Palestine
Hassan Nasrallah : La Palestine ou
le retour sur un discours
Antoine Charpentier
Mercredi 15 mars 2017
Suite à l’actualité au
Moyen-Orient, notamment en Syrie et en
Irak où les deux armées et leurs alliés
enchaînent les victoires, la Palestine
revient sur le devant de la scène. Ces
trois dossiers ont fait partie
conjointement du discours télévisé de
Sayyed Hassan Nasrallah, Secrétaire
Général du Hezbollah, daté du
16-02-2017.[1]
Analyser les discours de Sayyed Hassan
Nasrallah n’est pas une mince affaire.
Ils sont d’une densité particulière et
d’une visée multidimensionnelle. Le
discours du chef du Hezbollah se situe
dans la même voie que l’interview du
Président Bachar Al-Assad accordée à des
médias officiels français.
[2]
Les auditeurs du chef du Hezbollah
peuvent s’apercevoir qu’il existe plus
que jamais une affirmation que la guerre
en Syrie a été remportée par l’axe de la
résistance et que le temps est venu de
la purifier. Les constatations sur le
terrain militaire, diplomatique et
politique en Syrie affirment cela.
Cependant, une lecture précise du
discours de Sayyed Nasrallah fait
émerger une idée très importante, qui
peut donner quelques éclairages sur les
pourparlers des dirigeants israéliens
sur le plan politique intérieur et
extérieur. Suite aux victoires de l’axe
de la résistance au Moyen-Orient, la
boussole de cette résistance pourrait
être réorientée de nouveau vers la
Palestine, qui semble « délaissée » en
ce moment.
C'est dans ce cadre que le
Secrétaire Général du Hezbollah a mis en
garde Israël, déclarant que la
résistance est prête à la moindre faille
qu’elle risquera de commettre contre le
Liban. Ensuite, Sayyed Nasrallah a
évoqué la capacité de la résistance à
mener des frappes contre le site
nucléaire de Demona à Haifa en cas de
conflit. Le Secrétaire Général du
Hezbollah semble vouloir indiquer tout
simplement que les points les plus
stratégiques en Israël sont sous le feu
de la résistance.
L’évocation du site nucléaire de
Demona entre dans la guerre dissuasive
contre Israël. Cependant, le chef du
Hezbollah affirme aux dirigeants
israéliens qu’en ce qui concerne le
Liban, ils ne peuvent plus faire ce
qu’ils veulent, comme ils veulent et
comme ils avaient l’habitude de faire.
Néanmoins, il est difficilement
croyable que la résistance libanaise
soit aussi immorale pour tuer des
milliers et des milliers d’innocents, en
bombardant un site nucléaire. Mais
lorsque l’adversaire devient sourd,
aveugle et irraisonnable, il faut bien
lui parler avec les mots qu’il peut
comprendre.
Le chef du Hezbollah évoque le
site de Démona pour signifier également
que cette cible stratégique est sortie
de la liste des surprises qu'il a évoqué
à maintes reprises. Cependant, y-a-t-il
d’autres points plus stratégiques et
sensibles en Israël que le site
nucléaire de Demona ? Qu’est-ce qui
pourrait être plus stratégique pour une
puissance comme Israël que ses sites
nucléaires ?
Le discours du chef du Hezbollah
se situe dans le registre de la guerre
psychologique qui a déjà fait ses
effets. Selon la chaîne Al-Mayadeen,
environ quatre mille colons ont
manifesté au lendemain du discours de
Sayyed Nasrallah afin de réclamer le
démontage du réacteur nucléaire en
question. Les manifestations des colons
à Haifa révèlent aussi que le peuple
israélien prend les paroles d’Hassan
Nasrallah au sérieux, lui donnant de la
crédibilité.
Après la guerre psychologique, il
y a la guerre secrète. Il n’est pas
anodin que le Président de la République
libanaise Michel Aoun mette à son tour
en garde Israël. En général, les mises
en garde sont multidimensionnelles et
contiennent plusieurs messages de la
part de l’émetteur, dont un ou plusieurs
avertissements, ainsi que l’absence
d’une volonté d’entrer dans des conflits
armés. Mais que fait un peuple si une
guerre lui est imposée ?
La défense légitime n’est-elle pas un
droit stipulé dans la Charte des
Nations-Unies, chapitre 7, article 51 ?
[3]
Enfin, l’axe de la résistance remporte
les victoires contre le terrorisme et
ses sponsors au Moyen-Orient. Il est
indéniable que les règles du jeu ont
changé. Cependant, les espoirs reposent
encore et toujours sur un sursaut dans
la direction d’une paix juste et
équitable, même si ces espoirs sont à
l’heure actuelle très réduits, face à un
ennemi aveuglé par son arrogance, qui se
retournera contre lui un jour.
Antoine Charpentier
[1]
Discours du Secrétaire Générale
du Hezbollah : 16-02-2017
http://program.almanar.com.lb/pdetails.php?pid=751&eid=212584&wid=5245
[2]
EXCLUSIF TF1 - l'entretien
integral de bachar al-assad :
http://www.lci.fr/international/exclusif-tf1-l-entretien-integral-de-bachar-al-assad-2026157.html
[3]Carte
des Nations-Unis, chapitre VII :
action en cas de menace contre
la paix, de rupture de la paix
et d'actes d'agression
http://www.un.org/fr/sections/un-charter/chapter-vii/index.html
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