Chronique de
Palestine
Macron incite à l’islamophobie
pour en
faire un fonds de commerce électoral
Abdel Bari Atwan
Mosquée de
Lille-Sud - Photo : Pierre LE MASSON,
via La Voix du Nord
Mardi 3 novembre 2020 A des fins
politiciennes, le président français
incite à la haine à l’encontre les
musulmans.
Emmanuel Macron a
déclaré samedi sur la chaîne Al-Jazeera
qu’il comprenait les sentiments des
musulmans choqués par la diffusion de
caricatures offensantes du prophète
Mahomet et qu’il nuançait sa défense
absolue des dessins. « Je pense que les
réactions sont le résultat de mensonges
et de déformations de mes paroles car
les gens ont compris que je soutenais
ces caricatures », a-t-il expliqué.
Il s’agit là d’une
reculade pour le président français et
d’une victoire pour la campagne de
boycott des produits français qui a
balayé une grande partie du monde
islamique.
Mais ce n’est pas
suffisant. M. Macron doit des excuses
claires à 1,7 milliard de musulmans pour
les insultes qu’il leur infligées dans
leur foi. Ce serait avant tout dans
l’intérêt de la France elle-même, car la
blessure causée par son président est
profonde et le mal est déjà fait.
Les hommes d’État
sont censés se comporter de manière
responsable, choisir leurs mots avec
soin et éviter les actions qui mettent
en péril la sécurité et la stabilité de
leur pays. Mais Macron s’est plus
comporté comme un fauteur de troubles,
un chef de gang ou un semeur de haine
religieuse que comme le président d’un
pays qui se targue de son héritage des
Lumières et dont l’économie, touchée par
la pandémie du coronavirus, est en
mauvaise posture.
Il aurait pu imiter
la Belgique voisine, qui a licencié un
enseignant qui avait montré ces images
obscènes à sa classe de 10-11 ans. Ou il
aurait pu réagir comme le Canadien
Justin Trudeau, qui a déclaré que la
liberté d’expression devait avoir des
limites et que les Occidentaux devaient
respecter les cultures des autres et
essayer d’éviter de blesser leurs
sentiments.
Au lieu de cela,
l’obsession de Macron de gagner des
avantages politiques nationaux l’a
poussé à adopter une attitude
colonialiste hautaine qui ne peut que
nuire à l’économie et à la position
internationale de la France.
Si quelque chose de
bon est ressorti de sa rhétorique
anti-islamique provocatrice, c’est
qu’elle a uni les musulmans du monde
entier, indépendamment de leur
appartenance sectaire ou de leur couleur
politique, dans une cause commune.
Le Koweït a donné
l’exemple de ce qu’une action populaire
concertée de ce type peut accomplir. Le
contrecoup a conduit à la « suspension »
du commerce bilatéral, évalué à 12
milliards de dollars par an.
Le potentiel de
dommages supplémentaires est bien plus
important, étant donné que les États du
Golfe à eux seuls ont investi quelque
300 milliards de dollars en France.
Nous mentionnons
ces chiffres parce que nous savons que
rien ne préoccupe et ne blesse plus les
États capitalistes occidentaux que
d’être frappés à leur porte-monnaie.
C’est la raison pour laquelle Macron a
décidé de commencer à faire machine
arrière dans une tentative désespérée de
désamorcer la crise et de limiter les
dégâts.
Mais sa démagogie
raciste et sa myopie politique ont déjà
provoqué un énorme schisme entre son
pays et le monde islamique, qu’il faudra
des années pour combler. La première
étape, et la plus importante, pour y
parvenir est de présenter des excuses
claires et nettes.
*
Abdel Bari Atwan est le rédacteur
en chef du journal numérique
Rai al-Yaoum. Il est l’auteur de
L’histoire secrète d’al-Qaïda, de
ses mémoires,
A Country of Words, et d’Al-Qaida
: la nouvelle génération. Vous
pouvez le suivre sur Twitter :
@abdelbariatwan
1° novembre 2020
–
Raï al-Yaoum – Traduction :
Chronique de Palestine – Lotfallah
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