Al
Manar
Moujtaba al-Sweikat :
l’étudiant de Michigan que MBS a fait
décapiter
Leila Mazboudi
Vendredi 26 avril 2019
L’une des 33 victimes chiites de la
campagne d’exécutions arbitraires en
Arabie saoudite est Moujtaba al-Sweikat.
il faisait partie des trois adolescents
condamnés à mort et décapité le mardi 23
avril.
Moujtaba avait 17
ans quand il a été arrêté en le
12-12-2012. Il s’apprêtait à prendre
l’avion à l’aéroport roi Fahed pour se
rendre à Michigan, aux USA, où il
comptait poursuivre ses études
universitaires en Langue anglaise et en
préfinancement.
Originaire de la
province défavorisée d’al-Qatif, à l’est
du royaume wahhabite, il avait
auparavant participé aux
manifestations pro démocratie qui
avaient éclaté en 2011, dans la foulée
du Printemps arabe, dans sa ville natale
Awwamiyat.
Un crime de
lèse-majesté dans ce royaume qui
applique un régime tyrannique, qui
s’apparente à ceux du Moyen-âge. Mais
qui déploie aussi les moyens les plus
sophistiqués et les plus modernes, pour
le cacher et justifier les mises à mort
iniques contre les opposants.
Ainsi le dossier
judiciaire des accusés est conçu pour ne
pas laisser entrevoir les réelles causes
des exécutions.
Dans le chef d’accusations retenu par le
Tribunal pénal spécialisé de Riyad
(TPSR), une multitude de charges
lui sont adossées : désobéissance et
activité armée contre le roi, attaques
et de tirs contre les forces de
sécurité, les civils et les passants,
destruction de biens publics, semer la
zizanie confessionnelle, le chaos et
perturber l’ordre public en lançant et
livrant des cocktails Molotov. Et pour
boucler la boucle, il est accusé d’être
« membre d’une cellule terroriste ».
Et bien entendu,
toutes ces accusations se réfèrent à des
aveux signés de la main de la victime
elle-même.
Elles lui ont été extorquées sous la
torture, affirme Reprieve, un groupe
international de défense des droits
humains doté de bureaux à New York, et
Londres et opérant avec des partenaires
du monde entier.
Une fois capturé, il a tout de suite été
maintenu en isolement, sans pouvoir
contacter personne, ni même sa famille,
pendant les trois premiers jours.
C’est à partir
d’août 2015 que Moujtaba a été traduit
devant le tribunal de Riyad. Il n’a pas
été prévenu de la date de l’audience et
n’a pas eu accès à un avocat auparavant,
indique Reprieve dans un communiqué.
C’est lors de la première séance qu’il
l’a vu pour la première fois.
Sa condamnation à
la peine capitale a été prononcée en
juin 2016, en même temps que celle 13
autres.
« En dépit des tortures et du mauvais
traitement lors du procès et des
communications fréquentes des Nations
Unies, le royaume ne lui a pas fourni de
moyen efficace pour porter plainte ou se
défendre, il n’a pas eu le droit à une
enquête conforme au Protocole d’Istanbul
et sa condamnation à mort a été exécutée
malgré l’interdiction d’exécution des
mineurs », déplore Reprieve.
Il est vrai qu’il
n’était plus mineur lorsqu’il a été
décapité. Là aussi le royaume wahhabite
sait très bien manipuler les choses. De
même pour les deux autres adolescents.
«Au moins trois des personnes exécutées
aujourd’hui ont été arrêtées à
l’adolescence et torturées jusqu’à
obtenir de faux aveux. Certaines d’entre
elles ont été reconnues coupables de
crimes non mortels, telles que la
participation à des manifestations»,
indique la directrice de Reprieve Maya
Foa.
Entre les deux
dates, celle de sa condamnation et celle
de sa décapitation, ses professeurs
américains se sont mobilisés pour
obtenir sa libération.
Nous déclarons publiquement notre
soutien à Moujtaba et aux 13 autres
condamnés à mort, personne ne devrait
faire face à la décapitation pour avoir
exprimé ses convictions lors de
manifestations publiques, ont-ils
réclamé dans une lettre publiée en 2017.
Efforts vains qui
n’ont pu dissuader les maitres de Riyad.
Ni même inciter l’administration
américaine à exercer son influence
décisive pour empêcher sa mort.
Dans le congrès US, seuls trois
sénateurs ont haussé le ton. Bernie
Sanders, Dianne Feinstein et Debbie
Dingell.
«Le meurtre violent
de Moutjaba al-Sweikat est inquiétant…
il avait un avenir radieux devant lui et
Michigan était prête à l’accueillir en
tant qu’étudiant. Au lieu de cela, il a
été confronté à une torture inhumaine et
à une douleur qui ont finalement abouti
à son exécution», s’est inquiétée cette
dernière.
Une vaine
condamnation qui n’ont aucune
chance d’avoir de l’écho auprès de la
Maison blanche, intrinsèquement et
historiquement liée aux Saoud.
Avec Donald Trump,
elle accorde un soutien sans faille au
véritable maitre de Riyad, le prince
héritier actuel, Mohamad ben Salmane.
Elle lui en a donné un gage avec
l’affaire de l’assassinat du journaliste
saoudien Khashoggi. Il en est sorti
indemne, comme si de rien était. Et il
continue…
Source:
Divers
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