Opinion
Intouchable, Mr. Browder?
Israël Adam Shamir
William F.
Browder, Chief Executive Officer
Hermitage Capital Management. Copyright
by World Economic Forum
swiss-image.ch/Photo by Michael
Wuertenberg. Credit:
Wikimedia
Commons.
Jeudi 23 juin 20116
Chapeau, Mr
Browder! Je lui tire mon chapeau, à ce
type incroyable! Le mois dernier, il a
réussi à faire arrêter le visionnage
d’un film, L'effet Browder, au
Parlement européen (0), et il a fait
retirer quelques articles de sites
américains. Et voilà que cette semaine,
il a réussi à faire de la projection aux
US (exclusivement) de ce film critique
sur sa propre histoire l'occasion d'un
énorme branle-bas de combat. surtout pas
de liberté d’expression pour ses
ennemis, que nenni! Ses avocats rôdent
et menacent de poursuites quiconque
creuse dans ses affaires sordides. Ses
sbires ont réécrit sa notice Wikipedia,
en expurgeant jusqu’aux discussions sur
le sujet: malgré des centaines de posts,
rien n’a survécu en dehors de la version
officielle. Très peu d’hommes puissants
sont parvenus à effacer leurs traces à
ce point là.
Et malgré cela, la
chance, toujours volage, est en train de
lui tourner le dos, à ce Mr. Browder.
Qui est donc cet
homme extrêmement influent ? Un homme
d’affaires, un politicien, un espion ?
Le magnat juif né américain William
Browder - dit le Jewish
Chronicle - se considère comme
l’ennemi numéro Un de Poutine. Pour lui,
Poutine n’est « pas ami des juifs »,
c’est un « tueur à sang froid » et même
un "dictateur criminel, qui ne diffère
en rien d’ Hitler, de Mussolini ou de
Kadhafi. » Plus précisément, Browder,
c’est l’homme qui a le plus contribué à
déclencher la nouvelle guerre froide
entre l’Occident et la Russie. Les
racines en étaient bien là, certes, mais
c’est lui qui les a fait fleurir. Si les
US et la Russie n’ont pas encore échangé
leurs tirs de sommation nucléaire, ne
lui en faites pas reproche : il a fait
tout ce qu’il a pu. Et ce, pour une
raison particulièrement valable: il a
été frappé par le cruel suppôt d’Hitler
Vladimir Poutine là où cela lui
fait le plus mal, au porte-monnaie. A
moins qu’il y ait eu encore une
meilleure raison ?
C’est un petit fils
du dirigeant communiste américain Earl
Browder (1); il est arrivé en Russie au
moment où celle-ci était le plus
affaiblie après l’effondrement
soviétique, et il a su rafler une
fortune colossale grâce à des
transactions financières opaques. Ce
genre de fortunes n’est pas
l’œuvre du Saint Esprit. Il était
impitoyable, comme n’importe quel
oligarque, pour s’enrichir
personnellement.
Et voilà qu’il
s’est mis en travers de Mr. Poutine, qui
était, et qui reste très tolérant envers
les oligarques tant qu’ils respectent
les lois. Les oligarques ne le seraient
pas s’ils trouvaient cela facile.
Certains d’entre eux ont essayé de
trouver une parade : Kohodorkovsky a
atterri en taule, Berezovsky et Gusinsky
sont partis en exil. Browder était dans
une position particulière : c’était le
seul oligarque juif en Russie qui ne
s’était jamais soucié d’acquérir la
nationalité russe. Il a été interdit de
séjour en Russie, ses sociétés ont fait
l’objet d’un audit, et le résultat
laisse à désirer.
Comme vous pouvez
le supputer, on lui a découvert
d’énormes fraudes fiscales. Browder
pensait que tant qu’il léchait les
bottes à Poutine, il échapperait à une
fin sanglante, et poursuivrait ses
manigances en matière d’évasion fiscale.
Il se trompait. Poutine n’est la
marionnette de personne. Les flatteurs
n’ont pas le champ libre en Russie. Et
Browder avait vu trop grand. Il a commis
deux fautes impardonnables. Les Russes
avaient peur que les étrangers rachètent
tous leurs biens pour une bouchée de
pain, en faisant jouer les taux
d’intérêt favorables et le manque de
capital autochtone, comme cela s’était
produit dans les Etats baltes et
d’autres pays de l’Est, anciennement
communistes. Pour éviter cela, les
actions des firmes les plus sûres,
purement russes, comme Gazprom et
d’autres, ont été négociées entre
citoyens russes exclusivement. Les
étrangers devaient payer bien plus cher.
Browder a fait acheter des quantités
d’actions de ce genre par des hommes de
paille, et il était sur le point de
prendre le contrôle du pétrole et du gaz
russe. Or Poutine supposait bien qu’il
avait agi dans l’intérêt de
grandes compagnies pétrolières
étrangères, pour renouveler les exploits
de Mr. Khodorkovsky.
Sa seconde erreur,
c’est d’avoir été trop cupide. Les
impôts en Russie sont très bas, mais
Browder n’avait pas envie d'en payer du
tout. Il a engagé Mr. Magnitsky, un
fiscaliste expérimenté, qui a mis à
profit des lacunes dans le code des
impôts russes pour éviter toute
taxation. Magnitsky a installé des
sociétés écran basées dans des zones
franches de Russie, telle l’enclave
pastorale Kalmykia, de petite taille,
bouddhiste, et autonome. Le statut
non-imposable de l'enclave lui avait été
garanti afin de favoriser un essor
économique et de réduire le chômage ;
cependant les sociétés de Browder n’ont
nullement contribué au moindre essor
économique et n’ont pas créé d’emploi :
c’était des sociétés sur le papier,
prestement déclarées en faillite par
leur propriétaire.
Autre entourloupe
de Magnitsky, il a créé des sociétés
dirigées par des handicapés, également
exemptés d’impôts. Dans le film,
certaines de ces personnes, souvent
illettrées et à l’intelligence limitée,
parlaient au réalisateur de papiers
qu’ils avaient signés sans avoir pu les
lire, et de sommes modestes reçues pour
laisser transiter des millions par leurs
comptes en banque.
Mr. Browder ne
conteste pas ces accusations ; il dit
qu’il n’y a rien de criminel dans le
fait d’essayer d’éviter les taxes. On
peut lire bien des choses sur les
petites astuces de Magnitsky et Bowder,
et apprendre comment ils ont attaqué des
firmes en faisant jouer les actionnaires
minoritaires et en pratiquant d’autres
schémas limpides.
Mais les méthodes
de Magnitsky ont été éventées, et il a
été arrêté. Dix mois plus tard, en 2009,
il est mort en prison. A cette époque,
son patron Mr. Browder était à
l’étranger, et il a commencé sa campagne
contre la Russie en espérant compenser
ses pertes. Il a prétendu que Mr.
Magnitsky était son avocat, et qu’il
avait découvert des manœuvres
frauduleuses et des larcins chez des
membres du gouvernement, ce pourquoi il
avait été emprisonné et torturé à mort.
(2)
Le Congrès US s’est
précipité pour proclamer le Magnitsky
Act, première salve de la Deuxième
Guerre froide. Selon ce décret, tout
citoyen russe pouvait être déclaré
coupable de la mort précoce de Mr.
Magnitsky et de l’appropriation des
biens de Mr. Browder. On pouvait dès
lors faire main basse sur toute
propriété russe, et geler les comptes
bancaires russes, sans la moindre
formalité juridique ou mise en demeure.
Ce décret, les Russes l’ont jugé
révoltant, d’autant plus qu’ils avaient
mis au frais quelque 500 milliards de
dollars dans des banques occidentales ;
et ils ont riposté à leur tour, ce qui
nous amène à la situation présente.
De fait, l’impact
de la Liste Magnitsky a été minime :
quelque vingt millions de dollars gelés
et une douzaine de gens pas très
importants empêchés de se rendre aux
USA. L’effet psychologique a été bien
plus important ; les élites russes ont
brusquement réalisé qu’elles pouvaient
perdre leur argent et leurs résidences à
tout instant, non pas dans la Russie de
Poutine censé être un suppôt de Satan,
mais dans l’Occident libre, qu’ils
avaient choisi d’avance comme refuge
éventuel. Le Magnitsky Act a pavé la
route de la confiscation chypriote des
dépôts russes, des sanctions après la
guerre de Crimée et du plein déploiement
de la nouvelle Guerre froide.
Tout cela était
bien triste pour la Russie, comme le
premier désenchantement d’un adolescent,
dans son histoire d’amour avec l’Ouest,
mais finalement salutaire, à mon avis.
Une lampée de guerre froide (bien
froide, avec beaucoup de glaçons s’il
vous plaît), c’est bon pour les gens
ordinaires, tandis que le contraire, une
alliance russo-américaine, est bon
pour les élites. La pire époque pour les
gens du peuple, en Russie, ce sont les
années 1988 – 2001, quand les Russes
étaient en amours avec les US. Les
oligarques ont raflé tout ce qu’il
pouvait y avoir à rafler, pour la
revente à l’Ouest, et pour des
cacahuètes. Ils s’achetaient des villas
en Floride tandis que la Russie
s’écroulait. Sale temps pour tout le
monde, d’ailleurs : les US envahissaient
le Panama et l’Afghanistan sans
rencontrer d’opposition, l’Irak était
puni de mort, la Yougoslavie bombardée
et morcelée.
La guerre froide
refaisant surface, une certaine
normalité est revenue : les Russes ont
arrêté les US dans leur élan pour
détruire la Syrie, les officiels russes
ont appris à aimer Sotchi au lieu de
Miami. Pour cette seule raison, Browder
mérite d’être compté au nombre des
puissances qui veulent éternellement le
mal, et qui, tout aussi régulièrement,
amènent du mieux. Ce qui ne veut pas
dire que le gouvernement russe ait
apprécié la douche froide.
Les Russes ne
reconnaissent aucune erreur ou motif
politique pour justifier le fait de
traiter avec Browder. Ils disent que
Magnitsky n’était pas un avocat, mais
seulement un expert en fiscalité, et
qu’il avait été arrêté et jugé pour ses
manigances en matière d’évasion fiscale,
puis qu’il est mort de sa belle mort en
prison. Personne ne les a écoutés,
jusqu’à ce qu’on demande à Browder de
témoigner sous serment, aux US. Rien à
faire, il renâclait ! Pendant deux ans,
des avocats avaient lancé des sommations
et citations à comparaître, mais il
courait vite. Il y a des
vidéos très drôles où on le voit
prendre la fuite devant la police US, à
New York.
Un peu de bon sens
s’est glissé dans les méninges
américaines. The New Republic se
posait la question : si Browder était
vraiment victime de persécutions en
Russie et avait préféré le système
de la justice américaine pour rétablir
l’objectivité, pourquoi refusait-il
tellement de comparaître devant un
tribunal américain ?
Arrive Mr Andey
Nekrassov, réalisateur russe dissident.
Il avait produit quelques films jugés
hautement critiques du gouvernement
russe. Il avait allégué que le FSB avait
bombardé des maisons à Moscou pour
justifier la guerre de Tchétchénie. Il
avait condamné la guerre russe contre la
Géorgie en 2008, et reçu une médaille
des autorités géorgiennes ; il ne
mettait pas en doute la version
occidentale de l’affaire
Browder-Magnitsky, et il a décidé de
faire un film sur le noble homme
d’affaires américain et le brave avocat
russe qui se battait pour les droits de
l’homme. Les organisations européennes
et les parlementaires avaient fourni le
budget pour le film. Ils comptaient bien
sur le film pour dénoncer Poutine et
glorifier Magnitsky le martyr.
Cependant, tandis
qu’il faisait son film, Mr Nekrassov a
connu son chemin de Damas : il a réalisé
que tout le récit à la gloire de Browder
reposait sur les paroles infondées de
Mr. Browder lui-même. Après des
recherches laborieuses, il est arrivé à
des conclusions très différentes, et
dans sa version des faits, Browder est
un escroc qui tente d’échapper à la loi,
tandis que Magnistsky était son
compère dans ses activités
inadmissibles.
Nekrassov a
découvert une interview donnée par
Magnitsky en prison. Dans ce document,
il disait qu’il redoutait que Browder le
fasse assassiner pour l’empêcher de le
dénoncer, et qu’il en ferait son bouc
émissaire. De fait, Browder a bel et
bien tenté d’acheter le journaliste qui
avait fait l’interview pour obtenir une
version expurgée de la chose. Browder
avait été le principal bénéficiaire de
la mort du susdit, tandis que les
enquêteurs s’étaient estimés satisfaits
de la collaboration de Magnitsky.
Nekrassov n’a pas
pu trouver la moindre preuve que
Magnitsky ait cherché à enquêter sur les
malversations d’officiels du
gouvernement. Il était trop occupé à
cacher ses propres manœuvres d’évasion
fiscale. Et au lieu d’alimenter ses
notions préconçues sur le sujet,
Nekrassov a fait
un film sur ce qu’il avait appris.
La projection du
film avait été empêchée par le puissant
Mr Browder au Parlement européen, mais à
Washington, il y a des gens d’une autre
trempe. Malgré les menaces de Browder,
le film a été projeté, présenté par le
meilleur des journalistes
d’investigation américains, Seymour
Hersch, qui a bientôt quatre-vingts ans,
et reste intraitable. Il faut bien
reconnaître qu’il n’y a pas plus
farouche en matière de liberté
d’expression que les US, sur toute la
terre.
Qu’est-ce qui rend
ce Browder si puissant ? C’est qu’il
investit dans les hommes politiques.
C’est probablement une qualité unique
chez les juifs : ils dépensent plus que
quiconque en contributions pour certains
personnages. Les Arabes dépenseront plus
en chevaux et en jets, les Russes aiment
l’immobilier, les juifs aiment les
politiques. La chaîne russe NTV a
rapporté que Browder a généreusement
financé les gens qui font les lois aux
US. Et elle présente des preuves de
transfert d’argent : une centaine de
milliers de dollars a été donnée par les
structures de Browder –officiellement–
pour les sénateurs et les membres du
Congrès, afin de les faire
accoucher de la liste Magnitsky.
Des sommes bien
plus importantes ont été transférées
grâce aux bons offices des Frères Ziff,
des hommes d’affaires judéo-américains
super-riches, ont dit les enquêteurs
dans deux articles publiés sur
Veteran News Network et sur le Huffington
Post. Ces deux articles ont été
retirés des sites très vite sous la
pression des avocats de Browder, mais on
peut les retrouver en cache. Ils
révèlent le nom du principal
bénéficiaire de la générosité de
Browder: il s’agit du sénateur Ben
Cardin, un Démocrate du Maryland. C’est
lui, le moteur derrière la Liste
Magnitsky, au point que la dite a
souvent été qualifiée “liste de Cardin”.
Il soutient ardemment Hillary Clinton,
et milite pour une bonne guerre froide.
Qui plus est, Cardin est un membre
éminent du lobby israélien.
L’affaire Browder
est un cocktail concocté tout en haut de
la classe juive huppée, à base de fric,
d’espions, de politiciens, et de crime
international. Presque tous les
personnages impliqués se révèlent être
des juifs, pas seulement Browder, les
Frères Ziff et Ben Cardin. Même son
ennemi, le bénéficiaire de l’escroquerie
qui (selon Browder) a mis le grappin sur
ses avoirs russes, est un autre homme
d’affaires juif, Dennis Katsiv (qui a
été en partie blanchi par un tribunal de
New York, car « combattre
Poutine ne suffit pas à faire de vous un
saint »).
Browder a commencé
à s’ouvrir un chemin d’accès aux riches
sous le patronage de Robert Maxwell, un
très riche et très malhonnête hommes
d’affaires juif né tchèque, qui avait
pris un nom écossais. Maxwell a détourné
quelques millions de dollars des fonds
de pension de sa société avant de mourir
dans de mystérieuses circonstances à
bord de son yacht au milieu de
l’Atlantique. Ari Ben Menash, membre du
renseignement militaire israélien, a
affirmé qu’il avait été un agent du
Mossad pendant des années, et il a aussi
dit que Maxwell avait payé les
Israéliens, en ce qui concerne le
lanceur d’alerte Mordechai Vanunu.
Vanunu a été kidnappé et a passé bien
des années dans les geôles israéliennes
(18 une première fois). (3)
Geoffrey Goodman a écrit que Maxwell
« avait certainement été, en pleine
conscience, utilisé comme un agent de
renseignement Est-Ouest à double sens.
Cet arrangement incluait le faitde
passer de l’information aux forces
secrètes israéliennes, avec lesquelles
il était devenu de plus en plus lié à la
fin de sa vie. »
Après Maxwell,
Browder a fait allégeance à Edmond
Safra, un banquier juif très riche,
d’origine libanaise, qui a aussi joué
dans la partie Est-Ouest. Safra lui a
fourni le fonds de roulement pour son
fonds d’investissement. La banque de
Safra était la place improbable où le
prêt du FMI de quatre milliards de
dollars à la Russie avait été transféré,
et où les dits milliards ont disparu.
Les autorités russes disent que Browder
a été impliqué dans ce « casse du
siècle », car très proche de Safra. Le
nom du banquier a été rattaché au
Mossad : craignant pour sa vie, Safra
s’était entouré d’hommes de main du
Mossad, bien entraînés. Ce qui ne lui a
guère servi, car il a péri dans
d’atroces souffrances lorsque l’un de
ses gardes du corps a mis le feu à sa
villa.
Le troisième
oligarque juif que Browder a trouvé sur
sa route était Boris Berezovsky, le
faiseur de rois de la Russie sous
Eltsine. Il est mort lui aussi dans sa
salle de bain (une constante, en quelque
sorte, dans ce milieu) ; apparemment
c’était un suicide. Berezovsky avait été
très actif politiquement ; il soutenait
chaque force anti Poutine en Russie.
Cependant, quelques mois avant sa mort,
il avait demandé la permission de
revenir en Russie, et certaines
négociations avaient avancé, entre lui
et les autorités russes.
Le chef de la
sécurité de Berezovsky Sergueï Sokolov
est arrivé en Russie et il apportait
avec lui certains documents que feu son
maître avait préparés pour son retour.
Ces documents affirment que Browder
avait été un agent des services
d’intelligence occidentaux, de la CIA
pour commencer, et du M16 dans les
années suivantes. Il avait reçu un nom
de code, Solomon, parce qu’il
travaillait pour Salomon Brothers. Son
activité financière[3]
était juste une couverture pour ses
projets véritables, qui consistaient à
collecter des données économiques et
politiques sur la Russie, et à livrer
la guerre économique contre la Russie.
Cette révélation figure dans le
documentaire au coeur du scandale, L’effet
Browder, diffusé par la chaîne
de TV Russia-1 le 13 avril 2016,
assurant que Browder ne courait pas du
tout après l’argent, en fait, et que ses
activités en Russie, si elles étaient
très profitables, n’en avaient pas moins
un caractère politique.
Ces documents ont
été mis en doute pour certaines raisons
linguistiques, par
Gilbert Doctorow, qui arrive à une
conclusion raisonnable : « l’intensité
du travail de Bill Browder et l’époque
où il se consacrait à mettre ne place
des sanctions anti-russes en Europe
n’étaient en rien compatibles avec le
comportement d’un homme d’affaires de
rang international au niveau le plus
élevé. Il m’est apparu clairement qu’il
y avait un autre enjeu derrière cela.
Mais à ce moment, personne ne pouvait se
lever et suggérer que le type était un
escroc, un exécutant des agences de
renseignement. Quel que soit le verdict
final sur les documents présentés dans
le film L’effet Browder, cela
soulève des questions sur Browder qui
auraient dû être posées bien des années
plus tôt dans les grands médias
occidentaux, si les journalistes avaient
prêté attention. Yevgueni Popov, le
réalisateur, mérite d’être pris au
sérieux pour avoir soulevé ces
questions, même si ses documents exigent
des recherches plus poussées, avant
qu’on puisse arriver à des réponses
définitives. »[4]
Nous ne savons pas
si Browder est ou a été un espion. Cela
ne devrait pas nous étonner, dans la
mesure où il était vraiment très lié à
Maxwell, à Safra et à Berezovsky, ces
financiers qui avaient des attaches très
solides dans le monde du renseignement.
Peut-être qu’il a
surestimé son utilité, Mr. Browder.
C’est lui qui a déclenché la guerre
froide ; maintenant il est temps de la
contenir dans des limites salutaires et
d’éviter un désastre nucléaire ou une
course effrénée aux armements. Et c’est
la tâche que nous espérons voir
entreprendre par le prochain président
des USA, Mr. Donald Trump.
Original publié
dans Unz Review, http://www.unz.com/ishamir/the-good-fortune-of-mr-browder/
Traduction et notes
: Maria Poumier
Pour joindre
l’auteur :
adam@israelshamir.net
(0) en France, on
a failli voir le film en question sur
Arte
: http://russiepolitics.blogspot.fr/2016/05/arte-censure-un-film-russe-dopposition.html
(1) "Earl Browder,
dirigeant du Parti communiste des
Etats-unis (CPUSA) avant-guerre, avait
professé après 1945 des idées
réformistes et liquidatrices qui lui
valurent l’exclusion du CPUSA en 1946.
Sa dérive l’emmena par la suite à
collaborer à la chasse aux sorcières
McCarthyste avant de rechercher par la
suite la convergence avec différents
groupes trotskystes." . Il avait été le
chef de la tendance "canada dry" (ça
ressemble à de l'alcool mais...) pour
tout le continent américain.
Voir http://www.comite-valmy.org/spip.php?article1043
(2) Voir http://www.lemonde.fr/europe/article/2012/12/11/affaire-magnitski-l-histoire-sordide-d-un-machiavelisme-d-etat_1804010_3214.html,
article très documenté, tout à la gloire
de MM Browder et Magnitsky, signé Marie
Jégo, correspondante à Moscou.
(3) Israël Shamir a
donné des détails sur Maxwell (qui a en
outre escroqué Bouygues) et Vanunu dans
La Bataille du Discours http://plumenclume.org/home/23-la-bataille-du-discours-1643926114364.html.
[3] Sur les activités
politico-financières de Browder, voir :
Hedge funds, origines, stratégies,
performances, par François-Serge
L’habitant, Paris, éd. Dunod, 2008.
L’auteur y annonçait déjà la chute
probable de Browder.
[4] En France, ces questions ont été
posées par Hervé Ryssen, voir Les
milliards d’Israël, escrocs juifs et
financiers internationaux, éd.
Baskerville, 2014 ; voir en particulier
p. 250-254, « Les escrocs au sommet de
l’Etat ».
Le sommaire d'Israël Shamir
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