Opinion
L'assassinat du dirigeant du Hezbollah
Imad Mughniyeh était une opération
conjointe des États-Unis et d'Israël
Ha'aretz
Photo
: 14 février 2008. Dans un faubourg de
Beyrouth, au Liban, les militants du
Hezbollah viennent apporter leurs
marques de respect au moment des
funérailles du commandant assassiné,
Imad Mughniyeh. Photo : Reuters.
Samedi 31 janvier 2015
La CIA et le Mossad ont suivi à la trace
un haut responsable du Hezbollah avant
de l'assassiner, ont déclaré d'anciens
fonctionnaires américains au Washington
Post.
Les services de renseignement
israéliens et américains ont travaillé
conjointement pour assassiner le
responsables des opérations
internationales du Hezbollah, Imad
Mughniyeh, en 2008, rapporte The
Washington Post.
Les États-Unis n’avaient jamais reconnu
leur rôle dans cet assassinat. Mais
d'anciens fonctionnaires américains qui
s'entretenaient avec le quotidien à
propos des conditions d'anonymat ont
désormais
confirmé l'implication de la CIA
dans cette affaire.
Mughniyeh marchait dans une rue de Damas
après avoir soupé le 12 février 2008
quand une bombe placée dans un 4x4 garé
avait explosé et l'avait tué. Avant
l'explosion, une équipe de guetteurs de
la CIA surveillaient ses mouvements dans
la capitale syrienne, au moment où, à
distance, des agents du Mossad avaient
fait exploser la bombe depuis Tel-Aviv,
explique le rapport.
D'anciens fonctionnaires américains ont
déclaré au Washington Post que
la CIA et le Mossad avaient suivi
Mughniyeh à la trace pendant plusieurs
mois à Damas, avant de l'assassiner et
qu'ils avaient travaillé en étroite
collaboration pour déterminer l'endroit
où il fallait placer la bombe.
Les fonctionnaires ont déclaré qu'Israël
avaient pris les devants pour contacter
la CIA à propos d'une opération
conjointe destinée à assassiner
Mughniyeh. Les États-Unis ne s'étaient
guère préoccupés d'un retour de flamme
de la part du Hezbollah, du fait que
l'organisation allait vraisemblablement
accuser Israël du coup.
Un ancien fonctionnaire, peut-on lire
dans The Washington Post, a
affirmé que l'administration Bush avait
justifié l'assassinat comme un acte de
légitime défense nationale, en
prétendant que Mughniyeh complotait
activement contre les États-Unis. En
outre, le dirigeant du Hezbollah avait
été impliqué dans la mort de centaines
d'Américains, y compris lors du
bombardement qui avait tué 63 personnes
à l'ambassade des États-Unis à Beyrouth,
en 1983.(*)
Depuis des années, les États-Unis
envisageaient diverses façons de tuer
Mughniyeh, et l'urgence de la chose
s'était accrue après les attentats du 11
septembre. Déjà en 2002, ce scénario
avait été discuté lors d'une réunion
secrète en Israël, mais ne s'était pas
matérialisé.
Ce n'est qu'en 2006 que l'administration
Bush approuva une série d'opérations
contre le Hezbollah qui, en 2003,
s'était mis à entraîner des militants en
Irak en vue d'attaquer les forces
américaines ainsi que celles de leurs
alliés.
« Il fallait trouver une licence
ouverte, repérer et liquider Mughniyeh
et toutes les personnes qui étaient sous
ses ordres », aurait prétendu un
ancien fonctionnaire américain en poste
à Bagdad.
Les agents de renseignement américains
avaient certifié aux législateurs qu'il
n'y aurait pas de dégâts collatéraux. La
bombe fut testée à plusieurs reprises
afin de s'assurer que personne d'autre
ne serait blessé lors de l'explosion.
Selon le rapport, les services de
renseignement israéliens et américains
avaient guetté les allées et venues
habituelles de Mughniyeh avant de
décider que ses promenades nocturnes
occasionnelles constituaient la
meilleure opportunité pour l'opération.
C'est le Mossad qui en avait eu l'idée.
Publié sur
Haaretz le 31 janvier 2015.
Traduction pour la plate-forme
Charleroi-Palestine : JM Flémal.
(*) dans un
contexte d'invasion israélienne et
d'intervention des EU au Liban (NDLR)
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