France-Irak
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Obsèques de Lucien Bitterlin :
rien à attendre des régimes arabes
Gilles Munier
Dimanche 5 mars 2017
Lucien Bitterlin, président de l’Association
de Solidarité Franco-Arabe (ASFA)
fondée en 1967 pour accompagner la
politique arabe du général de Gaulle,
n’est plus. Gravement malade, lui qui a
consacré sa vie à défendre les pays
arabes et la cause palestinienne face
aux attaques des lobbies pro-israéliens,
est décédé sans connaitre les
bouleversements survenus ces dernières
années dans ces pays, et c’est tant
mieux.
En me
rendant, le 17 février dernier, à la
cérémonie d’hommage organisée au
funérarium des Batignolles, à Clichy, je
ne m’attendais pas à ce qu’il y ait
grand monde, à part sa famille, des
proches et quelques personnalités
l’ayant côtoyé de près. Mais, pour moi,
il allait de soi qu’au moins les
ambassadeurs d’Algérie, de Syrie et de
l’Autorité palestinienne seraient
présents ou représentés. C’était la
moindre de obligations pour ces
diplomates, bien placés pour savoir ce
que leur pays lui doivent.
Une
balle de 22 Long Rifle
J’ai
rencontré pour la dernière fois Lucien
Bitterlin en 2006, avant qu’il ne tombe
malade. C’était au Palais de justice de
Paris. Nous venions d’assister au
jugement d’un forcené ultra-sioniste qui
nous avait adressé une balle de 22 Long
Rifle – ainsi qu’à une vingtaine de
pro-palestiniens – assortie d’un
message menaçant: « La prochaine
n’arrivera pas par la poste ! ».
L’individu, dont la cave était pourtant
bourrée d’armes et munitions, n’avait
été condamné qu’à une peine symbolique :
de la prison avec sursis et à verser… un
euro de dommages et intérêts à ses
victimes. J’avais trouvé Lucien
Bitterlin désabusé. Il y avait de quoi,
mais n’avait pas voulu faire appel.
« Avec les Arabes… malgré les Arabes »
Au
funérarium des Batignolles, à part sa
famille, nous n’étions qu’une quinzaine
devant son cercueil. Force m’était de
constater que les marques de
considération pour les activités de ceux
qui les soutiennent n’étouffent pas les
régimes arabes. La seule ambassade
représentée était celle de l’Autorité
palestinienne, d’un peuple qui ne compte
heureusement que sur lui-même pour
survivre. D’Algérie: pas même un
message. De celle de Syrie (à
l’Unesco), n’en parlons pas. Une
honte… Cela dit, je ne pense pas que
l’absence de diplomates arabes à ses
obsèques aurait vraiment étonné Lucien
Bitterlin. Il savait à quoi s’en tenir
quand il disait être « avec les
Arabes… malgré les Arabes » !
Le
conteur danois Hans Christian Andersen
écrivait que « la reconnaissance est
la mémoire du cœur ». Pourquoi
faudrait-il en attendre de régimes
devenus des monstres froids ?
*Gilles Munier a été membre de l’Association
de Solidarité Franco-Arabe (ASFA)
dès sa création, puis un de ses
permanents dans les années 1970.
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