Le Quotidien
d'Oran
Un duel et des inquiétudes
Kharroubi Habib
Photo:
D.R.
Jeudi 17 avril 2014
Les électeurs algériens, du moins ceux
qui ont décidé d'accomplir leur devoir
électoral, ont à élire ce jour d'entre
les six candidats qui ont sollicité
leurs voix celui qui va être appelé à
gouverner le pays pour les cinq années à
venir. Tous ont la certitude qu'ils vont
assister dans ce scrutin à un duel entre
Abdelaziz Bouteflika, le président
sortant, et Ali Benflis, l'ex-chef du
gouvernement.
Ce duel qui n'est pas une surprise pour
eux, ils le souhaitent « civilisé »,
c'est-à-dire ne devant pas donner lieu
pour son résultat à des manigances qui
travestiraient la vérité de la sanction
des urnes. Il ne faut pas se voiler la
face et nier que l'opinion publique
n'est pas convaincue que le scrutin sera
indemne de la tare de la fraude
électorale qui a été systématiquement au
rendez-vous des élections algériennes.
Le contexte dans lequel cette fois les
Algériens sont appelés à élire leur
président est si lourd de menaces qu'une
manipulation des urnes leur apparaît
comme un crime et une faute politique
qu'ils ne laisseront pas se commettre.
Il est à espérer que le système ne
sous-estime pas cette détermination
populaire et a renoncé à considérer
qu'il peut cette fois encore faire
accepter un « hold-up » électoral sans
trop de remous.
Le duel Bouteflika-Benflis ne se
présente pas comme il le fut en 2004. A
l'analyse de leurs campagnes
électorales, il apparaît que les deux
hommes se livrent un duel dont le
résultat ne s'impose pas par avance si
tant est que le scrutin sera propre,
régulier et transparent. Bouteflika
n'est pas à créditer d'une campagne
électorale ayant établi qu'il sera «
intouchable » en ce scrutin. Elle a
indubitablement fait apparaître que la
grande popularité dont il était auréolé
en 2004 ne s'est pas vérifiée cette
fois-ci. L'usure du pouvoir, un bilan
controversé et un état de santé
défaillant semblent avoir détourné de
lui nombre de sympathies et d'intentions
de vote. Son adversaire malheureux de
2004 est parvenu indiscutablement à
capter en grande partie la masse des
déçus de Bouteflika.
Il se justifie donc que l'on s'attende à
ce que le duel qui les oppose va être
serré. Dans ces conditions, il
deviendrait incompréhensible qu'il se
conclue par des scores électoraux
similaires à ceux attribués en 2004 aux
deux rivaux. Trop de spéculations et de
supputations ont circulé qui
trouveraient alors confirmation au cas
où la confrontation entre les deux
hommes se conclurait en la même forme
qu'en 2004.
Mais le duel Bouteflika-Benflis ne doit
pas occulter que pour que ce scrutin ne
prête pas à contestation, il faut qu'il
enregistre un taux de participation qui
ne soit pas disqualificatif pour son
vainqueur. On peut controverser sur le
principe même du processus électoral qui
est en cours, mais espérer que le
candidat élu le sera à « la régulière »
et par un quorum d'électeurs à même de
lui conférer une légitimité populaire
incontestée et incontestable.
L'après 17 avril, l'Algérie aura besoin
d'un président tirant sa légitimité des
urnes et donc en mesure de se confronter
aux problèmes qui font la crise
nationale. Demain, nous serons
renseignés sur ce que ce scrutin va
apporter à l'Algérie : une occasion
d'avancer vers la résolution de la crise
nationale ou au contraire la cause de
son aggravation avec tous les risques
induits pour l'Algérie.
Le dossier
Algérie
Les dernières mises à jour
|