Opinion
Confirmé : 90, les F-35 achetés par
l'Italie
Manlio Dinucci
Jeudi 19 février 2015
Joe Della Vedova, porte-parole officiel
du Pentagone responsable du programme F-35, a fait savoir que
« l’Italie reste engagée dans le
programme et achètera dans ce
cadre, 90 chasseurs F-35 ». Après
seulement que cette déclaration a été
rapportée par l’agence Reuters, la
ministre de la Défense Roberta
Pinotti a confirmé, par un message sur
Twitter, que « le nombre de 90 a été établi par le
précédent Gouvernement. Le programme se
poursuit selon l’illustration donnée au
parlement ». Elle oublie cependant que
le gouvernement Renzi s’était engagé il
y a cinq mois, sur la base d’une motion
Pd (Partito democratico) à « réexaminer
l’ensemble du programme F-35 pour en
clarifier criticité et coûts dans
l’objectif final d’en diviser par deux
le budget » de 13 à 6,5 milliards
d’euros, chiffre avec lequel
-estime-t-on- on pourrait acheter, en
plus des 6 déjà achetés, au maximum une
vingtaine de F-35. D’où la nouvelle,
alors immédiatement diffusée par les
médias, de la « division par deux » des
F-35. Démentie à présent par l’annonce
que l’Italie garde son engagement d’en
acheter 90, fait qui nous ne surprend
pas étant donné que sur le manifesto
nous avons toujours soutenu que le
gouvernement Renzi n’avait aucune
intention de réduire ce nombre.
L’Italie s’engage à acheter 90
chasseurs F-35 à l’étasunien Lockheed
Martin - 60 à décollage et atterrissage
conventionnel et 30 à décollage court et
atterrissage vertical- sans en connaître
le prix. Une estimation récente du
Pentagone quantifie à 98 millions de
dollars le coût unitaire de la première
version et à 104 millions celui de la
deuxième version. Il spécifie toutefois
que le coût est relatif à l’avion
« moteur non inclus » (comme si un
concessionnaire disait que le moteur
n’est pas compris dans le prix de la
voiture). Une estimation maximale peut
être déduite du budget du Pentagone, qui
prévoit pour l’année fiscale 2015 une
affectation de 4,6 milliards de dollars
pour l’achat de 26 F-35, soit 177
millions de dollars -équivalents à
environ 140 millions d’euros- pour
chaque chasseur. Lockheed assure que,
grâce à l’économie d’échelle, le coût
unitaire diminuera. Il se tait par
contre sur le fait que, comme il advient
pour tout système d’arme, le F-35 subira
des mises à jour continuelles qui feront
gonfler la dépense. A laquelle
s’ajouteront les énormes coûts
opérationnels pour la maintenance et
l’armement d’une flotte de F-35.
Toujours avec de l’argent public,
soustrait aux dépenses sociales.
Le site de Faco di Cameri, choisi par le Pentagone comme « pole de
manutention des avions F-35 déployés en
Europe, que ce soit ceux achetés par les
pays européens ou ceux des USA opérant
en Europe », qui a déjà coûté à l’Italie
un milliard d’euros, donne du travail à
moins de mille salariés qui, selon
Finmeccanica, pourrait à plein régime
arriver seulement à 2500. Et, en
annonçant le choix de Cameri, le général
étasunien Christopher Bogdan a expliqué,
en prévision de dépenses ultérieures
pour le développement de
l’établissement, que « les pays
partenaires du programme F-35
prennent à leur charge les
investissements pour ces sites ».
Les porte-paroles étasuniens, interviewés par Reuters à Rome et à
Washington, se congratulent avec le
gouvernement Renzi parce que, « malgré
les pressions politiques », celui-ci est
arrivé à conserver l’engagement à
acheter 90 chasseurs-bombardiers F-35,
le « nombre juste » pour assurer la
participation industrielle italienne au
programme et, en même temps, « la
défense du pays ». Ils estiment très
important que « l’Italie remplace sa
force obsolète de
chasseurs-bombardiers » (définition dans
laquelle ils incluent non seulement les
Tornado mais aussi les Eurofighter
Typhoon, plus récents), « dans un moment
de tensions internationales croissantes
pour les membres de l’Otan, avec des
rebelles pro-russes qui combattent le
gouvernement ukrainien et, juste au-delà
de la Méditerranée, avec des
militants de l’Etat Islamique qui
avancent ». Les porte-paroles étasuniens
confirment ainsi que le F-35 est
particulièrement important pour
assujettir encore plus l’Italie aux
plans de guerre du Pentagone.
Edition de jeudi 19 février 2015 de
il manifesto
http://ilmanifesto.info/confermato-compriamo-90-f-35-senza-saperne-il-prezzo/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
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