LUC
MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY
ʽLes Ottomans sont de retourʼ : les
ambitions géopolitiques de la Turquie
d'Erdogan vues d'Israël
Luc Michel

Dimanche 2 février 2020 LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien
géopolitique – Geopolitical Daily/
2020 01 28/
“Se faire enseigner
par l’ennemi est un devoir et un
honneur”
- Général Haushofer
(géopoliticien allemand, le père du concept
de « Bloc continental »).
Rien ne va plus
entre Tel-Aviv et Erdogan. Voilà les
israéliens qui découvrent les ambitions
nostalgiques impériales d’Erdogan et de
son parti AKP et qui découvrent les
grands appétits géopolitiques d’Ankara …
J’avais dès 2015,
dans mon émission LE GRAND JEU, averti
du danger majeur :
* Voir sur EODE-TV
& AFRIQUE MEDIA/
LE GRAND JEU
(Saison I-1) :
LA ‘GRANDE-TURQUIE’
D’ERDOGAN
sur
https://vimeo.com/109011138
# PARTIE I :
UN « NOUVEL ORDRE MONDIAL AU
MOYEN-ORIENT » ?
« LES OTTOMANS SONT
DE RETOUR »
(THE JERUSALEM POST)
Dans une grande analyse, parfois
confuse, intitulée “The Ottomans are
back - what does that mean for Israel?”,
The Jerusalem Post semble découvrir les
ambitions néo-ottomanes d’Edrdogan.
Que dit le
quotidien israélien ?
Extraits : « En Libye, une guerre civile
oubliée faisait rage. Le gouvernement de
Tripoli, souvent appelé le gouvernement
de l’accord national, perdait du terrain
au profit de l’armée nationale libyenne,
dirigée par un homme du nom de Khalifa
Haftar, dont les forces étaient basées
dans l’est de la Libye. La Turquie
soutient Tripoli ; L’Égypte soutient
Haftar. Cela fait partie d’une lutte
beaucoup plus large qui représente la
tentative de la Turquie de raviver une
influence sans précédent depuis la fin
de la Première Guerre mondiale. Il y a
un siècle, les puissances européennes
pensaient que l’Empire ottoman pouvait
être facilement découpé et ses
territoires cédés. Aujourd’hui, la
Turquie est de retour, se déplaçant dans
des régions comme le nord de l’Irak, le
nord de la Syrie, la Libye et même le
golfe et la Somalie. »
La thèse israélienne est les vaincus
orientaux de 1918 et du Traité de
Sèvres, qui a dépecé l’Empire ottoman,
l’Iran, mais aussi la Perse (devenue
l’Iran), sont de retour comme grande
puissances au Proche-Orient et en
Méditerranée :
« Pourquoi la province de Hatay,
autrefois appelée Alexandretta, en
Turquie, alors qu’elle aurait pu être en
Syrie? Pourquoi Mossoul est-il en Irak
et non en Turquie, comme la Turquie l’a
dit une fois? Pourquoi les Kurdes
n’ont-ils pas d’État? Les tensions
récentes au Moyen-Orient, les questions
non résolues du Liban à l’Irak, la
Libye, la Turquie et Gaza, en font
partie (…) Ce qui s’est passé, c’est que
les États de la périphérie
historiquement puissants, la Turquie et
l’Iran, se sont levés pour prendre de
l’influence dans tout le Moyen-Orient.
Ces États, comme l’Empire ottoman et
l’Empire perse, ont été affaiblis en
1920 et les puissances européennes ont
supplanté leur rôle historique. Mais
maintenant, avec une Europe plus
insulaire, ces pays montent à nouveau au
créneau. L’expédition de la Turquie en
Libye n’est qu’un des symboles de ce
nouvel ordre mondial au Moyen-Orient. »
LE POINT CENTRAL DE L’EXPANSION TURQUE
ACTUELLE EST LA LIBYE ET LA
MÉDITERRANÉE :
« là où la Turquie étend désormais ses
récentes ambitions – en Libye. La Libye
a jadis été le théâtre d’une guerre
silencieuse par procuration qui reflète
les divisions dans le monde musulman
entre les Frères musulmans, parmi
lesquels le parti au pouvoir en Turquie
est enraciné, et les pays qui s’opposent
aux Frères. Le président turc, Recep
Tayyip Erdogan, a des ambitions de plus
en plus mondialisées. La Libye assiégée
pourrait être une clé d’accès pour eux,
ont pensé les dirigeants turcs autour
d’Erdogan. La Turquie envoyait déjà des
drones et des véhicules blindés à
Tripoli. Mais ils n’ont pas endigué la
marée montante. Haftar a promis, en
novembre, de prendre Tripoli et de
débarrasser le pays des «terroristes» et
des «milices». La Turquie a répondu que
le «seigneur de guerre» Haftar devrait
être arrêté.
Mais la Turquie voulait obtenir quelque
chose en échange de l’aide qu’elle
fournirait pour l’arrêter. Elle veut
acquérir des droits sur la Méditerranée
entre la Turquie et la Libye. Si on
trace une ligne entre la Libye et la
Turquie, on tombe sur des îles grecques
comme la Crète. Mais si on trace une
ligne depuis l’est de la Libye, il y a
un passage entre Chypre et les îles
grecques, qui relie étroitement la
Turquie à la Libye. C’est ici que la
Turquie a fait un mouvement d’échecs
audacieux. En échange de l’envoi de
quelques centaines de combattants pour
renforcer le gouvernement de Tripoli, la
Turquie obtiendrait une zone économique
exclusive qui sépare Chypre de la Grèce
par la mer et donne à la Turquie le
droit d’explorer le gaz naturel. Elle
coule également les rêves de la Grèce et
de Chypre d’inviter des entreprises
comme ENI à explorer les ressources
naturelles sous-marines » (A noter qu’en
Libye Rome et l’ENI sont alliées aux
turcs et aux milices islamistes de
Tripoli).
ET VOILÀ LA « GUERRE DU GAZ » EN
MEDITERRANEE …
* Ecoutez mon analyse pour
ParsToday/Radio IRIB (Iran) :
LA GRANDE CRISE GEOPOLITIQUE DU MOMENT :
LA NOUVELLE GUERRE DU GAZ EN
MEDITERRANEE
sur
https://vimeo.com/385659900
Derrière les ambitions géopolitiques
turques en Méditerranée, il y a
étroitement mêlés des intérêts
économiques : « La Turquie a engagé du
muscle pour soutenir ce jeu. Ankara a
envoyé sa marine pour effectuer des
exercices autour de Chypre, hissant le
drapeau et démontrant sa puissance. La
Turquie a de nouveaux missiles basés en
mer. Il achète de nouveaux navires de
forage. Chypre pensait avoir pris une
longueur d’avance, en signant des
accords avec l’Égypte en 2003, le Liban
en 2007 et Israël en 2010. Mais la
Turquie a jeté le gant. Il faut
comprendre l’histoire de la Turquie à
l’égard des Grecs et des Chypriotes. La
Turquie a envahi Chypre en 1974, en
prétendant aider à protéger les membres
de la minorité turque. La Turquie est
restée depuis lors, reconnaissant le
nord de Chypre comme un pays souverain.
Personne d’autre ne le reconnaît, mais
la Turquie affirme que Chypre du Nord a
des droits étendus d’exploration de gaz
autour de Chypre. La Turquie a envoyé
des drones à Chypre pour montrer qu’elle
surveillera les eaux auxquelles elle
prétend. »
Et nous voilà à nouveau au cœur de la
thèse, pertinente, du retour du grand
vaincu du Traité de Sèvres dans les
zones géopolitiques d’où il avait été
chassé en 1918 : « Pour la Turquie,
l’opération de Chypre était un moyen de
montrer qu’elle ne se laisserait pas
chassée de plusieurs îles de la
Méditerranée – par exemple, les îles du
Dodécanèse, près de Rhodes, ont été
prises par l’Italie lors d’une guerre
avec l’Empire ottoman en 1912. Rhodes
était également détenue par l’Italie,
puis par l’Allemagne pendant la Seconde
Guerre mondiale, et a finalement rejoint
la Grèce en 1947. La Turquie dit
aujourd’hui que ces îles, même si elles
font partie de la Grèce techniquement,
ne peuvent pas être utilisées par la
Grèce pour déterminer ses droits sur les
eaux au large des îles. Au lieu de cela,
ce serait le plateau continental qui
s’étend de la Turquie, qui donnerait à
Erdogan les droits nationaux sur la mer.
LA DÉCISION DE LA TURQUIE de raviver ses
revendications sur la mer et d’envoyer
des forces en Libye doit être considérée
à la lumière d’un siècle de politique
turque, depuis la chute de l’Empire
ottoman. Les Ottomans ont perdu la Libye
contre les Italiens en 1912. Maintenant,
les Turcs sont de retour. »
# PARTIE I :
QUAND L’AKP VALIDE LES THESES
ISRAELIENNES !
Célébrant l'accord Turquie-Libye, le
rédacteur en chef de Yeni Şafak,
l’organe historique de l’AKP, célèbre
dans son éditorial (2 déc. 2019) le
retour de l'empire ottoman à travers
l'expansion territoriale: « Les
Barbaresques sont de retour en
Méditerranée après 473 ans - à partir de
maintenant, nous sommes partout de
l'Afrique du Nord à la Méditerranée
orientale » !
Le quotidien turc, qui est un
porte-parole de l'AKP au pouvoir en
Turquie, est intitulé "Barbaros
Hayreddin Pasha Returns After 473 Years
... The Real Souverain of the
Mediterranean Is Back, Turkey-Libya
L'accord a changé la carte nautique, le
plan de Sèvres [qui divisait l'Empire
ottoman en 1920] a explosé sur leur
visage ... entre la Turquie et la Libye
a non seulement ruiné tous les plans sur
la Méditerranée, mais cela a également
montré au monde que la Turquie a une
carte de la Méditerranée ». Barbaros
Hayreddin Pacha (1478-1546) était un
pirate qui est devenu plus tard un
commandant de la marine ottomane qui a
assuré le contrôle ottoman de la mer
Méditerranée de la bataille de Préveza
en 1538 à la bataille de Lépante en
1571, gagnée par les flottes
européennes.
« L'ACCORD TURQUIE-LIBYE A CHANGÉ LA
CARTE MÉDITERRANÉENNE »
(YENI ŞAFAK, ORGANE DE L’AKP)
« L'accord Turquie-Libye a changé la
carte méditerranéenne: une leçon apprise
de ces imposants accords de Sèvres
(Ndla : accords de 1920 dans lequel les
puissances européennes ont divisé
l'empire ottoman). Concernant l'accord
Turquie-Libye conclu le 27 novembre
2019, Karagül, rédacteur-en-chef de Yeni
Şafak, écrit : « L'accord entre la
Turquie et la Libye a non seulement
ruiné tous les plans sur la
Méditerranée, mais il a également montré
au monde que la Turquie avait une carte
de la Méditerranée. Nous allions montrer
notre propre carte à ceux qui sont venus
avec les leurs. S'ils avaient des plans,
nous aussi, et nous répondrions de la
même manière. Nous l'avons fait dans le
nord de la Syrie. Nous allons continuer
de le faire. Nous l'avons fait en
Méditerranée. Il nous reste encore
beaucoup à faire. Tout comme leurs
projets de gaz naturel dans la
Méditerranée orientale ont ruiné avec
l'accord sur la Libye, le solde de
l'administration grecque a également été
ruiné. La Turquie et la Libye sont
directement devenues des pays
limitrophes. Nous construire un bouclier
en plein milieu de la Méditerranée.
L'une des plus grandes avancées
géopolitiques de la Turquie depuis que
Lausanne l’a dessinée (Ndla : La guerre
d'indépendance turque s'est terminée
avec le traité de Lausanne de 1923, qui
a défini les frontières actuelles de la
Turquie).
« LES SELDJOUKIDES SONT DE RETOUR; LES
OTTOMANS SONT DE RETOUR ... LES
REVENDICATIONS DES SIÈCLES PASSÉS SONT
DE RETOUR »
(YENI ŞAFAK, ORGANE DE L’AKP)
Se référant à la superficie de la
Turquie, qui est maintenant "783 562
kilomètres carrés seulement", Karagül
l'appelle « un état d'esprit qui
restreint notre perception de la Turquie
et de sa carte, l'associant à la terre
seule. Pourtant, lorsque nous incluons
nos mers, nos eaux territoriales, notre
plateau continental aussi, la superficie
de la Turquie augmente à une échelle
extraordinaire. Cela conduit à des
changements radicaux quand nous
regardons la carte ... Ce pays massif
s'agrandit à nos yeux ... Si nous tenons
compte de l'ethnie de la Turquie, nous
voyons une spectaculaire expansion de
l'Europe à l'Asie, du Moyen-Orient aux
profondeurs de l'Afrique. » Karagül a en
outre déclaré : « Nous redécouvrons la
mémoire qui nous permet de voir la
région, l'histoire politique, les codes
politiques de notre nation, notre rôle
de créateur d'histoire et de
constructeur de la région, notre
perception de la Turquie, notre
perception des Ottomans et des
Seldjoukides , et de voir tout cela dans
une seule image ... Cela signifie de
grands changements non seulement pour la
Turquie mais pour toute la région. Cela
signifie des tremblements, des
tremblements de terre sont en route.
Cela signifie que tout l'ordre établi
s'effondrera ... Les Seldjoukides sont
retour; les Ottomans sont de retour; les
affrontements de la Première Guerre
mondiale sont de retour; la défense de
l'Anatolie est de retour; les
revendications des siècles passés sont
de retour; en bref, tout ce qui nous
appartient est de retour. Nous avons vu
qu'ils sont tous les nôtres, ils nous
appartiennent. »
Mentionnant les «ennemis», Karagül dit
qu ' « ils encerclaient la Turquie et
faisaient des plans pour la coincer en
Anatolie et la déchirer en morceaux. Ils
divisaient la Méditerranée, éliminant
complètement la Turquie de cette mer -
qui était autrefois un lac turc - et
nous empêchant de respirer (…) tous les
pays qui se sont opposés aux Ottomans
pendant la Première Guerre mondiale sont
désormais sur le front anti-Turquie en
Méditerranée" et que « ceux qui
partageaient la Méditerranée entre eux
divisaient la Libye en deux ... et
trouvaient des marionnettes pour dans
chaque partie de la Méditerranée » ...
(Sources : The Jerusalem Post - Yeni
Şafak – EODE-TV – Afrique Media – EODE
Think Tank)
LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) & EODE
* Avec le Géopoliticien de l’Axe
Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie –
Géoidéologie – Géohistoire –
Géopolitismes - Néoeurasisme –
Néopanafricanisme
(Vu de Moscou et Malabo) :
PAGE SPECIALE Luc MICHEL’s Geopolitical
Daily
https://www.facebook.com/LucMICHELgeopoliticalDaily/

* Luc MICHEL (Люк
МИШЕЛЬ) :
WEBSITE
http://www.lucmichel.net/
PAGE OFFICIELLE III
– GEOPOLITIQUE
https://www.facebook.com/Pcn.luc.Michel.3.Geopolitique/
TWITTER
https://twitter.com/LucMichelPCN
LUC-MICHEL-TV
https://vimeo.com/lucmicheltv
* EODE :
EODE-TV
https://vimeo.com/eodetv
WEBSITE
http://www.eode.org/
LINKEDIN
https://www.linkedin.com/in/luc-michel-eode-600661163/
Le sommaire de Luc Michel
Le dossier
Turquie
Les dernières mises à jour

|