Opinion
Moscou sous la neige, Litvinenko
empoisonné,
et la guerre en Syrie
Israël Adam Shamir
©
Israël
Adam Shamir
Jeudi 28 janvier 2016
Source:
http://plumenclume.org/...
« Les Russes envahissent les rues, sous
le coup de l’effondrement du pétrole »
annonce le New York Times.
Certes, des milliers de gens faisaient
la queue dans le centre, à Moscou.
La foule serpentait dans le parc, malgré
la neige et le givre. Ils bravaient
l’hiver trois ou quatre heures durant,
Les vieilles dames dans leurs fourrures,
les messieurs en manteaux longs, les
jeunes en anoraks, toutes sortes de
Russes, de la capitale et de la
province. Pour des soldes incroyables ou
pour échanger en toute hâte leurs
roubles dépréciés contre des dollars,
bref pour tout ce que sont censés
convoiter des gens au désespoir ? Niet,
c’était la queue pour la rétrospective
de Valentin Serov, peintre fin de
siècle, à la Galerie Tretiakov.
Valentin Serov (1865-1911) est un
équivalent russe de Degas ou de Manet,
ou encore de Whistler, pour qui on voit
mal les Occidentaux défier en masse les
rigueurs de la météo. C’est un peintre
figuratif, dans la tradition russe
classique ; il était au courant des
nouvelles tendances, c’était l’un des
fondateurs de l’Art Nouveau, mais il est
resté impeccablement humain. C’est un
peintre très russe, méprisé par les
soi-disant connaisseurs conceptuels qui
préfèrent une boîte de conserve d’Andy
Warhol, un requin de Hirst ou un
hurlement de Pussy Riot. La queue
n’était pas le résultat d’une campagne
de pub, qui avait été modeste dans son
style. C’était plutôt l’expression de la
révolte, aux accès imprévisibles, des
Russes contre le Meilleur des Mondes à
l’occidentale, un mélange de rejet des
politiques de genre, de célébration
ouverte de leur religiosité chrétienne,
et de réprobation des migrations,
légales autant qu’illégales.
Ils n’arrivent pas à comprendre
pourquoi les Allemands invitent les
Syriens à s’installer chez eux, pourquoi
un juge US condamne à des années de
prison une femme pour une histoire
d’amour avec un garçon de dix-sept ans,
pourquoi les maires doivent célébrer des
mariages gay, pourquoi les gens doivent
cacher leurs croix. C’est toute la
scénographie occidentale qui les
consterne, probablement autant que vous
autres.
Les Russes sont massivement
traditionnalistes, dans leurs
comportements, et leur pays vise bien
au-delà du consensus occidental autour
des sanctions. Les Russes
pro-occidentaux, qu’on appelle
« libéraux » (terme équivoque, car ils
adorent Pinochet et Thatcher, l’Otan et
l’Israël) ébahissent leurs concitoyens.
Pour eux Serov est un peintre au front
bas pour une clientèle de beaufs. La
journaliste et artiste « libérale »
Xenia Larina a dit que la seule queue
qu’elle ait aimée, c’est celle qu’on
avait vue à Moscou en 1990, quand le
MacDo avait ouvert, « parce qu’elle
symbolisait notre admission dans le
monde civilisé » (sic). Poutine a visité
la rétrospective, scellant par là même
son destin, aux yeux des libéraux
dédaigneux, car quoi qu’il fasse,
ce ne sera jamais correct à leurs yeux.
C’est la queue des 86%, disent-ils, les
86% qui le soutiennent.
Ce n’est pas ce que le New York
Times attendait des Russes, mais
ils sont imprévisibles. Ils souffrent
bel et bien de l’effondrement du pétrole
et du rouble, et ils rouspètent à cause
du prix des légumes, mais ils restent
sur les rails.
Les juifs de
retour en Russie ?
L’un des tableaux les meilleurs et
les plus célèbres de Valentin Serov ne
figure pas dans la rétrospective. Il
s’agit de L’enlèvement d’Europe,
qui a été emmené en Europe. Pendant des
dizaines d’années, on a pu le voir à la
Galerie Tretiakov, mais dans les années
1990 menaçantes, l’oligarque juif
Vyacheslav Moshe Kantor s’est débrouillé
pour l’acquérir et l’a emporté à
l’étranger. Pour lui, ce n’était pas
grand-chose ; il s’est emparé d’un bon
morceau de l’industrie russe, dans la
foulée. Et il habite maintenant en
Suisse, où il combat l’antisémitisme
qu’il a si bien stimulé. Il a même son
propre Congrès juif européen, comme en
instaure tout oligarque juif qui se
respecte, sous quelque appellation
pompeuse, avec une poignée de membres.
Il n’a pas rendu le tableau, ni ne
l’a prêté pour l’exposition, mais s’est
frayé un chemin jusqu’à Poutine, à
Moscou. Il s’est plaint de
l’antisémitisme européen, et Poutine a
invité les juifs européens à émigrer en
Russie, afin d’échapper aux hordes
hitlériennes qui se pavanent sur les
Champs Elysées.
Bien des juifs européens étaient
partis en Russie dans les années 1930,
parmi lesquels Menachem Begin, le
Premier ministre israélien, et mon
propre père. Ils ont échappé à Hitler,
et trouvé un refuge sûr en Russie
soviétique. L’idée n’est donc pas si
saugrenue qu’il y paraît. Dans un
entretien privé, Poutine a promis à
Netanyahou d’accepter des réfugiés
israéliens si les choses devaient
empirer pour l’Etat sioniste.
Mais ce n’est guère probable. En
attendant, les juifs ne sont en danger
nulle part, malgré le fait qu’ils soient
un danger pour leurs voisins en
Palestine. Les juifs européens s’en
tirent très bien, malgré les tentatives
israéliennes pour leur faire peur et les
pousser à l’Alya vers l’Etat juif.
Poutine est sujet à des rencontres et
à des déclarations bizarres parce qu’il
veut vraiment être ami avec les juifs.
Le problème c’est qu’il ne rencontre pas
les bons. Moshe Kantor est l’oligarque
juif le moins populaire, et il est très
rejeté par des juifs de toute espèce. Ce
genre de rencontre ne fait aucune
publicité positive à Poutine.
Il a encore moins de succès avec les
juifs russes. La communauté juive avait
pratiquement disparu à l’époque
soviétique. Il y a des descendants de
juifs, mais pas de communauté comme
telle. Poutine s’est dit qu’il lui en
fallait une, et il a invité pour cela
les juifs hassidiques, pour organiser
des communautés. Ils sont venus de New
York et d’Europe, et ont commencé à en
créer. Ils savent s’y prendre, des
quantités de communautés juives dans le
monde entier sont des créations du Habad
Loubavitch.
Ces mêmes personnages ont fait
quantité d’excellentes affaires
immobilières. Les communautés russes
juives sont fort riches et prospères,
désormais, ils possèdent des terrains
gigantesques, aux prix élevés. Seulement
à Moscou, ils ont plus de trente
synagogues et centres communautaires, le
plus grand musée juif au monde, et un
nouveau centre sur le Beverly Hills de
Moscou, Rublevka. Il ne leur manque
qu’un détail : ils n’ont pas de juifs
russes. Ils sont tous partis en Israël,
ou ont abandonné la foi de leurs aïeux.
Ce qui n’empêche pas nos Loubavitchs
de construire encore plus de synagogues
et d’importer toujours plus de juifs
pieux. Ils ont une activité missionnaire
et tentent de ramener les descendants de
juifs à la foi traditionnelle, sans
cesser de s’enrichir. Politiquement, ils
sont neutres, et ne disent jamais de mal
de Poutine. Ils multiplient des photos
où on les voit l’encercler avec leurs
chapeaux mous. Mais cela ne dépasse pas
le niveau de l’exercice futile.
Complètement à l’écart de cette
communauté artificielle, il y a des
juifs très actifs politiquement,
s’adonnant aux activités juives
habituelles : relations publiques,
banque, finances, télévision. Certains
sont des fans de Poutine, voire des
sycophantes. Si vous avez l’occasion de
voir un film obséquieux à vomir sur le
président, il est probable que ce soit
une production juive. D’un autre côté,
d’autres descendants de juifs sont
actifs dans l’opposition, de droite
comme de gauche. Aucun d’entre eux n’a
le moindre besoin des communautés
édifiées par les juifs ultra-orthodoxes.
Litvinenko
J’ai été contacté par la radio de
l’armée israélienne, en tant que
journaliste hébréophone à Moscou. Ce que
je pense de la justice britannique qui
accuse personnellement Vladimir Poutine
du meurtre de Litvinenko ? Ce que les
Moscovites pensent de leur président
assassin ? Voilà pour les questions.
J’ai dit que les gens n’y croient pas, à
Moscou. Poutine ne tue personne, en tout
cas pas depuis qu’il est président.
Litvinenko était un personnage tout à
fait mineur, un FSB, un agent du FBI
russe qui s’occupait du crime organisé
dans une ville de province, jusqu’à sa
défection. Il ne pouvait certainement
pas avoir accès à quelque noir secret de
Poutine, si tant est qu’il en ait à
cacher. Ses ragots se dégonflaient vite,
et aucun des accusateurs n’a encore
succombé. C’est pour cela que les Russes
ne prennent pas au sérieux les
allégations britanniques.
Merci, ce sera suffisant, m’a
précipitamment coupé le relai
radiophonique. Connaîtriez-vous
quelqu’un qui parle hébreu à Moscou et
qui aurait un point de vue différent ?
Ou qui soit sûr que c’est Poutine qui
l’a envoyé ad patres ?
Hélas, je ne deviendrai jamais un
journaliste étranger à succès. Je dis et
j’écris toujours ce que je pense et ce
que je vois, indépendamment de ce que
souhaitent les chefs de rédaction. Dans
les lointaines années 1990, alors que
j’habitais Moscou, on m’avait demandé si
les pogromes de juifs allaient bientôt
commencer. Je rejetais catégoriquement
l’idée, tandis que mes confrères de
Newsweek et du Times annonçaient
docilement des tempêtes. Je n’ai rien
observé de ce genre. Le seul danger pour
un juif en 1990, c’était la
surconsommation, parce que c’était le
moment où les oligarques juifs faisaient
bombance.
Malheureusement, mes observations ne
m’assuraient pas une belle carrière dans
le reportage sur la Russie. Les
journalistes étrangers qui étaient à
Moscou et qui réussissaient annonçaient
toujours l’apocalypse, tel l’infâme Luke
Harding[1]
qui avait informé sur le gouvernement
sanglant du KGB et du supposé Etat
maffieux, et qui avait été promu au plus
rang de sa profession. Mais j’aime mieux
m’en tenir à la vérité, dans l’intérêt
de mes lecteurs.
Pour en revenir à Litvinenko, les
Russes ne font pas partie de la ligue
mondiale en matière d’assassinats
politiques. Le président Obama flingue
bien plus d’opposants politiques, avec
ses drones, en un mois, que les Russes
de toute leur vie. Les dirigeants
israéliens sont ceux qui mènent la
ligue ; ils abattent toute figure
politique qui n’est pas aux ordres. Vous
vous souvenez peut-être de la tentative
d’assassinat de Khaled Mashaal en 1997,
qui a fini par un fiasco retentissant ?
Des agents du Mossad se faisant passer
pour des touristes canadiens lui
vaporisèrent du poison dans l’oreille,
en mode shakespearien, mais furent pris
la main dans le sac. En 2004, ils sont
soupçonnés d’avoir empoisonné Yasser
Arafat avec la même substance
radioactive qui a aurait tué aussi
Litvinenko. C’est la raison pour
laquelle il y a des gens dans les
cercles judéo-russes qui attribuent le
meurtre de Litvinenko à son ancien
patron, le milliardaire démoniaque
Berezovsky. Il avait des raisons pour ce
faire, il en avait les moyens, et il
avait un accès de première classe aux
artefacts tueurs du Mossad.
Pourtant, aucun juge britannique n’a
jamais tenté d’inculper un premier
ministre israélien pour assassinat ou
enlèvement, par exemple dans le cas de
Mordechai Vanunu, enlevé sur les ordres
de Shimon Peres.
Quoi qu’il en soit, le fantôme de
Litvinenko n’empêche pas les Moscovites
de dormir ; les gens ne s’intéressaient
pas à lui, même quand il était vivant.
La guerre en
Syrie
La guerre se passe bien, l’armée
russe est contente, les relations avec
les Syriens sont à peu près parfaites,
alors que tant de choses pourraient
tourner mal. L’armée est contente parce
qu’elle a l’occasion d’actionner ses
magnifiques joujoux tout neufs. Le moral
de la force d’intervention est au plus
haut. Le climat syrien est bien plus
agréable que celui de la Russie
centrale, et il y a beaucoup de petites
Syriennes aimables avec les pilotes et
les marines russes. Latakia est en paix,
les restaurants sont ouverts. Ils
envisagent même de faire venir le
célèbre cirque russe, pour encourager
les troupes. Damas est paisible aussi,
dans le centre, on est happé par un
sentiment de sécurité, illusoire,
certes. On pourrait oublier la guerre,
s’il n’y avait au loin des bruits
d’explosions.
La vraie guerre est concentrée autour
du corridor d’Azaz, une étroite bande de
terre qui relie la Turquie aux forces
rebelles à Alep. Elle a rétréci jusqu’à
faire moins de dix kilomètres par
endroits, mais l’armée syrienne n’arrive
pas à la reprendre. Pour la réussite de
toute l’opération, il est capital de
s’emparer du corridor et de couper les
lignes d’approvisionnement, mais il y a
un obstacle politique sérieux, et des
difficultés militaires.
Lors de la dernière rencontre entre
Lavrov et Kerry, le Secrétaire d’Etat a
supplié par six fois son homologue russe
de ne pas intervenir dans le corridor d’Azaz.
Les Américains ne veulent pas avoir à
constater une victoire russe ; et les
Turcs menacent d’envahir si le corridor
est bloqué. Les Kurdes pourraient aider
l’armée à couper le passage, mais ne
sont pas pressés d’entrer dans une
confrontation qui serait aussi sanglante
que dangereuse. Ils préfèrent se tenir
tranquilles à l’écart, en attendant que
d’autres finissent le travail.
Les Kurdes ont peur des Turcs qui
sont juste de l’autre côté de la
frontière, et ne souhaitent pas trop les
indisposer. Ils n’ont pas l’impression
d’avoir beaucoup à gagner d’une victoire
du président Assad. Des chrétiens
syriens m’ont dit que les Kurdes
pénètrent dans leur territoire et tirent
sur les forces de Daech, et que cela
donne lieu à des représailles féroces
contre les chrétiens. Elle est là, la
réalité sectaire de la Syrie, et l’armée
gouvernementale est la seule à se battre
pour le pays tout entier.
Les menaces et les suppliques
n’arrêteraient pas l’avancée de l’armée,
mais c’est un enjeu redoutable que de
reprendre le corridor d’Azaz. Les
rebelles y sont incrustés ; les
islamistes utilisent des kamikazes pour
déjouer l’offensive de l’armée. Ils ont
créé des lignes de défense profondément
retranchées, et les forces de la
coalition russo-syrienne avancent très
lentement, dans le meilleur des cas.
Les Russes disent que les soldats
syriens sont fatigués, et n’ont pas
envie de se battre durement. Le
Mukhabarat (les services secrets
syriens), partenaire indépendant et très
important, croient que la Russie et
l’Iran tiennent à préserver la Syrie, et
les laissent mener les combats. Cette
attitude tend à imprégner l’armée
syrienne. Comme les Kurdes, ils
préfèrent rester au balcon. Les jeunes
en danger d’être signalés préfèrent
filer en Allemagne ou en Suède, et c’est
la première guerre dans l’histoire où
une pareille option existe. Par
endroits, les specnaz russes
(forces aériennes, troupes spéciales et
marines) ont délogé les rebelles, pris
leurs positions et les ont transférés à
l’Armée syrienne, mais l’armée n’a pas
réussi à tenir les positions, et a battu
en retraite dès le premier bombardement
ennemi.
Une brigade iranienne a fait une
tentative et a subi de lourdes pertes.
Certaines unités iraniennes ont été
décimées, et depuis lors, les Iraniens
préfèrent se borner à un rôle de
conseillers militaires. Ils essuient
encore de lourdes pertes, y compris
parmi les haut-gradés. L’Iran dépense
environ dix milliards de dollars par an
dans la guerre de Syrie, selon certaines
sources.
Les forces russes au sol sont
estimées à quelque deux mille soldats et
officiers ; ils sont indispensables pour
la défense de la région de Latakia. Il
semble que Russes et Iraniens devraient
amener des troupes plus nombreuses pour
gagner la guerre, mais cela ne va pas se
produire.
La campagne de bombardements russe a
été un succès en un sens : elle a
convaincu bien des unités rebelles de
négocier. Avant les bombes, aucun ne
voulait entendre parler de négociations
avec le gouvernement d’Assad ;
maintenant, ils sont pour un règlement
pacifique. Comme je l’ai écrit dans mes
articles précédents, le véritable
objectif des opérations aériennes russes
est de forcer les rebelles à accepter
une solution pacifique. Enfin, certains
rebelles du moins, car les Daech et Al
Nosra semblent imperméables à la
persuasion.
Les Russes et les Américains
n’attaquent pas trop Daech, comme s’ils
redoutaient d’avoir à détruire la force
dont ils se sont servis pour justifier
leur ingérence. Les tentatives syriennes
pour avancer à Palmyre ont été
repoussées par Daech. La contre-
offensive de Daech à Deir al Zour a
donné lieu à un massacre de civils ;
l’armée y a mis fin mais n’a pas pu
avancer. La solution politique semble
donc indispensable pour mettre un terme
à la guerre.
La négociation avec l’opposition
armée suppose deux niveaux, local et
international. Localement, des
commissaires russes rencontrent des
commandants rebelles locaux, et tentent
de les convaincre de changer de camp. Au
plan international, les diplomates
russes discutent avec leurs homologues
US ; allemands, turcs, qataris,
saoudiens, sur un agenda et des
personnalités à faire intervenir lors de
la prochaine conférence.
J’ai rencontré un député russe qui a
fini une tournée de rencontres avec les
commandants rebelles. Il m’a dit que les
rebelles font confiance à Bachar mais
pas à ses officiers ni à ses agents
secrets. Il y a beaucoup de sang versé
entre les rebelles et les officiers de
l’armée. Les rebelles demandent des
intermédiaires russes et même des
officiers russes pour les
accompagner. Autrement, disent-ils, les
forces d’Assad vont trahir leurs
promesses. Ils demandent souvent de
l’argent, pour faire allégeance. Il
semble (en dehors des islamistes
fanatiques) que les rebelles sont en
train de chercher une issue à la guerre.
Au niveau international, la
discussion est rude entre la Russie et
les autres. Moscou est un centre de
négociations, tous les dirigeants du
Proche Orient et diplomates européens se
sont rendus à Moscou récemment pour
parler de la Syrie. Parmi eux, il y
avait l’émir du Qatar, qui était très
poli et a été fort aimable avec le
président russe. Il a promis de
s’occuper des intérêts russes en Syrie.
Poutine lui a présenté un superbe
faucon, mais n’a pas cédé sur son
soutien à Assad.
Il y a eu encore des rumeurs sur des
Russes qui demanderaient le retrait d’Assad.
Ce genre de rumeurs surgit
habituellement dans les journaux
d’opposition russe. D’après ce que j’ai
appris de personnalités russes de haut
niveau, il ne s’agit que de rumeurs
fabriquées pour susciter de la méfiance
entre Russes et Syriens. La Russie se
tient aux côtés d’Assad, au moins
jusqu’à ce que le peuple syrien élise un
autre dirigeant.
La conférence sur la Syrie devait se
tenir le 25 janvier ; tandis que j’écris
ces lignes, elle n’a pas encore eu lieu,
et qui y viendra, c’est confus aussi.
Les Turcs s’opposent à la présence
kurde, les Saoudiens rejettent certaines
personnes qui ont l’aval de Moscou, et
les US soutiennent essentiellement la
liste saoudienne.
La plus grande chance pour la paix,
c’est l’épuisement. Les Syriens sont
fatigués de la guerre, et l’intervention
russe a convaincu les rebelles qu’ils ne
peuvent pas gagner. Ils essaient
maintenant de trouver un accord, mais
c’est quelque chose qui prend du temps
aussi.
Ceci étant, les Russes n’ont jusqu’à
présent aucune raison de regretter leur
décision d’aller sauver Bachar al Al
Assad. La Syrie, c’est bien plus
excitant que l’Ukraine orientale, le
climat est plus doux...
Israël Shamir réside à Moscou.
Contact :
israel.shamir@gmail.com
Publication originale :
The Unz Review.
Traduction : Maria Poumier
Le sommaire d'Israël Shamir
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