Qu'est-ce que
philosopher ?
Le combat de la raison
XII - L'Europe des rats et des ragondins
Manuel de Diéguez
Manuel de
Diéguez
Vendredi 27 mars 2015
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1 - La politique des
enfants
2 - Le regard des anthropologues
sur la chute du marxisme
3 - L'utopie religieuse et la
politique
4 - Un nouvel empire du ciel et
de la terre
5 - Les guerriers vertueux
6 - La chute d'un empire
7 - L'Europe des rats et des
ragondins
8- La geôle du mythe de la
Liberté
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1 - La politique
des enfants
Des citoyens rendus
aveugles, sourds et muets par leur
placement, depuis trois quarts de
siècle, sous le joug d'un Etat étranger
et d'une classe dirigeante corrompue ne
sont pas près de remporter la victoire
des Thermopyles sur les Perses de leur
temps. Et pourtant, la solidité de leur
cervelle est la seule armure réelle dont
disposent les citoyens; et pourtant, la
connaissance des règles de la logique
est la seule cuirasse fiable des
nations; et pourtant, il nous faut
garder en mémoire l'évidence qu'une
majorité de têtes bien faites demeure le
bouclier naturel des Républiques.
Souvenons-nous également de ce qu'on ne
guide pas un grand pays sur la scène
internationale avec des citoyens
insuffisamment instruits des pesanteurs
de la condition humaine et des obstacles
culturels que les Etats rencontrent à
chaque pas sur leur chemin quand leur
population n'est pas informée des forces
qui font la loi sur cette planète.
Redécouvrons donc
en toute hâte quelques secrets du
pilotage de notre astéroïde autour du
soleil de la politique, apprenons
rapidement comment les historiens de
demain raconteront à nos enfants et à
nos petits enfants l'histoire de la
folie de ce siècle, découvrons sans
tarder que si nous n'accomplissions pas
notre devoir de nous mettre au courant
de ce qui arrive à la France et à
l'Europe d'aujourd'hui, nous nous
rendrions coupables de haute trahison.
2 - Le regard de
la métazoologie sur la chute du marxisme
Quel est le double
jeu que pratiquent nécessairement les
empires d'aujourd'hui ? Ils se sont
auto-messianisés, auto-sotériologisés,
auto-eschatologisés sur le chemin d'une
rédemption verbifique à laquelle le
mythe sonore de la Liberté sert d'Eglise
bavarde, de tabernacle éloquent et de
livre d'heures volubile. Chaque fois
qu'un Etat aux auréoles langagières
surdimensionnées terrasse une rivale
dont les fanions sont moins richement
blasonnés par l'abstrait que les siens,
le vaincu devra plier pour longtemps le
genou; et l'on voit monter dans le ciel
les montgolfières regonflées de la
démocratie mondiale. L'évangélisateur
universel de la planète des idéalités
chante sa dernière victoire conceptuelle
sur le Mal, tellement le vrai champ de
bataille d'une Rédemption loquace est
toujours, celui d'un vocabulaire
béatifié, d'un côté et, de l'autre,
celui de la pestifération philologique
des mots de la défaite.
Nous aurions donc
le plus grand tort de nous imaginer que
l'empire des dévots censés en prières
devant l'autel des saintes ampoules de
leur grammaire déclarera un jour achevée
sa tâche de grand convertisseur de notre
satellite - au contraire, la piété à
jamais insatisfaite de l'apôtre le
contraindra de poursuivre sans relâche
et de génération en génération son œuvre
de sauveteur interminable de tout le
genre humain; et cet annonciateur d'un
futur toujours fuyant travaillera avec
zèle et ténacité à pétrir la pâte de
notre apothéose à venir. Voyez comme le
boulanger inlassable du pain de notre
Liberté met de cœur à l'ouvrage, voyez
comme ce vigneron récolte sans trêve ni
repos le vin toujours rationné de ses
fûts généreux, voyez comme il punit
inlassablement une mécréance qu'il
proclame stérile. Remarquez également
que notre évangélisateur en chef se fait
payer précipitamment les tributs que
nous devons acquitter à ses labours. Il
se vantera de nous avoir fait reprendre
le droit chemin, il nous remettra tous
les jours sous les yeux le catéchisme
qu'il a si hâtivement soumis à son
commandement éternel.
3 - L'utopie
évangélique
La guerre froide
s'est achevée avec l'effondrement
définitif d'une utopie politique
branchée depuis trois millénaires sur un
mythe du salut dont les trois religions
du livre se déchirent l'héritage. Mais
si une éternité aussi bienveillante vous
prend à ses gages, que ferez-vous de la
précarité du salaire qu'elle vous
versera en partage? Car la pastorale
marxiste et son orthodoxie doctrinale ne
se sont pas seulement écroulées sous les
coups de boutoir des Etats-Unis
d'Amérique, mais, tout simplement, parce
que le droit de propriété le plus
antique, celui que Naoh exerçait sur sa
massue, David sur sa fronde et Apollon
sur son arc aux flèches d'argent ne
saurait se trouver aboli ni par la vertu
d'une autre confession de foi, ni sous
l'appareil de la torture de ses
évangélisateurs les plus zélés, ni dans
les goulags du ciel des prolétaires, ni
par les soins d'un clergé de galériens
pesamment catéchisés, ni par les
récitations forcées de la foi dans les
séminaires de la dialectique
marxiste-léniniste.
Pourquoi l'Eglise
romaine du XIIIe siècle a-t-elle
soudainement jeté aux orties le saint
bréviaire de la virginité et de la
chasteté transformantes des chrétiens?
On sait qu'une Curie loquace était
subitement montée au créneau en apôtre
des droits du sexe face à l'hérésie trop
ardente des Cathares - les Purs, les
katharoï - dont l'annonciation était
tombée comme grêle jusque sur la piété
génitrice des ménages. Le devoir de
toutes les vraies épouses du Christ se
résumait de nouveau à procréer
abondamment. Mais glorifier le devoir
d'un ciel de reproducteurs déchaînés,
c'était frapper de plein fouet le devoir
tout contraire des époux de pratiquer la
chasteté conjugale la plus sévère.
" Attention, disait
soudainement un Vatican de casuistes du
royaume des cieux, le "péché de chair",
comme nous l'appelions, redevient rien
moins que le philtre du salut charnel du
monde quand il ordonne à la sainteté
conjugale de faire preuve d'un grain de
bon sens, celui d'une continence modérée
et limitée par le commandement tout
opposé d'assurer la survie du genre
humain sans trop se presser. Que vos
dévotions demeurent parcimonieuses:
songez que c'est à Vénus que nous devons
l'avantage de nous reproduire
abondamment. En conséquence, vous serez
brûlés vifs sur les bûchers de la sainte
Eglise si vous refusez de confesser
l'ancrage de notre religion au piton du
temporel et du charnel, qui vous
condamnent à pratiquer votre "devoir
conjugal" en disciples assidus
d'Aphrodite." Il en était de même des
marxistes chevronnés, ces purificateurs
excessifs du capitalisme, dont l'ascèse
aurait conduit notre espèce soit à
s'éteindre parmi les maigres phalanges
de pécheurs invétérés, soit à se
rassembler en toute hâte dans l'enceinte
de la réhabilitation du "péché de
chair".
Aussi les
Etats-Unis se sont-ils bien gardés
d'avouer au monde qu'ils n'avaient
jamais terrassé qu'un évangile en délire
- donc une hérésie que son séraphisme
exacerbé condamnait à tomber d'elle-même
dans l'absurde. Le marxisme était un
couvent armé jusqu'aux dents d'une
ascèse précautionneuse et impraticable,
une annonciation vertueuse à protéger du
dévergondage capitaliste, la promesse
d'un royaume monastique condamné à se
diluer dans la coulée inexorable des
jours sexués par le Démon. Le camouflage
du rêve d'une purification angélique et
universelle qui décrasserait le droit
puant de propriété, a permis aux
Etats-Unis de présenter la Sainte Russie
au monde réel, celui des glaives et du
sang: il s'agissait, disait-on, d'un
Etat censé régi, comme tous ses
congénères, par les lois malpropres,
mais immuables du temporel. Il fallait
armer ce monde malodorant d'une autre
eschatologie délivrante, d'une autre
lanterne magique du salut, d'une autre
pierre philosophale - celles du mythe
d'une Liberté parfumée, mais à mettre au
service de la férocité capitaliste.
Depuis lors, les démocraties se
demandent quelle est la lanterne d'une
bête oscillante entre les floralies de
l'utopie et la sauvagerie de ses
carnages et qui ne quitte les ténèbres
de la nuit que pour papillonner dans ses
grammaires.
4 - Un nouvel
empire du ciel et de la terre
Non seulement
l'Amérique victorieuse d'une démence
apostolique qui, depuis deux
millénaires, culpabilisait les riches et
sanctifiait les pauvres n'a pas hésité
un instant à annoncer la candidature
d'un lessiveur nouveau et qui, dans la
foulée, comblerait tout le monde de
félicités pécuniaires; non seulement,
dis-je, les pasteurs d'un capitalisme de
trafiquants n'ont pas dénoncé
l'enracinement dans la biologie d'un
animal en folie, non seulement cet
empire des triomphes de l'argent n'a
cessé, depuis trois générations, de
vassaliser l'Europe avec l'ardeur des
ploutocrates d'un ciel de commerçants,
mais nous tomberions à notre tour dans
le même infantilisme pieux que toute la
zone extra gauloise du Vieux Monde - qui
n'a pas eu de Général de Gaulle pour lui
remettre la tête sur les épaules - si
nous négligions de soumettre nos rêves
théologiques à une radiographie
politique d'avant-garde et à une
anthropologie enfin scientifique. Par
bonheur, la postérité véritable de
l'évolutionnisme de Darwin entraîne les
faux dévots dans un traquenard
théologique.
C'est dire qu'il
nous faut demander instamment à
l'Allemagne et à l'Italie hypnotisées
par les stupéfiants célestiformes de la
démocratie d'obtenir - et avec quel
retard, hélas - le départ négocié ou
rapide de leurs catéchètes de 1945 - et
donc de redonner aux nations piégées par
le mythe américain le statut et les
coudées franches des Etats souverains et
de bon sens, donc patriotes. Comment
acquerrions-nous jamais la stature
d'acteurs réels de la politique sur la
scène internationale si nous nous
glorifions du naufrage des patries? On
ne fait pas un pays avec des orphelins
de leur terre. Si le sceptre
international de l'étranger guide nos
drapeaux, que feront les patriotes de ce
pain et de ce vin-là?
Les bases
militaires américaines aux yeux mi-clos
se sont équipées et armées jusqu'aux
dents et sans jamais rencontrer sur nos
arpents l'obstacle à notre indignation.
Comment se fait-il qu'elles se soient
incrustées dans nos rangs non seulement
sans coup férir, mais sur le mode
angélique? Elles étaient censées grosses
d'une éternité pacifiée. Leur arrimage
perpétuel à un Vieux Monde retombé en
enfance couve des centaines de bombes
atomiques censées dissuader un ennemi
aussi vaporeux que feu le paradis
soviétique ; et notre politologie
souffreteuse est montée en chaire dans
nos universités laïques pour juger que
tout cela regarde aussi peu la virginité
et l'innocence prometteuses de nos
démocraties idéales que la théologie
efflanquée de la guerre sacrée ne
concernait la monarchie temporelle au
siècle des croisades.
5 - Les guerriers
vertueux
Que dire de la
frime évangélique des messies de leurs
goussets? Ecoutez vrombir leurs avions
de chasse supersoniques sur nos têtes
endormies. Leurs appareils
parviendront-ils à nous faire croire que
nous nous trouverions en danger de mort
dans nos chaumines enfumées et que cette
mécanique coûteuse veillerait
effectivement sur la sécurité militaire
de notre sommeil ? Leurs gesticulations
benêtes retardent seulement quelque peu
la progression de la rouille qui ronge
nos nations. Quelle gigantesque
mascarade, quel titanesque
attrape-nigauds, mais aussi quel marché
industriel perdu pour nous, puisque nous
achetons sottement et à prix d'or - mais
avec le canon du mythe de la Liberté
pointé sur la tempe - tout l'arsenal
guerrier dont notre souverain
d'outre-Atlantique tire ses plus
fructueux bénéfices.
Certes, le
territoire d'une France trop tardivement
libérée de l'occupation américaine
d'après guerre - en 1966 seulement - n'a
pas été réoccupé dare-dare en 2009 à la
suite du placement intempestif de nos
forces armées sous le commandement
nominal d'un général américain. En 2014,
le Président de l'Assemblée de
Strasbourg, M. Schulz, puis MM. Fillon
et de Villepin, osaient proclamer que la
Russie et l'Europe appartenaient
décidément à la même civilisation. Vous
avez dit: "Civilisation"? Quelle
révolution que la résurrection d'une
réflexion sérieuse sur les relations que
les nations cérébralisées entretiennent
avec leurs armées! Qu'en est-il de la
géopolitique superficielle de ce temps?
6 - La chute d'un
empire
C'est la tête basse
que nous avons franchi le seuil de
l'Eden des démocraties décapitées, celui
d'un paradis du ridicule. Nous sommes
allés jusqu'à faire débarquer
l'incompétence politique titanesque de
l'Europe dans le saugrenu et le
grotesque des vassalités consenties. Et
pourtant, voici que l'Italie, l'Espagne,
l'Autriche, la Hongrie, la Grèce,
Chypre, la Slovaquie refusent purement
et simplement d'appliquer à la Russie
les sanctions économiques d'une
diplomatie acéphale - mais ordonnées par
l'Oncle Sam à l' Europe des sots. Sans
doute notre apprenti d'au-delà des mers
ignorait-on que la Russie est la fille
culturelle de l'Europe depuis plus de
trois siècles. Comment remettre au pas
les chenus que nous sommes devenus si
c'est à l'école de notre siècle des
Lumières que les Dostoïevski et les
Tolstoï ont fécondé ou redonné son élan
au génie littéraire de leur nation? Plus
les Gessler américains se montreront
musclés et de taille herculéenne, plus
la servitude d'une Europe aux cheveux
blancs et vassalisée par son libérateur
de 1945 s'étalera au grand jour de notre
accablement et sur toutes les places
publiques du Vieux Monde.
Envoyons donc
seulement et faute de mieux, un dogue de
taille moyenne remettre de l'ordre dans
ce troupeau grisonnant, se dit la Maison
Blanche, envoyons seulement notre
préposée aux affaires dérisoires du
Vieux Monde, une Mme Nuland dont les
crocs ont fait leurs preuves : six
petits milliards de dollars ont suffi à
ses griffes pour déclencher une émeute
et faire basculer toute l'Ukraine de
l'Ouest dans notre giron. Mais combien
de dollars faudra-t-il faire dépenser
aux contribuables américains pour
soumettre à nos ordres les gouvernements
italien et espagnol? Car il se trouve
que leur carrure leur interdit de rester
au piquet dans leurs maisons.
Et puis, comment
interdire à Paris et à Berlin de se
rendre à Moscou, alors qu'ils y sont
déjà allés? Ces deux là ont les dents de
plus en plus longues, et il leur pousse
même des mâchoires. Par conséquent, ils
ne lèveront plus le petit doigt pour
remettre en laisse les valets et les
gnomes de l'OTAN, qui brûlent déjà
d'envie de rivaliser avec l'appétit
politique quelque peu retrouvé de Paris
et de Berlin. Et puis, les aiguilles des
horloges ont avancé sur les cadrans de
l'histoire ensanglantée de ce monde. La
France et l'Allemagne désavoueraient
leur corpulence grandissante - et cela
aux yeux mêmes de leur opinion publique
- s'ils affichaient derechef et tout
subitement une vassalité dépitée par les
soixante-dix ans de leur licol et de
leurs étrivières. Tous les acteurs de la
pièce ont les dents branlantes, toute la
représentation s'effondre dans les rires
et les moqueries des spectateurs quand
l'histoire de l'Europe oscille entre la
farandole, la pitrerie et le carnaval
politique.
Décidément, comment
faire obéir Paris, Berlin, Rome, Madrid,
Londres à une Mme Nuland si ces
capitales ont aussitôt adhéré à la
Banque asiatique d'investissement pour
les infrastructures" lancée par la
Chine, si l'Australie elle-même, l'un
des satellites les plus dociles de
l'oncle Sam, y adhère, si la Suisse a
déjà franchi le pas, avec son franc fort
subitement et opportunément découplé de
l'euro des assignats. Le Président de la
Tunisie, M Béji Caïd Essebsi, a rudement
expulsé l'ambassadeur américain qui a
osé lui demander l'autorisation
d'installer une base militaire sur ses
terres et, au Japon, le gouverneur local
a refusé l'extension sur la mer de la
base d'Okinawa et l'Amérique du Sud tout
entière a dénoncé les foudres de
Washington contre le Venezuela, qui
n'est pas la petite Grenade envahie par
les troupes américaines du temps du
Président Reagan.
L'empire américain
se disloque sous nos yeux.
7 - L'Europe des
rats et des ragondins
Qu'adviendra-t-il
demain du rang diplomatique d'une France
scindée, hier encore entre l'Amérique et
l'OTAN et non guérie des séquelles de
son long déhanchement sur la scène
internationale? Il nous faudra soulever
la question la plus sacrilège, celle de
la fausse souveraineté dont le cancer
ronge des Etats placés sous la houlette
des idéalités vaniteuses de la
démocratie mondiale. Les Etats
vassalisés du Vieux Monde refusent de
plus en plus ouvertement de se partager
seulement les restes de leur ancienne
fierté. Comment Paris et Berlin
retourneront-ils s'asseoir sur les bancs
de l'école et mettraient-ils à jour
leurs connaissances anachroniques du
droit international si une Europe
désuète et victime d'un malentendu
anthropologique tenace ne dispose plus
que d'une souveraineté ambiguë et
imprécise?
Car la question la
plus simple, mais la plus décisive, est
seulement de savoir si des Etats
auto-qualifiés de démocratiques
demeurent néanmoins légitimables aux
yeux de leur opinion publique s'ils
remettent ouvertement les apanages de
l'indépendance de leur nation entre les
mains d'un Etat étranger - et cela sans
seulement daigner consulter leurs corps
électoraux respectifs. Comment des
assemblées législatives régulièrement
élues peuvent-elles se placer sous le
commandement militaire d'un autre Etat
sans trahir leur pays? Quel devoir
impérieux, pour l'Europe, de demander du
moins aux nations candidates à leur mise
dans les fers de ne consentir
expressément à leur servage qu'après
consultation du suffrage universel. Que
diront les peuples de leur classe
dirigeante de ragondins et de rats?
Et pourtant, il
semble qu'il n'y ait pas encore de quoi
fouetter un chat: nous avons appris sur
les bancs de nos écoles publiques qu'une
armée de valets de pied n'est pas une
saine infanterie et qu' il n'y aura pas
une ombre d'Europe politique aussi
longtemps que les cinq cents bases
américaines campées sur nos arpents ne
seront pas évacuées. Mais écoutons le
silence assourdissant de tous les Etats
garrottés et de tous les gouvernements
jugulés de l'Europe : ils se cachent à
eux-mêmes la question de fond, celle qui
se subordonne toutes les autres!
Décidément, la vassalité du Vieux Monde
est bien cadenassée par notre prétendu
délivreur d'outre Atlantique : nous
sommes incarcérés à double tour dans la
geôle et la besace de notre mythe le
plus asservissant, celui de notre
Liberté.
8 - La geôle du
mythe de la Liberté
Mais il y a pis: la
démocratie planétaire se vante de nous
avoir sauvés de la dictature de Hitler,
puis de celle des fous d'un prolétariat
mondial devenu l'otage de ses
évangélisateurs au petit pied. Mais
quand le fondé de pouvoirs du paradis
capitaliste, M. Barack Obama, prétend
que nous lui devons la vie sauve, on
voit des millions de simples d'esprit
s'accrocher aux basques du sorcier géant
de notre Liberté. Pourquoi les innocents
aux mains pleines adorent-ils un
créancier expert à jouer au Tamerlan du
mythe démocratique? Quelles sont les
abstractions mirifiques que ce magicien
tient entre ses mains?
Il faut savoir que
les évadés actuels du règne animal ont
basculé de la zoologie dans le
séraphisme. Ces enfants de chœur sont
désormais préfaçonnés par le fidéicommis
auquel ils ont confié leurs prérogatives
et dont ils ont hissé le sceptre dans
les nues. Ce plénipotentiaire à
majuscule les masrque et les protège,
les menace et les apaise, les sauve et
les torture depuis deux millénaires.
Chaussez seulement les bésicles du sens
commun et vous verrez que cette divinité
censée désintéressée et protectrice
comme personne brandit un code pénal
branché sur deux immortalités, celle des
friandises éternelles de la vie céleste
dont elle gave ses adorateurs et celle
des écartèlements infernaux qu'elle
inflige sans relâche à ses anatomistes
perspicaces. Quand notre civilisation
aura honte du Dieu chocolaté dont nous
assurons le double ancrage dans les
estrapades et dans la confiserie, nous
pourrons commencer de penser la
politique avec la tête sur les épaules.
Mais le monde
entier ne demeure-t-il pas blotti sous
les ailes d'un aigle censé omniscient,
omnipotent et bienveillant? Un
monothéisme de pâtissiers et de
bourreaux a forgé une humanité
assujettie aux serres et au bec d'un
souverain cruel et patelin du cosmos.
Une géopolitique qui refuse de franchir
le seuil d'une connaissance
anthropologique de l'encagement de la
créature tourne le dos à toute science
réelle de l'encéphale livré aux
pâtissiers et aux potences des semi
évadés de la zoologie, tellement la
théologie nous présente les clés de
l'assujettissement politique du genre
humain à ses songes impériaux.
Ce sera le sujet de
la semaine prochaine.
Le 27 mars 2015
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