LUC MICHEL’S
GEOPOLITICAL DAILY
Schizophrénie pakistanaise (I) :
Quand l'alliance avec les Usa se double
du
parrainage de l'islamisme radical
wahhabite
Luc Michel
Mercredi 3 janvier 2018
LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour
EODE/
Quotidien
géopolitique – Geopolitical Daily/
2018 01 02/ Dans une récente
analyse, j’expliquais ce qu’est cette
schizophrénie géopolitique qui fracture
profondément le Pakistan entre alliance
américaine et soutien aux islamistes
radicaux et autres djihadistes
wahhabites. Fracture qui se double
maintenant entre les partisans de
l’alliance occidentale et ceux qui se
tournent désormais vers l’Eurasie en
Marche et singulièrement Pékin.
J’écrivais ce qui
suit (1) :
On oublie le plus
souvent que les djihadismes ont eu dès
le début (guerre d’Afghanistan contre
les soviétiques) non pas un parrain mais
deux : les pakistanais et les saoudiens.
Une fraction importante des officiers
pakistanais et les services secrets,
l’ISI, sont acquis à l’idéologie
wahhabite (celle des saoudiens, des
qataris et des djihadistes). Et on
accompagné les fractions djihadistes
depuis les Années 80. Rappelons encore
que l’islamisme radical a été importé en
Afrique par les officiers pakistanais
des Casques bleus de l’ONU.
Aujourd’hui le
Pakistan est écartelé entre :
- une fraction
civile et militaire qui veut s’éloigner
du wahhabisme, tournée vers les
Occidentaux (schyzophréniquement, le
Pakistan est aussi l’allié principal des
USA dans la région) ; et qui commence à
se tourner vers Pékin et Moscou (le
projet des « nouvelles routes de la soie
» inclut le Pakistan dans l’intégration
continentale eurasiatique) ;
- une fraction
wahhabite (partie radicalisée de l’armée
et ISI), qui déstabilise en permanence
le pays, soutient les djihadismes
internationaux, mais aussi les
islamistes radicaux pakistanais.
LESDONNEES
GEOPOLITIQUES ET STRATEGIQUES DU
PAKISTAN
« État pivot sur
l’axe des crises, voisin turbulent des
grands émergents que sont l’Inde et la
Chine, aux portes de l’Iran et de la
route du pétrole, le Pakistan est
aujourd’hui confronté à de nouveaux
périls, qu’aggravent encore difficultés
économiques et inondations
catastrophiques, analyse la revue
‘Hérodote’. La coalition internationale
enlisée en Afghanistan replace les
services secrets militaires en position
d’intermédiaires pour traiter s’il se
peut avec les talibans afghans ;
pourtant, l’instrumentalisation des
groupes radicaux montre aujourd’hui ses
limites. Une partie des organisations
islamistes les plus extrémistes s’est
désormais retournée contre l’appareil
d’État (…) La société civile aspire à la
paix, mais l’armée - État dans l’État et
maîtresse du feu nucléaire - n’en reste
pas moins fidèle à son paradigme
stratégique établi de longue date : voir
dans l’Inde un ennemi structurel
(affaibli au Cachemire) et étendre
l’influence pakistanaise en Afghanistan
pour empêcher toute collusion entre New
Delhi et Kaboul. Une posture que
perturbe depuis 2010 l’intensification
des frappes de drones américains visant,
dans les zones tribales pakistanaises,
les talibans opérant en Afghanistan et
les combattants d’Al-Qaida. » (2)
AVEC LE PAKISTAN,
"C'EST FINI!":
L'AMBASSADEUR
AMERICAIN CONVOQUE A ISLAMABAD APRES LE
TWEET DE TRUMP
Le double (ou
trouble) jeu palestinien a rapidement
lassé la très islamophobe Administration
Trump. Comme le démontre l’actualité du
jour …
« Islamabad a
convoqué ce lundi l'ambassadeur
américain au Pakistan, dans un geste de
défiance rare après les menaces du
président Donald Trump de supprimer
l'aide fournie à ce pays accusé de ne
pas en faire assez contre le terrorisme
», titrait l’AFP. Alors que les
relations entre les deux pays sont
houleuses depuis des mois, l'ambassadeur
David Hale a été invité à se rendre
lundi soir au ministère des Affaires
étrangères pakistanais. « Il y est allé
et a rencontré des responsables », a
déclaré un porte-parole de l'ambassade,
sans plus de détails.
Le ministère
pakistanais n'a pas souhaité faire de
commentaire. Mais d'après un
porte-parole, « le Premier ministre
Shahid Khaqan Abbasi a réuni un Conseil
national de sécurité mardi après-midi,
auquel des chefs de la puissante armée
pakistanaise ont participé ».
La convocation
s'est tenue après un tweet de Donald
Trump, très dur, contre le Pakistan
lundi : « Les Etats-Unis ont bêtement
donné 33 milliards de dollars d'aide au
Pakistan ces quinze dernières années et
ils ne nous ont rien donné en retour si
ce n'est des mensonges et de la
duplicité, prenant nos dirigeants pour
des idiots », a écrit le président
américain. « Ils abritent les
terroristes que nous chassons en
Afghanistan, sans grande aide. C'est
fini! », a-t-il lancé.
Le Pakistan a
rapidement rétorqué avoir aidé les
Etats-Unis à « décimer Al-Qaïda, pour
n'obtenir en retour que des invectives
et de la méfiance », via son ministre de
la Défense Khurram Dastgir-Khan.
Islamabad, allié des Etats-Unis depuis
la guerre froide, dément de longue date
les accusations américaines et reproche
à Washington « d'ignorer les milliers de
Pakistanais tués dans la lutte contre le
terrorisme ».
LE PARTENARIAT
STRATEGIQUE AVEC LES USA EBRANLE
Après les attentats
du 11 septembre 2001, les deux pays
avaient noué un partenariat stratégique
pour défaire les groupes armés
islamistes dans la région. Mais les
Etats-Unis, tout comme l'Afghanistan,
accusent, non sans raison, le Pakistan «
de soutenir les talibans » actifs dans
ce pays voisin.
Le réseau Haqqani
(3), qui pendant longtemps trouvait
refuge au Pakistan tout en réalisant
certaines des pires attaques contre les
forces américaines en Afghanistan, a été
qualifié de « véritable bras » des
services secrets pakistanais par Mike
Mullen, l'ancien chef d'état-major
américain des armées.
Islamabad, après
avoir lancé en 2014 une nouvelle
campagne d'opérations militaires dans
ses zones tribales, à la frontière
afghane, où clans et tribus s’étendent
des deux côtés de la frontière, affirme
« avoir désormais éradiqué toutes les
bases arrière des groupes islamistes ».
L'administration
Trump a indiqué au Congrès en août «
qu'elle examinait très sérieusement la
possibilité de ne pas verser 255
millions de dollars d'aide », dont le
versement a déjà été retardé. Les
relations américano-pakistanaises, déjà
difficiles, pour les mêmes raisons, sous
l'administration Obama, se sont encore
dégradées avec l'arrivée de Donald Trump
à la Maison Blanche. Le président
américain a accusé en août Islamabad de
jouer un double jeu en Afghanistan et
d'abriter sur son sol des « agents du
chaos ». L'accueil de son secrétaire
d'Etat Rex Tillerson avait été glacial
fin octobre à Islamabad.
En décembre, Donald
Trump avait déjà menacé le Pakistan. «
Nous versons des sommes énormes chaque
année au Pakistan. Il faut qu'ils nous
aident », avait-il averti. « Une coupe
dans les aides, à un certain moment,
devient inévitable », a réagi l'analyste
Michael Kugelman, spécialiste du
Pakistan, sur Twitter.
« Trump est habitué
à faire des déclarations très dures que
ne font que vicier l'atmosphère (...).
Mais il n'y a aucune possibilité de
réaction dure, comme une coupure totale
des aides », a de son côté estimé
l'expert pakistanais Hassan Askari.
Selon lui, les Etats-Unis « ne prendront
pas de mesure extrême car cela forcerait
le Pakistan à interdire à leurs soldats
et à leur ravitaillement de passer par
(les postes-frontière de) Torkham et
Chaman » vers l'Afghanistan. Or l'armée
américaine a besoin de l'aide logistique
du Pakistan pour accéder à ses troupes
basées en Afghanistan.
FACE AUX
ÉTATS-UNIS, LA CHINE DEFEND LE PAKISTAN
La Chine, très
active dans un projet d'infrastructure
massif au Pakistan, d'un coût total de
54 milliards de dollars, et qui entend
déstabiliser l’alliance avec les USA, a
ainsi préféré louer « la remarquable
contribution » de son nouvel allié à «
la cause globale du contre-terrorisme »,
via un porte-parole de son ministère des
Affaires étrangères. Fin décembre,
Pékin, désormais actif diplomatiquement
dans la région, avait accueilli un
premier Sommet tripartite contre la
menace terroriste avec le Pakistan et
l'Afghanistan.
La Chine vient de
donner son soutien au Pakistan suite aux
propos du président américain Donald
Trump, qui a accusé ouvertement le
Pakistan d’être un « refuge » pour les
« terroristes ». Le porte-parole du
ministère chinois des Affaires
étrangères, Geng Shuang a affirmé ce
mardi 2 janvier lors d’un point de
presse que « le Pakistan avait fait
beaucoup d’efforts dans la lutte contre
le terrorisme ». « Nous avons dit à de
nombreuses reprises que le Pakistan
avait fait de grands efforts et de
grands sacrifices dans son combat contre
le terrorisme. Il a apporté une
contribution primordiale aux efforts
mondiaux contre le terrorisme. La
communauté internationale doit le
reconnaître pleinement », a dit Geng
Shuang cité par le site d’information
‘Le Desk’.
Qualifiant la Chine
et le Pakistan « d’amis de tous les
temps », le diplomate chinois a déclaré
que son pays « envisageait un
renforcement de coopération avec
Islamabad dans tous les domaines ». Les
propos de Donald Trump ne peuvent, de
l’aveu de nombreux experts, qu’accélérer
le rapprochement entre Islamabad et
Pékin.
SUR LE DOUBLE JEU
PAKISTANAIS :
* Voir sur PCN-TV/
GEOPOLITIQUE/
LUC MICHEL:
ISLAMISMES RADICAUX. ETAT DES LIEUX
(DAESH S’INTERNATIONALISE ET LE PAKISTAN
EST DESTABILISE)
sur
https://vimeo.com/245077049
* Et voir sur
PANAFRICOM-TV/
LUC MICHEL: LE
TERRORISME DJIHADISTE EST UN MONSTRE A 3
TETES WAHHABITES (SAOUDS, ARMÉE
PAKISTANAISE, QATAR)
sur
https://vimeo.com/232257958
NOTES :
(1) Voir LUC
MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/ ISLAMISMES
RADICAUX. ETAT DES LIEUX (I): LE
PAKISTAN SOUS INFLUENCES ISLAMISTES
sur
http://www.lucmichel.net/2017/12/02/luc-michels-geopolitical-daily-islamismes-radicaux-etat-des-lieux-i-le-pakistan-sous-influences-islamistes/
(2) Cfr. Jean-Luc
RACINE, « Le paradigme pakistanais », in
« Géopolitique du Pakistan », Revue
HERODOTE, Paris, quatrième trimestre
2010.
(3) Voir LUC
MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/ DJIHADISMES
: LA NOUVELLE MENACE DU RESEAU HAQQANI,
ALLIE DES TALIBANS EN AFGHANISTAN …
sur
http://www.lucmichel.net/2017/10/22/luc-michels-geopolitical-daily-djihadismes-la-nouvelle-menace-du-reseau-haqqani-allie-des-talibans-en-afghanistan/
(Sources : AFP –
Reuters – Le Desk – EODE Think-Tank)
Photo :
Des généraux de
l’armée pakistanaise « État dans l’État
et maîtresse du feu nucléaire ».
Carte - « La
solidarité tribale entre talibans
Afghans et pakistanais : enjeu majeur de
la guerre d'Afghanistan ».
LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) & EODE
* PAGE SPECIALE Luc
MICHEL’s Geopolitical Daily
https://www.facebook.com/LucMICHELgeopoliticalDaily/
* Luc MICHEL (Люк
МИШЕЛЬ) :
WEBSITE
http://www.lucmichel.net/
PAGE OFFICIELLE III
– GEOPOLITIQUE
https://www.facebook.com/Pcn.luc.Michel.3.Geopolitique/
TWITTER
https://twitter.com/LucMichelPCN
* EODE :
EODE-TV
https://vimeo.com/eodetv
WEBSITE
http://www.eode.org/
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