Algérie
Le silence n'est plus de mise
Kharroubi Habib
Louisa
Hanoune
Jeudi 23 janvier 2014
Avant-hier mardi, Louiza Hanoune
estimant qu'un climat inquiétant
d'intrigues et de manœuvres entoure
l'échéance de la présidentielle a
exhorté «officiellement et
solennellement» le chef de l'Etat à
s'adresser à la nation pour «dissiper le
brouillard, pour que se taisent les
rumeurs et que cesse le clientélisme».
Deux jours auparavant, la responsable du
PT avait affirmé que le climat
préélectoral est «porteur de dangers, de
flou et de suspicions nés d'une crise
sans précédent au sommet de l'Etat».
Louiza Hanoune a exprimé ce faisant tout
haut ce que la majorité des Algériens
ressent au constat d'une situation
délétère dans le pays dont il est craint
des développements néfastes pour sa
stabilité. Il ne fait aucun doute que
des milieux dans le pouvoir et leurs
ramifications dans la société
s'emploient à contrecarrer la
perspective d'un déroulement pacifique
et serein de la joute électorale en
préparation. Ce qui pour Louiza Hanoune
est l'indice de cette « crise sans
précédent au sommet de l'Etat » à
laquelle elle a fait allusion.
A moins que Bouteflika n'ait plus de
prise sur les événements, il ne peut
persister dans son mutisme et laisser
pourrir la situation. Avant elle, nous
l'avions interpellé nous aussi pour
qu'il dise de quoi il retourne dans
cette crise politique dont les Algériens
subodorent les enjeux sans en discerner
clairement les protagonistes. Louiza
Hanoune a absolument raison de rappeler
à Bouteflika que le « devoir du premier
magistrat du pays est de freiner les
dangereux dérapages et de rétablir
l'autorité de l'Etat». Nombre
d'Algériens partagent son point de vue à
la perception du vide occasionné par
l'exercice au ralenti de ses fonctions
présidentielles par Bouteflika pour
cause de son état de santé.
Il est patent que les autorités, Premier
ministre en tête, qui se dépensent pour
créer l'illusion que tout fonctionne au
sommet de l'Etat dans la cohésion et
l'unité d'objectifs, ne sont pas
parvenues à convaincre d'une telle
vision. Plus alarmistes encore que
Louiza Hanoune, des milieux arguent déjà
que l'élection présidentielle a peu de
chance de se tenir à terme échu du
mandat de Bouteflika et avancent
l'existence d'un scénario en voie de
réalisation ayant pour trame la mise en
place d'une transition démarrant avec un
départ anticipé et « forcé » du chef de
l'Etat. Rumeur, intox, fantasme ou
annonce d'un développement politique en
préparation, à chacun l'idée qu'il s'en
fait.
Il est cependant clair que la situation
dans le pays inquiète et suscite des
interrogations auxquelles seul le chef
de l'Etat peut apporter des réponses. Le
temps n'est plus aux attitudes et
postures dictées par le calcul
électoralo-politicien, mais à
l'affirmation de l'autorité
constitutionnelle de la fonction
présidentielle. A Bouteflika d'en faire
la démonstration, faute de quoi il se
condamnerait comme s'est refusée à le
souhaiter Louiza Hanoune à «une fin de
parcours dans un contexte catastrophique
dans lequel serait menacée la stabilité
du pays».
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