Russie politics
France 2: Pourquoi Pujadas attribue des
images
de frappes russes en Syrie à la
coalition?
Karine Bechet-Golovko
Jeudi 11 février 2016
Une fois n'est pas coutume, lorsque
les informations touchent la Russie,
la machine politico-médiatique
tourne bien. Mais là, nous sommes
tombés très très bas, dans les
bas-fonds peu fréquentables de la
propagande bon marché. Cette
fois-ci, France 2 et son journaliste
vedette David Pujadas ont franchi la
ligne rouge en montrant des images
truquées de frappes russes en Syrie
contre l'état islamique et en les
attribuant à la coalition, dans le
20 h présenté par Julian Bugier ce
jour là.
Ceux qui ont vus le
JT de France 2 le 4 février 2016
ont dû être agréablement surpris:
contrairement à ces barbares russes
qui frappent n'importe où et
n'importe comment, massacrant la
population civile et les gentils
terroristes opposants au passage,
les pays civilisés de la coalition
américaine, eux, font des frappes
chirurgicales, certes moins
nombreuses, mais dont la précision
remplace la quantité.
C'est à ce moment du discours que
les membres du Parti doivent tous
comme un seul homme, se lever, la
larme à l'oeil, pour applaudr bien
fort.
Voici en substance le
message, pas vraiment subtile,
diffusé au JT de David Pujadas sur
France 2 et présenté ce jour-là par
Julian Bugier. Et pour illustrer
tout cela, des images évidemments.
Mais des images de frappes russes
présentées comme portées par la
coalition. Or, pour des frappes
russes, donc devant tuer un bon
millier de civils (chiffre sorti
d'un joli chapeau), celles-ci sont
extrêmement précises, je dirais même
"chirurgicales", bizarre. Pas si
barbares ces russes, finalement ...
Seulement, pour pouvoir les
attribuer à la coalition, les
sous-titres en cyrillique ont été
gommés, et près netoyage et
maquillage, elles furent resservies
à nos/vos yeux ébahis d'admiration.
Nous sommes forts, quand même? Nous
frappons bien! Le bon peuple doit
être rassuré. Le bon peuple est
rassuré. Les affaires peuvent
continuer.
Rien à voir avec les déclarations de
Kerry ou de Merkel, demandant
instamment à la Russie de cesser
les frappes pour protéger la
population civile et les gentils
terroristes, certainement ceux qui
vendent le pétrole à la Turquie ou
qui sont formés par des instructeurs
payés par le Congrès américain, qui
n'a d'ailleurs pas apprécié les
résultats et remet en cause le
programme de financement de cette
"opposition" qui recule devant la
Russie et Assad.
A propos des Etats Unis. Il faut
rendre à César ce qui est à César:
France 2 n'a pas innové. Et, oui,
ici aussi, il a fallu copier une
technique déjà utilisée
outre-Atlantique. Puisque en
novembre dernier, la chaîne
PBS avait déjà utilisé des
images de frappes russes pour les
attribuer à l'aviation américaine.
A partir de deux fois, cela n'est
plus une erreur, c'est une
politique. Toutefois, l'ambassadeur
russe à Paris, A. Orlov, déclare à
l'agence d'information russe
Ria Novosti, qu'il y a peu de
chances que la Russie ne donne de
suite judiciaire à cette
manipulation, car il s'agit avant
tout d'un problème éthique. Et ce
serait faire trop de publicité à une
chaîne qui ne le rémite pas.
Certes, cette position est
respectable et force le respect.
Mais encore faudrait-il que les
responsables de cette "farce" ait
une conscience. Toutefois, la
manipulation a été volontairement
faite, car il a bien fallu
"nettoyer" les images. Soit le
journaliste vedette D. Pujadas
n'était pas courant et l'on peut se
demander en fait quel est son rôle.
Car il se rapprocherait alors plus
d'un perroquet, répétant, sans avoir
la possibilité de s'interroger, un
texte pré-digéré. Soit il était au
courant et c'est une faute
professionnelle grave. Dans les deux
cas, il n'a plus sa place au JT. A
moins, qu'il n'ait exécuté des
ordres.
Mais voyons, la France, patrie des
droits de l'homme, de la liberté,
etc, etc, etc. Serait-il possible
que la télévision d'état ne soit
devenue qu'un simple instrument de
propagande?
Comme disait
Coluche:
"Les journalistes ne croient pas les
mensonges des hommes politiques,
mais ils les répètent. C'est pire."
David Pujadas, reporter
incontournable, présente le JT de
20H sur France 2 depuis 2001, il est
le journaliste des
Présidents, de formation à Sciences
Po et qualifié de "bagarreur" par
certains de ses collègues. Remplacé
parfois, pas de chances.
Personnellement, il y a quelque
chose qui m'échappe. On a envie de
demander: tout ça pour ça? Lorsqu'il
est devenu journaliste, c'était
vraiment pour finir comme ça, comme
simple caution propagandiste?
Quitter l'Espagne de la dictature
dans les années 60 pour la liberté
et finalement contribuer à instaurer
une dictature de la pensée. Triste
destin.
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