Alahed
Qu’est ce qui se cache derrière les
menaces européennes de bombarder les
barques des migrants?
Akil Cheikh Hussein
Samedi 26 septembre 2015
L'on ne doit pas
s'étonner si, dans un mois ou plusieurs
années on découvre que la photo de
l'enfant syrien jeté par les vagues sur
la côte turque était le produit, d'une
manière ou d'une autre, d'une opération
de trucage dont le but est d'attirer
l'attention sur le problème des migrants
syriens, en prélude à une agression que
l'Union européenne prévoit mener contre
la Syrie.
Nul besoin de rappeler ici
que le mensonge et la manipulation
comptent parmi les fondements essentiels
des politiques d'agression qu'exerce
l'axe du mal dirigé par les Etats-Unis.
Nul besoin aussi de
rappeler que l'Europe et l'Occident sont
responsables de la création de ce
problème des migrants résultant, primo,
du processus d'appauvrissement
méthodique que pratiquaient et
pratiquent encore les puissances
colonialistes et impérialistes à l'égard
des peuples dominés. Secundo, des
guerres que ces mêmes forces mènent ou
provoquent ici et là dans le monde.
Tercio, du besoin qu'ont les pays
occidentaux des mains d'œuvre à bas prix
aussi bien que des populations, des
habitants, dans les conditions du
vieillissement de leurs sociétés. Et
enfin, de l'attraction que les sociétés
occidentales continuent d'exercer sur de
nombreux habitants des pays pauvres, en
dépit du fait que le mythe de la
prospérité de l'Occident s'approche
rapidement de son évanouissement qui a
de véritables chances d'être très
catastrophique.
Des paris européens ratés d'avance
Pourtant, les européens
poursuivent leurs diverses tentatives
d'investir dans la question de
l'immigration. Leur pari d'investir
politiquement dans le problème des
réfugiés, syriens en particulier, est
arrivé à présenter ce problème comme un
danger qui menacerait l'existence même
de l'Europe. D'une part en raison des
divergences qui opposent ceux qui
acceptent et ceux qui refusent
d'accueillir les réfugiés. D'autre part,
du fait que ce problème est considéré
comme une menace pour la zone Schengen,
ou même pour l'identité chrétienne de
l'Europe.
Il est important de
rappeler ici que, depuis des mois, les
Européens déploient leurs efforts en vue
d'obtenir de la part du Conseil de
sécurité une résolution sous l'article
VII qui autorise d'utiliser tous les
moyens pour stopper le flux des migrants
vers l'Europe. En attendant, plusieurs
pays membres de l'Union européenne se
sont accordés à commencer les
préparatifs pour lancer une action
militaire à cet effet.
Cette action militaire
pourrait aller du bombardement des
embarcations utilisées dans le transport
des migrants afin de les empêcher de
prendre la mer avant que les migrants ne
soient montés à bord, jusqu'à les
bombarder mêmes si elles sont chargées
de migrants, ou aussi d'intervenir pour
traquer les trafiquants à l'intérieur
même des territoires des pays visés.
Certes, le seul fait de
l'apparition d'idées comme celle du
bombardement des embarcations chargées
de migrants permet de se douter des
allégations qui s'efforcent de donner
des explications à la mort de 70
réfugiés syriens étouffés dans un camion
frigorifique en Autriche, ou à la noyade
de milliers des migrants dans les eaux
de la Méditerranée.
En même temps, il ne faut
pas croire tout ce qu'on dit sur les
inquiétudes européennes face à
l'invasion de leurs pays par les
réfugiés. S'il est vrai que des
extrémistes affichent leur refus de les
accueillir, ou demandent de les chasser,
il y en a d'autres qui s'emploient à
gérer le problème de manière à ce que
leur flux se poursuive mais dans des
proportions en accord avec le besoin
qu'on a d'eux.
Ou en accord avec les
besoins qu'ont des parties comme
l'entité sioniste et les Etats-Unis
d'utiliser ce problème pour attiser
l'animosité envers les Arabes et les
Musulmans et, par conséquent, pour
déstabiliser l'Europe et l'Occident en
général.
Légitime défense
Quoi qu'il en soit, il
parait que la poursuite des trafiquants
présentée comme ayant pour théâtre les
côtes et le territoire libyens n'était
qu'une couverture d'un autre projet
d'agression.
Ce projet a été préparé par
une campagne de propagande qui a placé
l'Europe dans une situation difficile et
qui est appelée à exercer son droit à la
légitime défense. Et de la même manière
qu'on mène une guerre feinte contre
Daech, on a déterminé l'ennemi à
poursuivre comme étant de "mafias"
travaillant dans le trafic de réfugiés
ainsi que dans ce que les Européens
présentent comme étant leur intention de
combattre le nouvel esclavagisme.
Et comme les mafias sont
certes invisibles, et les trafics se
font sur des barques revenant à des
pécheurs, ces barques et ces pécheurs
mais également les territoires d'où
partent les réfugiés sont devenus
l'unique cible concrète des opérations
militaires d'agression décidées par
plusieurs pays membres de l'UE.
Mais, et c'est là le fond
de la question, comme les vagues de
migrants comprennent beaucoup de
Syriens, il est d'ores et déjà certain
que c'est la Syrie qui est visée par une
«nouvelle» agression, ou une agression
«supplémentaire» directement par l'UE.
Pourquoi l'Union européenne
? Tout simplement parce que les
Etats-Unis -qui n'ont pas osé l'année
dernière mettre en œuvre leur agression
militaire directe contre la Syrie- ne se
gênent pas de pousser des responsables
politiques ratés comme François
Hollande, David Cameron, ou les
dirigeants de pays comme la Turquie, la
Jordanie, le Qatar et le Royaume
saoudite vers le guêpier syrien…
Le problème des réfugiés
est utilisé comme un prétexte pour un
projet concocté, il y a des mois, par
les parties mentionnées visant à mener
des opérations militaires prétendument
contre Daech, mais véritablement contre
la Syrie, et ce en vue de briser
l'équilibre au profit des groupes
terroristes et du partage de ce pays.
Inopinément, et avec la
foudroyante entrée militaire russe sur
la scène, de nouvelles donnes se sont
intervenues et ont placé la Syrie et
toute la région face à des surprises
majeures.
Source : Al-Ahednews
Le sommaire d'Akil Cheikh Hussein
Les dernières mises à jour
|