Al Manar
La dernière arnaque d’Obama :
pourquoi veut-il décapiter le Nosra ?
Leila Mazboudi
Dimanche 13 novembre 2016
La
décision du président américain sortant
Barack Obama de décapiter la branche
d’Al-Qaïda en Syrie, le front al-Nosra,
a mis la puce à l’oreille de certains
observateurs, étonnés d’un tel
revirement de position juste après la
victoire de Donald Trump, et trois mois
avant son départ prévu pour le mois de
janvier prochain.
Surtout que les Américains n’ont eu de
cesse de rejeter la proposition des
Russes de séparer le front al-Nosra des
autres milices en action, qualifiées de
« modérées » par Washington et ses
alliés, il est difficile de croire
qu’ils veuillent leur donner raison et
renoncer aux services que les miliciens
takfiristes leur procurent.
Le 11
novembre dernier, Obama avait ordonné au
Pentagone de trouver et de liquider les
chefs du groupe terroriste rebaptisé
front Fateh al-Sham. La mise en
exécution de cette décision impliquera «
des ressources supplémentaires de
reconnaissance », dont des drones.
Loin des raisons affichées d’une telle
évolution, dont entre autre la crainte «
qu’une partie de la Syrie ne devienne la
base d’Al-Qaïda, à proximité de l’Europe
méridionale », selon l’article du
Washington Post, les réelles intentions
d’Obama restent à scruter.
Il est
certes bien clair qu’à travers cette
décision Washington élargit son champ
d’intervention en Syrie, avec le même
prétexte : combattre le terrorisme.
Sachant que le bastion du front al-Nosra
se trouve la province d’Idleb presque
totalement occupée depuis 2014. Sans
compter d’autres poches syriennes où est
signalée sa présence, notamment dans le
sud syrien.
Cette
décision intervient au moment même où
les avions américains dans le cadre de
la Coalition internationale commencent à
intervenir régulièrement dans la
province de Raqqa, avec pour motif
l’éradication de Daesh. Dans les cas
précédents, l’intervention américaine
était plutôt intermittente.
À la lumière de cette perception, il
fait croire que la décision d’Obama
nourrit aussi le prétexte classique pour
lequel l’intervention sera
interminablement justifiée : en plus de
la lutte contre Daesh, s’ajoute la lutte
contre le front al-Nosra.
De
même, une telle immixtion élargie
anticipe la possibilité que le prochain
locataire de la Maison blanche ne
concède la scène syrienne à la Russie.
Surtout que certains indices chez Donald
Trump étayent une telle supposition.
C’est du moins l’avis de Yahia Dbouk,
chroniqueur du journal libanais
al-Akhbar, selon lequel la décision d’Obama
ne constitue certainement pas de recul
par rapport à sa stratégie initiale.
« Il s’agit d’une alternative modifiée…
qui fait en sorte qu’Al-Qaïda reste en
Syrie afin de l’utiliser comme moyen de
pression plus efficace et plus crédible
pour pousser le président syrien Bachar
al-Assad à capituler de son plein gré »,
a-t-il écrit.
Dbouk
s’est arrêté sur le fait que la décision
concerne exclusivement les dirigeants du
Nosra et en exclut ses membres.
« Avec le Nosra sans direction, ses
éléments seront amenés à rejoindre les
rangs d’autres groupuscules, qu’il sera
impossible de prendre pour cible lorsque
Trump accèdera au pouvoir », explique
Dbouk. Et de conclure : « au lieu de
réaliser la demande des Russes de
séparer le Nosra des modérés, Obama
tente de rallier le premier aux derniers
». En quelque sorte, il les sauve.
Dans
la forme, Dbouk estime que la « solution
créative préconisée par Obama » est sans
doute de préserver Al-Qaïda en tant
qu’individus et qu’effectifs efficaces
dans la lutte contre le pouvoir syrien,
tout en se targuant de l’avoir liquidé,
car ayant éliminé ses dirigeants. Ce qui
devrait servir entre autre à redorer le
legs politique qu’il va laisser après
son départ.
Un
legs profondément éclaboussé par les
enfreintes à ses promesses électorales
de circonscrire les interventions
américaines dans la monde.
La Syrie, l’Irak et la Libye en
constituent un exemple flagrant.
Publié le 14 novembre 2016
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