Syrie
La bénédiction syrienne
Michel Raimbaud
Mardi 7 novembre 2017
Durant ces
interminables années de brouillard et
d’enfer qu’a traversées la Syrie,
qu’aurait été la vie sans l’espoir ?
Pensons ici d’abord au peuple syrien
martyrisé et exposé à un ethnocide, à
son armée nationale qui aura payé un si
lourd tribut à l’agression barbare
lancée par le groupe de ses « amis », et
aux responsables qui face à la «
communauté internationale » ont dû
porter à bout de bras l’Etat visé par un
politicide…
On pensera aussi
aux amis, défenseurs et partisans de la
Syrie légale, tous ceux qui aimaient
cette société plurielle, tolérante,
aimable et hautement civilisée, et
craignaient qu’elle ne disparaisse à
jamais.
Certes, la flamme
ne s’est jamais éteinte, mais il était
permis aux plus optimistes de
s’interroger parfois ou de douter de
l’avenir face aux assauts d’une
coalition islamo-israélo-occidentale
abreuvée de centaines de milliards de
pétrodollars et puisant ses combattants
dans un vivier inépuisable de
mercenaires venus de cent horizons. La
Syrie tiendrait-elle, face à la meute
féroce des puissances impériales -
grandes, petites ou moyennes - de «
l’Axe du Bien », contre la horde sauvage
des djihadistes démocrates, des
terroristes modérés, des
révolutionnaires en peau de lapin ?
Résisterait-elle aux cohortes de
déserteurs, de transfuges qui se
donnaient rendez-vous au sein d’une «
armée libre » téléguidée par ses pires
ennemis, aux ordres et à la botte des
islamistes et de leurs parrains, faisant
la roue pour séduire le ci-devant «
ennemi sioniste »?
Comme tous les pays
plongés dans des situations troubles, la
Syrie a connu la fatalité des
infidélités, des lâchetés, des
compromissions, des corruptions petites
ou grandes, mais son peuple, au sens
noble du terme, a résisté
vigoureusement, ses institutions sont
restées debout et ses gouvernants ont
tenu bon. Grâce à sa résilience
étonnante, l’Etat syrien s’est fait des
alliés solides qu’il a su fidéliser : la
Russie et la Chine d’une part, l’Iran,
le Hezbollah et ses alliés d’autre part.
Une réalité qui allait interdire la
répétition au « Pays de Cham » d’un
scénario irakien, libyen ou yéménite.
Néanmoins, les «
grandes démocraties » ne pouvaient que
rester aveugles et sourdes à ces
réalités dérangeantes et déplaisantes,
la Syrie étant depuis la fin de la
guerre froide un pays à détruire et à
abattre. Les élites désormais acquises
au néoconservatisme n’ont rien trouvé de
mieux que de soumettre les « opinions »
à un tapage médiatique sans précédent
allant de pair avec une omerta sans
faille et un lavage de cervelle
ahurissant. En brèves de comptoir de «
sciences-po » ou de « France
désinfo », la doxa occidentale sur
le conflit de Syrie s’est trouvée
résumée dans une ou deux sentences
lapidaires, symboles assez désolants de
la subtilité réduite de nos dirigeants,
de nos analystes et de nos penseurs,
expressions de l’arrogance indécrottable
des Occidentaux. « Bachar doit partir
», « Pas de place pour Bachar
dans l’avenir de la Syrie »…
C’est alors
qu’intervient la « malédiction
syrienne » qui aura sanctionné les
décideurs, les faiseurs d’opinion, tous
ceux qui avaient perdu une occasion de
se taire. La liste est longue de ces
imprécateurs qui expédiaient avec morgue
Bachar Al Assad à La Haye, à Moscou, à
six pieds sous terre, ou ailleurs, et
qui concoctaient des plans sur la comète
Syrie, en écrivant un avenir qu’ils ne
verraient jamais. Combien ont répété la
rengaine comme des perroquets des années
durant avant d’être expédiés par les
électeurs, par la providence ou par la
justice immanente vers les poubelles ou
les oubliettes de l’Histoire. Exit donc
les innombrables bouffons et imposteurs
« amis de la Syrie ».
Pour sa part,
Bachar Al Assad est toujours là,
incontournable, populaire chez lui comme
bien d’autres en rêveraient…La Syrie,
qui s’achemine vers une victoire
décrétée « impensable » face à tant
d’ennemis si
puissants, est debout, alors que la
discorde, fruit de la défaite, s’est
installée dans le camp des agresseurs et
que le chaos y règne en maître…
Pas besoin à la
rigueur de croire au ciel pour admettre
qu’il y a une « malédiction syrienne »
qui a frappé et frappe les ennemis de
cette « terre sainte » que « Dieu
protège » (Allah hami-ha), mais
il faut bien en tout cas parler d’une
bénédiction syrienne. Ce qui est en
train d’arriver est logique et juste,
mais l’issue désormais attendue de cette
guerre universelle constitue une sorte
de miracle, même et notamment pour ceux
qui ont eu foi en l’avenir.
Cette victoire, la
Syrie l’aura amplement méritée ! Malgré
tout ce que diront les esprits chagrins,
quel peuple admirable, quelle armée
d’exception ! Et on cèdera à la
tentation de dire : s’il y a bien un
homme d’Etat qui mérite d’être sur
terre, c’est ce Président qui aura su
incarner l’espoir, rester fidèle à ses
alliances et conduire son pays vers la
victoire.
La Syrie a, selon
tous les augures, gagné la guerre. Il
lui reste à gagner la paix. Mais le
vaillant pays qui a combattu pour nous a
certainement toutes les capacités
requises pour relever avec succès ce
nouveau défi afin que cette guerre n’ait
pas été « une guerre pour rien ». Ce
qu’à Dieu ne plaise ! Ce sera une
rétribution qui, bien mieux que la
vengeance, paiera le sacrifice des
innombrables victimes, les morts comme
les vivants./.
Michel Raimbaud
Le
dossier Syrie
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