LUC
MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY
Qui a vaincu Hitler ? : 9 mai 1945 :
La victoire du national-bolchévisme
stalinien ! (II)
Luc Michel
Jeudi 16 juillet 2020
GEOHISTOIRE/ QUI A VAINCU HITLER ? :
9 MAI 1945 : LA VICTOIRE DU
NATIONAL-BOLCHEVISME STALINIEN !
(PARTIE 2).
POURQUOI MINIMISER LA VICTOIRE
SOVIETIQUE ?
LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien
géopolitique – Geopolitical Daily/
« Personne ne
devrait minimiser les sacrifices
réalisés par l’Union soviétique pour
remporter ce que les Russes appellent la
Grande Guerre patriotique. L’URSS a
perdu 27 millions de ses habitants dans
ce conflit, soit plus que les pertes
subies par l’ensemble des Alliés réunis
» (The Economist).
# PARTIE 2 :
PERSONNE NE DEVRAIT
MINIMISER LES SACRIFICES
REALISES PAR
L’UNION SOVIETIQUE
Moscou, et tout
particulièrement VV Poutine, craint fort
justement une volonté de voir minimiser
le rôle de l’Armée rouge et de l’URSS
dans la victoire sur le fascisme. En
effet, « les nouvelles générations
d’Europe occidentale (mis à part les
Allemands) et des Etats-Unis sont tentés
de croire que ce sont le Royaume-Uni et
les Etats-Unis qui ont remporté la
guerre. Les festivités de Moscou, de par
leur envergure, ont pour tâche de les
convaincre du contraire », rappelaient
déjà les IZVESTIA en 2015.
Pourtant des voix
s’élèvent pour dénoncer le révisionnisme
atlantiste. « Le rôle prépondérant de
l’Union soviétique dans la défaite
hitlérienne sera-t-il enfin reconnu, ou
bien s’agira-t-il d’un simple rituel de
politesse à la mémoire de civils et
soldats d’un pays étranger, sans que
l’on mesure véritablement ce que nous
leur devons ? » s’interrogeait dès 2005
Jonathan Steele dans THE GUARDIAN (16).
Cet éditorialiste britannique dénonçait
cette forme de révisionnisme historique
concernant la Seconde Guerre mondiale en
la mettant en parallèle avec celle du
génocide nazi : « Si la négation du rôle
de l’Union soviétique et de l’Armée
rouge n’est pas aussi perverse que la
négation de l’Holocauste, elle est
néanmoins largement répandue en Occident
(…) Personne ne peut contester le fait
que, après le débarquement allié en
Normandie les Occidentaux s’attaquaient
à 58 divisions allemandes alors que
l’URSS en affrontait 228. L’Armée rouge
a donc infligé 80 % des pertes à la
machine de guerre nazie – mais combien
d’hommes politiques européens et
américains l’admettent ? »
QUE PENSER DU
DISCOURS – TYPIQUE DE L’IDEOLOGIE
LIBERALE-ATLANTISTE – VISANT A PLACER
SUR UN MEME PLAN LE NAZISME ET LE
STALINISME ?
Ce refus de
reconnaître à sa juste valeur l’apport
décisif de l’Armée rouge dans la
victoire contre Hitler est tout aussi
mensonger que le discours – typique de
l’idéologie libérale-atlantiste – visant
à placer sur un même plan le nazisme et
le stalinisme.
« Les éminents
historiens du XXe siècle que sont Moshe
Lewin et Ian Kershaw ont déjà démontré,
dans leur ouvrage sur le stalinisme et
le nazisme, l’inefficacité d’une telle
approche, car les deux régimes ont des
points de divergence fondamentaux »,
précisait encore Jonathan Steele. « Sous
Staline, il n’y avait rien de comparable
avec les concepts et les politiques
nazis de stérilisation des ‘inaptes’,
d’euthanasie des personnes considérées
comme un fardeau pour la société, de
nations ‘sous-humaines’ et de camps
d’extermination des Juifs », rappelle le
journaliste. En d’autres termes, « à la
différence du régime stalinien, le
régime nazi ne peut être perçu comme une
dictature de modernisation. Il est
préoccupé par la renaissance nationale
et la suprématie fondées sur la
purification raciale et la régénération
».
Steele s’en prenait
enfin – en des termes similaires aux
nôtres (voir la Partie 1) – aux
dirigeants baltes d’aujourd’hui qui «
ont également tort de prétendre que les
régimes d’avant-guerre dans les Etats
baltes n’étaient pas autoritaires et
chauvinistes et que l’occupation
soviétique était égale, voire pire que
celle des nazis. Il suffit de lire les
mémoires des rares survivants juifs
lituaniens ».
Même arguments chez
l’académicien Alexandre Tchoubarian,
directeur de l’Institut de l’Histoire
universelle de l’Académie des Sciences
de Russie, intervenant, à Moscou en
février 2005, au cours d’une «
conférence consacrée à la période de la
crise internationale d’avant-guerre » et
opposant historiens russes et lettons.
Sur la question de l’adhésion des
républiques baltes à l’Union Soviétique
en 1939-1940, et en réponse aux
arguments du révisionnisme balte, les
savants russes avaient jugé parfaitement
« injustifié de parler d’une
responsabilité égale de l’Allemagne
fasciste et de l’Union Soviétique pour
l’escalade de la crise d’avant-guerre et
d’autant plus pour le déclenchement de
la Seconde Guerre mondiale (…) Les
événements liés à la signature du Traité
soviéto-allemand du 23 août 1939 (Pacte
Molotov-Ribbentrop) doivent être
examinés et analysés, tant des points de
vue politique, idéologique et juridique,
que compte tenu des réalités historiques
concrètes de l’époque », a souligné
Tchoubarian. « Les mesures adoptées par
le régime de Staline pour rattacher les
républiques baltes à l’Union Soviétique
n’avaient été en fait qu’une contrainte
face à la menace militaire grandissante
de la part de l’Allemagne fasciste qui
avait écrasé la France en 1940 », a fait
remarquer Alexandre Orlov, représentant
l’Institut de l’histoire militaire du
ministère de la Défense de la Fédération
de Russie. « Il avait été indispensable
d’empêcher la création d’une tête de
pont allemande à proximité immédiate des
frontières de l’Union Soviétique. C’est
une stratégie d’une limite avancée », a
encore précisé l’historien militaire
russe. Mikhaïl Magkov, directeur du
Centre de l’histoire militaire à
l’Institut de l’Histoire universelle de
l’Académie des Sciences de Russie,
soulignait que « les historiens russes
ont rappelé à leurs collègues lettons ce
conflit global qu’avaient préparé Hitler
et la direction nazie, ces objectifs que
s’étaient assignés les fascistes à
l’époque. Il ne s’agissait pas seulement
de triompher de l’URSS, mais
d’exterminer les gens ».
POURQUOI MINIMISER
LA VICTOIRE SOVIETIQUE ?
En Europe
occidentale même, d’autres voix se sont
élevées pour refuser ce révisionnisme
atlantiste. Ainsi Guy SPITAELS,
Jean-Marie CHAUVIER et Vladimir CALLER,
respectivement Ministre d’Etat et
écrivain et journalistes, dans LA LIBRE
BELGIQUE (17), sous le titre « Pourquoi
minimiser la victoire « rouge » ? », ont
développé une argumentation
difficilement réfutable dont ils
précisent que « ce n’est pas d’ « une
opinion » qu’il s’agit ici, mais de
faits historiques peu connus des
nouvelles générations » :
« Pourquoi réduire
aujourd’hui le rôle majeur des
Soviétiques dans la victoire sur le
nazisme en 1945 ? Et l’action des
résistances nationales ? Avec la guerre
froide, l’historiographie occidentale a
surtout crédité les Anglo-Saxons (…)
Pourquoi ce qui était « vérité » en
1945, au moment de la victoire sur le
nazisme, n’aurait-il plus cours
aujourd’hui ? Cette victoire eut pour
principaux artisans l’Armée Rouge et le
peuple soviétique. La moitié au moins
des victimes de la Deuxième Guerre
mondiale étaient soviétiques. Les chefs
nazis avaient prévu la disparition de 30
millions au moins d’ « Untermenschen »
(sous-hommes) soviétiques, et la
déportation d’un autre contingent de 30
millions. Dans les territoires occupés,
ils ont réussi à exterminer 10 millions
de personnes, dont 2,7 millions de
Juifs. La « mort programmée » de 3,3
millions de prisonniers soviétiques rien
qu’en 1941-42 ! Le siège de Léningrad,
les « milliers d’Oradour » en
Biélorussie, en Russie et en Ukraine,
les 70000 villages détruits, les
innombrables massacres perpétrés par les
Einzatsgruppen, les SS, la Wehrmacht et
leurs auxiliaires nationalistes ou
fascistes (polonais, baltes, lettons,
lituaniens, ukrainiens), un génocide
auquel les Soviétiques ont pu soustraire
un million de Juifs (…) Le rôle majeur
des Soviétiques dans la victoire fut
reconnu, en 1945, par les principaux
chefs politiques et militaires des pays
de la coalition anti-hitlérienne – le
président américain Franklin Roosevelt,
le premier ministre britannique Winston
Churchill et le général de Gaulle. Nos
libérations auraient-elles pu avoir lieu
sans les victoires soviétiques
remportées successivement à Moscou,
Stalingrad et Koursk, la grande
contre-offensive qui mena les armées du
maréchal Joukov à planter le drapeau
rouge, à Berlin, sur le Reichstag ? Sans
ces victoires « rouges », le judéocide
nazi n’aurait-il pas continué jusqu’à la
liquidation des 11 à 12 millions de
Juifs d’Europe qui était l’objectif
poursuivi ? Il semblerait qu’on veuille
parler le moins possible, désormais, de
cette contribution soviétique (…)
Les recherches
récentes des historiens allemands,
puisant dans de nouveaux fonds
d’archives, confirment et détaillent le
génocide en montrant les complicités
locales, notamment en Galicie orientale
ex-polonaise. Ils attestent que
l’extermination des « Untermenschen »
slaves et les débuts du judéocide font
partie d’un seul et même processus,
inscrit dans l’Histoire de cette guerre
à l’Est aux visées coloniales et
racialistes (…
Une autre vérité
doit être rappelée. Le « front de l’Est
» contre le « judéo-bolchevisme », selon
la définition nazie du pouvoir
soviétique, n’était pas le fait des
seuls Allemands. Des troupes alliées de
Roumanie, de Hongrie, d’Espagne,
d’Italie, de Croatie, des légions et
divisions SS venues de toute l’Europe, y
compris du pays flamand et de Wallonie,
y ont appuyé l’entreprise nazie, avec la
bénédiction de certains clergés.
Certains historiens se croient
d’ailleurs fondés à parler de « guerre
civile européenne », où l’Europe «
chrétienne et civilisée » se serait
coalisée aux côtés des fascismes «
contre la barbarie bolchevique ». Une
thèse qui convient aujourd’hui à ceux
qui, en Allemagne et parmi les héritiers
des nationalismes collaborateurs en pays
baltes et en Ukraine, ou en Flandre,
entendent réhabiliter les anciens SS et
les mouvements nationaux ou «
antistaliniens » qui se fourvoyèrent
avec Hitler jusqu’à prendre part au
génocide nazi ».
Et ils terminaient
ce réquisitoire implacable par la
condamnation sans appel du révisionnisme
balte : « Ainsi, nous souhaitons
simplement qu’en ces 8 et 9 mai,
journées anniversaires de la
capitulation nazie, certains faits
historiques ne soient pas victimes du
mensonge par omission. Et que l’occasion
ne soit pas saisie pour réhabiliter la
collaboration et ériger des monuments
aux anciens SS ! »
CONTINUER LE COMBAT
!
Nous ne sommes pas
de ceux qui sont attachés
sentimentalement aux mythes historiques,
au passé, aux commémorations. L’usage
des « totems de la tribu » – comme les
définissait cyniquement Arthur Koestler
– n’a de sens que pour l’action, pour
défendre le présent et forger le futur.
Le 9 mai et le
débat ouvert par les révisionnismes
jumeaux des Atlantistes et des
post-fascistes baltes, ukrainiens ou
polonais ont le mérite de nous rappeler
que la guerre commencée en 1917 n’est
pas terminée. Que celle de 1940-45
voyait s’affronter non pas deux mais
trois idéologies. Et que celle qui a
pris le devant sur la scène de
l’histoire – la libérale-capitaliste
avec son hégémon yankee et son bras armé
atlantiste – fait toujours la guerre aux
peuples du monde. Après la « troisième
guerre mondiale », la guerre froide,
qu’ils ont gagné, les idéologies
atlantistes, au premier rang desquels
figurent les arrogants néo-conservateurs
apparentés à ce fascisme (18) que l’on a
cru terrassé en 1945, entendent mener la
« quatrième guerre mondiale ». Ainsi «
les néoconservateurs américains pensent
qu’ils ont gagné la troisième guerre
mondiale contre l’URSS. Ils se
considèrent aujourd’hui au cœur d’un
nouveau conflit planétaire » (19).
Earl Tilford,
ancien directeur de recherche à
l’Institut d’études stratégiques de
l’armée américaine nous le confirmait en
2015 déjà : « C’est la quatrième guerre
mondiale. Laissez tomber le côté
racoleur et crapoteux d’Abou Ghraib.
Arrêtez de proférer des slogans idiots
comme : « Bush a menti et des soldats
meurent ». Endurcissez-vous et
préparez-vous à une guerre longue et
meurtrière. Cette guerre, nous n’avons
pas le droit de la perdre ».
La Résistance
soviétique nous indique clairement que
l’impérialisme ne se discute mais qu’il
se combat. « Plus un pas en arrière »
commandait avec raison Joseph Staline.
NOTES ET RENVOIS DE
LA 2e PARTIE :
(16) Jonathan Steele, “History shows
this drive to the east could bring
disaster. Denial of Russia’s role in
defeating Hitler feeds a dangerous
mentality”, THE GUARDIAN, Friday May 6,
2005.
(17) Guy SPITAELS,
Jean-Marie CHAUVIER et Vladimir CALLER,
« Opinion – COMMEMORATION DU 8 MAI 1945.
Pourquoi minimiser la victoire « rouge »
? », LA LIBRE BELGIQUE, Bruxelles, 9 mai
2005.
(18)
Lire sur ce sujet de
Justin Raimondo, “Today’s Conservatives
Are Fascists”, (ANTIWAR.COM) BEHIND THE
HEADLINES, January 3, 2005.
Extraits: “The idea that today’s
conservatives are in any way defenders
of individual liberty, the free market,
and what Russell Kirk called « the
permanent things », i.e., the sacred
traditions that have accumulated over
time to constitute the core of our
Judeo-Christian culture, is no longer a
defensible proposition. Instead, what
used to be called the conservative
movement has morphed, almost overnight,
into a coterie of moral monsters, whose
political program is one of unmitigated
evil. (…) In any case, by this time the
evidence for the malevolent
transformation of the American Right is
all around us – in the ravings of Fox
News « commentators, » in the sheer
existence of Ann Coulter, in the
usurpation of a formerly respectable
political tendency by the greasy
evasions of the « neo »-conservatives.
This change is most starkly dramatized
in three disturbing trends: Widespread
support on the Right for internment of
Japanese-Americans during World War II,
touting Michelle Malkin’s
shoddy-to-nonexistent scholarship, with
the implication that we should be
contemplating the same treatment for
Americans of Arab descent, the
justification of torture when utilized
by the American military in the name of
the « war on terrorism » by «
conservative » legal theorists, and
advocacy of a ruthlessly aggressive
foreign policy of military expansionism,
supposedly in order to spread «
democracy » around the world (…) the
totalitarian sickness is gnawing away at
the very vitals of the American
conservative movement. This cancer
germinated as a result of the Right’s
lockstep support for the worldwide « war
on terrorism, » which they take to mean
not just the ongoing conflict in Iraq,
but a perpetual war for perpetual «
peace ». (…) It is the banner of a
thoroughly degenerated and corrupt «
conservatism » that is, in effect,
fascism – a blueprint for
totalitarianism erected in the name of
fighting « terrorism ». (…) Mussolini
never got his thick mitts on nuclear
weapons, and for that we ought to be
grateful: but today’s neocons do have
access to nukes, via their sock puppet
in the White House, and thus represent
an imminent threat. They are not only
waging an immoral and destructive war in
Iraq – a war destructive of U.S.
interests as well as Iraqi lives – but
they are moving on new fronts, from
Syria to Russia and the Caucasus, to
start new conflicts. This is the main
justification and motivating factor
behind their political agenda: tyranny
on the home front and blood-lust abroad
(…) Surely « fascism with a ‘democratic’
face » sums up the Bushian « global
democratic revolution » just as
accurately and succinctly, although
admittedly this fails to capture the
full horror of what the « liberation »
of Iraq actually entails. Perhaps «
fascism with a democratic face – and
bloodstained hands » is more precise”.
(19) Tom Engelhardt,
« La quatrième guerre mondiale a-t-elle
débuté ? », in MOTHER JONES, traduction
française dans COURRIER INTERNATIONAL –
n° 757 – 4 mai 2005.
(Sources: PCN-Info – The Guardian – La
Libre Belgique – EODE Think Tank)
LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) & EODE
* Avec le Géopoliticien de l’Axe
Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie –
Géoidéologie – Géohistoire –
Géopolitismes - Néoeurasisme –
Néopanafricanisme
(Vu de Moscou et Malabo) :
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