Algérie
patriotique
Le ministre saoudien des Affaires
étrangères à Alger pour réparer les pots
cassés
Aït Amara
Le
ministre des Affaires étrangères
saoudien Adel Ben Ahmed Al-Jubeir. D. R.
Vendredi 1er janvier 2016
C’est le ministre des Affaires
étrangères d’une Arabie Saoudite en
pleine crise économique qui se rend en
Algérie, ce jeudi. Alger et Riyad
divergent sur tous les dossiers
internationaux, à commencer par celui de
la politique arabe de cette puissance
pétrolière du Golfe qui a joué un rôle
prépondérant dans le chaos qui règne
dans, pratiquement, l’ensemble des pays
non monarchiques de la région. La visite
d’Adel Ben Ahmed Al-Jubeir permettra de
poser sur la table les points
d’achoppement qui éloignent les deux
pays l’un de l’autre. Déjà, au début des
années 1990, en pleine montée en
puissance de la nébuleuse islamiste en
Algérie, les autorités algériennes de
l’époque reprochaient au régime
wahhabite de financer les partis
extrémistes algériens, au premier rang
desquels l’aile politique des groupes
islamistes armés, le FIS dissous. Le roi
avait nié en bloc les accusations
d’Alger, mais la mauvaise foi des Al-Saoud
apparaissait au grand jour au travers
des soutiens indirects que les
organismes prétendument indépendants
apportaient aux salafistes en Algérie,
dans l’espoir d’instaurer un régime
théocratique basé sur la charia dans sa
perception la plus rétrograde. Le
soutien de l’Arabie Saoudite aux groupes
armés en Syrie, vingt ans plus tard,
confirme cette propension de Riyad à
vouloir imposer sa doctrine moyenâgeuse
à tous les pays arabes «progressistes».
Le refus de l’Algérie de prendre part à
la coalition pour mener la guerre au
groupe terroriste Daech embarrasse
l’Arabie Saoudite. En effet, l’absence
du pays pivot dans la lutte
antiterroriste dans le monde ampute
cette coalition hétéroclite de sa
véritable force de frappe. L’Algérie est
consciente que ce royaume qui domine le
Conseil de coopération du Golfe nourrit
secrètement des velléités autres que
celles qu’il met en avant pour justifier
sa soudaine intention de combattre
l’hydre terroriste dont il est le
géniteur. L’agression militaire qu’il
dirige contre le Yémen en est la preuve.
Il vise, in fine, à retourner cette
coalition contre les chiites et se
positionner comme le chef de file d’une
guerre sunnite contre «le danger
iranien» aux visées «expansionnistes».
L’échec lamentable de l’intervention
militaire au Yémen présage la déroute de
toute coalition dirigée par les Al-Saoud,
quelles qu’en soient les armées qui la
composeront. Le choix de l’Algérie de
tourner le dos à ce pays «frère» est,
dès lors, pleinement justifié. Loin des
terrains de bataille, la baisse
drastique des cours du pétrole et la
grave crise économique qui se profile en
Arabie Saoudite, un pays qui vit
largement au-dessus de ses moyens,
seront également au centre des
discussions. Entre les lignes du
communiqué laconique qui couronnera la
rencontre entre Ramtane Lamamra et son
homologue saoudien, il ne faudra pas
s’attendre à un quelconque rapprochement
dans leur approche concernant les
questions de l’heure. Au contraire,
tout, absolument tout, concourt à
creuser le fossé entre ces deux pays aux
intérêts diamétralement opposés.
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