Alahed
Des sionistes aux arabes sionisés,
la «Nakba» se renouvelle
Akil Cheikh Hussein
Jeudi 21 mai 2015
La politique des massacres et des
destructions adoptée par l'entité
sioniste et qui a provoqué la «Nakba»
(la catastrophe) des Palestiniens est
également utilisée par les Saoudiens qui
ont causé de multiples «nakba» dans
d'autres pays arabes. Pourtant, ce sont
justement ces «nakba» qui déclenchent
une prise de conscience qui commence à
ruiner les projets hégémoniques dans la
région.
Beaucoup d'Arabes et de Palestiniens
continuent heureusement à utiliser le
terme «nakba» pour désigner la
spoliation de la Palestine par les
Sionistes en 1948. Cela prouve qu'ils se
sentent opprimés et qu'ils sont
conscients de la nécessité de finir avec
le joug de l'injustice que leur imposent
l'entité sioniste et les Arabes sionisés.
Attachement à la Palestine et
refus de l'existence de l'entité
sioniste
Il est certain que c'est cette prise de
conscience qui empêche le fait que la
Palestine soit effacée de la mémoire au
profit de l'entité sioniste, et que le
concept de la «Nakba» qui -en
concrétisant l'attachement des Arabes à
la Palestine et leur refus radical de
l'existence de l'entité usurpatrice-
empêchent le remplacement de ce concept
par des concepts défaitistes comme la
paix non fondée sur la justice et la
modération synonyme d'une attitude qui
ne soutient le droit ni ne se révolte
contre l'injustice. Ou comme ceux qui
prônent l'ouverture, l'exclusion de la
haine, l'acceptation de l'autre et la
prospérité qui, selon les Arabes
sionisés, englobera la région grâce à la
future coopération et intégration entre
les pays arabes et l'entité sioniste.
Heureusement aussi que les dimensions du
combat imposé à la nation arabe et
islamique sont devenues suffisamment
claires pour mettre en évidence les
véritables positions des parties en
conflit. Mais surtout pour dépasser les
situations opaques qui permettaient aux
Arabes sionisés de dissimuler leur
compromission en participant avec
l'ennemi sioniste à la «construction» de
la «Nakba» palestinienne et les nakba
consécutives qui frappent aujourd'hui la
plupart des pays arabes et musulmans.
En fait, la «Nakba» de la Palestine n'a
pas commencé en 1948, mais au moment où
la spoliation de la Palestine était
devenue un projet tangible avec les
promesses données -aux Britanniques puis
aux Américains- par le fondateur du
royaume saoudite, Abdel Aziz Ibn Saoud,
de «donner la Palestine aux pauvres
Juifs», selon ses propres termes. Ces
mêmes promesses ne pouvaient pas être
données sans l'état de corruption, de
dissolution et d'éloignement de la bonne
gouvernance qui a frappé tous les
empires du «pouvoir féroce» dits
islamiques et qui a atteint son apogée
avec la dégénérescence de l'empire de
l'Homme malade ottoman.
Il ne pouvait également avoir lieu sans
le premier Printemps arabe qui a pris le
nom de la Grande révolution arabe qui a
chassé les Ottomans hors de la région
pour la livrer aux colonisateurs
britanniques et français qui
concurrençaient pour servir le projet
sioniste.
Il ne pouvait non plus voir le jour sans
la traitrise de la plupart des chefs
arabes qui, conseillés et conduits par
leurs protecteurs britanniques, ont
encouragé des centaines de milliers de
Palestiniens de quitter leur pays pour
seulement quelques jours afin de
permettre aux armées arabes de chasser
les colons sionistes hors de la
Palestine. Promesse qui attend sa
réalisation depuis 65 ans.
L'ère des victoires
La riposte à la «Nakba» et la libération
de la Palestine ont constitué le
principal moteur des changements grâce
auxquels des forces nationalistes ont
accédé aux pouvoirs en Egypte et en
Syrie. Cependant, les campagnes menées
contre ces deux pays par l'entité
sioniste, ses protecteurs occidentaux et
leurs prolongements arabes avec, à leur
tête le royaume saoudite, ont conduit à
la défaite de 1967, aux traités de paix
et aux reconnaissances arabes
officielles et non officielles de
l'entité sioniste.
C'est dans ce contexte que le camp
dirigé par les Saoudiens a abandonné
ouvertement la Palestine. Le conflit
israélo-arabe s'est réduit alors en un
conflit israélo-palestinien au milieu de
la prolifération des thèses défaitistes
et de la croyance rampante pour laquelle
tout effort pour résister au projet
sioniste était devenu absurde.
Pourtant, c'est dans le même contexte
qu'on a assisté à la victoire de la
Révolution islamique en Iran, victoire
qui a consolidé les positions de la
Syrie et aidé à la naissance des
mouvements de résistance au Liban et à
Gaza qui ont ouvert la région à la fin
de l'ère des défaites et au début de
l'ère des victoires.
Avec les défaites encaissées par l'armée
prétendument invincible, mais surtout
avec la hantise des Israéliens face à
toute tentative de venger leur défaite
historique au Liban en 2006, et avec la
nouvelle donne qui a fait du «contrôle
de la Galilée» une option pour le
Hezbollah, les Arabes sionisés se sont
rendus compte du fait que la défaite
finale du projet israélo-américain était
devenue proche et que la survie de leurs
régimes n'était plus possible.
C'est ainsi qu'ils ont pris le devant de
la scène pour jouer le rôle de l'outil
exécutif aux mains des Etats-Unis et de
l'entité sioniste, tantôt en finançant
les groupes terroristes et takfiri,
comme on le voit en Irak, en Syrie et en
Lybie, tantôt en intervenant directement
comme on le voit à Bahreïn et au Yémen.
En vérité, ils ont pu «construire» dans
ces pays des nakba qui, par leur
énormité et leur sauvagerie, ont dépassé
celle de la Palestine.
Pourtant, leurs réussites réalisées sur
le plan des massacres et des
destructions ne pourront pas réaliser
leur objectif qu'est la liquidation de
l'axe de la Résistance. Elles conduiront
certainement à un résultat contraire,
car ils n'ont pas assimilé les leçons de
la guerre civile qui a éclaté au Liban
quelques décennies avant le
déclenchement du Printemps arabe et ses
émanations : En dépit des massacres et
des destructions qui ont frappé ce petit
pays quant à sa superficie, le nombre de
ses habitants et ses potentialités, il a
vu se développer la Résistance qui a
introduit l'entité sioniste dans l'ère
de l'effondrement. Même après la
destruction quasi-totale du Liban
pendant la guerre de 2006, la Résistance
était sortie plus glorieuse et plus
forte qu'auparavant.
Et de la même manière, l'histoire
commence à se répéter en Irak, en Syrie,
au Yémen et ailleurs dans les pays visés
par les agressions menées par l'axe
israélo-américain et ses prolongements
arabes.
Source : Al-Ahednews
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