Algérie
M. Bedjaoui (Ambassadeur ): si la guerre
en Libye n’avait pas eu lieu, Boko Haram
n’aurait pas existé
Djamil Mesrer
Dimanche 22 mai 2016
L’ambassadeur d’Algérie au Cameroun,
Merzak Bedjaoui, a dit tout haut ce que
pensent les décideurs algériens en
général et les diplomates en
particulier.
En effet, le diplomate algérien, qui
était l’invité du Café politique du club
des journalistes politiques du Cameroun,
a, avec beaucoup de franchise, dénoncé
l’ordre mondial gouvernant ainsi que la
politique de la France qui a agressé
militairement la Libye ce qui a engendré
une déstabilisation de la région et une
extension du terrorisme.
« Si la guerre en Libye n’avait pas
eu lieu, Boko Haram n’aurait pas
existé » a soutenu le diplomate
algérien. Autrement dit, c’est
l’intervention militaire occidentale et
française en particulier de Nicolas
Sarkozy qui a donné naissance au groupe
extrémiste Boko Haram.
Parlant de l’Algérie et de sa lutte
contre ce phénomène, l’ambassadeur
souligne que « L’Algérie a fermement
combattu le terrorisme à travers la
déradicalisation. Elle est très
importante. L’Algérie a eu une attitude
claire dès le début. Certains pouvoirs
étrangers ont mis la pression sur
l’Algérie, mais elle a refusé
d’effectuer tout paiement » (de rançons
NDLR).
Pour Merzak Bedjaoui, ce sont ces
différentes rançons versées qui
financent l’expansion du terrorisme, la
raison pour laquelle l’Algérie a suggéré
à l’ONU de criminaliser le paiement
desdites rançons ajoute le diplomate.
Revenant sur la politique de la
France en Afrique, l’ambassadeur
soutient que l’ancienne puissance
coloniale met tout en œuvre pour
maintenir le continent, en particulier
l’Algérie, sous son joug colonial. «Ça
n’a jamais été simple. L’Algérie n’a pas
besoin de ce pays (la France, NDLR);
c’est ce pays qui a besoin de
l’Algérie. »
Interrogé sur les problèmes de santé
de chefs d’États africains relayés par
les médias occidentaux, Merzak Bedjaoui
martèle qu’on « ne dirige pas un pays
avec les pieds, mais avec sa
tête ». N’écoutez pas ce qui est propagé
à grands renforts par les pays
étrangers. En Allemagne, le ministre de
l’Économie est sur un fauteuil roulant ;
aux États-Unis, Roosevelt qui a fait
quatre mandats avait des soucis de
santé, il en est de même de l’ancien
Président d’un pays dont je ne vais pas
citer le nom ici. À notre sens, Jacques
Chirac a fait deux mandats et « menti »
sur sa santé. Mais quand c’est chez
nous, ils montrent que c’est un drame »
a-t-il fait valoir.
Dans le même ordre d’idées, il
soutient que l’ordre mondial en place
n’est pas propice au développement des
pays africains. «L’Algérie a proposé un
nouvel ordre international parce qu’il
ne faut pas se leurrer il y a un ordre
international qui autorise ou pas le
développement. Le prix du pétrole est
fixé ailleurs. Dès lors, comment
maîtriser le budget ?», se demande t-il.
L’Algérie, poursuit l’ambassadeur
Merzak Bedjaoui, a échappé au « diktat »
des bailleurs de fonds. « L’Algérie
avait une dette de 44 milliards de
dollars, au taux d’intérêt de 17%. Elle
a remboursé par anticipation 116
milliards de dollars. Cela n’a pas été
facile, car les pays prêteurs refusaient
d’être remboursés. Mais, cela a permis à
l’Algérie d’accumuler des réserves de
change suffisantes qui évitent au pays
de s’endetter sur le marché
international. »
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