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Ha'aretz
Abbas doit déclarer
unilatéralement l'Etat de Palestine
Yossi Sarid
Yossi Sarid
Haaretz, le samedi 14 novembre 2009
http://www.haaretz.com/hasen/spages/1127920.html
Depuis quelques jours, des rumeurs circulent dans la presse
israélienne sur les intentions qu¹auraient certains dirigeants
palestiniens de déclarer unilatéralement la création de l¹Etat
de Palestine. Certains journalistes vont même jusqu'à évoquer un
accord secret passé avec l'Administration Obama qui
encouragerait positivement une telle initiative. Il est
difficile de faire la part de la vérité et de l'intox dans ces
articles, mais il est sûr que cette question se pose aujourd¹hui
au sein de l¹Autorité palestinienne qui chercherait, en laissant
filtrer cette information, à exercer des pressions sur les
Etats-Unis pour obliger le gouvernement de Netanyahou à geler la
colonisation. La déclaration d'Abbas de ne pas se représenter
aux élections palestiniennes de janvier doit aussi être comprise
dans ce contexte. Mais ces ballons d'essai doivent aussi nous
alerter sur l'urgence à trouver une solution au conflit. Aucun
dirigeant palestinien ne pourra promettre indéfiniment à son
peuple un Etat sans perdre tout crédit. Si les Israéliens ne
décident pas de négocier rapidement et sérieusement avec Abbas,
ils risquent de se trouver, dans le cas où les Palestiniens
prendraient une telle initiative, confrontés à une situation où
ils seraient soumis à une forte pression internationale car il
est certain que la majorité des Etats représentés aujourd¹hui à
l'ONU reconnaîtrait rapidement le nouvel Etat. C'est pour
réfréner les dirigeants palestiniens favorables à une telle
initiative que Netanyahou menace, dans le cas où une telle
déclaration devait être faite, d¹annexer unilatéralement les
blocs de colonies en Cisjordanie. NdT
C'est maintenant, précisément, que le président palestinien
Mahmoud Abbas ne doit pas abandonner l¹espoir, et cela n'a rien
à voir avec les douceurs insignifiantes prononcées par Shimon
Peres samedi soir dernier lors de la manifestation à la mémoire
de Rabin à propos de certains qui donnent de l¹espoir du côté de
Ramallah. Comme si, à la présidence (chez Peres, président, ndt),
c'était tous les jours carnaval, et pas seulement quand il fait
ses valises pour le Brésil.
Abbas a eu raison de décider d'annoncer sa démission prochaine.
Car il est impossible de mener une négociation « sans conditions
préalables », alors que la colonisation se poursuit. Depuis 42
ans, Israël pose partout des conditions préalables et des faits
accomplis en tuiles rouges (« tuiles rouges des toits des
maisons » devenues le symbole des colonies ndt), faisant du
processus de paix rien d'autre qu¹un processus sans fin.
Mais, avant qu'Abou Mazen (Mahmoud Abbas ndt) ne parte, il lui
reste quelque chose à faire : déclarer unilatéralement, la
création d'une Palestine indépendante. La Palestine, maintenant.
Les deux côtés sont en droit d'agir unilatéralement. Abbas le
doit à son peuple, à lui-même et à nous. Cette semaine, des
informations ont filtré selon lesquelles le premier ministre
Benjamin Netanyahou trouve cette
perspective effrayante, et qu¹il attend des Américains qu¹ils
calment les esprits. Mais le cauchemar de Netanyahou constitue
notre seule chance d'en finir avec l¹occupation, nous vivants.
Lorsqu¹il déclarera l¹indépendance, Abbas doit appeler les Juifs
qui vivent dans l'Etat de Palestine [les colons, donc, ndt] à
préserver la paix et à faire leur part du travail pour
construire le nouveau pays, en
tant que citoyens aux droits pleins et entiers, jouissant d'une
représentation dans toutes ses institutions. David Ben Gourion
n'aurait pas été choqué par ce plagiat, tiré de la Déclaration
d¹Indépendance d'Israël.
Ainsi, Mahmoud Abbas deviendra le Ben Gourion palestinien. Les
circonstances n'étaient pas moins incertaines quand Ben Gourion
a déclaré l'indépendance en 1948. Mais notre père fondateur a
pris le risque, et nous avons de la chance qu'il l'ait fait.
Le risque que prendrait Abbas serait bien moindre. Sur les 192
Etats membres des Nations unies, plus de 150 reconnaîtraient une
Palestine libre, et la Palestine deviendrait bientôt le 193e.
Bien que nous ignorions la position des Etats-Unis, il est
difficile de croire que Barack Obama accepterait de se laisser
entraîner de nouveau dans l'isolation, maintenant que l'Amérique
refait partie du monde.
Et que ferait Netanyahou ? Envahir et reconquérir la Cisjordanie
? Restaurer le gouvernement militaire à la Muqata de Ramallah ?
Et quels ordres Ehoud Barak donnerait-il à l'armée ? La Serbie
n'a pas osé envahir le Kosovo après que celui-ci a déclaré son
indépendance, et même la grande Russie ne s'est pas permis de
demeurer dans le territoire géorgien souverain après la guerre
russo-géorgienne.
Tout de suite après la déclaration d'indépendance, des fêtes
commenceraient dans la capitale, Jérusalem-Est, et des gens du
monde entier s'y joindraient, y compris des Israéliens. Les
masses de la Maison Ismaël feraient la fête joyeusement dans les
quartiers de la ville, en particulier dans les quartiers dont
ils ont été évincés par des gens aux prétentions religieuses.
Cela devra être des manifestations de joie sans violence, et
aucune pierre ne devra voler.
Cette semaine, j'ai appelé Abbas au téléphone. Cela faisait plus
de quatre ans que nous ne nous étions pas parlé. Je lui ai fait
part de tout ce que je suis en train d'écrire aujourd¹hui. Je
lui ai encore dit autre chose : ce qui s'est produit au Mur de
Berlin il y a 20 ans, et à l¹apartheid quelques mois plus tard,
arriverait aussi à l¹occupation. Elle s'effondrera, même s'il y
aura encore des tentatives de la renforcer à l'aide de clous.
Traduction : Gérard pour
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