L'art de la guerre
Otan et nukes ne sont pas des thèmes
électoraux
Manlio Dinucci
© Manlio
Dinucci
Mardi 6 février 2018
Le Gouvernement,
qui dans la période électorale reste en
charge pour “traiter les affaires
courantes”, est sur le point de prendre
de nouveaux engagements contraignants
dans l’Otan pour le compte de l’Italie.
Ils seront officialisés dans le Conseil
Atlantique-Nord, qui se tient les 14 et
15 février à Bruxelles au niveau des
ministres de la défense (pour l’Italie
Roberta Pinotti).
L’agenda n’a
pas encore été communiqué. Il est
cependant déjà écrit dans le “National
Defense Strategy 2018”, que le
secrétaire USA à la défense Jim Mattis a
donné le 19 janvier. À la différence des
précédents, le rapport du Pentagone est
cette année top secret. Seul un résumé
en a été publié, suffisant quand même
pour nous faire comprendre ce qui se
prépare en Europe.
Accusant la Russie de “violer les frontières de nations limitrophes et
d’exercer un pouvoir de veto sur les
décisions de ses voisins”, le rapport
déclare : “Le moyen le plus sûr de
prévenir la guerre est d’être préparés à
en gagner une”.
Il demande ainsi
aux alliés européens de “maintenir leur
engagement à augmenter la dépense pour
augmenter la puissance de l’Otan”.
L’Italie s’est déjà engagée dans l’Otan
à porter sa propre dépense militaire des
actuels environ 70 millions d’euros par
jour à environ 100 millions d’euros par
jour. Mais pratiquement personne n’en
parle dans le débat électoral.
Tout comme
on ne parle pas du contingent italien
déployé en Lettonie au bord du
territoire russe, ni des avions de
chasse italiens Eurofighter Typhoon
basés le 10 janvier en Estonie, à une
dizaine de minutes de vol de Saint
Petersburg, avec le motif de protéger
les pays baltes de l’”agression russe”.
Silence sur
le fait que l’Italie a pris le 10
janvier le commandement de la composante
terrestre de la Nato Response Force,
projetable dans n’importe quelle partie
du monde “sous la dépendance du
Commandant suprême des forces alliées en
Europe”, toujours nommé par le président
des Etats-Unis.
Ignorée la
nouvelle que la Marine italienne a reçu
le 26 janvier le premier avion de chasse
F-35B à décollage court et atterrissage
vertical, dont le personnel sera
entraîné dans la base des Marines de
Beaufort en Caroline du Sud.
Tout cela et d’autres choses sont passées sous silence dans le débat
électoral. Celui-ci se concentre sur les
implications économiques de
l’appartenance de l’Italie à l’Union
européenne, mais en ignore celles
politiques et militaires, et en
conséquence économiques aussi, de
l’appartenance de l’Italie à l’Otan sous
commandement étasunien, dont font partie
(après le Brexit) 21 des 27 états de l’Ue.
Dans ce
cadre ne se trouve pas soulevée la
question des nouvelles bombes nucléaires
B61-12, que d’ici environ deux ans le
Pentagone commencera à déployer en
Italie à la place des actuelles B-61,
poussant notre pays au premier rang dans
la toujours plus dangereuse
confrontation nucléaire avec la Russie.
Pour rompre
la chape de silence sur ces questions
fondamentales nous devrions poser aux
candidates et candidats aux élections
politiques (comme le propose le Comité
No Guerra No Nato) deux questions
précises dans des rencontres publiques,
sur les réseaux sociaux et émissions
radio-télévisées :”Ȇtes-vous favorable
ou non à ce que l’Italie sorte de l’Otan
? Ȇtes-vous favorable ou non au
déplacement immédiat hors de l’Italie
des armes nucléaires USA ? Répondez Oui
ou Non, en motivant éventuellement la
raison de votre choix”.
Aux 243 parlementaires (parmi lesquels se distingue le candidat
leader du M5Stelle Luigi Di Maio),
signataires de l’engagement Ican à faire
adhérer l’Italie au Traité Onu sur
l’interdiction des armes nucléaires,
nous devrions poser une troisième
question : “Sur la base de votre
engagement soussigné, vous
engagerez-vous, dans la prochaine
législature, pour le déplacement
immédiat hors de l’Italie des bombes
nucléaires étasuniennes B-61, qui déjà
violent le Traité de non-prolifération,
et pour la non-installation des B61-12
et d’autres armes nucléaires ?”. Edition de mardi 6
février 2018 de il manifesto
https://ilmanifesto.it/nato-e-nucleare-non-sono-temi-elettorali/
Traduit de
l’italien par M-A P.
Le sommaire de Manlio Dinucci
Les dernières mises à jour
|