PANAFRICOM-NEWS
Comment et pourquoi RFI désinforme
cette fois sur le Burundi
Willy Nyamitwe & Luc MICHEL
Jeudi 22 octobre 2020
PANAFRICOM/ 2020 10 21/
On connaissait les sales méthodes de
désinformation de « Radio France
Intoxication », déjà décryptées pour le
Tchad ou le Cameroun. Voici que la Voix
du Quai d’Orsay s’en prend au Burundi …
* Voir l’exemple du Cameroun :
COMMENT RFI ENTEND DESTABILISER LE
CAMEROUN
(L’AFFAIRE FOCA-RFI CONTRE LE CAMEROUN)
(2020 05 20)
sur
https://vimeo.com/420765524
* Et :
sur
https://vimeo.com/422869699
# LE GÉOPOLITICIEN LUC MICHEL :
INTRODUCTION :
QUAND LES « THESES DE FOCCART » SONT
TOUJOURS D’ACTUALITE
On retiendra que RFI est un média d’Etat
français, proche du Quai d’Orsay. Et que
Mme Alfieri est proche de la Fondation
jean Jaurès, think tank du PS français
proche de du Ministre Le Drian, l’ancien
‘M. Afrique’ de François Hollande devenu
mentor géopolitique et ministre des
Affaires étrangères de Macron. Le Drian
est le successeur de Foccart, le
fondateur de la Françafrique sous de
Gaulle.
La françafrique désigne le soi-disant
« partenariat économique entre la France
et l’Afrique ». Les fondements de cette
relation ont été mis en place par
Jacques Foccart secrétaire général de
l’Élysée aux affaires africaines et
malgaches de 1960 à 1974 sur demande du
général De Gaulle. Elle se définit par
une ingérence directe des autorités
françaises dans les affaires intérieures
des anciennes colonies, dites
« pré-carré français ».
* Voir sur WEMA–INFO/
LA FRANÇAFRIQUE:
UN SYSTEME POLITIQUE QUI S’ETERNISE
sur
https://vimeo.com/446779932
MAIS POURQUOI LES RÉSEAUX DE LA
FRANÇAFRIQUE S’INTÉRESSENT-ILS À UNE
EX-COLONIE BELGE, LE BURUNDI ?
Les colonies belges étaient situées dans
la Région des Grands-Lacs, l’Etat du
Cono de Léopold II, devenu le « Congo
belge ». Mais aussi après 1918, le
Rwanda-Urundi, ex colonie allemande du
Tanganyka, dont Breuxelles reçoit le
mandat colonial. En 1960-62, Congo, puis
Rwanda et Burundi accédent à
l’indépendance Et intéressent
directement Foccart, le M.Afrique de de
Gaulle .Etat-continent au cœur de
l’Afrique, des rives de l’Atlantique aux
Grands-Lacs, l’ex Congo belge est dès
1960 « le point de fixation de la Guerre
froide ». « L’ancienne colonie belge,
prise dans la spirale de la guerre
civile entre 1960 et 1965, a été en
réalité le premier théâtre africain de
la Guerre froide ». Le Congo ne cessera
depuis d’être un enjeu majeur pour les
puissances occidentales, l’impérialisme
américain (qui imposera son agent Mobutu
au pouvoir pour une longue dictature) et
la Françafrique de de Gaulle et Focart.
Le Rwanda et le Burundi deviennent alors
des cibles de Paris pour déstabiliser le
Congo.
L’annexion des ex-colonies belges au
« pré-carré français », avec la
définition du Congo comme le « pivot
géopolitique » de l’Afrique noire
(assortie de celle du Cameroun comme le
« pivot géopolkitique de l’Afrique de
l’Ouest. Paris mène une sale guerre
coloniale, qualifiée par les historiens
de « petite guerre d’Algérie », au
Cameroun de 1955 à 1971. Et c’est au
Cameroun en 1958-62 que sont mis en
place les mécanismes néocoloniaux de la
Françafrique).sont qualifiées de
« Thèses de Foccart ». Foccart fixe au «
Congo-Kinshasa une place centrale, une
place d’équilibre géopolitique, en
Afrique francophone ». La Géopolitique
définit aussi le Congo comme « le pivot
de l’Afrique centrale et australe ». Qui
déstabilise le Congo déstabilise toute
l’Afrique. Qui contrôle le Congo domine
le continent …
La géopolitique de Foccart, deus ex
machina de la France en Afrique (avec
ses réseaux et ses « barbouzes », marque
encore aujourd’hui la Géopolitique des
stratèges américains, qui rêvent depuis
le « Sommet USA-African Leaders » d’Août
2014 à Washington de conquérir la RDC et
d’y imposer un régime fantoche
compradore. La prise du Burundi étant un
« domino » dont la chute fera tomber le
Congo.
Et voilà pourquoi Paris et Le Drian, M.
Afrique de Hollande et successeur de
Foccart, et RFI média à ses ordres,
s’ingèrent soixante ans après lui au
Burundi …
# L’AMBASSADEUR WILLY NYAMITWE :
QUE RETENIR DE
L'INTERVIEW DE VALERIA ALFIERI SUR RFI?
A l'occasion des
100 jours de la présidence du Président
de la République Son Excellence Evariste
Ndayishimiye, Valeria Alfieri, présentée
comme « chercheuse spécialiste de la
Région des Grands Lacs » dresse un bilan
très négatif sur le Micro de Esdras
Ndikumana, journaliste à la RFI.
Mme Valeria Alfieri
est avant tout une personne qui déteste
le CNDD-FDD. Elle a fait sa thèse de
doctorat sur le Burundi intitulée
“Militants et combattants au Burundi :
sociogenèse d'une mobilisation partisane
(1962-2012)”. Dès lors, on comprend
qu’elle a le Burundi en ligne de mire
depuis bien longtemps, elle qui a des
accointances avec certains extrémistes
burundais comme Alexis Sinduhije qui l’a
hébergée de temps en temps entre 2008 et
2010 quand elle effectuait ses
recherches sur le Burundi. Alexis
Sinduhije a aussi souvent séjourné chez
elle, à Paris.
GUERRE MEDIATIQUE
CONTRE LES AUTORITES BURUNDAISES
Qu’elle soit sur le
Micro de M. Esdras Ndikumana n’a donc
rien d’étonnant compte tenu des
positions tranchées du journaliste qui
utilise la position qu’il occupe pour
mener une guerre médiatique contre les
autorités burundaises. Par ailleurs, il
y a un grand conflit d’intérêt du fait
que la RFI emploie M. Esdras Ndikumana
pour traiter de l’actualité burundaise
alors qu’elle connaît ses opinions
politiques. Il a même appartenu au
CNARED et des éléments de preuve
existent et ont été présentés à la
rédaction de RFI. Cette dernière a
préféré faire la sourde oreille, du
moment qu’elle était pleinement engagée
dans le mouvement de changement de
régime au Burundi à travers une
insurrection sponsorisée par l’occident.
Pour revenir sur
les commentaires de Mme Valeria Alfieri,
l’on comprend qu’elle fait un plaidoyer
en faveur de ceux qu’elle qualifie de «
politiciens de l’opposition en exil ».
Dans un article qu’elle a publié le 15
septembre sous le titre: « QUEL
PLURALISME POLITIQUE AU BURUNDI DANS
L’APRÈS NKURUNZIZA? » elle ne donne la
parole qu’à Alexis Sinduhije, Aimé
Magera et Léonce Ngendakumana.
* Voir :
https://jean-jaures.org/nos-productions/quel-pluralisme-politique-au-burundi-dans-l-apres-nkurunziza
Seuls les
observateurs non avisés peuvent penser
qu’il y a un souci de faire une analyse
objective. Mais ceux qui connaissent les
contours de la politique burundaise
savent pertinemment que le but visé
n’est que la poursuite de la
désinformation et la manipulation de
l’opinion. C’est ainsi qu’elle s’attaque
aux Imbonerakure car elle sait que le
narratif passe facilement dans l’opinion
occidentale. Cela dit, quoi de plus
normal donc qu’elle déclare qu’elle ne
voit pas de signe de changement avec
l’arrivée d’Evariste Ndayishimiye!
Néanmoins, les services chargés de la
communication doivent redoubler
d’efforts pour informer l’opinion
publique nationale et internationale sur
les réalisations du Chef de l’Etat et du
Gouvernement.
DECRYPTAGE DE
L’INTERVIEW
Dès les premiers
mots de l’interview, Mme Alfieri déplore
que le Président Evariste Ndayishimiye
ait inscrit son action dans la
continuité, ce qui, pour elle, exclut
toute possibilité de changement. Selon
ses dires, ”c’est l’aile conservatrice
du parti CNDD-FDD qui se pérennise au
pouvoir et le Président Ndayishimiye
n’est en rien différent de son
prédécesseur. Les espoirs de voir un
Président plus ouvert et plus enclin au
dialogue ont été vite douchés après les
premiers jours au pouvoir.”
Or, c’est cette
continuité de l’Etat qui aura constitué
un socle socio-politique pour une
transition politique réussie au Burundi,
qui servira sans doute de référence dans
l’histoire politique contemporaine.
Plusieurs avaient en effet parié sur une
rupture dans la gestion des affaires du
pays en instillant dans l’opinion
nationale et internationale une supposée
divergence de convictions et de
personnalité entre le Président Evariste
Ndayishimiye et son prédécesseur feu
Président Pierre Nkurunziza. A défaut de
pouvoir mettre le système CNDD-FDD à
terre, ses détracteurs, dont Mme Alfieri
et Esdras Ndikumana ne sont que des
caisses de résonance, avaient espéré
qu’il s’affaiblirait de lui-même en
rompant avec la vision et la gouvernance
instaurées par feu Président Pierre
Nkurunziza.
Mme Alfieri estime
en outre que l’absence de certains
partis politiques (comprendre le CNL
d’Agathon Rwasa) au sein du Gouvernement
“met à mal le pluralisme politique au
Burundi” et d’affirmer que le système du
CNDD-FDD aurait recours “au repli sur
soi” car il serait en “manque de
légitimité et d’adhésion populaire”.
Selon elle, il y aurait urgence à
“rétablir un État de droit au Burundi
car rien ne va”. Ces affirmations, qui
ne sont étayées par aucun élément
factuel, résonnent étrangement comme un
appel à une remobilisation lancé aux
partisans d’un certain groupement qui se
revendiquait, justement, “rétablisseur
d’un Etat de droit au Burundi” et dont
on n’a plus eu de nouvelles depuis 2015.
LA GEOPOLITIQUE
SOUS REGIONALE A-T-ELLE
« BASCULE » ?
En affirmant que
« la géopolitique sous régionale a
basculé avec l’élection du Président
Felix A Tshisekedi à cause de certaines
nouvelles alliances », Mme Alfieri
conclut à une « impossibilité de
changement au Burundi tant au niveau du
système de gouvernance qu’au niveau
diplomatique sous-régional; notamment à
cause des relations tendues entre Gitega
et Kigali ». A ce sujet, la position du
Burundi reste inchangée: la volonté
politique pour une renormalisation des
relations doit être traduite par des
actes. L’extradition des putschistes
burundais cachés sur le sol rwandais est
un préalable.
CE QUE LES
BURUNDAIS RETIENNENT DES 100 JOURS DU
PRESIDENT NDAYISHIMIYE
Quant au système de
gouvernance qui semble déplaire à Mme
Alfieri, ce que les burundais retiennent
des 100 jours du Président Evariste
Ndayishimiye :
- ce sont les
résultats impressionnants de la lutte
contre la COVID-19 ;c’est la gratuité
des soins de santé pour les retraités ;
- c’est
l'intensification de la lutte contre la
corruption ;
- c’est le retour
massif et volontaire des réfugiés
burundais en provenance du Rwanda et de
la Tanzanie ;
- c’est la
concertation érigée en système de
gouvernance ;
- c’est la relance
d’une diplomatie proactive et la
normalisation des relations avec les
partenaires techniques et financiers du
Burundi;
- c’est la
conception des projets de développement
socio-économiques pour l’accélération de
la mise en œuvre du Plan National de
Développement 2018-2027 ;
- c’est le
renforcement du Partenariat Public Privé
pour booster le tissu économique ;
- ce sont les
mesures de soutien au renforcement du
capital humain ;
- c’est le
renforcement des institutions
républicaines pour un rayonnement
éclatant du Burundi dans le concert des
nations ;
etc
Ceci dit, le
Burundi entend bien se passer des éloges
de Mme Alfieri et de son acolyte Esdras
Ndikumana.
* L’interview de
mme Alfieri sur RFI :
https://www.rfi.fr/fr/podcasts/20201018-burundi-il-y-a-une-forme-d%C3%A9responsabilisation-pouvoir-en-place
Photo :
L’ambassadeur Willy
Nyamitwe (à droite) en compagnie de Luc
Michel, à Bujumbura, le 7 mai 2016.
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