Palestine
« Israël » aboie :
les prisonniers palestiniens sont debout
Fadwa Nassar
Jeudi 20 avril 2017
Les prisonniers palestiniens ont entamé
une grève de la faim collective, à
partir du 17 avril, la journée nationale
du prisonnier palestinien. 1500
prisonniers détenus dans la plupart des
prisons sionistes, sur le total de 7500,
ont rejoint la grève, annoncée par
Marwan Barghouty, dirigeant au Fateh.
Les grévistes appartiennent à la plupart
des mouvements de résistance. Ils
réclament la cessation des pratiques
immorales et inhumaines à leur encontre,
et d’être considérés comme des êtres
humains. Ils demandent la fin de la
politique de l’isolement, des soins aux
malades et aux blessés par des médecins
palestiniens et non par des
tortionnaires, l’arrêt des incursions
sauvages nocturnes dans les cellules,
ainsi que leurs droits acquis au fil des
années, et que les sionistes ont peu à
peu retirés, comme les droits de visite
familiale dans le respect de la dignité
humaine, l’inscription aux universités,
etc. Bref, ils réclament que leur
humanité soit prise en compte par les
geôliers et l’administration
pénitentiaire, et les sionistes d’une
manière plus générale.
Au fur et à mesure
que les journées de grève passent, la
mobilisation des masses palestiniennes
autour de leur lutte s’élargit et
d’autres prisonniers rejoignent le
mouvement. Car les prisonniers, pour le
peuple palestinien, ce sont ceux qui ont
protesté contre l’occupation, en paroles
ou par les armes, ceux que l’occupant a
kidnappé de leur maison, au milieu de
leur famille, ceux qui représentent
l’âme du peuple palestinien. Renouant
avec la grève collective, les
prisonniers rejoignent l’Intifada al-Quds,
à partir des prisons, et la relancent en
même temps, dans la rue, les villages,
les camps et les villes, que ce soit en
Cisjordanie et al-Quds, dans les
territoires occupés en 48, dans la bande
de Gaza et dans l’exil. L’occupant lance
ses criminels contre les manifestants,
qui arrêtent anciens prisonniers et
journalistes. Il transfère les
prisonniers grévistes, et isole certains
jugés à la tête du mouvement. Mais la
lutte est lancée, dans les prisons et
dans la rue. Quelques semaines après la
journée de la terre, du 30 mars, la
journée des prisonniers et la grève
expriment en continu la volonté du
peuple palestinien : « Nous voulons
vivre libres sur notre terre, nous
refusons l’occupation, la colonisation
et les soi-disant solutions
internationales. La Palestine est notre
terre ! Les colons, dehors ! »
Car la question des
prisonniers n’est pas un dossier séparé
de l’occupation et de la résistance à
cette entreprise coloniale qui a débuté
à la fin du XIXème siècle, elle est
juste l’expression de la volonté de
résistance du peuple palestinien.
Derrière les barreaux de l’occupant
colonial, plus de 200 combattants
prisonniers furent exécutés ou
abandonnés à la mort par la maladie, des
centaines de prisonniers souffrent de
maladies chroniques et de blessures non
soignées, plusieurs centaines d’enfants
croupissent dans des cellules
nauséabondes, subissant les tortures
morales et physiques au cours des
interrogatoires menés par des colons
haineux. Les tribunaux coloniaux
prononcent de plus en plus de lourdes
peines contre des Palestiniens et
relâchent les tueurs sionistes. Quant à
la pratique de la torture, elle est
légalisée puisque pour la société
coloniale sioniste, les prisonniers
palestiniens ne sont que des
« terroristes ».
Outrés que
l’Autorité palestinienne de Ramallah
n’ait pu stopper le déclenchement de la
grève de la faim des prisonniers, comme
elle le fait en Cisjordanie en arrêtant
les militants, les dirigeants sionistes
ont monté le ton, et commencé à aboyer :
l’un demande de tuer les prisonniers,
l’autre conseille de les laisser mourir
de faim, comme l’a fait Tatcher en
Grande-Bretagne lors de la lutte des
prisonniers irlandais, un autre interdit
de soigner les grévistes dans les
hôpitaux coloniaux, et chacun y va de
son venin. Car la grève des prisonniers,
relayée par les médias internationaux,
les dérange. L’article de Marwan
Barghouty, qui a réussi à percer le
blocus médiatique américain, paru dans
le New York Times, les a ébranlés. Il y
décrit les tortures subies lors de sa
première arrestation et les menaces des
instructeurs sadiques. Les colons et
leurs amis dans le monde sont
offusqués : comment un tel journal
a-t-il publié un article écrit par un
« terroriste » ? Ils ne comprennent pas
qu’une partie de l’opinion
internationale les lâche, sous la
pression des peuples qui voient
l’occupant colonial autrement que le
voyaient leurs parents, ayant à présent
des outils pour mieux voir et analyser.
De plus, ils s’imaginent que le monde
vit au rythme des accusations à
l’antisémitisme, accusations dont seuls
les gouvernements occidentaux et des
organismes de l’ONU tiennent compte,
depuis que la barbarie sioniste a
dépassé en horreur tout ce qu’il est
possible d’imaginer.
Si les
gouvernements occidentaux renvoient aux
sionistes colonisateurs l’image d’une
société civilisée, c’est uniquement
parce que le miroir utilisé est déformé
par des siècles de haine envers les
peuples de la région. Si cette image les
conforte dans leur position et leurs
crimes, celle que leur renvoient leurs
victimes, les prisonniers palestiniens,
et tout le peuple dont ils sont issus,
n’est que celle d’envahisseurs venus
d’ailleurs, de profanateurs de lieux
saints, d’assassins et de massacreurs.
Le vernis « démocratique » qui l’entoure
et que veulent nous imposer de voir les
capitales occidentales se heurte aux
monstruosités commises, bien avant 1948,
mais surtout lors de la Nakba, mais
aussi à celles commises à présent, à
Gaza, en Cisjordanie, dans al-Quds, al-Naqab,
al-Aghwar, et dans les prisons.
Aujourd’hui, les
prisonniers, nos frères et nos sœurs,
sont debout et luttent, ils ont décidé
d’affronter l’occupant. Que les
sionistes aboient tant qu’ils peuvent et
déversent leur haine. C’est l’indication
que nous sommes dans la bonne voie.
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