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LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY

Qui a vaincu Hitler ? : 9 mai 1945 :
La victoire du national-bolchévisme stalinien ! (I)

Luc Michel

Mardi 14 juillet 2020

GEOHISTOIRE/ QUI A VAINCU HITLER ? : 9 MAI 1945 : LA VICTOIRE DU NATIONAL-BOLCHEVISME STALINIEN ! (PARTIE 1). UN DEBAT SUR LA SECONDE GUERRE MONDIALE VIEUX DE 20 ANS

LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2020 07 14/

« Plus un pas en arrière »
(Joseph Staline, 1942) 

« Pour De Gaulle, c’est en apprenant, à Londres, les premiers succès soviétiques dans la résistance de leurs armées contre l’envahisseur allemand qu’il se persuade que la victoire des alliés sera acquise plus vite que prévu. Sans les batailles de Russie, pas de débarquement en Afrique du Nord, en Italie, en Provence, en Normandie. Dit autrement : sans le national-bolchévisme, point de combat efficace contre le national-socialisme ».
(Jean Daniel, « Voyage au bout de la Nation »)

« Chaque être humain qui aime la liberté doit plus de remerciements à l’Armée Rouge qu’il ne puisse payer durant toute une vie ! »
(Ernest Hemingway)

En cette année 2020 et ce 75e anniversaire de la Seconde Guerre Mondiale, le débat a repris sur l’histoire de celle-ci et le révisionnisme occidental anti-soviétique flambe de plus belle. Mais ce débat n’a rien de nouveau, comme le croient et l’écrive ses protagonistes. Il emflammait déjà la mémoire historique dans les Années 2000-2010. J’ai publié des versions de cette analyse (ici remaniée et actualisée) en 2000, 2008 et 2015. Ce qui a changé en 2020 c’est la perspective géopolitique (la Russie anémiée des Années Eltsine est redevenue avec Poutine une grande puissance qui rivalise avec les USA et s’est ouverte la « nouvelle Guerre froide 2.0 ») et ce sont les protagonistes (les petits états baltes revanchards onf fait place à la pologne et à la Roumanie, et l’UE ou la Grande-Bretagne servent de chiens courants aux USA) …

PARTIE 1 :
UN DEBAT SUR LA SECONDE GUERRE MONDIALE VIEUX DE 20 ANS

Un faux « débat » – parce qu’il n’y a rien à débattre et que les véritables questions sur le sujet sont ailleurs – s’était déjà ouvert à l’occasion du 70e anniversaire de la défaite nazie de 1945, resucée d’un débat similaire en 2005, lors du 60e anniversaire. Les politiciens révisionnistes des Etats baltes, de Pologne et de Roumanie, n’avaient été dans cette affaire – attitude qui leur est traditionnelle depuis 30 ans – que les porteurs de valise de la politique impérialiste américaine et atlantiste en Europe de l’Est. 

Ce qui avait permis ce pseudo débat, c’est d’une part le travail de sape mené depuis le début des années ‘90 par l’Ecole historique révisionniste atlantiste sur la victoire antinazie de 1945 et d’autre part la méconnaissance fondamentale des media et politiciens occidentaux sur l’histoire des Pays baltes et de l’Europe orientale. On voyait ainsi des media importants – comme LE FIGARO – poser des questions qui avaient reçu depuis longtemps leurs réponses et reprendre sans aucun recul critique les mensonges de la propagande – qui visait notamment à réhabiliter les fascismes locaux – des régimes baltes.

QUELQUES RAPPELS HISTORIQUES SUR L’HISTOIRE DES PAYS BALTES

Nous commencerons donc par rappeler quelques faits historiques oubliés ou méconnus, parce qu’ils démontrent qu’il n’y a ici aucun débat :

La Lettonie a été un des foyers révolutionnaires de 1917-1920 et a fourni à la Révolution bolchévique de nombreux cadres (à commencer par les régiments de fusiliers lettons qui ont protégé Lenine à Petrograd). C’est l’intervention armée des « corps francs » allemands proto-fascistes et de la Flotte britannique (qui agissait dans le cadre de l’intervention occidentale contre les Bolchéviques de 1918-1921 aux côtes des Armées blanches contre-révolutionnaires) qui a empêché la Lettonie de devenir une république soviétique dès 1918.

Au cours des années 20 et 30, les régimes baltes ont évolué vers le fascisme et ont développé des législations antisémites (notamment un statut spécial sans droits civiques pour les juifs lettons). La Pologne suivra le même chemin dictatorial.

Une partie importante de la classe politique balte est issue de cette matrice pro-fasciste. Cette situation explique pourquoi la collaboration pro-nazie a été si importante en 1941-45 et la participation directe des Baltes à l’organisation et à l’exécution du génocide des juifs. Elle explique aussi le rôle important des fascistes baltes émigrés après 1945 – et revenus au pouvoir après 1990 – dans le combat anti-soviétique. Le révisionnisme des régimes baltes, tel qu’il s’étale à l’occasion de chaque 9 mai, est directement issu de cette matrice idéologique (1).

En 1940, les pays baltes entrent – légalement et selon les lois internationales – dans l’URSS, qui libère son territoire en 1944-45. Le Kremlin réfute donc à juste titre le terme d’ « occupation » avancé par les régimes baltes à propos de leur intégration dans l’URSS. « Plusieurs pays tentent de récrire l’histoire à leur avantage en profitant du contexte », estimait dès 2005 le journal moscovite IZVESTIA.

L’arrivée des Nazis en juin 1941 sonne l’heure de la revanche pour la bourgeoisie balte, accueillant à bras ouvert les armées allemandes, fournissant légions SS et formations policières, dont la première tache sera le massacre des juifs, dont bien peu survivront. 

L’épuration soviétique de 1945, qui vise plusieurs dizaines de milliers de Kollabos baltes dans trois pays où la base de la collaboration pro-nazie a été importante, frappe les collaborateurs des nazis et notamment ceux qui ont participé au génocide des juifs. Ce qu’oublient les révisionnistes baltes. Elle est de même nature que celle opérée en France, Belgique ou Italie.

La participation directe des fascistes baltes au génocide juif, particulièrement en Lettonie – ce que niait en 2005 la présidente lettone Vike-Freiberga qui avait tenu des propos négationnistes, où le camp nazi d’extermination de Salaspils – l’ « Auschwitz letton », près de Riga, où les nazis réalisèrent des expériences médicales sur des enfants – devient un « camp de travail correctif » (2) – n’est nullement discutable ni discutée. Notamment après les travaux de l’historien letton Andrew Ezergailis (3).

De 1940 à 1990, les pays baltes font partie de l’URSS. Ils sont administrés par une classe politique locale et disposent de l’égalité des droits, notamment en matière culturelle. Les langues baltes sont des langues officielles de l’URSS. Et, selon la politique stalinienne, les cultures locales sont non seulement favorisées mais développées. Parmi les dirigeants soviétiques qui s’opposent à l’éclatement de l’URSS en 1988-91, on trouve de nombreux baltes. Notamment le colonel letton Victor Alknis, dirigeant du groupe Soyouz – le plus pro-soviétique – au Soviet suprême d’URSS, qui deviendra ensuite député de la Douma russe.

1991 voit le retour des émigrés pro-fascistes. Trois exemples parlent d’eux-mêmes : en 2005, la présidente lettone a un passeport canadien, le précédent président lithuanien avait la nationalité américaine, Janis Kazocinu le chef de la Sûreté lettone en 2005 est un « ex » général britannique et le général Jonas Kronkaitis commandant l’armée lituanienne en 2005 est un général de l’US Army « à la retraite » (4). La réhabilitation des anciens fascistes, y compris les légionnaires SS, avec l’accord des gouvernements et de la nouvelle classe politique balte, est immédiate dans les trois pays baltes (avec un bémol en Lituanie depuis 1998).

La population des pays baltes n’est homogène dans aucun des trois pays, bien au contraire. On y trouve des minorités importantes (qui en Lettonie notamment forment la majorité de la population réelle) : non seulement russes – 40% en Lettonie et 80% à Riga –, mais ukrainiens, biélorusses, polonais, juifs (rescapés du génocide). La citoyenneté étant définie selon le droit du sang et l’origine ethnique dans les pays baltes, les minorités n’ont pas les droits civiques et politiques (qu’ils ne peuvent acquérir qu’après un processus long et difficile). La majorité des minorités de Lettonie est donc constituée de non-citoyens en raison de leur ethnie, y compris plus de 20.000 juifs de Lettonie. Des citoyens de seconde zone, privés de passeports, de droits civils et politiques. Ce qu’avalisent les faux « démocrates » de Bruxelles. A Riga, la capitale lettone, la langue russe est bannie, totalement absente. Mais les Russes y représentent pourtant près de 80% de la population !

Voilà tout ce que les media aux ordres de l’OTAN ne disaient pas en 2000 ou 2005. En donnant la parole à grande échelle aux révisionnistes baltes, la presse européenne et les politiciens européens – comme Blair, le 1er ministre belge de l »époque, le libéral atlantiste Verhofstad (5) ou le danois Uffe Ellemann-Jensen (6) – se sont fait directement les complices du révisionnisme et du négationnisme baltes.

QU’EN PENSENT LES DEPORTES JUIFS ?

A ces mensonges issus des pires heures de la Guerre froide (7), les premiers concernés, les déportés juifs, ont déjà répondu.

Ainsi Simonas Alperavicius, ex-président de la communauté juive, qui « entretient la mémoire de la Shoah à Vilnius » : « L’occupation soviétique nous a sauvé la vie (…) la défaite des nazis a été un bien pour l’ensemble de l’humanité (…) Le 9 mai est, pour nous, l’un des jours les plus importants. Sans la libération, aucun d’entre nous ne serait en vie » (8).

« La victoire dans la guerre contre le nazisme aurait été impossible sans la participation de l’Union soviétique », estimait pour sa part l’israélien Shimon Peres. « L’Union soviétique a joué un rôle essentiel dans la défaite de l’Allemagne nazie. La Victoire a coûté la vie à un grand nombre de Soviétiques, y compris des Juifs. Je doute que sans la participation à la guerre de l’Union soviétique et de son Armée rouge, il ait été possible de l’emporter sur les fascistes. Pour ce rôle remarquable, nous devons dire « Hourra ! » au peuple soviétique et à ses soldats », a ajouté Shimon Peres. Il rappelait également que « plus de 500.000 Juifs avaient combattu dans l’Armée rouge, dont 198.000 ont péri sur le champ de bataille et 143 avaient reçu le titre de Héros de l’Union soviétique ». Ceci pour le soi-disant « antisémitisme soviétique » (dont la maîtresse était à l’époque la sœur de Lazare Kaganovitch).

LE REVISIONNISME BALTE POUSSE SUR LE TERREAU FERTILE DU REVISIONNISME ATLANTISTE 

Mais venons-en au « 9 mai 1945 ». Le révisionnisme balte n’aurait pas trouvé un tel écho à l’époque si il ne s’était pas développer sur le terreau fertile du révisionnisme atlantiste. Qui s’est notamment manifesté spectaculairement en 2005 avec vigueur lors du 60e anniversaire de Stalingrad et de la libération d’Auschwitz. Et elle remettait çà en 2015, avec notamment les délires révisionnistes d’un BHL, affirmant avec le régime atlantiste de Kiev (qui a réhabilité le fasciste antisémite Bandera), que ce serait « l’Ukraine qui aurait libéré Auschwitz » (sic). 

C’est l’Armée rouge qui a libéré Auschwitz ! L’Armée rouge et non pas « les alliés », comme le martèlent fallacieusement et régulièrement nos medias aux ordres de l’OTAN, qui veulent associer les Anglo-Américains à la geste glorieuse des soldats soviétiques. La réalité est que les Anglo-saxons, pourtant avertis du génocide, ont refusé d’aider les juifs, de bombarder l’infrastructure des camps. Et même de les laisser entrer aux Etats-Unis. La présence du président russe Poutine à Auschwitz lors du 60e anniversaire avait aussi pour but de rappeler le rôle des Soviétiques, au moment où se déchaînait le révisionnisme occidental. « Nous rendons hommage au courage des soldats soviétiques dont six cent mille ont donné leur vie pour la libération de la Pologne, avait-il déclaré. Nous n’oublierons jamais le prix exorbitant de 27 millions de vies humaines que l’Union Soviétique a payé pour la Grande victoire (…) Les premiers qui ont vu les horreurs d’Auschwitz ont été des soldats soviétiques. Ils ont éteint à jamais les fours d’Auschwitz et d’autres camps de concentration, ils ont libéré Cracovie. 600 000 soldats soviétiques ont laissé ici leurs vies, ils ont sauvé le peuple juif et beaucoup d’autres ».

On oublie trop souvent – et toute la propagande atlantiste vise à cet oubli – que le Nazisme n’a été vaincu que par le formidable effort de l’URSS et de la ligne nationale-bolchévique imposée par Staline (9). Comme le rappelle l’essayiste Jean Daniel, dans son « VOYAGE AU BOUT DE LA NATION » : « sans le national-bolchevisme, point de combat efficace contre le national-socialisme » (10). Les juifs et les tsiganes n’étaient qu’une étape dans le plan de domination nazi, le « Drang nach Osten », qui prévoyait l’extermination de 30 millions de Slaves entre l’Oder et Moscou. Les premières victimes d’Auschwitz furent polonaises et slaves. Pour briser ce rêve nazi, les Soviétiques perdirent 27 millions des leurs. Les pertes des Alliés anglo-saxons sont infimes comparées à ce tribut sanglant.

Auschwitz, tout comme la victoire de 1945, sont aujourd’hui l’occasion d’une immense récupération au profit de la propagande occidentale, des USA et de l’OTAN, c’est-à-dire de ceux qui aujourd’hui commettent encore et toujours des crimes de guerre, de la Yougoslavie à l’Irak et à la Libye et la Syrie. Ceux-là même qui osent parler à Auschwitz ou parader à Moscou, ont participé à la réhabilitation des bandes fascistes et antisémites qui ont collaboré hier au génocide des juifs dans les pays baltes ou encore en Ukraine. Les anciens SS ont leur place dans le monde made in NATO ! (11)

A Riga – épicentre de ce révisionnisme – on célèbre chaque année la gloire des SS lettons, avec la complicité du gouvernement qui participe à l’OTAN et à l’Union Européenne. Et on y persécute les résistants soviétiques. En Estonie, on inaugure des monuments à la gloire des SS estoniens. Et l’Ecole des cadets de l’Armée estonienne, fleuron de la nouvelle OTAN, inaugurée en 2000 en présence de généraux allemands de la Bundeswehr, porte le nom du commandant de la Légion SS estonienne Anton REBANE. En Ukraine, les bataillons spéciaux du type Azov, sont les héritiers directs des bandes antisémites ukrainiennes et des SS ukrainiens. Dans la foule rameutée à coup de dollars pour soutenir la Junte de Kiev, on pouvait voir flotter les drapeaux de la Division SS ukrainienne et entendre de nombreux chants antisémites. On les avait déjà vu et entendu en 2004, lors de la pseudo « révolution orange » (12). 

C’est ce révisionnisme, qui ne choque visiblement pas grand monde dans l’Occident américanisé, que dénonçait déjà la Russie en 2005. « La participation du président de la Fédération de Russie à ces actions (les commémorations du 60e anniversaire de la libération d’Auschwitz) est appelée à rehausser l’apport que notre pays a fait dans la victoire sur le nazisme, victoire qui a réuni les conditions nécessaires à un développement libre de la civilisation contemporaine », avait déclaré alors à RIA NOVOSTI un représentant du Kremlin. « Alors que certains milieux tentent de revoir les résultats de la Seconde guerre mondiale et les valeurs y afférentes, cela servira à rappeler l’intangibilité des faits historiques connus », a-t-il ajouté. « L’appel du président de la Russie à rendre hommage aux héros de la guerre et à leurs exploits aura d’autant plus de poids qu’il sera lancé en terre polonaise abreuvée du sang de 600.000 soldats soviétiques qui ont donné leur vie au nom de sa liberté ». 15 ans plus tard, c’est encore pire ! 

LE SILENCE DES IMPOSTEURS

Tout cela dans le silence assourdissant des groupes « anti-fascistes » autoproclamés, du style Ras’l Front, Reflex, RésistanceS ou Searchlight, qui démontent à nouveau qu’ils ne sont que des appendices para-policiers des appareils d’état bourgeois occidentaux et atlantistes.

Il y a en effet apparemment, pour la morale à géométrie variable du parti américano-occidental, de bons et de mauvais fascistes. Nos journalistes et nos politiciens atlantistes, si prompts à hurler au « Fascisme » contre les partis dits populistes, sont bien silencieux lorsqu’il s’agit des néofascistes et néonazis de l’extrême-droite xénophobe des pays baltes, du Belarus ou d’Ukraine.

Plus honteux encore est le silence des associations juives, que l’on n’a pas non plus entendues protester quand Bush, petit-fils de Prescot Bush (13), un des financiers des Nazis, paradait à Auschwitz. 

LES REALITES DE L’HISTOIRE CONTE LE REVISIONNISME ET L’ « AMERICANISATION DE L’HISTOIRE »

Pourtant ce révisionnisme atlantiste ne repose pas sur une lecture objective de l’Histoire. Sans Moscou et sans Stalingrad, sans les 27 millions de morts soviétiques (pour quelques centaines de milliers chez les « libérateurs » yankee), sans la fermeté inflexible de STALINE aux heures les plus sombres de 1941-42 (fin 1941 les nazis étaient à 17 km du Kremlin), il n’y aurait jamais eu de débarquement allié en Méditerranée ou en Normandie.

C’est cette évidence que la propagande libérale dominante tente de dissimuler maladroitement, au nom d’un révisionnisme occidental reposant sur la manipulation de l’Histoire et que dénonçait en son temps courageusement l’historien Marc Ferro. Dans L’HUMANITE, l’historien Marc Ferro exposait comment la guerre froide et « l’américanisation de l’histoire » ont minimisé le rôle majeur de Stalingrad : « Dans l’ordre symbolique toutefois, la victoire de Stalingrad est beaucoup plus importante que les autres, elle signifie pour la première fois qu’une grande armée de la Wehrmacht est battue, elle souligne l’entêtement mortel de Hitler dans sa stratégie militaire qui trouve plus fort que lui. Le général Paulus contraint de se rendre, ça veut dire que le vent de l’histoire a tourné à l’Est, du côté des Soviétiques qui brisent l’invincibilité allemande. A Stalingrad, les Allemands font en effet l’expérience d’une puissance de feu et d’une capacité technologique qui leur est supérieure. Ils diront avoir été battus par l’hiver : ils l’ont surtout été par les chars et les canons fabriqués par une industrie soviétique qui a pris la relève de la vieille industrie russe et qui n’a pas baissé les bras. L’URSS, il faut le rappeler, produisait alors plus de canons que l’Allemagne. Peu à peu pourtant on oubliera Stalingrad, à cause de la guerre froide et de l’américanisation de l’histoire qui s’en suivit ». 

En 1992, Marc ferro écrivait déjà : « Il y aurait un tabou a posteriori qui n’existait pas pour les contemporains: dire que c’est l’armée soviétique qui a brisé la Wehrmacht, et qu’ensuite, grâce à cela, le Débarquement a pu se faire, et les Américains et les Anglais sauver, libérer l’Europe de l’Ouest. Opérations liées chronologiquement mais mécaniquement aussi. Or, à mesure que les années ont passé, que la guerre froide s’est installée, que l’historiographie occidentale s’est imposée, on a fini par réduire la part et le rôle que la puissance soviétique a joués. Et aujourd’hui, où elle se décompose, on a de plus en plus tendance à créditer exclusivement les Anglo-Saxons des succès militaires qui ont pu suivre ». Il dénonçait déjà « ce refus intériorisé à admettre qu’il peut y avoir eu, à certains moments de l’Histoire, une supériorité technique, industrielle, des Russes sur l’Allemagne pendant cette guerre ».

A suivre dans la 2e partie

NOTES ET RENVOIS DE LA 1e PARTIE :

(1) Le parcours du colonel estonien Alfons Rebane symbolise cette situation : dirigeant fasciste et putschiste avant 1941, commandeur de la légion SS estonienne de 1941 à 1945, dirigeant de maquis fasciste – aidé par la CIA et le Groupe Gehlen – jusqu’en 1947 en Estonie (où il trouve la mort en 1947 croix de fer nazie au col, son corps étant exfiltré en RFA), réinhumé en Estonie en 2000 en présence d’officiers supérieurs de la Bundeswehr et de l’OTAN, l’Ecole de cadets de l’armée estonienne (membre de l’OTAN) porte son nom (que dirait-on si l’école de cadets de l’Armée belge portait le nom de Degrelle ou celle de l’Armée française le nom de Doriot ?)

(2) Rappelons les liens de Vaira Vike-Freiberga et de son mari avec les milieux fascistes lettons : « Une manifestation de Waffen SS s’est tenue, le 16 mars 2005, au cœur de la capitale d’un Etat nouvellement membre de l’Union européenne et de l’OTAN, la Lettonie. Les autorités ont choisi de l’autoriser et de réprimer durement les citoyens qui protestaient. Loin d’être un fait divers, cet événement est l’aboutissement d’un processus de négation de l’extermination et de réhabilitation du nazisme conduit par la présidente de la République, Vaira Vike-Freiberga (…) Il ne s’agit pas là d’un affrontement folklorique entre skinheads d’extrême-droite et d’extrême-gauche, mais d’un acte politique mûrement réfléchi, personnellement organisé par la présidente de la République, marquant l’aboutissement d’un rapide processus de réhabilitation du nazisme. Il ne s’agit pas non plus d’une répugnante provocation à usage interne, mais d’une stratégie internationale pilotée par l’OTAN, de gages délibérément donnés à des organisations clandestines que l’on tient à remercier pour leur contribution à la désoviétisation de l’Europe et qui sont déjà associées à divers gouvernements, notamment en Ukraine « orange » (…) Le professeur Vaira Vike-Freiberga joue un rôle central dans ce dispositif. La famille de cette canadienne, qui a fuit la Lettonie à la chute du Reich, était liée aux agents nazis des réseaux stay-behind de l’OTAN, via une association clandestine destinée à la diaspora, Les Faucons de la rivière Daugava (Daugavas Vanagi). Celle de son époux, Imants Freibergs, est passée par le camp du MI6 en Allemagne à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Professeur de psychologie à l’université de Toronto, spécialiste de l’influence des drogues sur le comportement humain, Mme Vike- Freiberga s’installe à Riga début 1999, prend la nationalité lettone et est élue au printemps présidente de la République ; mandat qui lui sera renouvelé quatre ans plus tard. Au cours des dernières années, la présidente Vike-Freiberga s’est attelée à réécrire l’histoire européenne (…)

En janvier 2005, le gouvernement letton a publié un ouvrage intitulé HISTOIRE DE LA LETTONIE : XXe SIECLE. Il est précisé à l’intérieur du livre qu’il a été imprimé avec le soutien financier de l’ambassade des Etats-Unis. Le lancement a été effectué lors d’une conférence de presse de la présidente de la République. On y lit avec surprise, entre autres, que le camp de Salaspils, où les nazis réalisèrent des expériences médicales sur des enfants et où 90.000 personnes furent assassinées, n’était qu’un « camp de travail correctif » et que les Waffen SS étaient des héros de la lutte contre les occupants soviétiques. Cet ouvrage, ainsi que divers manuels scolaires, a soulevé la colère des parlementaires et du gouvernement russe, et l’émoi dans de nombreux pays d’Europe centrale et orientale ».

(3) Cfr. Andrew Ezergailis, THE HOLOCAUST IN LATVIA, 1941-1944 : THE MISSING CENTER, Historical Institute of Latvia (June, 2002). 

(4) Dans son livre KGB ET CIE, A L’ASSAUT DE L’EUROPE, Roumania Ougartchinska explique que la population lettone désabusée appelle ces émigrés « la bande des étrangers ».
« C’est dans cette perspective que le MI6 et la CIA ont pris le contrôle de la Lettonie. À la faveur du chaos post-soviétique, ils y ont placé leurs hommes à la tête de l’Etat (…) A titre d’exemple, le Bureau de protection de la Constitution (SAB), notamment chargé de défendre la démocratie, est dirigé par Janis Kazocinu. Or, celui-ci est en réalité un général de l’armée britannique, devenu attaché militaire à Riga lors de l’indépendance, puis adjoint du chef d’Etat-major. Il n’a pris la nationalité lettone qu’à l’occasion de sa nomination ». 

Cfr. Roumania Ougartchinska, KGB ET CIE, A L’ASSAUT DE L’EUROKE, Editions Anne Carrère, 2005 et Edward W. Baranauskas, « The Jonas Konkraitis story », LITHUANIAN WEEKLY, Vilnius, 5-18 août 2003.

(5) Plusieurs pays occidentaux ont soutenu la présidente négationniste lettone, qui « montre clairement qu’un an après que la Lettonie a pris une nouvelle fois la place qui lui revenait de droit dans l’Europe et 14 ans après avoir regagné son indépendance, vous êtes capables d’aller de l’avant avec la réconciliation et de faire des efforts (afin de nouer) des relations constructives avec la Russie » (sic), déclarait le Premier ministre Tony Blair dans une lettre adressée à Vike-Freiberga. Pour le chef du gouvernement belge Guy Verhofstadt, la décision de participer aux cérémonies du 9 mai à Moscou – tout en insultant la Russie – est « une forte affirmation de votre volonté et celle de votre pays de consacrer des efforts pour construire l’avenir » (resic).
Le congrès américain a débattu sur un projet de résolution demandant à la Russie de reconnaître et condamner « le fait qu’entre 1940 et 1991 l’Union soviétique a occupé illégalement et annexé l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie ».

(6) Uffe Ellemann-Jensen, Ancien ministre des Affaires étrangères du Danemark, « Comprendre le passé et regarder l’avenir », LE FIGARO, 9 mai 2005 : « J’admire le troisième président balte, Vaira Vike-Freiberga, de Lettonie, qui a décidé de se rendre à Moscou, pour honorer ce qui le mérite et dire haut et fort ce qu’il ne faut pas dissimuler. Elle montre par ce geste la position forte de son pays en tant que membre de l’Otan et de l’Union Européenne, et adopte une attitude morale qui inspire le respect. C’est tout à son honneur » (sic). Uffe Ellemann-Jensen ne nous dit pas ce qu’il pense des propos négationnistes de la présidente lettone concernant le camp nazi d’extermination de Riga …

(7) L’historien Marc Ferro rappelait dans L’EXPRESS (« Les 100 jours qui ont changé le monde », Paris, 2 mai 2005) que le révisionnisme letton plonge ses racines l’idéologie atlantiste de la Guerre froide : « Ces Baltes perpétuent ce qu’on appelait alors l’ « esprit de Riga », c’est-à-dire la résistance, successivement, à l’impérialisme tsariste puis soviétique. Ce refus était incarné par des émigrés baltes aux Etats-Unis, puis par des diplomates en poste dans ces pays qui avaient contesté, en 1941, la conclusion de la « grande alliance » entre Washington et Moscou, et plus encore l’esprit de conciliation qui avait régné à Yalta. Derrière George Kennan, Loy Henderson, Charles Bohlen, diplomates et collaborateurs du Département d’Etat, ils mettaient en place le futur argumentaire de la guerre froide (…) Plus tard, ces mêmes hommes énoncèrent la doctrine du containment : bloquer les Soviétiques sur leurs positions ».

(8) in « La mémoire de la Shoah à Vilnius », COURRIER INTERNATIONAL, Paris, n° 757, 4 mai 2005.

(9) Des historiens du Stalinisme comme Mikhail AGURSKY ou David BRANDENBERGER font du « National-bolchevisme russe » et de la « Troisième Rome » bolchévique l’essence même de l’idéologie du régime. On ne peut en effet ignorer dans les débats sur le National-bolchevisme aussi bien en Russie qu’en Allemagne, la personnalité et la figure de STALINE. Nul plus que lui n’a influencé le National-bolchevisme. Il l’a fait parce que dans son combat pour la conquête du parti et de l’Etat soviétique, il s’est appuyé sur les éléments nationaux-bolcheviques à l’intérieur et à l’extérieur du Parti. Il a également avec sa « théorie du socialisme dans un seul pays », reprise de LENINE, contribué à établir à la direction même de l’URSS ce que le professeur Mikhail AGURSKY, spécialiste de la question, appelle le « National-bolchevisme russe ».

Cfr David Brandenberger, « NATIONAL BOLSHEVISM. STALINIST MASS CULTURE AND THE FORMATION OF MODERN RUSSIAN NATIONAL IDENTITY, 1931-1956 », Cambridge, Mass., Harvard University Press, 2002.
Et Mikhail AGURSKY, « THE THIRD ROME », Boulder, Colo: Westview Press, 1987.

(10) Jean DANIEL, VOYAGE AU BOUT DE LA NATION, Ed. Arléa, Paris, 1995. 

(11) Lire : Luc MICHEL, « LES S.S. DE L’OTAN », « NATION-EUROPE HEBDO », n° 31 – 21 avril 2000.

(12) La base de l’activisme pro-occidental mobilisé derrière Yushenko et sa « révolution orange » de 2004 est l’extrême-droite nationaliste, les nostalgiques des fascistes ukrainiens de 1919-50. Le GUARDIAN (Londres) révélait ainsi en 2004 que les pseudo « démocrates » de PORA chantent de vieux hymnes antisémites des années 20-40 !
Pour ceux qui auraient encore des doutes sur la nature réelle, d’extrême-droite, antisémite et néofasciste des hooligans de PORA, voici ce qu’en dit le reporter du quotidien britannique SPECTATOR (6 novembre 2004), John Laughland : « A few years ago, a friend of mine was sent to Kiev by the British government to teach Ukrainians about the Western democratic system. His pupils were young reformers from western Ukraine, affiliated to the Conservative party. When they produced a manifesto containing 15 pages of impenetrable waffle, he gently suggested boiling their electoral message down to one salient point. What was it, he wondered? A moment of furrowed brows produced the lapidary and nonchalant reply, “To expel all Jews from our country”. It is in the west of Ukraine that support is strongest for the man who is being vigorously promoted by America as the country’s next president: the former prime minister Viktor Yushchenko. On a rainy Monday morning in Kiev, I met some young Yushchenko supporters, druggy skinheads from Lvov. They belonged both to a Western-backed youth organisation, Pora, and also to Ukrainian National Self-Defence (Unso), a semi-paramilitary movement whose members enjoy posing for the cameras carrying rifles and wearing fatigues and balaclava helmets. Were nutters like this to be politically active in any country other than Ukraine or the Baltic states, there would be instant outcry in the US and British media; but in former Soviet republics, such bogus nationalism is considered anti-Russian and therefore democratic ».

Sur le coup d’état rampant de l’OTAN en Ukraine en 2004, lire :
Luc MICHEL, « NOUVELLE OFFENSIVE DE L’OTAN A L’EST : « L’UKRAINE ENJEU DE L’IMPERIALISME AMERICAIN MENACEE PAR LA PESTE ORANGE ! », 27 novembre 2004, « LA CAUSE DES PEUPLES – NEWS » – N° 9.

(13) Sur les rapports de la famille Bush avec les nazis, lire :
- Luc MICHEL, « PROPAGANDE ET REVISIONNISME HISTORIQUE A WASHINGTON », PCN-Infos Hebdo, 16 septembre 2003.
- Toby ROGERS, « LA FORTUNE DES BUSH ENTACHEE DU SANG DES DEPORTES ».

On parle beaucoup de « repentance », le nouveau terme à la mode. Il n’y a pas de repentance chez les Bush. Le dernier petit-fils de Georges W Bush, né en 2004, a reçu le prénom de Prescot. Celui là même du « grand ancêtre » qui collaborait avec le IIIe Reich.

(Sources : PCN-Info – PCN-TV - EODE Think Tank)

Photo :
Couverture de NATSIA EVROPA, édition spéciale franco-russe de NATION EUROPE éditée par le PCN pour le 9 mai 2005.

LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE

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Source : Luc MICHEL

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