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Le Quotidien d'Oran
Quelle politique
sociale ?
Yazid Alilat
Samedi 8 janvier 2011
A bien des égards, le gouvernement Ouyahia a péché par une
politique sociale inexistante. Du moins invisible. Et, il
est pour le moins surprenant que l'explosion sociale qui
embrase plusieurs villes du pays n'ait pas été «anticipée»
par le gouvernement. La hausse fulgurante des prix des
produits de première nécessité, et pas seulement l'huile et
le sucre, car il y a aussi tout le panier de la ménagère,
n'est pas à elle seule le détonateur de ce ras-le-bol
social, qui, du reste, était palpable depuis quelques mois.
Certes, le nouveau schéma de fonctionnement du commerce de
détail, avec beaucoup de conditions drastiques, que le
ministère de M. Benbada a voulu imposer aux professionnels,
a déstabilisé plus d'un, jusqu'à provoquer les émeutes qui
essaiment aujourd'hui comme des champignons, même au plus
profond douar du pays.
Fallait-il être grand clerc pour savoir qu'en Algérie le
commerce de détail fonctionne dans un système informel
enraciné au plus profond de mœurs sociales nées dans les
années 90 ? Et que s'attaquer à ce système, sans des
solutions idoines, est une mission à haut risque ? C'est en
réalité la grande leçon reçue par le département de M.
Benbada qui, aujourd'hui, est en train de recoller les
morceaux de la grosse colère sociale provoquée. Pour autant,
le conseil interministériel prévu ce samedi pour examiner
une situation sociale chaotique, et tenter de trouver, et
vite, les solutions d'un problème qui dépasse de loin le
simple cadre d'émeutes sociales provoquées par une
surchauffe des prix, devrait aller au-delà du constat, et de
solutions conjoncturelles.
Car le constat, réel celui-là, est que la situation
socio-économique en Algérie est alarmante. Non seulement les
salaires, qui stagnent, même si le SMIG a été revu à la
hausse, ne correspondent plus à la spirale des prix, mais
c'est toute la sphère commerciale qui échappe à tout
contrôle, le chômage, l'inflation qui grimpe sans cesse, et,
c'est toute l'économie nationale qui roule au ralenti. La
semaine dernière, un haut cadre du ministère des Finances a
même prédit, dans une intervention à la radio nationale, des
hausses importantes des prix en 2011, avec une exacerbation
encore plus grave de l'inflation. Il a, en quelque sorte,
dit ce que beaucoup cachent : les prix vont exploser en
2011.
Pour autant, il faudrait que le gouvernement se «persuade»
lui-même, en envisageant les solutions pour éteindre le feu
de cette explosion sociale, que le pouvoir d'achat des
Algériens est extrêmement bas. La hausse des salaires, du
moins la dernière, s'est accompagnée par une envolée des
prix qui a immédiatement annulé l'effet de la hausse du
SNMG. Du coup, le salaire réel est redescendu à des niveaux
extrêmement bas, alors qu'en face les prix des produits de
consommation suivaient une courbe contraire. Et, cette
misère des salaires se concentre au niveau des employés du
secteur privé, des artisans et des chômeurs, qui reçoivent
de plein fouet ces hausses perpétuelles de prix. La
situation pour ces Algériens devient ainsi vite ingérable.
La machine économique en Algérie cale. Car si le programme
quinquennal 2010-2014 est adossé à une enveloppe de 256
milliards de dollars, en réalité, seules des miettes tombent
dans le couffin de la ménagère. Cela aussi avait été relevé
par des experts. Fallait-il donc attendre la déflagration
pour réagir ?
Le dossier Algérie
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