
que l’essentiel du pouvoir a échappé au
Sultan : en avril 1909, le dernier
souverain absolu, le réformateur Abdel
Hamid II, a dû abdiquer sous la pression
des Jeunes-Turcs.
Investi illico presto, son demi-frère
Mehmed V a été contraint d’accepter la
tutelle d’un gouvernement dirigé par
Mustafa Kemal, le nouveau gourou. C’est
ainsi qu’en 1914 il a « choisi »
l’alliance avec l’Allemagne, pensant
sauver son trône. Décédé le 3 juillet
1918, il a laissé la Porte ouverte à
tous vents. Qu’à cela ne tienne, au pied
levé, il a été remplacé par son cadet
Mehmet VI, qui n’a rien à refuser à ses
parrains. Plus de miracle en vue. Pour
l’Empire qui se retrouve dans le camp
des vaincus, cette guerre sera « la
der des ders» … Impatientes, les
deux « superpuissances » de l’époque
n’ont d’ailleurs pas attendu la
victoire, se partageant dès 1916 la
grande « velayet »
de Syrie. Qui plus est, lorsqu’ils
signent avec la France les accords
Sykes-Picot, nos amis britanniques ont
déjà, en 1915, promis au Chérif Hussein
un grand royaume arabe, avant de
parrainer en 1917 le projet d’un Foyer
national pour les Juifs (cf. la
déclaration Balfour). La « Grande
Syrie » historique sera divisée en
deux : la Syrie actuelle et le Liban à
la France, la Palestine et l’Irak à
l’Angleterre.
Refusant un
dépeçage du domaine ottoman qu’il a
pourtant « facilité », Mustafa
Kemal déclenche la guerre d’indépendance
turque, prenant la tête d’un
gouvernement émanant de la Grande
Assemblée nationale constituée à Ankara
en avril 1920. C’est bien vu puisque le
10 août 1920, le malchanceux Mehmed VI
signe avec les Alliés le traité de
Sèvres qui ne laisse à feue la Sublime
Porte qu’une portion congrue de son
territoire, soit moins de 380 000
kilomètres carrés (contre 1 780 000
avant la guerre). Elle renonce à toutes
ses provinces arabes proche-orientales
ou maghrébines, ainsi qu’à ses
possessions européennes (ou ce qu’il en
reste). Elle accepte de faire des
concessions à la Grèce en Thrace et à
l’ouest de l’Asie Mineure. A l’est, le
cœur « turc » de l’Empire est
entamé puisque l’on prévoit la création
de deux Etats à l’est de l’Anatolie,
l’un pour les Arméniens dans le nord-est
et un autre pour les Kurdes, cantonné au
sud-est. Le futur Kurdistan d’Irak, dont
le sort est resté pendant, sera
finalement remis aux Britanniques et la
zone kurde d’Iran n’est pas affectée, la
Perse n’étant pas belligérante. Le
territoire de la Syrie actuelle n’est
pas concerné. Si les cartes « ottomanes »
mettent en évidence la présence kurde
(pour l’essentiel l’Est anatolien, le
Nord de l’Irak et la frange ouest de la
Perse), on n’y trouve pas de Rojava.
Le 1er novembre
1922, Mehmed VI est contraint à
l’abdication et le Sultanat disparaît.
Son successeur Abdel Meçid, élu Calife
par la Grande Assemblée, partira en exil
en 1924, cette fonction « résiduelle »
étant abolie.
Arbitraire des
puissances ou volatilité de leurs
engagements ? Peut-être les négociateurs
réalisent-ils soudain que les Kurdes
n’ont pas été trop « maltraités »
par les Ottomans depuis 1453, mais
qu’ils ont au contraire occupé une place
privilégiée en qualité de « gardiens
des marches de l’Empire » ? Signé le
24 juillet 1923 au bout d’une longue
guerre de reconquête, le traité de
Lausanne offre à Atatürk des conditions
plus avantageuses que celui de Sèvres.
Plus de présence grecque, plus de grand
Etat arménien en Anatolie, et… pas
d’Etat pour les Kurdes. Ceux-ci voient
s’évaporer leur rêve sur la « carte
du tendre » ébauchée en 1920 par
l’Occident, réduits au rang de « détail »
dans le règlement d’un conflit qui a
amené la chute de quatre empires :
l’allemand, l’austro-hongrois, le russe
et l’ottoman.
C’est seulement
lorsque la France mandataire quitte
enfin la Syrie, en avril 1946, qu’une
minorité kurde se manifestera dans la
sphère politique, plus précisément lors
des coups d’Etat militaires qui
émaillent les années suivant
l’indépendance : celui de Husni Zaïm,
officier kurde issu de l’armée ottomane
(en 1946), celui d’Adib Shishakli (en
1949) un kurde également qui prend le
pouvoir, l’abandonne pour revenir avant
d’être renversé à son tour. Cette
séquence suscitera une « refonte »
de l’establishment militaire et la
défiance à l’égard des partis « ethniques ».
Avec l’arrivée aux
affaires du parti Baath en 1963,
l’arabisme devient l’élément central de
la politique nationale, ce qui ne
présente pas de difficulté particulière
pour les Kurdes. Arabisés, ils ne sont
pas perçus comme un groupe ethnique
particulier. Leurs options politiques
sont diversifiées (dans les années
1980/1990, on dénombrera treize « partis »
pour 1,5 million de personnes). Nul ne
parle de « régions kurdes ». En
effet, s’il y a de toute évidence un
Kurdistan en Turquie, en Irak et en
Iran, la situation est différente en
Syrie, en l’absence d’assise historique
ou géographique. Les trois modestes
cantons « kurdes » de Qamishli,
Ain al Arab (Kobané) et Afrin, situés
dans le nord du pays, n’ont de
continuité que via les territoires turc
ou irakien et sont en réalité à
peuplement mixte, les Kurdes ne
représentant guère qu’un tiers de la
population, pour un tiers d’Arabes
musulmans et un tiers de chrétiens
(arabes ou se réclamant d’une identité
spécifique). Le Rojava, capitale
Qamishli à la frontière turco-syrienne,
n’existe qu’en mythe.
En outre, une
partie importante des « kurdes »
de ces régions ne sont pas de souche
ancienne. Si ceux du nord-ouest, en
nombre réduit, y sont présents depuis
trois ou quatre siècles, l’implantation
d’une population sédentaire dans la
Haute Djézireh (le « bec de canard ») ne
remonte qu’à la seconde moitié du XIXème
siècle. En 1962, on compte environ
300°000 Kurdes « apatrides » et,
jusqu’à la fin de la décennie 1990, ce
sont 300°000 autres demandeurs d’asile
venus des pays voisins qui trouveront
refuge dans ces zones, y éveillant une
certaine militance. Entre les Kurdes et
le gouvernement baathiste, on parle
alors d’alliance stratégique. Celle-ci
est rompue le 9 octobre 1998 quand le
chef historique du PKK, Abdullah Ocalan,
doit quitter Damas (où il vivait depuis
des années), suite aux pressions et
menaces d’Ankara. Les liens entre le
pouvoir et les partis kurdes, syriens ou
étrangers, en seront affaiblis.
Si le pourcentage
« kurde » (2 millions sur une
population de 22,4 millions en 2011,
soit 8,8%) a doublé en un demi-siècle,
c’est avant tout en raison de ces
mouvements migratoires. En fait, les
Kurdes syriens sont dans leur grande
majorité (plus des deux tiers) répandus
sur l’ensemble du territoire, présents
en force à Damas et dans ses banlieues,
où l’on en compte plus d’un million. Ils
constituent depuis des temps immémoriaux
une partie intégrante du tissu national.
Ils soutiennent l’Etat et ont donné au
pays nombre de hauts dirigeants, de
responsables et de personnalités dans
tous les domaines.
C’est à la
faveur des évènements que l’on sait, à
partir de 2011/2012, qu’apparaîtra le « Rojava »
et que ses hérauts feront leur entrée au
panthéon de l’Occident dominateur, sûr
de lui et grand donneur de leçons.
Etrange, cette
compassion à éclipses. Notre « axe du
bien » ne brille ni par sa bonté, ni
par son respect des lois
internationales. S’il n’est certes pas
l’inventeur de l’impérialisme, il a
donné à ce dernier, non pas un
supplément d’âme comme il en est
persuadé, mais un supplément d’arrogance
et d’hypocrisie. La pensée unique adore
les images d’Epinal et les peuples
mythiques, de préférence souffrants et
en perdition, peu susceptibles de
contester l’hégémonie de l’Occident. En
revanche, tout se passe comme si nos
élites avaient un problème avec le monde
arabo-musulman. Le passé colonial joue
un rôle dans cette approche biaisée,
mais les épisodes actuels n’ont rien
arrangé. D’où cette sympathie débordante
pour les communautés, les peuples ou les
Etats qui semblent nourrir des
revendications ou une hostilité, de long
terme ou de circonstance, à l’encontre
de leur environnement « arabe ».
Etat imposé par le
colonialisme dans le contexte que l’on
sait, Israël a su exploiter à outrance
cette posture réflexe et, depuis sa
création en 1948, en a tiré un avantage
géostratégique majeur dans la
confrontation qui l’oppose à son
voisinage arabe et plus largement au
monde musulman. Dans cette vaste région,
en pleine débâcle depuis l’écroulement
de l’ordre bipolaire de la guerre
froide, les affirmations identitaires,
résultant de l’air du temps plus que du
vent de l’Histoire, se sont multipliées.
Quelles que soient leurs enseignes –
assyriennes, chaldéennes, syriaques,
berbères, kabyles, « africaines »,
coptes – elles trouvent en Occident un
écho favorable. Les Kurdes font partie
du tableau, et dans le chambardement
actuel, les voilà devenus la coqueluche
de tous ceux qui rêvent de démembrer le
monde arabe, ce nouvel « homme malade »
du 21ème siècle.
L’impact de
l’agression de plus de cent Etats
membres des Nations-Unies sur l’Etat
syrien aura été tel que des activistes
ont pu investir progressivement le Nord
du pays et y instiller peu à peu un
parfum de séparatisme, à l’ouest
d’abord, puis sur la rive est de
l’Euphrate, région vitale : 27% du
territoire, l’eau, les barrages et
l’énergie électrique, les terres, le
pétrole, 80% des ressources potentielles
de l’Etat. Excusons-les du peu.
Le Rojava, c’est
l’ouest en langue kurde, et le mot fait
référence au Kurdistan occidental,
autrement dit « le Kurdistan de Syrie »,
présenté depuis le début des « évènements »
comme un « territoire autonome de
facto », créé en novembre 2013 et « peuplé
en grande majorité de kurdes ». Sur
quelles bases se fonde une revendication
aussi exorbitante ?
A en croire la
propagande, les milices « kurdes »
auraient été sinon les seules, du moins
les plus efficaces dans la lutte contre
le terrorisme et l’Etat Islamique, se
distinguant en outre par la place
éminente des femmes dans leurs rangs.
Pour un peu, avec des combattantes
cheveux au vent systématiquement en
première ligne, les « Forces
Démocratiques de Syrie » ou les « Unités
de Protection du Peuple »
passeraient pour des légions d’amazones.
La fougue supposée de ces troupes de
partisans (et partisanes) s’expliquerait
par leur ferveur à défendre les terres
ancestrales… Le grand mot est lâché. Vue
de Clermont-Ferrand, de Trebeurden ou de
Saint-Pierre du Gros Caillou, la cause
paraît indiscutable. A condition bien
sûr qu’il s’agisse de terres « ancestrales ».
Comment ne pas s’interroger sur la
réalité de ce Rojava, le nouvel Eden des
Kurdes sans patrie ?
Il est certes
réducteur d’assimiler séparatisme kurde
et les Forces Démocratiques de Syrie
(Qasad en arabe et FDS en français)
et/ou le Conseil Démocratique syrien,
leur branche politique. Formées en
octobre 2015, les FDS incorporent des
rebelles de tribus arabes proches de
l’Armée Syrienne Libre (ALS), des
combattants d’allégeances diverses
(Armée Al Sanadid) et des chrétiens du
Conseil Militaire syriaque. Mais c’est
l’élément kurde, les « Unités de
Protection du Peuple » (Yekineyen
Parastina Gel ou YPG), branche armée du
Parti de l’Union Démocratique syrien,
formée en 2011, qui en constitue la
colonne vertébrale et le moteur. C’est
lui qui polarise et capitalise le
soutien des Occidentaux, Américains,
Français et Britanniques, dont la
présence en territoire syrien est
illégale du point de vue du droit
international. Que ces derniers aient
utilisé ces FDS et/ou les YPG comme des
alliés ou paravents et réciproquement,
ne saurait justifier l’occupation de la
rive Est par les uns et son usurpation
par les autres, se traduisant par des
pratiques mafieuses de pillage et de
vol, et par des dénis du droit. On
brandit des considérations
sécuritaires : on redoute le chantage
des Kurdes, au prétexte qu’il y aurait
dans les territoires sous leur contrôle
des prisons hébergeant 10 000
combattants de Daesh, dont 70 dirigeants
et une dizaine de camps pour loger les
100 000 membres de leurs familles (selon
Adel Bakawan). Venant de pays qui
soutiennent le terrorisme contre l’Etat
syrien, l’argument vaut son pesant d’or.
Mais en ces temps déraisonnables, la
psychanalyse est souvent plus pertinente
que l’analyse. Une revue des « partenaires »
possibles des séparatistes éclairera
notre lanterne :
Pour les Etats-Unis
dont la vision traditionnelle tourne de
façon obsessionnelle autour de Tel Aviv,
pas de doute possible : à Washington, on
aime tellement Israël que l’on en
voudrait bien deux, et la création d’un
Etat kurde, qui serait ce deuxième
Israël, ne peut être que bénéfique. Par
ailleurs l’obsession de détruire et
morceler la Syrie est telle que
Washington soutient tous les
sécessionnistes, les activistes kurdes
en cette occasion. Ce sont donc des
alliés évidents. Pour la diplomatie
éléphantesque qui a les faveurs de
l’Oncle Donald, la saisie des puits de
pétrole syriens est un argument « stratégique »
idéal. A ce stade de gangstérisme, à
quoi bon évoquer la légalité
internationale ? Autant demander à Al
Capone de faire le baisemain aux dames
avant de passer à la sulfateuse leurs
maris quand ils ont trahi la Cosa
Nostra.
Les Européens
partagent la même obsession
anti-syrienne, et les événements
d’aujourd’hui leur rappellent le bon
vieux temps des mandats. Pour la France,
la création d’un Etat kurde dans le nord
syrien va de soi et est prioritaire
jusqu’à aujourd’hui. Nous ne reviendrons
pas sur la colossale finesse de cette
politique « arabe » revisitée. On
se contrefiche bien évidemment des
Kurdes, mais on ne peut laisser passer
cette occasion de détruire un pays que
l’on rêve de rayer de la carte. On se
tamponne de la zone-tampon, ou de la
zone de sécurité, l’important étant de
faire comme si l’Etat syrien n’existait
pas et de lui arracher une zone
stratégique pour interdire sa
reconstruction, une opération qui
compléterait avec un siècle de retard « l’œuvre
civilisatrice ». On n’en déduira pas
que la France aime bien la Turquie… Mais
elle ne hait point les Etats-Unis et
verrait d’un bon œil l’implantation au
cœur du monde arabe d’un deuxième
Israël, une idée qui fait frétiller nos
penseurs.
Idem pour les
Grands Bretons sous la houlette de
l’exotique Boris, toujours prêts à
sortir quelques surprises de leur boîte
à malices. Qui peut deviner les
dernières nouvelles de demain : pourquoi
ne déterrerait-on pas soudain la
promesse faite aux Kurdes il y a un
siècle en faisant du Nord syrien de
nouveaux « territoires occupés » ?
S’ils ont soudain
beaucoup d’amis, les Kurdes ont
néanmoins un ennemi mortel : le nouveau
Grand Mamamouchi. Erdogan n’aime pas
l’idée d’une entité kurde en Syrie, à
ses frontières, bien qu’il ait un peu
joué avec le feu. Mais il peut compter
sur des groupes armés d’inspiration
turque, fussent-ils terroristes plus ou
moins recyclés. Il peut encore miser sur
la concurrence russo-américaine et
tenter de nager au milieu des gros
poissons, comme au temps des Ottomans.
Erdogan vivant, il n’y aura pas de
Rojava.
Si les activistes
kurdes tentés par le séparatisme avaient
un zeste de bon sens, ils verraient
sûrement que Damas est finalement le
recours le plus sûr. Pour le président
Al Assad, la question kurde doit être
replacée dans le contexte d’une société
plurielle. « Nous n’avons aucun
problème avec la diversité syrienne, qui
est belle et riche. La diversité est une
chose, mais la partition, le séparatisme
et le dépeçage du pays en sont une autre
absolument contraire ». Il précise :
« Nous avons le droit de défendre
l’intégrité du territoire national et de
nous méfier des projets séparatistes ».
Et de donner en exemple les Arméniens « qui
ont toujours été des patriotes »,
s’étant intégrés sans se diluer. Selon
le discours officiel, les Kurdes de
Syrie n’ont pas d’agenda caché. La Syrie
est une et indivisible. Le décret
concernant les « Administrations
locales », est en vigueur depuis
1972, et des amendements au niveau de la
future Constitution garantiront les
droits des Kurdes, à une seule
condition : « que ceux-ci ne touchent
pas à la souveraineté et à l’unité
territoriale de la Syrie ».
Le gouvernement n’a
pas ménagé les efforts d’ouverture : en
témoigne le décret du 7 avril 2011
accordant la nationalité syrienne aux
Kurdes venus jadis comme demandeurs
d’asile à partir des années 50 ou 60,
une mesure réclamée de longue date.
Au-delà de décisions symboliques comme
celle de donner une place à
l’enseignement du kurde à l’université,
le pouvoir a une vision œcuménique du
processus de règlement : en témoigne « l’initiative
nationale des Kurdes syriens » que
dirige Omar Oussi, membre du Parlement,
membre de la délégation du gouvernement
aux pourparlers de Genève 3. La portée
du geste ne saurait être sous-estimée :
le PYD, le plus important des partis
syriens « kurdes », dirigé par
Saleh Muslim, avait été écarté de Genève
par un veto turc, avec l’approbation de
Riyad et de Washington, et les petites
formations favorables au « Conseil
national kurde » (parrainé depuis
l’Irak par Massoud Barzani), étaient
représentées à Genève par un seul
représentant syrien, dans le cadre du « groupe
de Riyad », le but étant de réserver
à ce dernier et aux chefs de ses
factions armées le rôle de porte-parole
exclusif de « l’opposition ».
A Damas, on est
soucieux d’élever le débat, et on refuse
tout amalgame entre « Kurdes » et
séparatistes. En visite à Idlib le 22
octobre dernier, le Président Assad
rappelait que « le rôle naturel de
l’Etat est de créer les conditions
susceptibles de soutenir toute forme de
résistance nationale contre l’occupant »,
mettant en lumière une évidence souvent
oubliée : « Le principal facteur
qui a amené les Américains, les
non-Américains et les Turcs dans la
région est l’existence de Syriens
collaborateurs et traîtres. Nous devons
traiter avec ces Syriens-là et restaurer
la notion de patrie dans la société,
faire en sorte que la traîtrise ne soit
pas considérée comme un simple point de
vue, ou une opinion politique comme une
autre. Lorsque ce résultat sera atteint,
les Américains partiront parce qu’ils
n’auront plus ni le loisir ni la force
de rester, toute grande puissance qu’ils
soient ».
https://www.iveris.eu/list/notes/469-il_etait_une_fois_le_rojava
Michel
Raimbaud
Ancien ambassadeur de France
Le
dossier Syrie
Le dossier politique étrangère
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