Algérie 1
3,7 milliards de dollars, 800.000
chauffeurs,
pour que les femmes saoudiennes ne
conduisent pas
Djamil Mesrer
Samedi 30 avril 2016
Le royaume moyenâgeux d’Arabie Saoudite,
qui interdit aux femmes de conduire,
dépense presque 4 milliards de dollars
(3.7) par an pour rémunérer les services
de 800.000 chauffeurs étrangers.
Cette somme englobe l’argent pour les
visas, le logement, les assurances, les
salaires, les uniformes et d’autres
faux-frais réglés par les familles pour
bénéficier de leurs chauffeurs.
Un fardeau qui pèse lourd dans le
budget familial. Lorsque le foyer n’a
plus les moyens d’entretenir un
chauffeur, c’est le mari (ou le frère,
ou le père) qui doit aller chercher les
enfants à l’école, faire les courses au
supermarché, les accompagner chez le
médecin, autant de tâches qu’il prend
sur son temps de travail.
C’est le seul pays au monde à
interdire à la gent féminine de conduire
des voitures et c’est le seul pays au
monde à dépenser autant d’argent pour
maintenir cette interdiction.
C’est un journal saoudien Al-Riyadh
qui a révélé ces chiffres astronomiques
précisant que le royaume compte 19
millions de citoyens et que la taille
moyenne des ménages est d’environ six
personnes.
Pour rappel, les dignitaires
religions saoudiens sont régulièrement
montés au créneau pour avancer des
arguments spécieux pour interdire aux
femmes de conduire et chacun y est allé
de sa partition musicale.
C’est l’ancien Grand Mufti d’Arabie
Saoudite, Cheikh Abdelaziz Ibn Baz, qui
a édicté une fatwa qui, sans dire
expressément que la chari’a interdit aux
femmes de conduire affirme que la
conduite d’un véhicule est contraire à
la dignité de la femme que prescrit
l’islam. Depuis, l’interdiction de
conduire qui n’était qu’une tradition a
un fondement légal.
« Ça les
expose au diable »
L’actuel Grand Mufti Abdul Aziz ibn
Abdullah Ali ash-Shaykh a affirmé, quant
à lui, qu’interdire aux femmes de
conduire un véhicule n’est rien de moins
qu’une façon de les protéger. Il prétend
que les hommes aux esprits faibles, dans
leur obsession des femmes, pourraient
faire du mal aux conductrices. «C’est
dangereux, ça les expose au diable»,
a-t-il plaidé, avant de préciser que le
fait de conduire empêcherait également
les familles des conductrices de savoir
où elles se trouvent pour les cas où
elles se déplaceraient non accompagnées
en voiture.
« La
conduite affecte les ovaires »
Cheikh Saleh Al-Luhaydan un
dignitaire conservateur s’est lui basé
sur la médecine pour justifier
l’interdiction faite aux femmes de
conduire. « La médecine a étudié cette
question (…) la conduite affecte les
ovaires et pousse le bassin vers le
haut », a-t-il jugé sur le site saoudien
Sabq. « C’est pourquoi nous trouvons que
la plupart des femmes qui conduisent des
voiture de façon continue ont des
enfants qui souffrent de troubles
cliniques », a ajouté le religieux.
Cheikh Luhaydan a affirmé en outre
que dans les autres pays arabes, 33%
des femmes qui conduisent ont été à
l’origine d’accidents, contre 9%
seulement des hommes. Il a ajouté
qu’il y avait clairement « dans le
Coran et la sunna des preuves que la
conduite des femmes est interdite
pour des raisons morales et
sociales ».
« La
société n’est pas prête »
Le vice-prince héritier de l’Arabie
saoudite Mohammed ben Salman Al Saoud,
fils du roi Salmane, l’un des
personnages les plus puissants du
royaume, a déclaré que l’Arabie saoudite
n’était pas encore prête à ce que les
femmes conduisent.
« La question des femmes conduisant
n’est pas autant une question religieuse
qu’une question qui se rapporte à la
société elle-même qui l’accepte ou la
refuse. La société n’est pas convaincue
que les femmes puissent conduire »,
a-t-il décrété.
Le
dossier Arabie saoudite
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