Opinion
Double attentat à Volgograd :
une première analyse
Le Saqr
Photo: RIA
Novosti
Mardi 31 décembre 2013
Le double attentat qui vient de se
produire à Volgograd (ex-Stalingrad)
constitue sans conteste une escalade
dans la guerre larvée mais constante qui
a opposé les insurgés wahhabites non
seulement au Kremlin, mais aussi à
toutes les autorités musulmanes
traditionnelles en Russie. Avant
d’examiner ce que ces dernières attaques
pourraient signifier pour la Russie en
général et pour les imminents Jeux
Olympiques de Sotchi, il serait utile de
revenir sur quelques faits essentiels.
La Tchétchénie
Tout d’abord, ce serait une erreur de
croire que tout acte terroriste
« islamiste » commis en Russie devrait
impliquer des Tchétchènes. La réalité
est que la Tchétchénie a non seulement
été pacifiée, mais elle est même
paisible.
Le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov a
littéralement réalisé un miracle en
transformant le « trou noir » tchétchène
ravagé par la guerre en une république
prospère et *véritablement* paisible.
Le fait que ce miracle ait été soit
passé sous silence, soit ridiculisé par
les « experts » anglo-sionistes, qui
avaient tous déclaré devant les caméras
que l’insurrection tchétchène ne serait
jamais vaincue, est compréhensible :
admettre ce succès serait tout
simplement politiquement impensable.
Pourtant, le fait que Ramzan Kadyrov, le
jeune homme qui avait toute l’apparence
extérieure d’un voyou tchétchène moyen,
se soit avéré être un leader politique
extrêmement capable et sage est
indéniable, et même si aucune « guerre
contre le terrorisme » n’est jamais
vraiment tout à fait « gagnée », il
serait juste de dire que, au moins pour
le moment, le phénomène terroriste
tchétchène a été ramené à près de zéro.
Malheureusement, si l’avenir s’annonce
très prometteur pour la Tchétchénie, les
choses sont infiniment pires dans le
Daghestan voisin.
Le Daghestan
La Tchétchénie et le Daghestan sont
voisins, mais ils pourraient
difficilement être plus différents. En
premier lieu, la Tchétchénie est
principalement habitée par des
Tchétchènes, alors qu’il n’existe pas
vraiment de « Daghestanais » :
plus d’une douzaine de groupes ethniques
différents vivent côte à côte au
Daghestan.
En fait, le Daghestan est la plus
diversifiée de toutes les républiques
russes, dans laquelle aucun groupe ne
peut constituer une majorité. Cet aspect
est absolument crucial parce que le fait
qu’il n’y ait pas de groupe ethnique
dominant signifie qu’il ne peut pas y
avoir de « Kadyrov »
Daghestanais. Deuxièmement, l’économie
du Daghestan est dirigée par des élites
très corrompues qui luttent les uns
contre les autres et contre leurs clans
respectifs. En termes pratiques, cela
signifie que la « recette » utilisée en
Tchétchénie (donner à un leader
tchétchène local un niveau maximal
d’autonomie et d’autorité) serait un
désastre pour le Daghestan. La bonne «
solution » pour le Daghestan
impliquerait probablement une
intervention très énergique du Centre
Fédéral et une destruction de l’actuel
système de clan basé sur l’ethnie – ce
que personne au Kremlin ne serait
empressé d’entreprendre.
Cependant, pour le moment, le Daghestan
est le repaire du terrorisme wahhabite.
On pourrait dire que le cancer wahhabite
qui avait d’abord contaminé la
Tchétchénie s’est répandu au Daghestan
pendant qu’il était détruit en
Tchétchénie.
L’extrême pauvreté du Daghestan,
combinée aux millions de dollars fournis
par les Saoudiens à leurs alliés et
agents, leur a rendu extrêmement aisée
la tâche de commercialiser leur marque
de wahhabisme au Daghestan et de
recruter des agents locaux d’influence
et des terroristes, ce qu’ils ont
entrepris avec beaucoup de succès.
Les terroristes du Daghestan ont bien
tiré les leçons de la Tchétchénie, et
ils n’essaient jamais de contrôler de
territoire ou de créer une sorte de
mini-État wahhabite au Daghestan : bien
au contraire, jour après jour, les
forces de sécurité affrontent les
terroristes Daghestanais, ce qui se
termine à chaque fois pour eux par la
capture ou la mort (surtout la mort). La
raison en est évidente : les terroristes
du Daghestan sont faibles et ils ne
peuvent même pas s’en prendre aux
policiers locaux. Mais ils sont juste
assez forts pour attacher des explosifs
sur un jeune homme ou une jeune femme et
les envoyer se faire sauter dans une
station de bus ou de train.
Les Wahhabites dans le reste de la
Russie
Il serait également erroné de supposer
que tout le terrorisme wahhabite en
Russie doit provenir du Daghestan ou
même du Caucase. Les Wahhabites
(soutenus par l’Arabie Saoudite)
recrutent littéralement partout – du sud
de la Russie à Saint-Pétersbourg et du
Tatarstan à Moscou. En conséquence, dans
certains cas, des Russes ethniques
étaient impliqués dans des actes
terroristes wahhabites. Ainsi, la
réalité est la suivante : le terrorisme
wahhabite en Russie n’est pas un
problème régional ou un problème
ethnique, c’est un problème idéologique.
C’est pourquoi il ne faut pas tirer
hâtivement de conclusions ni présumer
quoi que ce soit au sujet de qui
pourrait être derrière les derniers
attentats. Ça pourrait littéralement
être n’importe qui.
De Volgograd à Sotchi ?
Volgograd a été le théâtre de plusieurs
attentats terroristes dernièrement, et
les attaques des 29 et 30 décembre 2013
ne sont que les plus récentes dans une
longue série d’événements. Pourquoi
Volgograd ?
Eh bien, Volgograd est – avec
Rostov-sur-le-Don et Krasnodar – l’une
des principales villes du sud de la
Russie et elle est assez proche du
Daghestan pour qu’il soit assez facile
pour les wahhabites Daghestanais (en
supposant qu’ils soient impliqués)
d’organiser une attaque terroriste dans
cette ville. En fait, Volgograd est à
peu près à la même distance du Daghestan
que Sotchi. Ce n’est pas une pensée
agréable.
Un autre facteur qui pourrait avoir joué
un rôle dans la décision des terroristes
de frapper à Volgograd est que la
plupart des efforts russes de lutte
contre le terrorisme sont actuellement
concentrés à l’intérieur et autour de
Sotchi. Une des règles de base de la
lutte contre le terrorisme est qu’il y a
toujours plus de cibles potentielles à
protéger que de ressources pour les
protéger. Même si Volgograd avait été
complètement bouclée, les terroristes
auraient pu choisir Astrakhan, Elista,
Stavropol ou n’importe quelle autre
ville. Je pense que la sécurité locale
et fédérale est principalement axée sur
la protection de l’infrastructure
olympique et que par conséquent,
Volgograd était plus vulnérable que
d’habitude.
Que savons-nous jusqu’à présent ?
Plusieurs d’entre vous m’ont écrit (par
courriel ou dans la section commentaires
de mon blog) pour me demander si je
pensais que ces dernières attaques
étaient la conséquence des
récentes menaces saoudiennes
[d’attaques contre les J.O. de Sotchi si
la Russie continue à soutenir la Syrie].
Honnêtement, je ne sais pas, c’est
beaucoup trop tôt pour le dire. Les
Russes travaillent vite et les médias
russes rapportent que le kamikaze qui
s’est fait exploser dans la gare hier a
été identifié comme Pavel Pechenkin.
Pavel Pechenkin
Pour autant que je sache, cela n’a pas
été officiellement confirmé et des
analyses ADN sont encore en cours.
Néanmoins, si c’était vrai, cela
désignerait comme responsables un groupe
de Russes ethniques qui inclurait
Dimitri Sokolov, qui a récemment été tué
par les forces de sécurité. D’origine
russe, il a vécu au Daghestan et a
rejoint un groupe terroriste dans la
ville de Makhatchkala. Cependant, il est
intéressant de noter que son contact
avec le milieu wahhabite n’a pas
commencé au Daghestan, mais dans une
mosquée de Moscou où il s’était inscrit
à des cours d’Arabe. Sokolov était le
mari de Naida Asiialova, une kamikaze
qui s’est fait exploser dans un autobus
bondé à Volgograd au mois d’Octobre de
cette année. Pechenkin, Sokolov et
Asiialova faisaient apparemment tous
partie de la même cellule terroriste
qui, bien que basée au Daghestan,
incluait des Russes ethniques.
D. Sokolov et N. Asiialova
Ce groupe était très bien connu des
services de sécurité russes, et les
parents de Sokolov et Pechenkin ont tous
deux fait des déclarations désespérées
via les médias russes, suppliant leurs
enfants de ne commettre aucun acte de
violence et de renoncer à leur vie de
terroriste. Bien qu’ils aient
certainement eu des complices, Sokolov
et Pechenkin constituaient clairement
l’image de ce groupe aux yeux du public,
et autant que je sache, il n’y a plus de
membres importants de cette cellule en
cavale. Jusqu’à présent, et c’est une
analyse très préliminaire, il n’y a pas
d’« empreintes saoudiennes » sur ces
attaques. Elles semblent être ce que les
Américains appellent un cas de « terreur
d’origine intérieure » et s’il y a un
lien Saoudien, c’est à travers le
financement massif des mosquées
wahhabites en Russie (et dans le monde
entier).
Options internes russes
Comme l’a écrit
H. L. Mencken,
« Pour chaque problème complexe, il y
a une réponse qui est claire, simple et
mauvaise ». Dans ce cas, cette
solution simple est de fermer toutes les
mosquées ayant des liens avec les
wahhabites en Russie, et certains
individus simples d’esprit ont déjà
exprimé leur désir de voir cela se
produire. Une telle « solution » pose de
nombreux problèmes :
1) Ce serait tout simplement illégal. La
Russie est (enfin !) plus ou moins
devenue un Etat de droit où la loi
règne, ou, du moins, la Russie est-elle
en bonne voie pour devenir un tel pays.
Ce qui est certain, c’est que la grande
majorité des Russes veulent que leur
pays devienne un pays normal, civilisé,
où le respect des lois est au cœur de la
vie politique. Fermer des mosquées
serait tout simplement illégal. Pour
quelles raisons devraient-elles être
fermées, d’ailleurs ? Pour « soupçon de
wahhabisme » ? Il n’y a pas de tel crime
en droit russe. Pour recevoir de
l’argent de l’étranger? Ce n’est pas
illégal non plus. Pour être liées à des
réseaux terroristes ? Oui, ce serait
illégal, mais c’est aussi très difficile
à prouver et il n’y a aucun moyen pour
que le FSB (Service
fédéral de sécurité)
ou le
Comité d’enquête
puissent faire accepter de telles
accusations par une cour de justice
contre la plupart de ces mosquées.
L’idée directrice est la suivante :
Poutine n’est pas un dictateur et il ne
peut pas agir en dehors du cadre de la
loi russe, et du reste il ne le
souhaiterait aucunement.
2) Ce serait immoral. J’ai vécu pendant
de nombreuses années littéralement juste
à côté d’une grande mosquée entièrement
financée par les Saoudiens, et à ma
connaissance, non seulement cette
mosquée n’a jamais rien eu à voir avec
le terrorisme, mais les personnes qui
fréquentaient cette mosquée n’ont même
pas été impliqués dans le moindre cas de
petite délinquance. Dieu sait que je
hais l’idéologie wahhabite de toute mon
âme et de tout mon cœur, mais je ne peux
pas dire que la plupart des wahhabites
soient de mauvaises personnes, ou qu’ils
soient liés au terrorisme. Ils ne sont
pas et ne doivent pas être des boucs
émissaires pour les actions d’autres
personnes. Je suis tout à fait favorable
à la destruction physique de chaque
terroriste wahhabite sur la planète,
mais tant qu’ils ne prennent pas les
armes et ne se mettent pas à assassiner
et mutiler les êtres humains, les
disciples d’Ibn Taymiyya et de Muhammad
ibn Abd al-Wahhab ne doivent pas être
forcés à payer pour les actions des
autres.
3) Ce serait contre-productif.
L’avantage de laisser les mosquées
wahhabites libres d’agir est qu’elles
constituent pour les forces de sécurité
une cible parfaite pour infiltrer et
surveiller les terroristes. Fermez ces
mosquées et vous les pousserez dans la
clandestinité et il pourrait être
beaucoup plus difficile de les
infiltrer. En fait, ces mosquées
wahhabites peuvent même être utilisées
comme des appâts pour attirer,
identifier et arrêter les terroristes
locaux.
Non, la meilleure façon de faire face à
la propagande et au terrorisme financés
par l’Arabie Saoudite est de soutenir
les organisations islamiques et chefs
religieux traditionnels anti-
wahhabites. Il y a beaucoup de musulmans
bien éduqués et instruits en Russie, y
compris un bon nombre d’imams renommés,
qui peuvent mener la lutte idéologique
et spirituelle contre les wahhabites et
les dénoncer pour ce qu’ils sont. Ce que
l’Etat russe devrait faire est a)
protéger physiquement ces gens b) les
écouter et prendre en considération leur
évaluation de la situation c) expliquer
à la population non musulmane que ce
sont des alliés essentiels dans la lutte
contre le terrorisme wahhabite.
Que faire si on trouve des indices
inculpant l’Arabie Saoudite ?
C’est un grand « si » ! Mais supposons,
pour la commodité du raisonnement, que
les Russes trouvent de quelconques «
empreintes » saoudiennes dans ces
attaques, ou dans des attaques à venir
au cours des Jeux olympiques de Sotchi,
et considérons différentes réponses
russes :
1) Une frappe de représailles ouverte
contre l’Arabie saoudite :
En termes purement militaires, cela ne
poserait aucun problème. Les Russes
pourraient frapper avec des bombardiers,
des missiles de croisière sous-marins,
des missiles balistiques… Tout ce qu’on
veut. Les Etats-Unis exprimeraient
certainement toute leur indignation,
mais le
CENTCOM
ne pourrait rien y faire parce que le
but initial du CENTCOM était d’empêcher
une invasion soviétique de l’Iran, et
pas de défendre les Saoudiens contre une
frappe de représailles russe. Le
problème de cette option est qu’elle
serait illégale selon le droit
international et c’est quelque chose que
la Russie ne veut pas.
Si la Russie décidait d’accuser
publiquement et officiellement l’Arabie
saoudite d’attaques terroristes contre
la Russie, elle devrait aller au Conseil
de sécurité de l’ONU ou à la Cour
internationale de justice et porter
l’affaire sur le terrain légal.
2) Déposer une plainte officielle à
la Cour internationale de justice et
essayer d’obtenir un vote du Conseil de
sécurité condamnant l’Arabie Saoudite :
En fait, c’est une option excellente
parce qu’elle mettrait les Saoudiens
dans une position politique très
embarrassante. Selon le libellé de la
résolution, les États-Unis
s’abstiendraient ou y opposeraient leur
veto, car peu importe l’ampleur des
problèmes qu’il y a eu entre les deux
pays récemment, les États-Unis et
l’Arabie Saoudite sont toujours des
alliés stratégiques. Pourtant, une telle
plainte officielle par la Russie contre
le régime saoudien mettrait encore plus
d’embarras sur les visages des singes
médiévaux au pouvoir à Riyad.
Personnellement, cela option me plairait
beaucoup, mais ce ne serait pas dans le
style de Poutine – il préfère un genre
de diplomatie beaucoup plus discret.
3) Une frappe de représailles secrète
contre l’Arabie saoudite :
Cette option est également tout à fait
réalisable pour le Kremlin, non
seulement parce qu’il pourrait utiliser
les capacités russes pour frapper un ou
deux princes saoudiens, mais parce qu’il
pourrait facilement sous-traiter ce
travail à une force alliée. Le problème,
c’est que même si c’est une frappe de
représailles, ce serait toujours un acte
de terrorisme. Jusqu’à présent, le seul
cas que je connaisse où les Russes ont
assassiné quelqu’un, c’est quand ils ont
tué le terroriste notoire
Ibn al-Khattab
: les services spéciaux russes ont
intercepté une lettre de Khattab et
l’ont imprégnée d’un poison spécial qui
serait sans danger pour quiconque sauf
Khattab (une méthode beaucoup plus
efficace et sophistiquée que
l’accusation stupide selon laquelle ils
utiliseraient du polonium pour tuer
quelqu’un). Mais dans ce cas, les Russes
ont admis leur rôle et ont même fait des
déclarations plus ou moins officielles
donnant les détails de l’opération. Bien
que cet assassinat ait été mené en
utilisant des méthodes secrètes, ce
n’était pas véritablement une opération
secrète car les Russes ont admis
d’eux-mêmes qu’ils en étaient
responsables. Khattab était une telle
raclure que personne de sain d’esprit
n’a exprimé de problèmes à l’égard de
cette opération : ce fut l’une de ces
affaires très rares, où le bon et le
méchant sont clairement désignés, et où
presque tout le monde convient que la
personne tuée l’a vraiment cherché et
que justice a été faite. Mais c’est une
exception. Beaucoup trop de soi-disant «
opérations secrètes » ne sont qu’un
pieux euphémisme pour désigner des
(contre-)attaques terroristes c’est à
dire quelque chose qu’un pays civilisé
ne devrait pas faire.
4) Quoi d’autre ? Viser le long terme
Dans la lutte contre le terrorisme, il
est absolument vital de rester
exemplaire sur le plan de la morale : il
faut faire tout son possible pour
dénier à l’ennemi le statut de «
combattant pour la liberté ». Pour ce
faire, il faut absolument garder ses
mains aussi propres que possible et il
ne faut s’engager que dans des actions
qui, si elles étaient découvertes et
révélées au public, nous feraient
paraître honorables. Le concept de Dick
Cheney selon lequel « maintenant on ne
prend plus de gants » ne fait que
traduire son manque de sophistication.
On peut dire la même chose du « déni
plausible » (plausible deniability)
de la CIA. Le résultat de cette
auto-illusion est que les Etats-Unis
sont haïs et méprisés dans le monde
entier, et que littéralement, il n’y a
pas d’action trop vile, trop lâche ou
trop stupide pour être considérée par
quiconque comme ne pouvant pas être une
opération secrète des États-Unis : tout
le monde les sait capables de tout, même
des choses les plus basses. Est-ce que
la Russie veut vraiment devenir le
« prochain méchant » (encore une fois !)
?
Personnellement, je pense qu’il est
crucial pour un pays civilisé que sa
politique officielle, annoncée et
publique soit en harmonie avec ce qu’il
fait dans les coulisses. Il n’y a rien
d’intrinsèquement mauvais dans les
opérations secrètes tant qu’elles sont
conduites de manière à ce que ceux qui
les ont ordonnées puissent paraître
raisonnables et honorables si
l’opération est découverte et révélée au
public.
La Russie ne peut pas constamment parler
du rôle absolument crucial qui doit être
joué par le droit international dans les
relations internationales, puis aller
joyeusement violer des règles de base du
droit international.
Pour cette raison, toute utilisation de
la force (ouverte ou secrète) par la
Russie devra être fondée sur les
principes suivants :
1) Toutes les autres options
non-violentes auront déjà été tentées,
ou seront impossibles à mettre en œuvre.
2) L’utilisation de la force sera
proportionnelle à l’attaque qui l’a
déclenchée.
3) Tous les efforts seront faits pour
éviter des victimes innocentes.
Cela semble être d’un optimisme béat ?
Eh bien, ce n’est pas le cas !
Des décennies d’utilisation de la force
de manière tout à fait irresponsable et
imprudente par les Etats-Unis, les
Israéliens, les Européens et les
Soviétiques nous ont complètement
désensibilisés à l’immoralité
fondamentale de la violence. Elevés pour
la plupart avec les films de John Wayne
et les présidences de Ronald Reagan,
nous avons perdu le dégoût de l’homme
civilisé pour la laideur et l’immoralité
de la violence. Pire encore, nous sommes
tellement conditionnés par des décennies
de reportages spéciaux de CNN venant du
Pentagone et montrant le dernier «
briefing » d’une intervention militaire
américaine que nous oublions qu’agir
impulsivement et « tirer à tout va » est
une façon très inefficace de faire face
à un problème.
Pour traiter un problème comme le
terrorisme, il est toujours préférable
de planifier sur le long terme. De ce
point de vue, je dirais que le régime
saoudien est un problème suffisamment
important pour mériter d’être considéré
comme une menace inhérente à la sécurité
nationale de la Russie, et cela implique
en retour que parvenir à un changement
de régime au Royaume d’Arabie Saoudite
devrait être une stratégie de sécurité
nationale de la Russie. Cependant, cet
objectif doit être poursuivi uniquement
ou, du moins, principalement par des
moyens légaux tels que, par exemple,
armer les Iraniens et les Syriens qui, à
leur tour, armeront le Hezbollah. Cet
objectif peut également être atteint en
isolant l’Arabie saoudite sur la scène
internationale par le biais de
« consultations » avec les alliés et les
nations amies. En outre, la Russie
devrait chercher à élargir son rôle et
son influence dans le monde musulman et
dans le monde arabe afin de
contrebalancer l’influence actuelle des
Saoudiens et des autres monarchies du
Golfe.
À court terme, le public russe doit être
prévenu ouvertement que le terrorisme ne
peut être éradiqué, que c’est là un rêve
chimérique concocté par des politiciens
malhonnêtes. Mais si aucun pays ou
gouvernement ne peut vraiment éradiquer
le terrorisme, on peut apprendre à vivre
avec. Après tout, le nombre réel des
victimes du terrorisme est extrêmement
faible, bien moins que, par exemple,
celui des accidents de la route. La
vraie puissance du terrorisme réside
dans l’effet psychologique qu’il a non
pas sur ses victimes directes, mais sur
ceux qui en sont témoins. Dès que le
grand public aura accepté l’idée que
même si les attaques terroristes peuvent
être réduites à un minimum, il sera
toujours possible que certains attentats
aient lieu, le terrorisme perdra sa
force réelle. Soit le terrorisme est
accepté comme une réalité de la vie,
soit une nation pourra être tirée dans
une spirale sans fin de mesures futiles
de lutte contre le terrorisme qui sont
beaucoup plus néfastes que le terrorisme
qui les déclenche.
Est-ce que la Russie veut vraiment
devenir un état fasciste terrifié et
paranoïaque comme les Etats-Unis ? Ou
préfère-t-elle accepter le fait que le
terrorisme ne sera jamais « vaincu » et
continuer à vivre le mieux possible dans
un monde toujours dangereux ?
Les hommes politiques russes
débattent déjà vivement de la question
de l’annulation du moratoire actuel sur
la peine de mort
: Nikolaï Pligin, député du parti
« Russie unie » et chef du Comité du
droit constitutionnel de la Douma, a
déclaré qu’ « aucun des groupes
sociaux ne sera victime de
discrimination, aucune activité spéciale
ne sera réalisée contre un groupe
spécifique : toutes les activités seront
menées uniquement d’après les normes
constitutionnelles et conformément aux
lois en vigueur », tandis que Ramzan
Kadyrov a exhorté le Parlement à «
augmenter infiniment la peine non
seulement pour ceux qui commettent des
actes terroristes, mais aussi pour ceux
qui partagent les idées des terroristes,
répandent leur idéologie et les
entrainent. Je suis absolument certain
que nous ne pourrons pas faire face à ce
mal en jouant la démocratie et
l’humanité. »
Eh bien, au moins tous les deux sont
d’accord sur le fait que le bon endroit
pour discuter de cette question et
décider quelles politiques il faut
adopter est le Parlement. Je m’attends à
ce que la Douma s’exprime d’une seule
voix et accorde au Kremlin à peu près
n’importe quelle loi qu’il voudra faire
passer, donc la vraie décision sera
entre les mains de Poutine. Je suis
personnellement convaincu que son choix
sera de se conformer très strictement à
la lettre et à l’esprit de la
législation nationale russe et du droit
international et qu’il n’y aura pas de
sur-réaction de la Russie.
Le Saqr
Extrait des commentaires :
-
Marknesop :
[…] J’étais si scandalisé ce matin que
j’aurais presque soutenu une mission
suicide des [forces spéciales] SPETSNAZ
pour cribler Bandar bin Sultan de balles
de 9mm […]
-
Le Saqr :
[…] Il serait
illusoire de penser
que le seul fait de
tuer les terroristes
résoudra
quoi que ce soit.
Eh ! Ils
se tuent
déjà eux-mêmes bien
volontiers
! Et
tuer
Bandar
est
une
belle idée,
mais il y a une
ménagerie
complète d’aspirants
princes
derrière lui,
alors
quoi ?
Le wahhabisme
doit être
vaincu
comme idéologie
et
c’est
quelque chose que
seuls les
musulmans peuvent
faire.
Ce que
le
reste du monde
devrait
faire, c'est aider
ces musulmans
qui ont pris
conscience (et c’est le cas de
beaucoup d'entre eux !)
du fait que
le wahhabisme
est leur premier et
principal ennemi
moral
(les wahhabites
considèrent
les musulmans
non-wahhabites
comme
des apostats
ou même des
païens,
si vous
pouvez
croire ça)
tout en luttant contre
ceux qui voudraient
amalgamer
tous les courants
de l'Islam
en
un seul groupe
(ce qui rend
les sionistes
fous
de joie).
-
WizOz : Vous vous souvenez de l’attaque contre le théâtre de Moscou, de [la
prise d’otages de l’école de] Beslan ?
-
Le
Saqr : Oh oui je m’en
souviens. Et je sais aussi que chacun
des individus qui ont participé à ces
abominations est maintenant où il mérite
: en enfer (-: voyage organisé et pris
en charge par le Kremlin :-)
Article original :
http://vineyardsaker.blogspot.com/2013/12/double-bombing-in-volgograd-first.html
Traduction :http://www.sayed7asan.blogspot.fr
Reçu pour publication
Le
dossier Russie
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