Hezbollah
L’ambassadrice qui veut paralyser le
Hezbollah:
paradigme de l’arrogance US
Leila Mazboudi
Lundi 18 juillet 2016
L’interventionnisme étatsunien
devient de plus en plus insolent. Au
Moyen-Orient comme partout dans le
monde, les diplomates américains ne font
même plus l’effort de le camoufler. Les
procédés et le langage utilisés laissent
croire à un prédestinantion à laquelle
les Etats ne sauraient déroger. C'est
l'arrogance impérialiste.
Au Liban, les objectifs tracés par
Elizabeth Richard, la nouvelle
ambassadrice américaine l'illustrent
fortement.
« Paralyser le Hezbollah et rien d’autre
», a-t-elle fixé obstinément comme
objectif principal lors de son
intervention devant le Congrès
américain, une semaine avant de prendre
ses fonctions à Beyrouth. Rien de
nouveau en soi. Les efforts de Richard
s’inscrivent dans la continuité de tous
ses prédécesseurs.
Aussi bien le contenu de sa déclaration,
dans le cadre de l’exposé de sa
stratégie d’action, que son lieu (la
chambre de représentants us)
confirment un interventionnisme
américain qui infeste la politique
étrangère américaine, sans aucune
vergogne. Et pour plus de précision : «
Notre but est de démanteler le réseau
financier international du Hezbollah »,
a-t-elle affirmé devant les élus
américains.
L’hypocrisie de sa démarche
soigneusement rédigée ne peut tromper
personne: « Vouloir aider les
institutions libanaises et le peuple
libanais, dans le but de contribuer à la
prospérité économique du Liban »… «
Empêcher le Hezbollah d’infiltrer le
secteur financier libanais,.., car il y
va de l’intérêt du Liban et des
Etats-Unis ».
Des intentions saines attribuées à une
stratégie malsaine, pour mieux couvrir
l’illégitimité de l’immixtion.
Mais elle ne constitue pas mois que
l’illustration de la confiscation
par la diplomatie américaine de
l’opinion de larges pans du peuple
libanais, des chrétiens et des
musulmans, totalement acquis à la
participation du Hezbollah dans les
combats en Syrie. Une entorse à la
démocratie qui a toujours marqué la
politique de l'empire américain.
Comble de l’insolence, la diplomate
américaine attribue à son pays les
efforts de l’armée libanaise convertis à
ceux de la résistance pour protéger le
Liban des deux milices du wahhabisme
takfiriste Daesh (État islamique) et
front al-Nosra (branche syrienne
d’Al-Qaïda). Elle s’est ainsi dite
convaincue que «le partenariat entre les
USA et les forces de sécurité libanaise,
grâce à l’aide généreuse du Congrès a
joué un rôle définitif pour préserver la
sécurité du Liban face à ces menaces ».
Un effort qui laisse entrevoir une
volonté d’occulter les exploits du
Hezbollah.
Il précède celui qui cache une autre
volonté : celle de supprimer « sa
libanité». Lorsque, après avoir tranché
que les deux milices takfiristes ne
constituent plus de menace pour le
Liban, elle s'est permis de déclarer le
Hezbollah, ce parti libanais qui a des
membres dans le parlement et dans le
cabinet libanais comme « la principale
menace du Liban ». En raison de ses
activités en Syrie lesquelles d’après
elle « créent des dangers sécuritaires
pour le Liban ».
Peut-être est-il de son droit de
déclarer que son pays veut aider l’armée
libanaise, au motif qu’elle est «
l’unique défenseur légitime au Liban ».
Si ce n’est que les faits ont toujours
montré que l’aide us accordée à l’armée
libanaise n’a jamais été suffisante, et
quelle vise surtout à empêcher les
Libanais de s’enquérir l’aide d’une
partie tierce. Entre autre.
Mais le comble du comble de l’insolence
aura été le moment où
l’interventionnisme s’est mélangé à son
déni : toujours en s’érigeant au nom du
peuple libanais, la diplomate américaine
qui se veut définir ce qu’elle considère
être « le troisième problème » du Liban
avance: « La vacance politique et la
confiscation de sa souveraineté et de
son indépendance ».
Et dans la méthode d’action qu’elle
propose aussi, en évoquant le
ralliement «les voix qui en appellent à
la modération et au progrès contre le
Hezbollah qui s’ingère en Syrie, sans la
permission des Libanais ».
A l’écouter, on croirait que Mme
Elisabeth Richard est plus libanaise que
les Libanais. Seul est Libanais pour
elle, celui qui est prêt à servir le
diktat américain. Faute de quoi, il sera
banni non seulement de "sa libanité",
mais aussi des valeurs humaines de la
modération et du progrès.
L’arrogance américaine est telle -au
Liban comme partout - qu’elle se permet
de s’arroger les normes de l’éthique et
de l’évaluation de l’humain. A ce stade,
elle se prend pour Dieu. C’est Satan.
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