Opinion
La première Messe
de Noël en Tunisie sous gouvernement
islamiste
Zohra
Abid
Lundi 26 décembre
2011
La communauté chrétienne de Tunis a
célébré, samedi soir, à la Cathédrale
Saint-Vincent-de-Paul, sa première messe
de Noël en Tunisie… sous un gouvernement
islamiste. Kapitalis était au
rendez-vous…
Par Zohra Abid
Comme chaque année et à pareille
période, les portes de la Cathédrale de
Tunis se sont ouvertes du côté de la
grande avenue de France et de celui de
la rue d’Alger.
Monseigneur Maroun Lahham mène
le rituel
La communauté
subsaharienne en force
Dès la tombée de la nuit, les
chrétiens de Tunis (0,2% de la
population tunisienne) se sont dépêchés
pour fêter Noël et célébrer la
traditionnelle messe de minuit, avec la
crèche, l’arbre de Noël et la ferveur
des fidèles. Sous la houlette de
l’archevêque Mgr Maroun Lahham.
Cette année, les chrétiens d’origine
subsaharienne (en majorité des
fonctionnaires de la Banque africaine de
développement ou des étudiants
séjournant à Tunis), syrienne, libanaise
et… des Tunisiens convertis au
christianisme, des asiatiques et autres
touristes de passage ont répondu
présents.
Les diplomates de confession
chrétienne accrédités à Tunis étaient,
en revanche, très peu nombreux, en
comparaison avec les années précédentes.
La cathédrale de
Saint-Vincent-de-Paul (un style
romano-byzantin) – en charge de douze
lieux de culte disséminés à travers le
pays et une vingtaine de congrégations
de 131 religieuses et 46 prêtres – était
discrètement gardée par des agents de
sécurité, postés aux deux entrées. Les
uns en uniforme, les autres en civil.
Une voiture de police a été dès
l’après-midi garée juste en face de la
bâtisse. Sécurité oblige! On ne sait
jamais dans un pays où la parole s’est
enfin libérée et où les gens manifestent
désormais pour tout et pour rien. Et
puis, avec ces salafistes et autres
adeptes de Hizb Ettahrir, on n’est
jamais vraiment à l’abri d’une
surenchère!
Monseigneur Maroun Lahham
conduit la messe de la natalité
Silence, on
prie!
A l’entrée du côté de la grande
avenue, un sapin de taille moyenne,
modestement garnie de guirlandes et
timidement éclairé. A l’intérieur, des
chandelles allumées, des gerbes de
fleurs posées un peu partout, au pied
des crèches, au pied des colonnes.
L’encens enveloppe l’espace. Des Sœurs
tout en bleu gris et des prêtres tout de
blancs vêtus, veillent discrètement à
l’organisation et au bon déroulement de
la messe.
Au centre des prières: Dieu,
Seigneur, Saint Père, Jésus, Marie et
autres saint. Mais aussi des appels à la
paix, à l’amour, à la tolérance à toute
la famille humaine... Rien donc de
particulier à signaler, le rituel s’est
très bien passé. Les fidèles ont fait
leurs prières et sont rentrés
rassérénés.
La sécurité, très discrète,
filtre les entrées
Le 19 décembre 2011, Moncef Marzouki,
président de la république a reçu les
trois principaux chefs religieux du
pays, notamment Mgr Maroun Elias Nimeh
Lahham (d’origine jordanienne),
archevêque de Tunis depuis 2010 (et
évêque en 2005). L’entretien entre Mgr
Lahham et le président des Tunisiens a
porté sur la situation des églises
chrétiennes dans le pays qui «vivent,
selon Mgr Lahham, en paix et jouissent
de la confiance et de l’amabilité du
peuple tunisien et du pays béni, qui est
la Tunisie».
Cela ne devrait pas changer. Car les
dirigeants d’Ennahdha, le parti
islamiste aujourd’hui au pouvoir, ont
déjà exprimé leur attachement au respect
de la liberté du culte. Amen !
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Publié le 26 décembre 2011 avec l'aimable
autorisation de Kapitalis
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