L'actualité du
droit
Corse : Les nationalistes aux
commandes
Gilles Devers
Photo:
D.R.
Samedi 19 décembre 2015
En écoutant
papy Chevènement, réfugié politique
à l’OFPRA post-PS qu’est
le Bigaro de Dassault, j’ai
cru pendant trois secondes que la
République était perdue : des corses
parlaient en corse. Wahou… Et Valls
était tout fâché...
On se calme. Pour
l’installation de la nouvelle assemblée
territoriale,
Gilles Simeoni, le président du
Conseil exécutif, a parlé en français à
99%, et donc tout le monde a compris,
alors que Jean-Guy Talamoni, le
président de l’Assemblée, a fait son
discours en corse,... de telle sorte que
personne n’a suivi, en Corse comme
ailleurs.
Alors une catastrophe faisant
trembler la République ? Rien du tout,
car cette langue, enseignée dans les
écoles primaires et o-officialisée par
une délibération de l’Assemblée de Corse
de 2013 – non-attaquée par l’Etat – n’a
concerné que des discours, et pas
l'adoption de textes réglementaires.
Donc, circulez, y’a rien à voir.
Alors, on n’a fait que du
joke lors de cette assemblée du 17
décembre 2015 de la collectivité
territoriale corse ? Certes pas.
La base de tout, c’est le FLNC
qui a déposé les armes en juin 2014. Pas
d’armes dans une démocratie.
Je veux ensuite saluer tous les
amis corses pour avoir filé une
véritable rouste au Front National, qui
a plafonné au second tour à 9,09% des
voix. Bien mieux que les géniaux bretons
qui ont limité le FN à 18,87%. Quand on
pense que de l’autre côté de la mer, la
co-gérante de la SARL Le Pen est à 45
%... La France comme la Corse, et il
n’y aurait plus de problème FN…
J’attends avec impatience mon prochain
voyage à Bastia pour fêter ça dignement.
Après, les psychorigides de la
France indivisible doivent se calmer.
Parce que la France ne tient son
post-empire – de la Guadeloupe à la
Nouvelle-Calédonie, en passant par
Mayotte – que par l’adaptation de ses
législations.
EEnfin,
que dit mon excellent confrère Gilles
Simeoni, leader de la coalition Pè a
Corsica – Pour la Corse » – qui a
atteint 35,3 % des voix ?
« En ma qualité de président du
conseil exécutif, je tiens à m’adresser
solennellement au gouvernement et à
l’Etat. Le peuple Corse existe, il va
construire son destin dans la paix et la
démocratie. Ce cheminement politique,
cette logique d’émancipation passent
nécessairement par une relation repensée
et reformulée à l’Etat. Un Etat qui ne
peut plus être le seul à vouloir
échapper à l’évidence : le peuple corse
existe et il sera reconnu, parce que
cela est conforme à l’Histoire et au
Droit. Notre logique d’émancipation
passe nécessairement par une relation
repensée et reformulée avec l’Etat. La
Corse, territoire insulaire, bénéficiera
d’un statut lui conférant un
pouvoir législatif, parce que cela
s’imposera de façon naturelle et
inéluctable. Je dis à Paris, au
gouvernement et à l’Etat : prenez la
mesure de la révolution démocratique que
la Corse vient de vivre. Comprenez enfin
que toutes les conditions sont réunies
pour que puisse s’ouvrir un nouveau
chapitre de l’histoire de cette île. »
Il poursuit par le rappel de
leurs principales revendications, toutes
se heurtant à la loi : libération
des « prisonniers politiques »,
instauration d’un statut de résident,
inscription de la Corse dans la
Constitution française, reconnaissance
d’un pouvoir législatif… « Cette logique
d'émancipation passe nécessairement par
une relation repensée et reformulée à
l'Etat ». Oki, mais cool… Ça parait un
peu compliqué pour la puissante
Catalogne.
Alors ? Est-ce une histoire de
clans qui succèdent à d’autres clans, ou
passe-t-on à autre chose ? Nous verrons,
car tout va se jouer là. Dans
l’immédiat, et après les beaux discours,
Gilles Simeoni va vite se trouver les
mains dans le camboui.
En 1), les difficultés
endémiques de la Corse, en termes
d’économie et d’emploi. En français ou
en corse, tu vas faire quoi, ami
Gilles ? A ce stade, les discours ne
suffisent pas, il faut agir.
En 2), il faut prévoir de
sérieuses secousses politiques, car
juste avant l’assemblée du 17, la police
judiciaire a fait au siège de la
collectivité des
perquisitions pour des affaires
curieuses de
marchés publics.
En 3) avant de planer pour
l’indépendance, l’assemblée va devoir
trouver les voies de consensus pour
mettre en place la collectivité
territoriale unique prévue par la loi
pour 2018 avec la fusion de l’Assemblée
de Corse – autonomiste – et les deux
départements : la Haute-Corse, à gauche,
et la Corse-du-Sud, à la droite.
Vraiment de quoi rire deux
minutes…
Avec la loi du 7 août 2015, les
grands manitous du Ministère de
l’Intérieur avaient inventé une
collectivité territoriale sur mesure
pour couper l’herbe sous les pieds des
nationalistes,… et ce sont les
nationalistes qui vont mettre en œuvre
la loi et s’installer aux commandes.
Pas de problème, on est bien
gouverné, et ça, on le savait… Loi du 7
août 2015 était signée Laurel et Hardy,…
euh non, signée Hollande et
Valls…
de gros malins qui ont donné les
manettes de la Corse aux nationalistes.
Le sommaire de Gilles Devers
Le dossier
Corse
Les dernières mises à jour
|