Le Saker
L’action anti iranienne de Pompeo à
l’ONU va échouer. Pourquoi donc
insiste-t-il ?
Moon of Alabama
Vendredi 26 juin 2020 Par
Moon of Alabama – Le 24 juin 2020
Le secrétaire
d’Etat américain, Mike Pompeo, fait
pression sur les Nations Unies pour
prolonger l’embargo sur les armes mis en
place contre l’Iran. Dans le cadre du
Plan d’action global conjoint, qui a
résolu la question du programme
nucléaire civil de l’Iran, l’embargo
actuel sur les armes doit être levé en
octobre.
Les États-Unis,
qui ont quitté l’accord sur le nucléaire
iranien, utilisent des
arguments absurdes pour que
l’embargo se poursuive. Les autres
membres du Conseil de sécurité de l’ONU,
qui ont un droit de veto, rejetteront
évidemment cette initiative. Les actions
de Pompeo n’ont pas pour but de parvenir
à quelque chose. Il s’agit d’une action
de campagne électorale destinée à un
public national.
Une partie de cette
campagne menée par Pompeo est faite pour
donner une image d’un « Iran qui fait
peur ».
En voici un exemple
:
Secrétaire Pompeo
@SecPompeo -
16:59 UTC - 23 juin 2020 Si l'embargo des
Nations unies sur les armes à
destination de l'Iran expire en octobre,
l'Iran pourra acheter de nouveaux avions
de combat comme le SU-30 russe et le
J-10 chinois. Avec ces avions hautement
meurtriers, l'Europe et l'Asie
pourraient être dans le collimateur de
l'Iran. Les États-Unis ne laisseront
jamais cela se produire.
Le tweet est
accompagné d’une carte qui indique la
distance maximale que peuvent parcourir
les avions que l’Iran pourrait acheter,
jusqu’à ce qu’ils tombent en panne de
carburant.
Pompeo suggère que
l’Iran va dépenser des dizaines de
millions pour acheter des avions, les
faire voler sans problèmes en
franchissant la protection radar de
plusieurs pays, et laisser des pilotes
kamikazes iraniens s’écraser, [par
manque de carburant, NdT] sur un
temple népalais.
Cela n’a aucun
sens. Aucun homme politique étranger ne
sera impressionné par ce genre
« d’argument ». Le tweet de Pompeo
est destiné à la population étasunienne.
Aux Nations unies,
les États-Unis tentent d’obtenir une
nouvelle résolution pour prolonger
l’embargo sur les armes vendues à l’Iran
:
L'administration du
président américain Donald Trump a
présenté un projet de résolution très
attendu au Conseil de sécurité de l'ONU
(CSNU) prolongeant un embargo sur les
armes à destination de l'Iran qui doit
expirer en octobre, ouvrant la voie à un
affrontement entre grandes puissances et
à un probable veto au sein du principal
organe de sécurité de l'ONU, selon une
copie du projet obtenue par Foreign
Policy. ..Si ce projet est
adopté, la résolution relèverait du
chapitre VII de la charte des Nations
unies, ce qui la rendrait juridiquement
contraignante et exécutoire. Mais la
mesure américaine, selon plusieurs
diplomates du Conseil de sécurité de
l'ONU, a peu de chances d'être
adoptée par le conseil des 15 nations.
...
Certains diplomates
du Conseil et d'autres experts en
matière de non-prolifération analysent
cette décision américaine comme un
moyen de marquer des points en
politiques intérieure, et non pas
pour contrer les activités
déstabilisatrices de l'Iran dans la
région.
"Le sceptique en
moi dit que l'objectif de cet exercice
est d’utiliser cette résolution
d'embargo sur les armes, et quand elle
échouera, d'utiliser cela comme excuse
pour obtenir un retour à l'embargo, et
si cela échoue aussi, de l'utiliser
comme un argument politique pour la
campagne électorale", a déclaré
Mark Fitzpatrick, un ancien
fonctionnaire du Département d'État
chargé de la non-prolifération qui
travaille maintenant à l'Institut
international d'études stratégiques.
Comme il est presque certain que la
Chine et la Russie ignoreront tout
embargo sur les armes imposé à l'ONU à
cause des manœuvres américaines,
l'impact réel sur la capacité de l'Iran
à causer des méfaits sera minime,
explique-t-il.
"Il ne s'agit
pas vraiment d'empêcher le pays
d’acheter des armes à la Chine et la
Russie, il s'agit d’avancer un
argument politique", dit-il.
Nous avons
déjà expliqué que les États-Unis
n’ont pas la possibilité de réimposer
les sanctions. La Russie et la Chine ont
également
clarifié ce point :
Le ministre russe
des affaires étrangères Sergey Lavrov et
le diplomate chinois Wang Yi ont tous
deux écrit au conseil des 15 membres et
au chef de l'ONU, Antonio Guterres,
alors que les États-Unis menacent de
déclencher un soi-disant retour de
sanctions dans le cadre de l'accord sur
le nucléaire iranien, alors même que
Washington a quitté l'accord en 2018.Lavrov a écrit dans
la lettre du 27 mai, rendue publique
cette semaine, que les États-Unis
étaient "ridicules et irresponsables".
"C'est
absolument inacceptable et cela ne fait
que rappeler le célèbre proverbe disant
qu'on ne peut pas avoir le beurre et
l'argent du beurre", a écrit Lavrov.
Washington a menacé
de déclencher un retour des sanctions de
l'ONU contre l'Iran si le Conseil de
sécurité ne prolonge pas un embargo sur
les armes qui doit expirer en octobre en
vertu de l'accord de Téhéran avec les
puissances mondiales pour l'empêcher de
développer des armes nucléaires. ...
Lavrov a cité un
avis de la Cour internationale de
justice de 1971, qui a estimé qu'un
principe fondamental régissant les
relations internationales était qu'"une
partie qui renie ou ne remplit pas ses
propres obligations ne peut être
reconnue comme conservant les droits
qu'elle pouvait tirer de cet accord".
Malgré l’échec
évident à convaincre les autres, les
États-Unis continuent de présenter des
arguments stupides :
La Russie et la
Chine seront isolées aux Nations unies
si elles continuent sur la "voie de
la dystopie" en bloquant une
tentative américaine de prolonger
l'interdiction de vente d’armes à
l’Iran, a déclaré à Reuters
l'envoyé américain pour l’Iran, Brian
Hook, avant de présenter officiellement
sa demande d’embargo au Conseil de
sécurité de l'ONU, mercredi. ...
"Nous voyons un
fossé se creuser entre la Russie et la
Chine d’un côté et la communauté
internationale de l’autre", a
déclaré M. Hook dans une interview à
Reuters mardi soir.
Les États-Unis ont
quitté l’accord sur le nucléaire iranien
et ne peuvent pas revendiquer le droit,
en vertu de cet accord, de revenir sur
les sanctions que l’accord a levées. Ce
sont les États-Unis qui se sont isolés.
Même leurs alliés ne
soutiennent pas cette tentative :
"Nous sommes
fermement convaincus que toute tentative
unilatérale de déclencher des sanctions
à l'ONU aurait de graves conséquences
négatives au sein du Conseil de
sécurité", ont déclaré les ministres
des affaires étrangères anglais,
français et allemand dans une
déclaration faite le 19 juin. "Nous
ne soutiendrons pas une telle décision
qui serait incompatible avec nos efforts
actuels pour préserver l’accord iranien".
La politique de
Trump contre l’Iran a échoué. Il a tenté
une campagne de « pression maximale »
pour faire chanter l’Iran et obtenir
plus de concessions. Mais en dépit des
sanctions et des problèmes économiques
qu’elles entraînent, l’Iran n’est pas
disposé à discuter avec lui.
Les conditions de ce pays pour
engager des discussions sont claires :
"Nous n'avons
aucun problème pour discuter avec les
États-Unis, mais seulement si Washington
remplit ses obligations dans le cadre de
l'accord nucléaire, s'excuse et compense
Téhéran pour son retrait de l'accord",
a déclaré Rouhani dans un discours
télévisé.
La politique
étrangère américaine au Moyen-Orient, y
compris les nouvelles sanctions contre
la Syrie en
vertu du Caesar Act, ont aidé
l’Iran à
renforcer sa position :
L'Iran récolte
d'énormes bénéfices, notamment des
alliés plus robustes et des bastions de
résistance supplémentaires en raison de
la mauvaise politique américaine au
Moyen-Orient. Motivé par la menace de
l'application du Caesar Act,
l'Iran a préparé une série de mesures
pour vendre son pétrole et financer ses
alliés, compensant ainsi l'épuisement de
ses réserves en devises étrangères.Les entreprises
iraniennes ont trouvé en Syrie un
paradis pour les investissements
stratégiques et ont offert l'alternative
nécessaire à une économie syrienne
paralysée par les sanctions et neuf
années de guerre. L'Iran considère la
Syrie comme un terrain fertile pour
développer son commerce et ses affaires,
comme jamais auparavant.
Avec l’influence
croissante de l’Iran et la Russie
s’imposant, même avec des alliés
américains autrefois fidèles comme
l’Arabie Saoudite, il semble que
l’influence des États-Unis au
Moyen-Orient soit vraiment en train de
se réduire de manière décisive.
Quoi que dise ou
tweete Pompeo-le-pompeux cela ne
changera rien à cette situation. Mais, à
chaque minute, naît un nouveau pigeon.
Certains d’entre eux peuvent encore
tomber dans le panneau.
Moon of Alabama
Moon of Alabama
demande aux lecteurs de son blog de
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Traduit par Wayan,
relu par Jj pour le Saker Francophone
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