L'actualité du
droit
Le drame de ma vie :
Je vais devoir boycotter Elisabeth
Badinter
Gilles Devers
Vendredi 8 avril 2016
La loi, c’est la loi, notre
meilleure amie, et notre devoir est de
la défendre. Aussi, quand Benoit ou
Gertrude perd pied et se radicalise,
abandonnant la raison pour des théories
destructrices, nous devons dire stop.
D’où ce drame de ma vie de brave petit
couillon moraliste de la Gauche
bien-pensante : je vais devoir
boycotter Elisabeth Badinter.
Nouvel épisode du feuilleton
Badinter… Je ne parle pas du
guignolesque Robert, qui s’est fait
dézinguer à l’Assemblée nationale,
mais de Sœur Elisabeth de l’immaculée
Laïcité, qui est à nouveau partie en
guerre contre le voile, dénonçant
l’islamisme des salafistes qui serait en
train de tout gagner.
El Blanco s’est enthousiasmé pour ce
discours « lumineux »… Wahou, ça craint.
Bon, mais le problème c’est
que Sœur
Elisabeth de l’immaculée Laïcité est
aussi une wonderfull business-woman chez
Publicis.
La douce et tendre Elisabeth,
fille du fondateur du groupe Publicis,
Marcel Bleustein-Blanchet, est la
première actionnaire du groupe,
contrôlant 13,88 % de l'entreprise. Une
bonne affaire, avec
240.000 € de rémunération par an,
plus 5.000 € pour chaque conseil
d’administration. Mais surtout un joli
capital, et ses fruits délicieux. Lors
de l’entrée en bourse de Publicis, Sœur
Elisabeth de l’immaculée Laïcité avait
vendu 10% de ses actions pour
175,8 millions d'euros. Pourquoi
pas : être patron et de Gauche, ça se
mérite. Et saluons aussi le sens de la
famille : les deux enfants,
Simon et
Benjamin dirigent Médias & Régies
Europe, une filiale qui s’occupe de la
publicité du Monde, de Libération, de la
RATP ou de la SNCF, et œuvrent aussi
pour
Mediavision. Ah l’école de la
République,… tout au mérite ! Pas
glorieux quand on passe son temps à
faire la leçon aux autres,... mais tout
ceci, comme dirait
notre ami Chirac, ça m’en touche une
sans faire bouger l’autre.
Là où ça se complique, c’est
que le Publicis de Sœur Elisabeth de
l’immaculée Laïcité vient de passer un
marché pour aider l’Arabie Saoudite à
redorer son blason, un peu terni il est
vrai. Un gros marché que se partagent
Publicis, Image 7, Edile Consulting et
une autre agence pas encore dépistée.
Pour ce travail moralement
nickel, on trouve du joli monde, tout en
(tur)lutte contre les intégristes…
Chez
Edile Consulting, la patronne est
Sihem Souid, qui a
été la porte-parole d'Arnaud
Montebourpif, et qui pleurniche sur la
sympathique famille Saoud : « Les
Saoudiens sont incompris des Français,
beaucoup de préjugés infondés sont
véhiculés dans les médias, ils veulent
faire tomber ces clichés »
Chez Publicis, celui qui mène
la barque saoudienne est Roman Abreu, un
ancien de Delanoë, passé par le cabinet
de Fabius, avant d’atterrir chez
Publicis, comme
directeur des affaires publiques.
Pas trop loquasse, le camarade : « Mon
rôle est de gérer les relations presse
de l’Arabie Saoudite en France,
d’assurer sa communication sur les
réseaux sociaux et de mettre en contact
ses représentants avec diverses
personnalités publiques. L’idée est de
montrer que nous sommes dans une
relation de transparence avec ce pays,
que ce n’est pas non plus la Syrie ».
Voilà donc tout le problème.
Sœur Elisabeth de l’immaculée Laïcité
fait le show Gauche laïcarde dénonçant
les renoncements devant les inégristes,
alors que sa firme en fait des tonnes
pour truander l’opinion quant au rôle
réel de l’Arabie Saoudite.
Pour en savoir plus, il faut
aller sur le site de
L’Independant, et lire cet
article : Une des plus grandes agences
de publicité du monde est accusée
d'avoir aidé l'Arabie Saoudite à
« blanchir » son bilan sur les droits de
l’homme à propos du plus grand plan
d’exécutions de masse du Royaume
depuis 30 ans », à savoir les 47
exécutions du début janvier, le blog
avait souligné
l’importance de ce crime. L’Independant
explique que
le texte publié dans Newsweek a été
signé par Adel bin Ahmed Al-Jubeir, le
ministre des affaires étrangères
saoudien, alors qu'en en réalité il a
été rédigé et vendu par Publicis. Ah
oui, des peines de mort à la tonne
blanchies par Publicis de Badinter ? Les
valeurs de la Gauche… Et quels
arguments ? On s’en doute : « la guerre
contre le terrorisme ». Ils sont
indécrottables…
L’ONG Reprieve a dénoncé cet
article, en écrivant à Maurice Lévy, le
PDG de Publicis, déplorant que son
agence soit « dangereusement impliquée
pour aider le gouvernement saoudien à
défendre l'exécution d’opposants
politiques non-violents ».
Publicis a répondu en langue de
bois via son avocat, et je me
dois aussi de poser cette question à
Sœur Elisabeth de l’immaculée Laïcité :
- Ma sœur, le 2 janvier, l’Etat
d’où partent les plus grandes sources de
financement de l’intégrisme et du
terrorisme, a procédé à l’exécution de
47 personnes, dont il est évident
qu’aucune ne méritait la mort, et ton
agence maquille ce crime de masse en un
acte de guerre contre le terrorisme. Ma
sœur, ça te gratouille ou ça te
chatouille ?
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