Avec pour fanal Bernard-Henri
Lévy, le ludion qui leur sert de
tête de gondole, le syndicat des
« néocons » n’observe pas de
relâche, et prépare ses
nouvelles guerres.
Avec de l’argent qui vient du
Qatar, et les idées de
Washington -validées à Tel Aviv-
ouvrir un nouveau chantier de
« révolution » est possible. Les
deux prochains objectifs ?
Provoquer un « printemps
algérien ». Et que cette besogne
ne vienne pas freiner un autre
atelier en cours, recoller une
Libye en morceaux et confier le
pouvoir à des islamistes
« acceptables ». C’est-à-dire
des djihadistes discrets aux
barbes biens taillées. Au
lecteur sceptique je recommande
la lecture des souvenirs
d’Hillary Clinton « Hard Choices »,
les programmes, celui qui a raté
et ceux à venir sont imprimés à
l’intérieur.
Comme un chien pour trouver
la truffe, il suffit de suivre
BHL pour savoir où les choses
doivent se passer. Bêtement, en
novembre dernier, il s’est fait
coincer en Tunisie. Par des
citoyens qui ne veulent plus
entendre parler de lui alors
qu’il festoyait avec Wahid
Burshan, un américano-libyen, un
pion de la CIA programmé pour
contrôler le futur pouvoir sur
le trône de Kadhafi. Chassé et
devenu plus discret, le
philosophe en creux a alors
fréquenté les acteurs réunis à
Genève pour une fantasmatique
« réconciliation nationale » en
Libye. La démocratie n’a pas de
prix et les bonnes affaires,
celles de demain, pas davantage.
Le bonus d’être riche -comme
notre ami BHL qui porte si bien
le plus beau décolleté de Paris-
c’est que l’on n’a pas à
travailler. Avec du temps libre
pour imaginer la mort que l’on
peut provoquer chez les autres.
Outre refaire la Libye à l’aide
de leur super glue, BHL et ses
amis visent un autre grand
chantier, colossal, démolir
l’Algérie et la reconstruire
façon Hollywood.
Sur le pays des « martyrs »
BHL ne cache plus ses idées.
Lors d’un colloque tenu en avril
2012 à Marseille, notre nouveau
Fanon, notre théoricien de la
liberté a détaillé les rêves de
son clan. Pour un pays,
l’Algérie, qui donc, selon le
mari d’Ariel : « n’est pas un
pays arabe ni islamique mais un
pays juif et français, sur un
plan culturel ». Ajoutant que
pour sauver son destin, celui
tracé par BHL et son orchestre,
l’Algérie devra passer par la
case « printemps » (1). Voilà
donc la feuille de route,
l’agenda marouflé croco de celui
qui tire sa fortune d’un vieux
commerce de bois d’Afrique.
C’est une règle connue, les
soldats, les gendarmes et
policiers, les agents de l’ordre
avancent toujours par deux. Dans
sa mission, celle de rendre le
monde meilleur, BHL a trouvé une
âme sœur. Tant mieux, Soumeya
Abdelatif est séduisante et
blonde et riche. Cette égérie,
qui se présente comme « médecin
algérien », partage beaucoup de
qualités de son ami BHL. Comme
lui elle n’est pas philosophe,
comme lui elle dort dans des
draps de soie, comme lui elle
adore la démocratie selon Bush,
sur le modèle de l’Irak.
Officiellement, l’élégante qui
habite Paris, est
vice-présidente de l’Institut
Robert Schuman. Marquons un
petit stop sur ce Schuman qui,
avec Jean Monnet est présenté
comme le « père de l’Europe »,
et remarquons que si Monnet n’a
été qu’un agent américain, le
grand Robert s’est fait
remarquer en figurant sur la
liste des ministres du maréchal
Pétain. C’est dire que
l’Institut Schuman n’est que le
relais des volontés américaines
pour l’Europe.
Pour mieux cadrer la photo de
notre bienfaitrice et maîtresse
en démocratie, un petit recul
s’impose. Soumeya, la princesse
Europe, est née en Algérie d’un
père qui tenait une pharmacie
dans une petite ville des
hauts-plateaux. Mais c’est à
Alger que notre fleur va
s’épanouir, en devenant une
intime de Bouteflika. Si
convainquant que la rumeur
algéroise prétendait que la muse
était capable de faire nommer ou
révoquer les ambassadeurs...
Miracle de la pharmacie, le papa
va vite se retrouver à la tête
d’une jolie fortune, avec
confortable bateau en Espagne et
biens immobiliers en France.
Médecin plus douée pour
l’anatomie que la physiologie,
Soumeya pratique peu l’art
d’Hippocrate. Elle y préfère la
diplomatie qui est souvent celui
d’hypocrites. La diplomatie et
l’art militaire, on la retrouve
à Paris suivant le cursus de
l’Institut des Hautes Etudes de
la Défense Nationale (IHDN),
avec la crème française des
penseurs de guerres, mais aussi
quelques barbouzes. Elle n’est
pas dépaysée puisqu’en Algérie
elle compte de bons amis au sein
des services secrets, le DRS.
Dans le Journal Officiel de la
République Française du 18
janvier 2005 on peut lire
l’arrêté qui précise la qualité
de l’ancienne auditrice, Soumeya.
Son destin est désormais
l’Europe, le dialogue Nord-Sud,
la paix et le développement. Et
l’Institut Schuman est satisfait
de mettre en devanture une
militante venue d’une riche
diversité.
Outre les ballades sur les
hippodromes, comme lors du Grand
Prix de l’Arc de Triomphe, le
destin du monde est vraiment le
job de Soumeya. Assez vite elle
devient un joli poisson dans
l’aquarium de Thierry de
Montbrial qui, lui aussi, lutte
pour le monde libre,
c’est-à-dire américain.
L’élégant Thierry est un pilier
du groupe de Bildenberg, club
fermé de maitres de la planète,
ceux qui comptent dans l’axe du
bien, le politico-financier.
Faut-il préciser que ce « club »
a été créé pour imposer les
choix de Washington à l’Europe.
Désormais, Soumeya orne aussi
les barnums mondiaux organisés
par Montbrial, elle est sur
toutes les photos. Ça fait joli.
Un de ces forums est le World
Policy Conference, un lieu où
l’on imagine le monde idéal,
selon Goldman- Sachs. Des hommes
et des femmes qui se réunissent
plus facilement à Monaco qu’à
Roubaix.
C’est lors d’un de ces
colloques de Soumeya rencontre
le professeur Abdul Latif
Abdulla Al-Meer, un économiste
spécialisé dans la direction des
banques islamiques du Qatar. Ce
savant va ouvrir les portes des
palais de Doha à Soumeya.
Bientôt, à l’invitation d’Hassan
Ben Jassem, dit HBJ, premier
ministre et ministre des
Affaires étrangères de la
dictature qatarie, l’homme le
plus riche du monde, Soumeya
prendra l’habitude de passer
quelques vacances au Maroc. Même
si, aujourd’hui, le furieux HBJ
n’est plus au pouvoir, notre
médecin algérien reste personna
très grata à Doha. Ce qui fait
une recrue supplémentaire pour
la dream team, l’équipe du Qatar
façon hand-ball, pour refaçonner
le monde. Faut-il spécifier que
BHL est l’avant-centre de cette
équipe ?
Pour le dialogue, la paix et
la compréhension, la
réconciliation, notre héroïne se
dépense, d’Abidjan à
Crans-Montana, il faut que ce
monde apprenne enfin à vivre.
Normal pour une vice-présidente
chargée du « dialogue Nord-Sud
pour les pays Arabes et la
Méditerranée ». Quand, selon
l’aveu fait par BHL à Marseille,
les propriétaires du « printemps
arabe » décident de cibler
l’Algérie, Soumeya joue à
domicile. Elle a gardé une
solide relation avec Saïd
Bouteflika, « Monsieur frère »
qui, sauf éclats de voix, ne
peut refuser grand-chose à la
jolie « toubiba ». Et voilà que
ses amis européens lancent un
raid sur l’Algérie, l’idée de
tenir des colloques comme on
tient une arme. L’un d’eux,
prévu à Oran, a pour but de
« définir et formaliser une
éducation interculturelle à la
Citoyenneté démocratique active
et aux Droits de l’homme en
réponse aux défis du XXIe
siècle ». L’affaire n’est pas
mince, elle a surtout pour
objectif de démontrer aux
algériens qu’ils sont loin
d’avoir atteint les standards
philosophiques convenables, ceux
établis par Bush ou son ami
Richard Perle. Qu’ils doivent
donc faire un effort. Du genre
« printemps ». Mais les
colloques ne suffisant pas et
les activistes européens mettent
le grand braquet. Cette fois on
promet à toute association qui
se formerait en Algérie sur le
thème de « la défense des droits
de l’homme », une subvention de
50 à 150 000 euros. L’annonce de
cette ingérence étrangère fait
pas mal de bruit dans la presse
d’Alger trop stupide pour
comprendre le message altruiste.
Heureusement Soumeya a des amis
à Alger, et BHL le ministre
français des Affaires étranges,
en a aussi. Au palais
présidentiel le révolutionnaire
sans révolution compte même
quelques oreilles. Le malheureux
Saïd, le frère du Président, est
sommé de se montrer poli, et de
parcourir le catalogue de
bienfaits promis par BHL,
Soumeya et leurs amis. Et c’est
sous leur pression que les
algériens ont exigé du nouveau
pouvoir tunisien qu’il laisse un
strapontin de ministre aux
religieux d’Ennahdha.
Hélas en Algérie, le
« printemps » rêvé par le BHL
team, ne pourra pas bénéficier
de l’effet de surprise. La
mécanique qui a prévalu pour la
Tunisie, l’Egypte et la Libye
est éventée. Qu’elle est-elle ?
Par le biais des réseaux sociaux
on utilise et canalise la juste
et saine colère d’un peuple
désespéré. On la fait monter en
puissance, on l’assiste. Quand
les révolutionnaires, les vrais,
le premiers et authentiques,
mettent à bas le régime, les
agents d’influence, les voleurs
de révolte, débarquent pour
mettre en place de vrais amis à
eux. Par exemple des Frères
Musulmans, des hommes sûrs qui
feront couler le pétrole vers
les bons barils (2). La
mécanique a fonctionné en
Tunisie, mais les citoyens ont
repris la parole. Elle a marché
en Egypte, jusqu’au coup d’état
de Sissi qui a emprisonné
l’américano-égyptien Morsi. Elle
marchera demain en Libye si la
coalition qui agit sous logo BHL
- financée par le Qatar-
parvient à établir ses barbus au
pouvoir.
L’Algérie reste un os charnu.
La presse y est globalement
libre, les élections sont
crédibles. Il est facile de
parler de gérontocratie mais pas
de dictature. Reste la
corruption, les luttes des clans
pour le pouvoir, le poids des
services de renseignement et
celui du club des généraux. Des
réalités qui obscurcissent
l’image de l’Algérie. A tel
point que, si demain Doha et son
équipe américaine parvenaient à
placer au pouvoir Abassi Madani,
le gourou du Front Islamique,
l’Europe et l’Amérique
trouveraient-là un fantastique
progrès démocratique.
Jacques-Marie BOURGET
(1)
https://www.youtube.com/watch?v=CEbO2TyB-wI
(2) « La face cachée de la
Révolution tunisienne » Mezri
Haddad, éditions Apopsix