France-Irak
Actualité
Irak : Des minorités en désordre de
bataille
Gilles Munier
Jeudi 5 mars 2015
(Afrique Asie – mars
2015)*
Les milices des minorités ethniques
et religieuses expulsées de la plaine de
Ninive par les djihadistes de l’EI
sont sur le pied de guerre. Elles
pourraient être le fer de lance de
l’offensive lancée pour « libérer »
Mossoul, annoncée pour le printemps par
les Américains et Massoud Barzani. Dans
les camps de réfugiés du Kurdistan, le
recrutement de miliciens va bon train.
Aidés par les peshmergas et les
bombardements de la coalition
américaine, les Yézidis ont donné
l’exemple en brisant l’encerclement du
djebel Sinjar et reconquis dans la
foulée des quartiers de la ville du même
nom avec les combattants kurdes du
PKK turc et du PYD syrien,
se vengeant malheureusement sur les
paysans arabes soupçonnés d’avoir aidé
l’EI à s’emparer de leurs
terres.
Côté chrétiens d’Orient, une brigade
appelée Dwekh Nawsha (Futur
martyr) en araméen – la langue du Christ
- rêve d’en découdre avec les
djihadistes. Les Unités de
protection de la plaine de Ninive
(NPU), dont elle fait partie,
compteraient 3 000 membres, 500 autres
seraient en formation. Les NPU
sont soutenues par le Zowaa -
Mouvement démocratique assyrien
(pro-américain) – qui milite pour
la création d’une région autonome
chrétienne -, et par l’American
Mesopotamian Organisation connue
pour avoir demandé, en août 2013, à
Massoud Barzani de présenter ses excuses
aux chrétiens de la région «pour les
atrocités commises dans le passé par les
tribus et chefs de guerre kurdes »
!
Les Shabaks, minorité adepte d’un
syncrétisme chiito-yézidi – 60 000
âmes réparties dans une trentaine de
villages de la région de Hamdaniya, au
nord-est de Mossoul – ont prêté
allégeance au Grand ayatollah Ali
Sistani. Leur principal parti, l’Assemblée
démocratique des Shabaks (DAS), a
annoncé en novembre dernier la naissance
de Quwat Sahl Ninawa (QSN), une
force armée entrainée par des milices
chiites.
Restent les Turkmènes sunnites, assis
entre deux chaises. Par son nombre –
3 millions – cette minorité fait
peur au régime de Bagdad et à Massoud
Barzani. La Turquie s’était engagée à
les soutenir, mais la promesse n’a guère
dépassée le stade de l’aide humanitaire.
Une petite milice turkmène a tout de
même été créée par le Front turkmène,
avec les moyens du bord. Pas de quoi
inquiéter les djihadistes, pour
l’instant.
Les minorités de la plaine de Ninive
ont l’EI pour ennemi commun,
mais se méfient des arrière-pensées de
« l’ami kurde ». Elles
réclament toutes un territoire sous
protection internationale. La décision
irresponsable d’un certain Lukman
Ibrahim, commandant d’une importante
milice yézidie du Sinjar, de demander à
Israël des armes et de l’assistance,
ajoutée à l’entrée, probable, en lice du
maronite Samir Geagea, chef des
Forces libanaises (FL) - une des milices
de la guerre civile libanaise soutenue
par Israël – prêt à soutenir les
nationalistes assyriens, ne vont pas
clarifier la situation au nord de
l’Irak, loin de là.
Photo: Un milicien
de Dwekh Nawsha, milice
chrétienne pro-américaine
*http://www.afrique-asie.fr/component/content/article/69-numeros-afrique-asie/8913-n-112-mars-2015.html
© G. Munier/X.
Jardez
Publié le 6 mars 2015 avec
l'aimable autorisation de Gilles Munier
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