Opinion
Jérôme Kerviel et le jackpot français du
11-Septembre
Hicham Hamza
Photo:
D.R.
Lundi 19 mai 2014
Tabou. En 2009, l'ex-trader
aujourd'hui incarcéré avait dévoilé une
étrange information qui demeure
ignorée par la presse traditionnelle.
Décryptage.
« Les meilleures affaires de
l’histoire de la Société Générale ont
été réalisées le 11 septembre 2001.
C’est ce que m’a dit l’un de
mes managers.
Il semble que, ce jour-là,
les profits réalisés aient été colossaux
».
Ce propos énigmatique a été
formulé en 2009 par Jérôme Kerviel.
En off, l’ancien trader de la
Société générale avait ainsi
fait savoir à Elisabeth
Fleury, journaliste au Parisien,
que son ancienne banque aurait effectué
un gain record sur le marché boursier
grâce aux retombées d'un acte
terroriste.
Le contexte: sept jours après les
évènements survenus à New York et au
Pentagone, les observateurs de la vie
financière avaient constaté que des
mystérieux spéculateurs avaient réalisé,
à travers le monde, d’importants profits
en ayant misé, fin août-début septembre,
sur les actions des compagnies qui
seraient impactées par les attentats. Il
s’agissait là du premier indice de
l’accomplissement d’un vaste délit
d’initiés réalisé à l’échelle mondiale
et notamment sur plusieurs places
boursières spécifiques: Chicago,
Londres, Francfort, Milan, Tokyo,
Singapoure et Paris.
En France, Laurent Fabius,
alors ministre des Finances du
gouvernement Jospin, avait
suggéré un lien entre ces mouvements
financiers et les terroristes : « Il
n'est pas du tout impossible que les
commanditaires des attentats du
11-Septembre soient les auteurs de cette
spéculation ».
« Nos systèmes informatiques
ont repéré une certaine liste
d'anomalies sur laquelle nous
travaillons d'arrache-pied, compte tenu
de la coïncidence avec les attentats »,
avait déclaré sur RMC le directeur
général de la Commission des opérations
boursières (COB), Gérard Rameix.
Un proche du dossier, interrogé
par la journaliste Martine Orange du
Monde, reconnaissait, à l’instar de
nombreux experts des transactions
boursières, sa stupéfaction: « On ne
peut s'empêcher d'être frappé par
l'importance des volumes échangés et les
secteurs choisis ».
Quelques jours plus tard,
changement de discours: la plupart des
autorités occidentales indiquèrent
laconiquement que les enquêtes menées
n’avaient pas abouti à établir un lien
entre ces spéculateurs avisés et
Al-Qaïda, le groupe auquel
fut rapidement imputé la responsabilité
du 11-Septembre. En un mot: ce fut
l’enterrement manu militari
d’une affaire pouvant conduire à
identifier les hommes et les femmes
-vivant parmi nous et non dans les
grottes de Tora Bora- qui disposaient
antérieurement d'informations détaillées
sur les attentats et qui ont choisi d’en
tirer profit.
En 2010, débutant une
enquête en ligne sur ce sujet
visiblement complexe et sensible,
j’avais voulu en savoir plus auprès de
Jérôme Kerviel. Qui était ce manager?
Quelle était sa source d’information
pour réaliser de tels profits? Et pour
quel montant?
J’avais contacté Olivier
Metzner, alors en charge de la défense
judiciaire de Jérôme Kerviel. Après
plusieurs échanges par téléphone,
l’avocat -aujourd’hui décédé après
s’être
donné la mort- m’avait finalement
indiqué que son client ne souhaitait
faire aucun commentaire sur son propos
tant que son
procès houleux avec la Société
générale ne serait pas complètement
terminé.
Photo:
D.R.
Aujourd’hui, Jérôme Kerviel a été incarcéré
à la maison d’arrêt de Nice et doit
encore purger une peine de trois ans de
prison. S’il reconnaît sa culpabilité,
l’homme se plaint que l’enquête
judiciaire à son endroit ait subi de
nombreuses pressions occultes
exercées par la Société générale.
En dira-t-il plus, maintenant
qu’il est en prison, sur sa déclaration
relative aux profits récoltés le 11
septembre 2001 par une prestigieuse
institution financière qui l’embaucha en
août 2000? En temps normal, un tel
propos aurait suscité l’intérêt
journalistique: quelques semaines après
les attentats, de nombreux médias, en
France comme à l’étranger, s’étaient
intéressés au profil des spéculateurs
avant de déclarer forfait face à
l’opacité des autorités boursières. Or,
dans le cas présent, l’information de
Kerviel -selon laquelle sa banque avait
largement bénéficié des transactions
opérées en son sein et en amont du
11-Septembre- n’a provoqué aucune
enquête chez
Mediapart et consorts.
Autocensures et deux
poids deux mesures
En 2010, l’Autorité des marchés
financiers avait dédouané
Robert Addison Day, soupçonné alors
de délit d’initié.
Ce milliardaire américain,
proche des services secrets et du
clan Bush, était devenu -en avril 2001-
membre du conseil d’administration de la
Société générale après avoir
cédé à la banque française la
propriété de sa
société financière, basée à Los
Angeles et dénommée
TCW (Trust Company of the West).
Celle-ci s’était spécialisée dans les
CDO, produits financiers à risques
composés de subprimes. A travers sa
filiale américaine, la Société générale
avait alors investi 40 milliards de
dollars dans ces placements périlleux.
En janvier 2008, juste avant
que n’éclate le scandale de l’affaire
Kerviel, Robert Day avait vendu pour
plus de 125 millions d’euros de titres
de la banque. Les pertes attribuées
alors à Jérôme Kerviel -4,9 milliards de
dollars- n’auraient pas été portées à la
connaissance de l’homme d’affaires
californien. Celui-ci ne pouvait
pourtant pas ignorer le pronostic
pessimiste de la Société générale à
propos du marché américain des subprimes:
dès novembre 2007, la banque française
avait estimé leur coût à 203 millions
d’euros avant de devoir réajuster, le 24
janvier 2008 -le jour au cours duquel
éclata le scandale du « trader fou »-
ce chiffre à 2,6 milliards d’euros.
Soupçonné un temps,
avec le responsable du pôle
investissement Jean-Pierre Mustier,
d’avoir frauduleusement tiré un bénéfice
d’une information confidentielle, Robert
Day sera
finalement mis
"hors de cause"l’instar
de son prédécesseur (la COB), l’Autorité
des Marchés Financiers est souvent
accommodante dès lors qu’il s’agit
de traquer les délits d’initié
éventuellement commis par de hauts
dirigeants.
Depuis son
départ -en 2010- de la Société
générale, Robert Day se consacre
désormais à ses investissements aux
Etats-Unis. Quant à sa compagnie -très
impliquée dans le marché israélien,
elle a été rachetée à la Société
générale par une
puissante organisation financière
liée à la CIA et proche du complexe
militaro-industriel: Carlyle. Son co-PDG,
David Rubenstein, a d’ailleurs
récemment accordé une interview au cours
de laquelle ce
mécène de la
communauté juive se félicite (à
13'54) de la transaction,
finalisée en février 2013, entre son
groupe et la banque française.
Identifier les institutions et
les individus qui se sont enrichis grâce
au 11-Septembre via les places
boursières a son importance: certains
d’entre eux ont opéré depuis Paris et à
travers des banques telle la Société
générale.
Michael Ruppert, journaliste
d’investigation qui dévoila quantité
d’informations à ce sujet et avec lequel
j’avais correspondu, était convaincu que
les principaux bénéficiaires étaient les
proches de certains responsables
de services secrets américains,
européens et israéliens qui partageaient
la même pré-connaissance
sophistiquée des attentats.
Remonter le fil des délits
d’initiés du 11-Septembre revient,
in fine, à identifier le réseau des
« commanditaires » comme l’avait
justement fait remarquer Laurent Fabius.
Le 6 octobre 2001, à Washington,
ce proche de la mouvance
américano-sioniste, alors ministre
des Finances, avait été désigné par ses
homologues du G7
« lead speaker » pour mener
les échanges relatifs à « la lutte
contre le financement du terrorisme ».
Dans la ligne de mire: Al-Qaïda
et ses relais dans la sphère islamique.
Passé sous silence: les opérateurs
boursiers -agissant depuis l'Europe,
l'Amérique du nord et
l'Asie du Sud-Est- qui ont gagné des
millions de dollars grâce à une
opération israélo-américaine sous faux
drapeau dont ils avaient eu, de par
leurs connexions dans le monde du
renseignement, préalablement
connaissance.
HICHAM HAMZA
Mise à jour le 20.05.2014 à
10h52:
Marwan Muhammad, militant associatif
et ancien trader de la Société générale,
a réagi sur Twitter à l'article
ci-dessus en confirmant l'existence de
"consignes" spécifiques autour
du 11 septembre 2001.
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