L'art de la guerre
L’ « antiterrorisme » de l’Otan
Manlio Dinucci
Mardi 4 août 2015
« Le
terrorisme constitue une menace directe
contre la sécurité des pays Otan », a
déclaré le Conseil Atlantique Nord,
condamnant « les attaques terroristes
contre
la Turquie
» et s’engageant à « suivre de très près
les développements à la frontière
sud-orientale de l’Otan » Personne n’en
doute. En Turquie l’Otan a plus de vingt
bases militaires, renforcées par des
batteries de missiles étasuniennes,
allemandes et espagnoles, en mesure
d’abattre des engins volants dans
l’espace aérien syrien. En Turquie
encore, à Izmir, l’Otan a transféré le
Landcom, le commandement des forces
terrestres des 28 pays membres,
aujourd’hui en pleine activité. Comme le
documentent aussi des enquêtes du New
York Times et du Guardian,
surtout dans les provinces turques de
Adana et Hatay et en Jordanie la Cia a ouvert depuis longtemps des centres
d’entraînement de militants islamiques
provenant d’Afghanistan, Bosnie,
Tchétchénie, Libye et autres pays, en
les préparant et les armant pour des
actions terroristes en Syrie. Y compris
ceux qui en Syrie ont formé l’Isis pour
renverser le gouvernement de Damas et
ont ensuite attaqué l’Irak au moment où
le gouvernement du chiite al-Maliki
prenait ses distances de Washington, en
se rapprochant de Pékin et Moscou. Les
armes, arrivant surtout via l’Arabie
Saoudite et le Qatar, entrent en Syrie à
travers la frontière turque d’où
transitent chaque jour des centaines de
TIR sans aucun contrôle.
Maintenant, derrière le paravent de la « lutte contre l’Isis »
(organisation de fait fonctionnelle à la
stratégie USA/Otan),
la Turquie
attaque les Kurdes du PKK, qui
combattent contre l’Isis. Soutenue par la Maison Blanche qui,
par la voix de la porte-parole Alistair
Baskey, définit le PKK comme « un groupe
terroriste » en affirmant que « la Turquie a le droit de se défendre contre les
attaques terroristes des rebelles kurdes
».
En même temps Etats-Unis et Turquie se sont mis d’accord sur un
plan pour la création d’une « zone sûre
», formellement « libre de l’Isis », le
long d’une bande d’une centaine de
kilomètres en territoire syrien à la
frontière turque. Le plan prévoit
l’utilisation de chasseurs-bombardiers
étasuniens déployés en Turquie et de
forces terrestres turques, accompagnées
dans des opérations secrètes par des
forces spéciales USA/Otan.
Cette bande de territoire, sur laquelle va être imposée une « no-fly zone
», devrait être contrôlée par ceux que
le New York Times définit comme
des «insurgés syriens relativement
modérés », armés et entraînés par le
Pentagone, dont beaucoup ont conflué
ensuite dans l’Isis et dans le Front
qaediste al-Nosra.
En autorisant maintenant des raids aériens pour soutenir les «
rebelles » entraînés par le Pentagone, «
même si ce seront les forces du
président Assad qui les attaqueront »,
Obama autorise la guerre aérienne
USA/Otan contre les forces
gouvernementales syriennes. Des groupes
« rebelles » sont soutenus aussi par
Israël, comme l’a déclaré en personne le
ministre de la défense Ya’alon (voir
The Times of Israël, 29 juin 2015).
La création de la « zone sûre »,
formellement à des fins humanitaires
pour donner refuge aux réfugiés syriens,
constitue le début officiel du
démantèlement de la Syrie, Etat souverain membre
de l’Onu. Etat qui a renoncé aux armes
chimiques, au contraire d’Israël qui a
aussi celles nucléaires.
L’Otan va aussi « au secours » de l’Irak, menacé par l’Isis : elle
a annoncé le 31 juillet qu’elle
entraînera en Turquie et Jordanie des
combattants irakiens (sélectionnés par
Washington pour la balkanisation de
l’Irak). Elle met ainsi en acte la
stratégie qui vise à redessiner la carte
du Moyen-Orient en effaçant, comme cela
a été fait en Europe avec
la Yougoslavie
et en Afrique du Nord avec
la Libye, les Etats
considérés comme des obstacles aux
intérêts de l’Occident. Provoquant des
millions de morts et réfugiés, pendant
que la Maison Blanche
publie la pétition populaire contre le
meurtre du lion Cecil, pour montrer son
humanité.
Edition de
mardi 4 août 2015 de il manifesto
http://ilmanifesto.info/lantiterrorismo-della-nato/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
Mise au point de
Thierry Meyssan reprenant un des
éléments de la rubrique de Manlio
Dinucci :
« Une partie de
l’article est basée sur une fausse
information. Les déclarations turques et
celles de la Coalition anti-Daesh ont
été démenties par le département d’Etat.
Les Etats-unis n’ont pas autorisé le
principe d’une zone de non-survol en
Syrie. Ce serait d’ailleurs contraire au
droit international en l’absence d’une
résolution pertinente du Conseil de
sécurité.
Voir mon dernier article sur la
tentative de sabotage de l’accord de
paix par le général Allen » :
http://www.voltairenet.org/article188287.html
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