Le Saker
Sur le coronavirus et le tabagisme …
Moon of Alabama
Mardi 28 avril 2020 … les taux de
mortalité dus aux infections,
l’importance du confinement, etc.
Par
Moon of Alabama − Le 25 avril 2020
Le 3 avril,
j’avais proposé le graphique ci-dessous
et fait la
remarque suivante :
Il est intéressant
de noter que les fumeurs ne semblent pas
développer de tempêtes de cytokines lors
d'une infection Covid et sont donc moins
enclins à se retrouver en unité de soins
intensifs.
Une tempête de
cytokines est une réponse inflammatoire
inappropriée du système immunitaire.
La Covid-19
basée sur des conditions préexistante
Source
Il était
vraiment curieux de constater que lors
d’une épidémie de maladie respiratoire,
les fumeurs actuels et anciens étaient
moins enclins à se retrouver dans une
unité de soins intensifs que les
personnes ayant d’autres conditions
préalables. C’était aussi un soulagement
psychologique pour moi, qui fume en
chaîne, mais cela ne devrait en aucune
façon être une raison pour quiconque de
prendre cette mauvaise habitude par
ailleurs dangereuse.
Une étude française
vient de
confirmer ce phénomène étonnant :
Dans l'étude que
deux d'entre nous
rapportent, les taux de tabagiques
actuellement admis en unités de soins
intensifs restent inférieurs à 5% même
lorsque les principaux facteurs du
contexte de consommation de tabac, à
savoir l'âge et le sexe, le statut
d'hospitalisation ou de consultation
externe, ont été pris en compte. Par
rapport à la population générale
française, la population infectée par la
Covid-19 présentait un taux de fumeurs
réguliers significativement plus faible
de 80,3% pour les patients externes et
de 75,4% pour les patients hospitalisés.
Ainsi, le tabagisme actuel semble être
un facteur de protection contre
l'infection par le SRAS-CoV-2.
Le mécanisme
ne vient pas du remplissage des
poumons par la fumée. Ici, la nicotine
fonctionne comme un agent nerveux. Elle
est connue pour influencer le processus
qui régule le nombre de récepteurs ACE2
à la surface des cellules. Les fumeurs
actuels ont moins de récepteurs ACE2 que
les non-fumeurs. Le SRAS-CoV-2 se lie à
ce récepteur pour entrer dans une
cellule.
L’étude a été menée
par le Professeur
Jean-Pierre Changeux qui est assez
célèbre pour la découverte de ce
processus de régulation générale et
d’autres résultats. Il prévoit
maintenant d’utiliser des patchs à la
nicotine sur les patients Covid-19 pour
voir si cela peut aider dans le cas
présent.
D’autres
médicaments, en particulier ceux que le
président américain Donald Trump a
évoqués publiquement, se sont révélés
plutôt inutiles :
Financial Times
@FinancialTimes -
19:00 UTC · 23 avr.2020Exclusif: le
médicament antiviral remdesivir,
que beaucoup pensaient être un bon
traitement contre le coronavirus, a
échoué dans son premier essai clinique
randomisé, selon des projets de
documents publiés "accidentellement"
par l'OMS et vus par le FT.
Il se trouve que
cette étude a déjà un mois et que
Gilead, la société qui fabrique le remdesivir, ne
l’a pas dit, tout en continuant à
promouvoir son médicament inutile.
Quelqu’un à l’OMS n’a pas apprécié la
manière, et a publié
«accidentellement» les résultats. Le
cours de l’action de Gilead a
ensuite plongé de 10%.
Trump a
également vanté l’hydroxychloroquine, ou
chloroquine, comme utile contre la
Covid-19. Mais les deux peuvent avoir
des effets secondaires graves comme des
rythmes cardiaques anormaux et la
Food Drug Administration (FDA) met
désormais en garde contre leur
utilisation :
La FDA met en garde
contre l'utilisation de
l'hydroxychloroquine ou de la
chloroquine pour la Covid-19 en dehors
du cadre hospitalier ou d'un essai
clinique en raison du risque de
problèmes de rythme cardiaque.Une
surveillance étroite est fortement
recommandée. [Le Pr Raoult en France,
recommande en plus des
électro-cardiogramme à différentes
étapes du processus, NdSF]
Bret Stephens est
l’un des chroniqueurs super stupides du
New York Times. Dans l’article
d’aujourd’hui, il plaide pour la levée
des confinements et
écrit :
À l'heure actuelle,
il y a beaucoup de commentaires
provenant de têtes d'affiches (beaucoup
d'entre elles à New York) sur le danger
de lever les confinements dans des
endroits comme le Tennessee. Peut-être
le commentaire devrait-il aller dans la
direction opposée. Les habitants du
Tennessee ont le droit de retrouver un
semblant de vie normale tout en exigeant
des restrictions plus longues pour les
New-Yorkais.
J'écris ceci de
New-York, donc c'est un argument contre
mon intérêt personnel. Mais je ne vois
pas pourquoi les gens vivant dans une
banlieue de Nashville ne devraient pas
être autorisés à retourner à leur emploi
parce que des gens comme moi choisissent
de vivre, voyager et travailler dans des
boîtes de sardines urbaines.
Pas plus tard
qu’hier, un habitant du Tennessee a
rapporté ceci :
Nashville a connu
jeudi son pic le plus élevé de malades
de la Covid-19, sur une journée, lorsque
le Metro Public Health Department
a signalé 182 nouveaux résultats de test
positifs au cours des 24 dernières
heures. ...Au total, Metro
Health a signalé jeudi 2144 cas
confirmés dans le comté de Davidson
depuis le début des tests, contre 1 962
la veille. Il y avait 1 046 cas actifs
jeudi, selon le département.
New York a effectué
des tests sanguins pour détecter les
anticorps anti-SRAS-CoV-2. Ces tests
sont
nouveaux et pas encore très
fiables :
Les tests étaient
particulièrement imprécis lors de la
recherche d'un anticorps transitoire qui
survient peu de temps après l'infection,
appelé IgM, mais plus cohérent dans
l'identification d'un anticorps
ultérieur, appelé IgG, qui pourrait
signaler une immunité à plus long terme.
Ces tests ne
doivent pas être utilisés pour écrire
des certificats disant «Cette
personne est immunisée». Mais ils
sont assez bons pour la recherche
épidémiologique.
Les tests ont
révélé qu’environ 20% de la population
de New York avait peut-être déjà eu
Covid-19 et avait probablement acquis
une certaine immunité. Compte tenu du
nombre de décès de Covid-19 à New York,
cela
indique un taux de létalité
(Infection fatality rate, IFR)
d’environ 1%. Le taux de mortalité par
infection dépend fortement de la
démographie de la population et du
système de santé.
Christian Drosten,
un célèbre spécialiste allemand des
coronavirus – voir sa dernière
interview en allemand – a estimé
l’IFR actuel en Allemagne à environ
0,53. Mais le nombre de morts allemands
ne cesse d’augmenter. L’épidémie de
Covid-19 en Allemagne est apparue pour
la première fois chez les jeunes d’âge
moyen qui ont été infectés pendant le
ski et les fêtes en Autriche et en
Italie. Elle s’est développée au sein de
ce groupe d’âge, et n’entre que
maintenant dans les équivalents
allemands des EHPAD, où elle a tendance
à faire des ravages. L’IFR va donc
augmenter et nous ne savons pas encore
jusqu’où il ira.
La ville de New
York, et l’Allemagne, ont des systèmes
de soins de santé bien développés. Les
pays dotés de systèmes moins fiables
verront probablement des IFR beaucoup
plus élevés, de 2 à 3% ou plus.
Pour la saison
grippale assez mauvaise de 2017-18 aux
US, le Centre pour le contrôle et la
prévention des maladies a
estimé à 45 millions le nombre
d’infections, ce qui a causé au total
quelque 61 000 décès. Cela donne un IFR
de 0,13% pour la grippe, ce qui prouve
une fois de plus que Covid-19 n’est pas
comme une grippe. Celle-ci a
un R0 [taux de contagion] de
1,2. Le R0 du SRAS-CoV-2 est de 2 à 3.
Le virus est au moins deux fois plus
infectieux que la grippe, seuls
quelques-uns sont immunisés contre elle
et même dans les pays développés,
Covid-19 est 4 à 8 fois plus mortel que
la grippe. On peut donc s’attendre à ce
que le taux de mortalité total de
Covid-19 soit 10 à 15 fois plus élevé
que le nombre de décès causés par la
grippe saisonnière au cours d’une
mauvaise année.
Nos systèmes de
soins de santé sont dimensionnés
pour gérer une mauvaise grippe ainsi que
les autres cas habituels. Ils ne sont
pas dimensionnés pour prendre dix fois
plus de cas de grippe. Il est donc
évident que la distanciation sociale
devra se poursuivre.
Une étude non
scientifique du magazine australien Quillette
a
examiné des événements de super
propagation au cours desquels des
dizaines ou des centaines d’infections
ont eu lieu, à un moment donné, en un
seul endroit. Bref, tout ce qui est
amusement devrait désormais être
interdit :
Quand la Situation
sanitaire exceptionnelle (SSE) de
la Covid-19 se produit-elle ? Sur la
base de la liste que j'ai réunie, la
réponse courte est : où et quand les
gens sont face à face, rient, crient,
applaudissent, sanglotent, chantent,
saluent et prient.
Une étude chinoise
a révélé que plus de 99% de toutes les
infections se
produisent à l’intérieur :
Les domiciles
étaient la catégorie dominante (254
foyers sur 318; 79,9%), suivis des
transports (108; 34,0%; il convient de
noter que de nombreux foyers
concernaient plus d'une catégorie de
sites). La plupart des épidémies à
domicile concernaient trois à cinq cas.
Nous n'avons identifié qu'une seule
éclosion dans un environnement
extérieur, impliquant deux cas.
Conclusions: Toutes les éclosions
identifiées de trois cas ou plus se sont
produites dans un environnement
intérieur, ce qui confirme que le
partage de l'espace intérieur est un
risque majeur d'infection par le
SRAS-CoV-2.
Les résultats
peuvent être un peu biaisés car
l’épidémie de Wuhan s’est produite
pendant la saison froide de décembre à
février. On peut s’attendre à un léger
soulagement en été lorsque plus de gens
ouvrent les fenêtres ou sont dehors.
Mais la prochaine saison froide sera
probablement la période la plus
difficile pour tout le monde.
J’avais
indiqué, plus tôt, que les autorités
chinoises avaient mis fin aux épidémies
à domicile en isolant les personnes
légèrement malades, et même les
personnes qui n’avaient eu que des
contacts avec un patient Covid-19, dans
des centres de quarantaine spéciaux au
lieu de les laisser à la maison avec
leur famille. Le fait que j’ai exhorté,
sur ce site, à faire de même, a été le
point de départ de ma
dispute avec Off-Guardian.
L’Italie constate
maintenant que la
méthode chinoise est la bonne chose
à faire :
Les ménages
italiens représentent «le plus grand
réservoir d'infections», a déclaré
Massimo Galli, directeur du département
des maladies infectieuses de l'hôpital
universitaire Luigi Sacco de Milan. Il a
qualifié ces cas de «point de
redémarrage possible de l'épidémie en
cas de réouverture».La famille agit
comme un multiplicateur, a déclaré
Andrea Crisanti, le principal consultant
scientifique sur le virus dans la région
de la Vénétie. "C'est une bombe à
retardement", a-t-il déclaré.
La situation
difficile des infections à domicile
émerge non seulement en Italie, mais
dans les points chauds du monde entier,
dans le Queens et la banlieue
parisienne, ainsi que dans les
quartiers populaires de Rome et de
Milan.
Laisser les
personnes infectées dans leur famille
est une excellente méthode pour tuer des
familles entières et aider l’épidémie à
continuer son cours.
Une quarantaine de
deux semaines dans un hôtel ou un
établissement public pendant laquelle
une personne est bien approvisionnée
devrait être un sacrifice acceptable
quand on sait qu’elle aide à sauver la
vie des autres dans sa communauté. Il
est difficile de comprendre pourquoi
certaines personnes continuent de
rejeter cela.
Moon of Alabama
Traduit par jj,
relu par Wayan pour le Saker Francophone
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