Algérie
Saâdani dénonce une « campagne pour
imposer
le futur président de la République »
Hakim Megatli
Dimanche 22 mai 2016
L’affaire du rachat du groupe El Khabar
au-delà de son caractère commercial,
dégage bien des relents politiques.
Quant on observe les partisans et les
adversaires de cette transaction, on
comprend tout de suite, qu’elle en
relève largement au-delà d’une affaire
de sous et encore moins de la liberté
d’expression.
Le Secrétaire Général du FLN, Amar
Saâdani, a cette particularité de ne pas
s’encombrer de formules alambiquées pour
dire ce qu’il en pense. Sa patrouille
aujourd’hui à l’Est du pays précisément
à Tébessa, lui a offert l’occasion de
mettre le doigt sur les plaies. Il
dénoncera, d’entrée, un «lobby» qui mène
une campagne pour, selon lui, «imposer
le futur président de la République». Un
lobby qui s’appuie, précise Amar Saâdani,
sur «plusieurs relais».
Usant d’ironie, le patron du FLN,
dépeint ses adversaires comme une
«pieuvre» avec à sa tête le général
Toufik, et «cinq bras» dont chacun est
chargé d’un volet «sécuritaire,
médiatique, politique, financier et
administratif». Voici, schématisé, ce
qui est censé être le plan de bataille
du clan emmené par l’ex chef du DRS,
financé par Issad Rebrab, soutenu par
certains partis (PT, RCD…) et relayé par
des médias qui leur sont proche dont El
Khabar évidemment.
Qu’on soit d’accord ou pas avec lui,
Amar Saâdani a ce mérite d’offrir une
grille de lecture qui a certainement été
validée d’en haut.
Une «pieuvre
à cinq bras»
En filigrane, c’est le cercle
présidentiel qui s’exprime à travers le
patron du FLN pour donner son point de
vue sur la fumeuse affaire du rachat
d’El Khabar par le groupe Cevital devant
être tranchée mercredi prochain. Amar
Saâdani a, comme à son habitude, abordé
la question sans détours, estimant que
c’est le général Toufik qui veut
racheter le groupe El Khabar et non pas
Issad Rebrab.
Ce que Saâdani appelle le «bras
sécuritaire», est mené selon lui, par
«les généraux à la retraite, à leur tête
l’ex-patron du DRS qui souhaite revenir
et s’imposer à travers d’autres relais».
Le chef du FLN accuse le général Toufik
de manœuvrer pour peser sur le choix de
l’homme qui aura à succéder à Bouteflika
en 2019, d’où la volonté de racheter le
groupe El Khabar comme formidable force
de frappe médiatique.
2019 ! on y
est déjà…
Mais en attendant le verdict de
mercredi prochain sur cette affaire qui
oppose le groupe Cevital au ministère de
la communication, Amar Saâdani a donné
aujourd’hui un avant goût. «La tête de
la pieuvre, celle qui désignait les
présidents et les ministres en Algérie
n’est même pas en mesure aujourd’hui
d’imposer un chef de daïra. Raison pour
laquelle elle aurait bien souhaité
exercer sa pression et imposer son choix
à travers ces deux journaux. J’insiste,
c’est la parole du peuple qui va
trancher en 2019 », tonne Amar Saâdani.
En creux, il tire le tapis sous les
pieds de Toufik et son clan leur
signifiant que le pouvoir est lui aussi
soudé derrière le président Bouteflika.
Au-delà des postions des uns et des
autres, ces déclarations de Saâdani
confirment en tous cas que la guerre de
postions a bien commencé.
Et désormais tous les gestes, tous
les propos et toutes les positions et
tous les positionnements seront perçus à
l’aune de la bataille de succession dont
les élections législatives de 2017
seront une sorte de répétition générale.
Le verdit de mercredi prochain dans
l’affaire El Khabar nous renseignera
déjà sur les forces en présence.
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