LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY
Poutine impose sa paix au Nagorno-Karabakh
et neutralise Erdogan
Luc MICHEL
Jeudi 12 novembre 2020
FLASH VIDEO/ VICTOIRE STRATEGIQUE DE
MOSCOU AU CAUCASE : POUTINE IMPOSE SA
PAIX AU NAGORNO-KARABAKH ET NEUTRALISE
ERDOGAN
LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) & EODE/
Flash Vidéo Géopolitique/ Geopolitical
Flash Video/
2020 11 11/
(Série
III/2020-1278
« Caucase : Poutine
reprend la main et écarte Erdogan (…)
L'accord de cessez-le-feu au
Haut-Karabakh consacre la défaite
arménienne et la victoire
azerbaïdjanaise, mais aussi le retour de
la Russie. Défié dans sa zone
d'influence par Recep Tayyip Erdogan,
Vladimir Poutine a repris la main dans
le Caucase. Le cessez-le-feu entre
forces azerbaïdjanaises et arméniennes
au Haut-Karabakh, après huit semaines de
combats féroces qui ont fait des
milliers de morts, marque un nouvel
épisode de la lutte de prestige à
laquelle se livrent les deux dirigeants
aux ambitions révisionnistes. Le
président russe a fait d'une pierre
trois coups en contraignant la partie
arménienne à accepter sa cuisante
défaite militaire. Premièrement, il se
repositionne en arbitre dans l'espace
post-soviétique … »
Le Point (11 nov.
2020).
«
Après l'élection présidentielle dans
leur pays, nos amis biélorusses ont subi
des pressions sans précédent et ont dû
résister aux sanctions, aux provocations
et à une guerre d'information et de
propagande déclenchée contre eux (…) Il
en va de même pour les événements
récents au Kirghizistan et la lutte
politique en Moldavie. »
- Déclaration de
Vladimir POUTINE :
(20e réunion du
Conseil des chefs d'Etat de l'OCS).
Le Flash Vidéo du
jour …
Le géopoliticien
Luc MICHEL dans le DEBAT du 11 novembre
2020
sur PRESS TV (Iran)
J’ai analysé ce jour pour le DEBAT de
PRESS TV la “paix russe” imposée à Bakou
et Erevan par V.V. Poutine au
Nagorno-Karabakh, et qui met Ankara hors
jeu.
Le conflit du Haut-Karabakh a duré six
semaines. Il aura été l'été le plus
meurtrier depuis celui des années 1990,
avec probablement des milliers de morts
dans chaque camp. Il s'achève par une
défaite militaire de l'Arménie face à
l'Azerbaïdjan et la conclusion d'un
accord sur la fin des hostilités, sous
l'égide de Moscou.
L'Azerbaïdjan récupère sept districts
perdus lors de la première guerre ainsi
que la ville de Choucha (Chouchi pour
les Arméniens). Un lieu stratégique
situé entre l'Arménie et Stepanakert, la
capitale du Haut-Karabakh. De son côté,
l'Arménie sauve l'essentiel : le
corridor de Latchin la reliant au
Haut-Karabakh et, surtout, l'enclave
elle-même, dont le statut reste à
définir. La Russie, elle, s'engage à
envoyer 2 000 hommes sur la ligne de
contact afin d'y garantir la paix. Si le
dénouement est accueilli avec
enthousiasme à Bakou et chez son allié
turc, il crée de sérieuses tensions à
Erevan. À l'annonce de la signature de
l'accord, des manifestants ont envahi le
Parlement et le siège du gouvernement.
Le conflit a fait au moins 1 440
morts depuis le 27 septembre, selon des
bilans très partiels. Depuis des
semaines, la Russie et d'autres
puissances tentaient d'obtenir un
cessez-le-feu, mais trois tentatives
avaient échoué.
Sources :
* La Video sur LUC-MICHEL-TV
sur
https://vimeo.com/478153409
* L’introduction de PRESS TV :
« Haut-Karabakh: l’échec de l'axe
US/Israël/OTAN …
Silence radio à
Ankara: ces quelque 2000 soldats russes
que Poutine a commencé à déployer dès le
mardi 10 novembre à minuit, le long de
la ligne de contact dans le
Haut-Karabakh, soit dans la stratégique
localité de Lachin, avec leurs 90
véhicules blindés et 380 équipements
militaires, alors qu'ils quittent la
Russie après être arrivés sur place à
bord d'un avion IL-76 en provenance de
l'aérodrome d'Oulianovsk, cela fait sans
doute écho à ces trois bataillons
blindés, ces dizaines de forces
commandos et ces 500 équipements
militaires que l'Iran a placé ces deux
dernières semaines et à un rythme
régulier sur ses frontières avec
l'Arménie que contrôle désormais la
République et d’Azerbaïdjan.
Au fait, cette
trêve que Poutine a fait signer un peu à
la cosaque au Sorosien Pachinien et à
l'Otanien Aliev sous les yeux ahuris
d'un Ankara qui s'apprêtait après la
prise de Choucha, d'aller droit vers
Stepanokert, donne bien à penser que
l'axe Russie/Résistance attendait son
heure avant de réagir pour couper l'aile
à l'élan caucasien du Sultan et de ses
soutiens israélo-américains. Le «
foutoir » électoral US et la guerre des
vautours au sein de l'administration US
aidant, la Russie vient donc de
s'emparer militairement du cœur battant
du projet caucasien de l'axe US
israélien et ce, suivant les termes de
la trêve qu'Aliev a qualifiée de
capitulation militaire de l'Arménie,
pour une durée de cinq ans.
Lundi 9 novembre et
pour la première fois depuis le début du
conflit made in US/OTAN/Israël dans le
Haut-Karabakh, le numéro deux du centre
de commandement de la DCA iranienne, le
général Rahim Zadeh a très clairement
affirmé que les chasseurs et les avions
de combat turcs, largement impliqués
dans des combats contre l'Arménie,
n'auraient aucune chance de survivre
s'ils s'aventuraient dans le ciel
iranien. Il renvoyait en effet aux
informations selon lesquelles les avions
turcs largement pris à partie avaient
remplacé les drones « Bayraktar » que
les « médias mainstream » ont cherché à
présenter comme les vainqueurs de
guerre. La mise en garde a dû pousser
Aliev à se dresser au moins
momentanément contre les diktats
d'Ankara, transmis par le duo Akkar
(ministre de la Défense)-Cavusoglu (MAE)
présent à Bakou. Surtout que selon des
sources bien informées, une fronde
commençait à élargir au sein de l'armée
azerbaïdjanaise littéralement hostile au
commandement turco-takfiriste de ses
opérations face à l'occupation
arménienne. Aliev aurait même échappé à
une tentative de coup d'État mené par
cette frange de l'armée qui ne supporte
les ordres des hordes takfiristes venus
d'Idlib.
Ce qui ne serait
probablement pas le cas de Pachniyan à
qui la Russie et l'Iran reprochent ses
flirts avec Israël et ses liens étroits
avec l'OTAN. Depuis ce matin, des
manifestations anti Pachynian se
déroulent devant l’immeuble du Premier
ministre, contre l’accord de
cessez-le-feu et les mensonges éhontés
de l'homme de l'OTAN à Erevan.
L'opposition l'appelle à la démission.
Luc Michel,
géopoliticien et Arnaud Develay, juriste
international s'expriment sur le
sujet. »
# L’ACTUALITE
ANALYSEE (1)/
« HAUT-KARABAKH :
LA RUSSIE ENVOIE SES FORCES DE PAIX
APRES L'ACCORD DE CESSEZ-LE-FEU » (AFP)
Moscou a annoncé
l'arrivée, mardi, en Arménie des
premiers avions transportant ses forces
de maintien de la paix qui seront
envoyées dans le Haut-Karabakh, après
l'accord de cessez-le-feu signé sous son
égide entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie.
La fin de six semaines de combats
meurtriers dans le Haut Karabakh. La
Russie a commencé, mardi 10 novembre, à
déployer quelque 2 000 soldats de
maintien de la paix, après l'accord
signé sous son égide entre l'Azerbaïdjan
et l'Arménie dans le Haut-Karabakh. Cet
accord consacre des victoires militaires
azerbaïdjanaises dans cette région
montagneuse du Caucase, aujourd'hui
peuplée quasi exclusivement d'Arméniens,
qui a fait sécession de l'Azerbaïdjan
après une guerre dans les années 1990.
Des affrontements y opposaient depuis
fin septembre des séparatistes soutenus
par Erevan et l'armée azerbaïdjanaise.
Entré en vigueur lundi, le texte a été
signé par le président azerbaïdjanais,
Ilham Aliev, et le Premier ministre
arménien, Nikol Pachinian, ainsi que le
président russe, Vladimir Poutine. Selon
ce dernier, les belligérants gardent
"les positions qu'ils occupent".
Moscou a ainsi
annoncé l'arrivée en Arménie des
premiers avions transportant ses forces
de maintien de la paix qui seront
ensuite envoyées dans le Haut-Karabakh.
Au total, 1 960 militaires, 90 blindés
et 380 autres véhicules seront
mobilisés. Ils doivent être déployés à
mesure que les forces arméniennes se
retirent d'une série de territoires
rétrocédés à l'Azerbaïdjan.
Bakou reprend le contrôle de
districts autour du Karabakh, sorte de
glacis de sécurité constitué par les
Arméniens autour de la république
autoproclamée depuis trente ans. Bakou a
aussi reconquis des territoires de la
province séparatiste. Les terres encore
sous contrôle arménien le restent, et un
corridor les reliera à l'Arménie.
La Turquie, grand
soutien de Bakou, contrôlera avec la
Russie l'application du cessez-le-feu au
Nagorny Karabakh depuis un centre
conjoint d'observation, a affirmé mardi
la présidence turque à l'issue d'un
entretien téléphonique entre Recep
Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine. Ce
centre d'observation russo-turc "sera
basé sur le territoire de l'Azerbaïdjan"
et "n'a rien à voir" avec les forces de
maintien de la paix qui seront déployées
au Nagorny Karabakh, a assuré la
porte-parole de la diplomatie russe,
Maria Zakharova, lors d'une intervention
télévisée.
Le Premier ministre
arménien a indiqué sur Facebook que la
signature de l'accord avait été
"incroyablement douloureuse", mais que
la décision s'imposait face aux avancées
azerbaïdjanaises et avait aussi été
réclamée par l'armée. "C'est un grand
échec pour nous, une grande
catastrophe", a-t-il déclaré. Pour Gaidz
Minassian, enseignant chercheur à
Science Po interrogé par France 24, cet
accord s'est imposé, car "les frappes
devenaient de plus en plus violentes et
l'Arménie manquait de ressources
humaines et matérielles pour y faire
face". Le pays a ainsi "préféré signer
cet accord un genou à terre plutôt que
d'attendre le pire", analyse-t-il. Le
président français Emmanuel Macron –
totalement exclu des accords de paix - a
de son côté appelé à travailler à un
"règlement politique durable [qui]
préserve les intérêts de l'Arménie", et
demandé "fermement à la Turquie de
mettre fin à ses provocations".
Peu après l'annonce
de l'accord, des milliers de
manifestants en colère se sont
rassemblés aux abords du siège du
gouvernement arménien (issu d’une
« révolution de copuleur » en 2018) aux
cris de "traître" et "démission" à
l'adresse de Nikol Pachinian, porté au
pouvoir par une révolte populaire en
2018. Des centaines d'entre eux ont
pénétré dans les locaux, brisant des
vitres et saccageant des bureaux. Le
siège du Parlement a subi le même sort.
La police a repris le contrôle des
bâtiments dans la matinée. L'opposition
arménienne a annoncé une manifestation
mercredi pour dénoncer "la page la plus
honteuse de l'histoire" du pays. "Il y a
une colère mais surtout une profonde
tristesse chez les Arméniens. L'heure
est au deuil national. Les Arméniens
font à la fois le deuil de leurs 1 300
morts en seulement six semaines et le
deuil de leur région, ce bastion
historique de l'Arménie. Cette défaite
militaire a provoqué une crise politique
majeure, dont nous verrons les
développements dans les jours qui
viennent", précise l’envoyé spécial de
France24 à Erevan, Roméo Langlois.
# L’ACTUALITE ANALYSEE (2)/
HAUT-KARABAKH : « LES RUSSES SONT LES
GRANDS VAINQUEURS » (LE POINT, 11 NOV.
2020)
Extraits de l’entretien pour LE Point
avec Gaïdz Minassian, spécialiste du
Caucase, qui « analyse les conséquences
de la paix signée entre l'Arménie et
l'Azerbaïdjan sous l'égide de Vladimir
Poutine » :
Le Point : Est-ce une victoire totale
pour l'Azerbaïdjan ?
Gaïdz Minassian : C'est une victoire
militaire de l'Azerbaïdjan, mais je
serai plus prudent sur l'idée d'une
victoire politique. Car Bakou se
retrouve avec un Karabakh toujours sous
contrôle arménien qui continue d'exister
et des Russes en force d'interposition.
On aboutit finalement à l'accord négocié
en 2011 à Kazan en Russie. Ce texte
prévoyait une rétrocession par l'Arménie
des territoires conquis autour du
Karabakh et un statut intermédiaire pour
le Karabakh. Or, à l'époque, les
autorités de Bakou avaient rejeté
l'accord parce qu'elles ne voulaient pas
entendre parler de « statut
intermédiaire ». On en est à ce point.
Et c'est ce que l'Azerbaïdjan qualifie
de grande victoire.
Pachinian n’a pas d’autre choix que de
dissoudre le Parlement.
Qu'en est-il du rôle des Russes ?
Les Russes sont les grands vainqueurs
parce qu'ils ont réussi à écarter la
Turquie du jeu diplomatique. Moscou
redevient l'arbitre régional. Poutine
tient à nouveau les clés du règlement
définitif. Ce qui n'était pas acquis,
car ils ont d'abord été sonnés par
l'irruption de la Turquie dans cette
affaire. Ils ne s'attendaient pas à une
telle ingérence turque dans le sud du
Caucase et à un soutien militaire aussi
massif auprès des Azéris. Ils ont mis du
temps à évaluer la situation. Ils
voulaient préserver deux choses : leur
relation avec la Turquie, qui est un
partenaire dans de nombreux domaines, et
leur relation plutôt bonne avec
l'Azerbaïdjan. Et puis, chez Poutine, il
y avait une envie d'enquiquiner les
autorités arméniennes. Le président
russe n'a pas apprécié les quelques
signes d'indépendance manifestés par le
nouveau Premier ministre Nikol
Pachinian. Ce dernier a, par exemple,
fait emprisonner l'ancien président
arménien Robert Kotcharian, qui est un
proche de Poutine. Au moment où
d'anciennes républiques soviétiques,
comme la Biélorussie, jouent les mauvais
élèves, Poutine n'est pas mécontent de
remettre au pas Pachinian. La Russie se
replace au centre. C'est une façon de
dire aux Arméniens : « Regardez, si on
n'était pas intervenus, vous perdiez
tout. »
Doit-on s'attendre à des troubles en
Arménie ?
Pachinian n'a pas d'autre choix que de
dissoudre le Parlement. Il doit faire
endosser cet accord par le peuple. S'il
n'y parvient pas, c'est fini pour lui.
On entrerait à nouveau dans une période
d'incertitude. Ça va être l'occasion
pour les Arméniens de se livrer à un
examen de conscience. Leur principale
difficulté, c'est qu'ils ont bâti un
régime, une oligarchie, mais ils n'ont
pas encore construit un État avec, par
exemple, une fiscalité digne de ce nom.
Pachinian a jeté les bases d'un système
nouveau, mais tout cela arrive
tardivement.
Le conflit est-il vraiment réglé ?
L'histoire n'est pas finie. Pour
l'instant, les armées sont fatiguées.
L'Arménie ne pouvait plus se permettre
de sacrifier ainsi sa jeunesse. Mais on
ne peut pas exclure une reprise des
combats si un éventuel successeur de
Pachinian ne reconnaît pas l'accord.
Quel est l'état d'esprit des Arméniens ?
Les Arméniens vont continuer à se poser
des questions. Est-ce qu'on est un
peuple au rabais ? On a été victime d'un
génocide qui n'a toujours pas été
reconnu par la Turquie, et on nous
attaque à nouveau. Ça fait beaucoup. Le
président azéri Ilham Aliyev les traite
même de « chiens » sans que personne ne
s'en émeuve. Quel espoir donne-t-on aux
Arméniens ? On a reconnu l'indépendance
du Kosovo, pourtant situé dans le
berceau serbe, et on ne fait rien pour
le Karabakh, où la présence arménienne
remonte au Ve siècle ?
Les Arméniens ont-ils quelque chose à se
reprocher ?
Ils ont commis une faute en 1994. À ce
moment-là, ils gagnent la guerre. Ils
auraient dû reconnaître l'indépendance
du Karabakh. Des pays auraient suivi, et
une situation viable se serait imposée.
Ils ne l'ont pas fait sous la pression
des Russes qui voulaient continuer à
tirer les ficelles. Et c'est ce qui se
passe aujourd'hui.
(Sources : Press TV – Le Point – AFP –
EODE Think Tank)
# L’ANALYSE DE REFERENCE :
* Réécouter mon
Podcast
LES DESSOUS DU
CONFLIT ENTRE BAKOU ET EREVAN
sur
https://vimeo.com/439803229
LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) & EODE
(Flash
Vidéo Géopolitique/
Complément aux
analyses quotidiennes de Luc Michel)
* Avec le
Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique –
Géoéconomie – Géoidéologie – Géohistoire
–
Géopolitismes -
Néoeurasisme – Néopanafricanisme
(Vu de Moscou et
Malabo) :
PAGE SPECIALE Luc
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