Israël achète le congrès US
Le sabotage des
négociations de paix
américano-iraniennes
James Petras
Samedi 9 novembre 2013
Le premier ministre israélien,
Benjamin Netanyahu, est intervenu depuis
Tel-Aviv pour condamner toute
possibilité d’accord entre le groupe 5+1
et l’Iran. Pour saboter les négociations
de Genève, son gouvernement a mobilisé
ses puissants relais aux États-Unis, qui
ont eux-mêmes mobilisés les
parlementaires et les journalistes
qu’ils ont corrompus. Le professeur
James Petras décrit ici la manière dont
Israël impose ses objectifs au
Législatif et à l’Exécutif états-uniens
depuis une cinquantaine d’années.
« Les
groupes politiques pro-Israël
tels que le AIPAC travaillent
avec un financement illimité à
détourner la politique
américaine dans la région
(du Proche-Orient). »
Jack Straw , membre
(travailliste) du Parlement et
ancien ministre des Affaires
étrangères du Royaume-Uni.
« Les États- Unis
devraient lancer une bombe
atomique sur l’Iran pour inciter
le pays à mettre fin à son
programme nucléaire. »
Sheldon Adelson, le plus grand
donateur du Parti républicain et
un grand collecteur de fonds
pour les comités d’action
politique pro-israéliens,
discours à l’Université Yeshiva
à New York, le 22 Octobre 2013.
La question de la guerre ou de la
paix avec l’Iran repose sur les
politiques adoptées par la
Maison-Blanche et le Congrès. Les
ouvertures de paix de Rohani, le
président iranien nouvellement élu,
ont résonné favorablement dans le
monde entier, sauf avec Israël et
ses acolytes sionistes en Amérique
du Nord et en Europe. La première
séance de négociation s’est déroulée
sans récrimination et a donné lieu à
une évaluation optimiste des deux
côtés. Précisément à cause de cette
réponse initiale favorable, le
gouvernement israélien a intensifié
sa guerre de propagande contre
l’Iran. Ses agents au Congrès, dans
les médias et dans l’Exécutif sont
mobilisés pour saper le processus de
paix. Ce qui est en jeu, c’est la
capacité d’Israël à mener des
guerres par procuration à l’aide de
l’armée des États-Unis et de ses
alliés de l’Otan contre tout
gouvernement contestant la
suprématie militaire israélienne au
Proche-Orient, l’annexion violente
du territoire palestinien et sa
capacité à attaquer n’importe quel
adversaire en toute impunité. Pour
comprendre ce qui est en jeu dans
les négociations de paix en cours,
il faut envisager les conséquences
d’un échec : sous la pression
d’Israël, Washington s’est déclaré
prêt à activer ses armées —il
s’agirait concrètement de frappes de
missiles et d’une campagne de
bombardement contre 76 millions
d’Iraniens en vue de détruire leur
gouvernement et leur l’économie—.
Téhéran pourrait riposter contre une
telle agression en ciblant les bases
militaires US dans la région et les
installations pétrolières du Golfe
ce qui provoquerait une crise
mondiale. C’est ce que veut Israël.
Nous allons commencer par examiner
le contexte de la suprématie
militaire d’Israël au Proche-Orient.
Nous allons ensuite procéder à
l’analyse de l’incroyable pouvoir
d’influence d’Israël sur le
processus politique états-unien et
comment il façonne le processus de
négociation aujourd’hui, avec un
accent particulier sur son pouvoir
au Congrès.
Le
contexte de la suprématie militaire
israélienne au Proche-Orient
Depuis la fin de la Seconde
Guerre mondiale, Israël a bombardé,
envahi et occupé plus d’États du
Proche-Orient et d’Afrique que
n’importe quelle autre puissance
coloniale précédente, excepté les
États-Unis. La liste de ses victimes
comprend : la Palestine, la Syrie,
le Liban, l’Égypte, l’Irak, la
Jordanie, le Soudan et le Yémen. Si
l’on inclut les États où Israël a
lancé des attaques et des
assassinats terroristes
quasi-clandestins, la liste serait
grandement élargie pour en inclure
une douzaine en Europe et en Asie —y
compris les États-Unis—.
La projection de la puissance
militaire d’Israël et sa capacité à
mener des guerres offensives à
volonté sont accompagnées d’une
impunité quasi-totale. En dépit de
ses violations répétées du droit
international, y compris ses crimes
de guerre, Israël n’a jamais été
condamné par un tribunal
international ou soumis à des
sanctions économiques parce que
Washington utilise son veto au
Conseil de sécurité de l’Onu et la
pression de ses alliés de l’Otan et
de l’UE.
La suprématie militaire d’Israël
a moins à voir avec le rayonnement
techno-industriel inhérent de ses
fauteurs de guerre et plus à voir
avec les transferts et le vol pur et
simple de la technologie nucléaire,
chimique et biologique et des armes
des États-Unis [1].
Les sionistes d’outre mer, aux
États-Unis et en France, ont joué un
rôle stratégique dans le vol et
l’expédition illégale de la
technologie nucléaire et de
composantes d’armes en Israël, selon
une enquête menée par l’ancien
directeur de la CIA, Richard Helms.
Israël maintient d’énormes stocks
d’armes biologiques et refuse tout
accès à des inspecteurs
internationaux d’armement et n’est
pas tenu de respecter les traités de
non-prolifération des armes
nucléaires et chimiques en raison de
l’intervention diplomatique
états-unienne. Sous la pression de
la « Configuration du pouvoir
sioniste » (CPS), Washington a
bloqué toute action qui pourrait
limiter la production par Israël
d’armes de destruction massive. En
fait, les États-Unis, en violation
du droit international, continuent
de fournir à Israël des armes
stratégiques de destruction massive
pour qu’il les utilise contre ses
voisins.
L’aide militaire US et les
transferts de technologie vers
Israël ont dépassé 100 milliards de
dollars au cours du dernier
demi-siècle. L’intervention
diplomatique et militaire US était
cruciale pour sauver Israël de la
défaite pendant la guerre de 1973.
Le refus du président Lyndon Johnson
de défendre le navire de
renseignement désarmé, l’USS
Liberty en 1967, après qu’il eut
été bombardé et couvert de napalm
par des avions de combat israéliens
et des navires de guerre dans les
eaux internationales, a constitué
une grande victoire pour Israël
grâce aux conseillers sionistes de
Johnson. En raison de son impunité,
même lorsqu’il tue des militaires
états-uniens, Israël a les mains
libres pour mener des guerres
d’agression et dominer ses voisins,
commettre des actes de terrorisme et
assassiner ses adversaires à travers
le monde sans crainte de
représailles.
La supériorité militaire
non-contestée d’Israël a converti
plusieurs de ses voisins en
collaborateurs quasi-clients :
l’Égypte et la Jordanie ont servi
d’alliés de facto avec les
monarchies du Golfe, en aidant la
répression par Israël des mouvements
nationalistes et pro-palestiniens de
la région.
Le facteur le plus déterminant
dans l’essor et la consolidation du
pouvoir d’Israël au Proche-Orient
n’a pas été ses prouesses
militaires, mais sa portée politique
et l’influence qu’il exerce par
l’intermédiaire de ses agents aux
États-Unis. Les guerres de
Washington contre l’Irak et la
Libye, ainsi que son soutien actuel
aux mercenaires contre la Syrie, ont
détruit les trois principaux
opposants nationalistes laïques à
ses ambitions hégémoniques.
Alors qu’Israël accumule plus de
puissance dans la région,
élargissant sa colonisation du
territoire palestinien, son regard
se tourne vers l’est pour détruire
le dernier obstacle de sa politique
coloniale : l’Iran.
Depuis au moins deux décennies,
Israël a demandé à ses agents à
l’étranger de détruire le
gouvernement iranien en
déstabilisant sa société, en
assassinant ses scientifiques, en
bombardant ses établissements
militaires et ses laboratoires et en
étranglant son économie.
Après que la CPS ait réussi à
pousser les États-Unis vers la
guerre contre l’Irak en 2003
—déchiquetant littéralement sa
société laïque et tuant plus d’un
million d’Irakiens—, elle a tourné
son dévolu sur la destruction du
Liban (Hezbollah) et le gouvernement
laïque de la Syrie afin d’isoler
l’Iran et de préparer une attaque.
Alors que des milliers de civils
libanais ont été abattus en 2006,
l’attaque du Liban par Israël a
échoué, malgré le soutien du
gouvernement états-unien et malgré
une campagne de propagande sauvage.
Rendu hystérique par son échec tout
autant que pour « compenser » sa
défaite face au Hezbollah et pour
« remonter son moral », Israël a
envahi la Bande de Gaza en 2008-09
—le plus grand camp de prison à ciel
ouvert du monde— et l’a détruite une
grande partie .
N’ayant pas la capacité militaire
d’attaquer l’Iran pour son propre
compte, Israël a orienté ses agents
vers la manipulation de Washington
pour commencer une guerre avec
Téhéran. Les dirigeants militaristes
à Tel-Aviv ont mobilisé leurs atouts
politiques à travers les États-Unis
pour travailler à détruire l’Iran
—le dernier adversaire redoutable à
la suprématie d’Israël au
Proche-Orient—.
La stratégie israélo-CPS est
conçue pour ouvrir la voie à une
confrontation entre l’Iran et les
États-Unis, en utilisant ses agents
dans l’Exécutif ainsi que sa
corruption et son contrôle du
Congrès. Le contrôle de la CPS sur
les médias de masse renforce sa
campagne de propagande : tous les
jours le New York Times et le
Washington Post publient des
articles et des éditoriaux afin de
promouvoir l’agenda de guerre
d’Israël. Le CPS utilise le
département d’État pour forcer
d’autres pays de l’Otan à eux aussi
affronter l’Iran.
La guerre
par procuration d’Israël contre
l’Iran : la pression politique
états-unienne, les sanctions
économiques et les menaces
militaires
Seule, la « guerre » d’Israël
contre l’Iran ne constituerait pas
grand chose de plus que son sabotage
cybernétique, des assassinats
périodiques de scientifiques par ses
agents rémunérés au sein de groupes
terroristes et des discours
incessants de politiciens israéliens
et de leur foule de bénis-oui-oui.
En dehors d’Israël, cette campagne a
eu peu d’impact sur l’opinion
publique. La « guerre » d’Israël
contre l’Iran dépend exclusivement
de sa capacité à manipuler la
politique US à l’aide de ses agents
locaux, des groupes qui dominent le
Congrès, et via les nominations de
fonctionnaires occupant des postes
clés dans les départements du
Trésor, du Commerce et de la
Justice, et comme « conseillers »
aux affaires du Proche-Orient.
Israël ne peut pas organiser une
campagne de sanctions efficaces
contre l’Iran, ni influencer
quelques pouvoirs importants. Seuls
les États-Unis le peuvent. La
domination d’Israël au Proche-Orient
provient entièrement de sa capacité
à mobiliser ses mandataires aux
États-Unis à qui est assignée la
tâche d’assurer la soumission totale
aux intérêts d’Israël des
représentants élus —en particulier
en ce qui concerne les adversaires
régionaux d’Israël—.
Stratégiquement placé, les
citoyens à « double nationalité
américano-israélienne » ont utilisé
leur citoyenneté US pour obtenir des
postes de haute responsabilité au
sein du gouvernement, directement
impliqués dans les politiques
touchant Israël. Comme Israéliens,
leurs activités sont conformes aux
préceptes de Tel-Aviv. Dans
l’administration Bush (2001-2008)
ces haut fonctionnaires,
« Israéliens en premier », ont
dominé le Pentagone (Paul Wolfowitz,
Douglas Feith), la sécurité au
Proche-Orient (Martin Indyk, Dennis
Ross), le bureau du vice-président
(« Scooter » Libby), les
départements du Trésor (Stuart Levey)
et de la Sécurité de la Patrie
(Michael Chertoff). Dans
l’administration Obama les
« Israéliens en premier »
comprennent Dennis Ross, Rahm
Emanuel, David Cohen, le secrétaire
au Trésor "Jake le serpent" Lew, le
secrétaire au Commerce Penny
Pritzker et Michael Froman en tant
que Représentant au Commerce, parmi
d’autres.
La puissance par procuration
d’Israël au sein de l’Exécutif est
comparable à sa domination du
Congrès. Contrairement à certaines
critiques, Israël n’est ni un
« allié », ni un « client », des
États-Unis. La preuve de la brute
asymétrie de la relation abonde dans
le dernier demi-siècle. En raison de
ces agents puissants dans le Congrès
et au sein du pouvoir exécutif,
Israël a reçu plus de 100 milliards
de dollars des États-Unis au cours
des 30 dernières années, soit plus
de 3 milliards de dollars par année.
Le Pentagone a transféré de la
technologie militaire sophistiquée
et s’est engagé dans plusieurs
guerres pour le compte d’Israël. Le
Trésor états-unien a imposé des
sanctions bloquant des
investissements potentiellement très
lucratifs au Proche-Orient (Iran,
Irak et Syrie) privant le secteur
agricole, manufacturier et les
compagnies pétrolières de plus de
500 milliards de dollars de
recettes. La Maison-Blanche a
sacrifié la vie de plus de 4 400
soldats états-uniens dans la guerre
en Irak —une guerre promue par les
mandataires d’Israël à la demande
des dirigeants d’Israël—. Le
département d’État a rejeté les
relations amicales et rentables avec
plus de 1,5 milliard de musulmans en
soutenant la colonie illégale de
plus d’un demi million de colons
juifs qui occupent militairement la
terre palestinienne en Cisjordanie
et à Jérusalem.
La question stratégique est de
savoir comment et pourquoi cette
relation unilatérale entre les USA
et Israël persiste depuis si
longtemps, même si cela va à
l’encontre de tant d’intérêts
stratégiques et de l’élite des
États-Unis ? La question la plus
pressante et immédiate est comment
cette relation historiquement
déséquilibrée affecte les sanctions
américano-iraniennes contemporaines
et les négociations nucléaires ?
L’Iran et
les négociations de paix
Sans doute le président iranien
nouvellement élu et son ministre des
Affaires étrangères sont prêts à
négocier la fin des hostilités avec
les États-Unis en faisant des
concessions majeures garantissant
l’utilisation pacifique de l’énergie
nucléaire. Ils ont déclaré qu’ils
sont ouverts à réduire, voire à
mettre fin à la production d’uranium
hautement enrichi, à réduire le
nombre de centrifugeuses et même à
permettre des inspections intrusives
spontanées, entre autres
propositions prometteuses. Le
gouvernement iranien propose une
feuille de route avec des objectifs
finaux dans le cadre des accords
initiaux. La Haute-représentante aux
Affaires étrangères de l’Union
européenne, Catherine Ashton, a émis
des commentaires favorables sur la
première rencontre.
L’administration états-unienne a
donné des signaux contradictoires
après les invitations iraniennes et
la séance d’ouverture. Certains
commentaires individuels sont
prudemment positifs, d’autres sont
moins encourageants et rigides. Les
sionistes de l’administration comme
Jack Lew, le secrétaire au Trésor,
insistent pour que les sanctions
soient maintenues jusqu’à ce que
l’Iran respecte toutes les demandes
US (c’est à dire « israéliennes »).
Le Congrès, acheté et commandé par
la CPS, rejette les ouvertures
prometteuses et flexibles
iraniennes, en insistant sur les
« options » militaires ou le
démantèlement total du programme
nucléaire légal et pacifique de
l’Iran —positions de la CPS visant à
saboter les négociations—. À cette
fin, le Congrès a adopté de
nouvelles sanctions économiques plus
extrêmes afin d’étrangler l’économie
pétrolière de l’Iran.
Comment
les comités d’action politique
d’Israël contrôlent le Congrès et
préparent la guerre contre l’Iran
La Configuration du pouvoir
sioniste utilise sa puissance de feu
financière pour dicter la politique
du Congrès au Proche-Orient et pour
veiller à ce que la Chambre et le
Sénat US ne s’éloignent pas d’un
iota des intérêts d’Israël.
L’instrument sioniste utilisé dans
l’achat des élus aux États-Unis est
le comité d’action politique (CAP ;
« PAC » en anglais).
Grâce à une décision de la Cour
suprême en 2010, les Super CAPs
dépensent d’énormes sommes afin
d’élire ou de détruire des
candidats. Ils agissent pour le
compte d’Israël. Tant que ces fonds
ne vont pas directement au candidat,
ces Super PACs n’ont pas à révéler
les sommes qu’ils dépensent et
comment elles sont dépensées. Les
estimations prudentes de fonds
directs et indirects liant la CPS et
les parlementaires états-uniens
s’élèvent à près de 100 millions de
dollars au cours des 30 dernières
années. La CPS achemine ces fonds au
Législatif en général et en
particulier aux membres de comités
du Congrès impliqués dans la
politique étrangère, en particulier
les présidents des sous-comités qui
traitent avec le Proche-Orient. Sans
surprise, les plus grands
bénéficiaires au Congrès d’argent
CPS sont ceux qui ont activement
promu des politiques de la ligne
dure d’Israël. Ailleurs dans le
monde, ces retombées à grande
échelle sur des élections
législatives seraient considérées
comme de la corruption flagrante et
deviendraient l’objet de poursuites
judiciaires sanctionnées par
l’emprisonnement des deux parties.
Aux États-Unis, l’achat et la vente
de la voix d’un homme politique est
appelé « lobbying ». Elle est légale
et ouverte. La branche législative
du gouvernement états-unien en est
venue à ressembler à une maison de
prostitution de luxe ou une vente
aux enchères de négriers blancs
—mais avec la vie de milliers de
personnes en jeu—.
Le CPS a acheté le soutien des
élus au Congrès à grande échelle :
sur 435 membres de la Chambre des
Représentants, 219 ont reçu des
paiements de la CPS en échange de
leurs votes pour Israël. La
corruption est encore plus répandue
chez les 100 sénateurs, 94 d’entre
eux ayant accepté de l’argent pour
leur fidélité à Israël. La CPS
déverse de l’argent aussi bien sur
les républicains que sur les
démocrates, assurant ainsi
d’incroyables votes presque unanimes
(« bipartisans ») en faveur de
« l’État juif », y compris ses
crimes de guerre, comme les
bombardements de Gaza et du Liban,
sans compter les plus de 3 milliards
de dollars US des contribuables
versés à Tel-Aviv. Au moins 50
sénateurs ont recueilli entre
100 000 et 1 million de dollar
chacun en argent CPS au cours des
dernières décennies. En échange, ils
ont voté pour plus de 100 milliards
de dollars de subventions à Israël
... en plus d’autres « services et
paiements » . Les députés sont moins
chers : 25 parlementairess ont reçu
entre 238 000 et 500 000 dollars,
tandis que le reste n’a reçu que des
miettes. Quel que soit le montant,
le résultat net est le même : les
membres du Congrès reçoivent leur
texte à partir de leurs mentors
sionistes dans les CAP, les Super
CAPs et l’AIPAC. Ils appuient toutes
les guerres d’Israël au
Proche-Orient et se font promoteurs
de l’agression US en faveur
d’Israël.
Les législateurs les plus
virulents et les plus influents
obtiennent les plus gros morceaux :
le sénateur Mark Kirk (Bombes sur
Téhéran !) est en tête de la liste
des goinfres avec 925 000 dollars en
retombées CPS, suivi par John McCain
(Bombes sur Damas !) avec 771 000
dollars, tandis que les sénateurs
Mitch McConnell, Carl Levin, Robert
Menendez, Richard Durban et d’autres
sionistophiles ne se gênent pas
quand vient le moment de tendre
leurs petits bols de quêteur lorsque
les porteurs de sous pro–Israël des
CAPs arrivent ! Floride Ileana Ros-Lehtinen
arrive en tête de la liste de la
« Maison » avec 238 000 dollars pour
son record de positions 100 %
pro-Israël ainsi que pour être plus
belliciste que Netanyahou lui-même !
Eric Cantor a obtenu 209 000 dollars
pour ses « guerres pour Israël »
avec des vies états-uniennes tout en
réduisant les retraites des
personnes âgées. Steny Hoyer, chargé
de la discipline de la minorité de
la Chambre a obtenu 144 000 dollars
pour avoir ramené vers Israël les
quelques démocrates chancelants. Le
chef de la majorité, John Boehner, a
été payé 130 000 dollars pour faire
la même chose chez les Républicains.
Le CPS a dépensé d’énormes sommes
afin de punir et de détruire une
douzaine de parlementaires
dissidents qui avaient résisté aux
guerres d’Israël et à son grotesque
bilan de violations des droits de
l’homme. Le CPS a versé des millions
dans des campagnes individuelles,
non seulement pour le financement de
candidats de l’opposition qui ont
promis allégeance à Israël, mais
pour des campagnes de diffamation
des critiques d’Israël. Ces
campagnes ont été montées dans les
parties les plus obscures des
États-Unis, y compris dans la
majorité des districts
afro-américains où les intérêts
sionistes locaux et leur influence
sont par ailleurs tout à fait nuls.
Il n’y a pas de CAP, de super
CAP, de chef de parti ou
d’organisation civique comparable
qui puissent contester le pouvoir de
la cinquième colonne d’Israël. Selon
les documents archivés par le
chercheur courageux, Grant Smith de
IRMEP, quand il s’agit d’Israël, le
ministère de la Justice a
catégoriquement refusé d’appliquer
les lois fédérales exigeant la
poursuite de citoyens états-uniens
qui travaillent secrètement pour un
État étranger —au moins depuis
1963—. D’autre part, la CPS, à
travers ce que l’on appelle l’
« Anti-Defamation League »
(équivalent de la Licra française),
a fait pression avec succès auprès
du ministère de la Justice, du FBI
et de la NSA, pour enquêter et
poursuivre des citoyens respectueux
de la loi et patriotiques qui ont
critiqué les vols de terre
palestinienne et les corrupteurs
sionistes du système politique US.
La corruption et la dégradation
de la démocratie états-unienne est
rendue possible par la « presse
respectable » également compromise
et corrompue. Steve Lendman,
critique des médias, a souligné le
lien direct entre Israël et les
médias dans son enquête sur le
New York Times. Les principaux
journalistes (« justes et
équilibrés ») produisant des
rapports sur Israël ont de forts
liens familiaux et politiques envers
ce pays et leurs articles ne sont
que de la propagande. Ethan Bronner,
journaliste du Times, dont le
fils a servi dans les Forces de
Défense d’Israël, est un apologiste
de longue date de l’État sioniste.
Isabel Kershner, journaliste de
Times, dont « l’écriture »
semblent sortir tout droit du
ministère israélien des Affaires
étrangères, est mariée à Hirsh
Goodman, conseiller du régime
Netanyahou pour « les Questions de
sécurité ». Le chef du bureau de
Jérusalem du Times, Jodi
Rudoren, vit confortablement dans la
maison ancestrale d’une famille
palestinienne dépossédée de cette
ville antique.
L’inébranlable attitude
pro-Israël du New York Times
fournit une couverture politique et
de la justification aux politiciens
états-uniens corrompus quand ils
battent les tambours de guerre pour
Israël. Il n’est pas surprenant que
le New York Times, comme le
Washington Post, soit
profondément engagé en dénigrant et
en dénonçant les négociations
américano-iraniennes actuelles. Ils
offrent de vastes espaces pour la
rhétorique unilatérale des
politiciens israéliens et leurs becs
états-uniens, tout en excluant
studieusement les voix les plus
rationnelles d’anciens diplomates
expérimentés, de chefs militaires
las de la guerre et de représentants
du monde des affaires et des milieux
universitaires.
Pour comprendre l’hostilité du
Congrès aux négociations nucléaires
avec l’Iran et ses efforts pour les
faire échouer à travers l’imposition
de nouvelles sanctions ridicules, il
est important d’aller à la source du
problème, à savoir les déclarations
des hommes politiques israéliens
clés, qui fixent la ligne de marche
pour leurs mandataires US.
À la fin octobre 2013, Amos
Yadlin, ancien chef du renseignement
de la Défense israélien, a déclaré
devoir choisir entre « la bombe ou
le bombardement » —un message qui a
immédiatement été repris par les 52
présidents des principales
organisations juives
états-uniennes [2]—.
Le 22 octobre 2013, le ministre du
Renseignement d’Israël, Youval
Steinitz, a appelé à de nouvelles
sanctions sévères contre l’Iran. Il
a insisté pour que les États-Unis
les utilisent comme levier afin
d’exiger que l’Iran accepte
d’abandonner entièrement son énergie
nucléaire pacifique et son programme
d’enrichissement. Le ministre de la
Défense Moshe Yaalon a affirmé
qu’« Israël n’acceptera aucun accord
qui permette à l’Iran d’enrichir de
l’uranium ». C’est la position
d’Israël de menacer l’Iran de guerre
(via les États-Unis) s’il ne cesse
pas immédiatement son programme
nucléaire. Ceci définit la position
de tous les grands CAPs, les Super
CAPs pro-israélien et l’AIPAC. Ils
dictent les discours au Congrès. En
conséquence, celui-ci adopte des
sanctions économiques encore plus
extrêmes contre l’Iran afin de
saboter les négociations en cours.
Ceux qui ont reçu les plus grands
pots de vin sionistes sont les plus
véhéments : le sénateur Mark Kirk
(925 379 dollars), auteur d’un
précédent projet de loi sur les
sanctions, exige que l’Iran
abandonne la totalité de son
programme nucléaire et balistique.
Il déclare que le Sénat « devrait
aller de l’avant avec une nouvelle
série de sanctions économiques
visant la totalité des recettes et
des réserves du gouvernement
iranien » [3].
La Chambre des représentants a déjà
adopté une loi limitant fortement la
capacité de l’Iran à vendre son
principal produit d’exportation, le
pétrole. Encore une fois, l’axe
israélo-CPS-Congrès cherche à
imposer au peuple états-unien le
plan de guerre d’Israël ! À la fin
octobre 2013, le secrétaire d’État
Kerry était interrogé pendant sept
heures par le Premier ministre
israélien Netanyahu. Le lâche Kerry
a promis de promouvoir l’agenda
d’Israël en démentelant le programme
d’enrichissement nucléaire de
l’Iran.
Pour contrer la campagne
d’étranglement de l’économie
pétrolière de l’Iran promue par les
laquais d’Israël au Congrès, le
gouvernement iranien a offert de
généreux contrats aux États-Unis et
aux compagnies pétrolières
européennes [4].
Les dispositions protectionnistes
existantes sont en cours de
suppression. Selon les nouvelles
conditions, les sociétés étrangères
choisissent elles-mêmes les zones à
exploiter ou prennent part aux
projets iraniens. L’Iran espère
attirer au moins 100 milliards de
dollars d’investissements au cours
des trois prochaines années. Ce pays
stable dispose des plus grandes
réserves de gaz du monde et de la
quatrième plus grande réserve de
pétrole. En raison des sanctions US
(c’est-à-dire israéliennes) imposées
actuellement, la production a chuté
de 3,5 millions de barils par jour
en 2011 à 2,58 millions de barils
par jour en 2013. La question est de
savoir si les multinationales
états-uniennes et européennes ont le
pouvoir de contester la mainmise de
la CPS sur la politique de sanction
américano-européenne. Jusqu’ici, le
CPS a dominé cette politique
critique et a marginalisé les
multinationales en utilisant les
menaces, le chantage et la
coercition contre les décideurs
états-uniens. Cela a effectivement
exclu les entreprises US du marché
lucratif iranien.
Conclusion
Les États-Unis et les 5 autres
pays qui tentent de négocier avec
l’Iran font face à d’énormes
obstacles pour surmonter la
puissance d’Israël sur le Congrès.
Au cours des dernières décennies,
les agents d’Israël ont acheté la
loyauté de la grande majorité des
membres du Congrès, les formant afin
qu’ils reconnaissent et respectent
les sifflets, les signaux et les
scripts des fauteurs de guerre à
Tel-Aviv.
Cette « Axe de la guerre » a
infligé d’énormes dégâts au monde, a
entraîné la mort de millions de
victimes de guerres états-uniennes
au Proche-Orient, en Asie du Sud et
en Afrique du Nord. La corruption
brute et la faillite largement
reconnue du système législatif sont
dues à sa servilité envers une
puissance étrangère. Ce qui reste à
Washington est un État vassal,
dégradé, méprisé par ses propres
citoyens. Si le Congrès contrôlé par
la CPS réussit encore une fois à
détruire les négociations entre les
États-Unis et l’Iran via de
nouvelles résolutions belliqueuses,
nous, le peuple états-uniens,
devront payer un prix énorme en vies
et en argent.
Le temps est venu d’agir. Il est
temps de se lever et d’exposer le
rôle joué par les CAPs israéliens,
les super CAPs et des 52
organisations juives US à corrompre
le Congrès et à transformer nos
représentants élus en larbins pour
les guerres d’Israël. Il y a eu un
silence assourdissant de nos
critiques, y compris dans la presse
alternative. La preuve est
ouvertement disponible, les crimes
sont indéniables. Le peuple
états-unien a besoin de leaders
politiques réels avec le courage
d’extirper les corrompus et les
corrupteurs et de forcer les
parlementaires à représenter les
intérêts du peuple états-unien.
Traduction
Roger Lagassé
[1]
Grant Smith,
Ten Explosive US Government Secrets
of Israel, IRMEP.
[2]
Daily Alert, le 24 octobre, 2013
[3]
Financial Times, 18 octobre 2013
, p. 6
[4]
Financial Times, 29 octobre 2013
, p 1
James Petras
Professeur émérite de sociologie à
l’université Binghamton de New York.
Dernier ouvrage publié en français :
La Face cachée de la mondialisation :
L’Impérialisme au XXIe siècle,
(Parangon, 2002). Dernier ouvrage publié
en anglais :
The Arab Revolt and the Imperialist
Counter Attack, (Clarity Press,
2011).
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