Nouvelles d'Irak
De
l'espionnage israélien aux Etats-Unis
Xavière Jardez
Jonathan Jay Pollard
Mardi 14 décembre 2010
Aucun pays n’a connu, de tout temps, de la part des Américains,
autant de largesses, d’indulgence ou de protection qu’Israël
dans le cadre de leur
« relation spéciale » :
dernièrement, dans l’espoir d’atténuer l’intransigeance d’Israël
sur la colonisation de la Cisjordanie ou de Jérusalem Est, de
raviver les négociations de paix moribondes, les Etats-Unis ne
lui ont-ils pas offert de juteux contrats d’armement*?
Et, de cette relation spéciale, est née une guerre d’espionnage
dont les Etats-Unis sont la victime.
Jonathan Jay Pollard, analyste civil des services de
renseignements de la Marine, qui a reconnu avoir espionné pour
Israël, a été condamné à perpétuité en 1987. Ian Williams, dans
un article de juillet/août 1993 dans le Washington Post,
écrivait que « même si Pollard a dit avoir été motivé par la
sécurité d’Israël, il n’empêche qu’il a été grassement payé (et
l’ai toujours) par le gouvernement israélien. Ses protecteurs
lui ont aussi offert des cadeaux et des voyages pour lui et sa
femme en Europe. La sévérité de la sentence est fondée sur le
témoignage non public de l’ancien Secrétaire à la Défense,
Caspar Weinberger, qui a déclaré que Pollard avait eu de la
chance car il aurait mérité trois condamnations à
vie. Pollard a fourni aux services secrets israéliens plus de
mille documents US classés secret défense comprenant des
centaines de pages, soit au total quelque 100 mètres cubes de
papier ».
« Selon Seymour Hersch, journaliste
d’investigation, Pollard a vendu à Israël des
informations vitales sur les cibles nucléaires de l’Union
Soviétique (en fait le plan d’attaque US de l’Union Soviétique).
Des sources de la Défense US suggèrent que ce qui a causé le
plus de colère au Pentagone et à travers la communauté du
renseignement aux Etats-Unis était que ces informations fournies
par Pollard mettaient en danger les agents se trouvant en Union
Soviétique et ailleurs. Les services de renseignements US – de
l’avis même du directeur de la CIA de l’époque, Bill Casey - ont
conclu que les Israéliens les avaient troquées avec l’Union
Soviétique » pour obtenir des Soviétiques la levée des
restrictions en matière de voyage des Juifs de ce pays pour
qu’ils émigrent en Israël.
Une
« taupe »
haut placée
Jusqu’en 1998, Israël a démenti publiquement que
Pollard fut un espion à sa solde bien qu’il lui ait accordé la
nationalité en 1995. Il avait d’ailleurs tenté d’obtenir sa
grâce mais les protestations massives de la communauté du
renseignement et de la défense américaine avaient fait échoué la
tentative. De même que la menace de démissions aux plus hauts
échelons du renseignement avait torpillé les efforts de Bill
Clinton pour échanger Pollard contre des concessions des
sionistes « dans le processus de paix ». Une nouvelle
campagne est d’ailleurs à l’œuvre pour libérer Pollard initiée
par trente députés démocrates et les principales organisations
juives des Etats-Unis, dont B’nai B’irth International,
Zionist Organization of America, Religious Action
Center of Reform Judaism, Agudath Israel, l’ancien
candidat à la présidence et Chrétien sioniste, Gary Bauer avec
son organisation « American Values »
Le cas de Pollard est emblématique de cette lutte
longue et incessante du contre-renseignement US pour se
débarrasser de ce cauchemar dans la mesure où Pollard était loin
d’être seul et le seul dans cette entreprise : une « taupe »
haut placée devait obligatoirement lui fournir les éléments clés
sur le lieu et la nature des documents à rechercher.
C’est ainsi que les services secrets ont poursuivi Ben
Ami Kadish qui avait partagé le même intermédiaire israélien
avec Pollard, qu’ils ont arrêtés Steve Rosen et Keith Weissman,
deux dirigeants du puissant lobby pro-israélien, AIPAC,
qu’ils ont écouté les conversations de Jane Harman avec un agent
israélien qui promettait d’intervenir dans le cas de Rosen et
Weissman.
Piégé par agent du FBI
se faisant passer pour un agent du Mossad
Et, depuis décembre 2009, un nouveau front a été
ouvert dans cette guerre souterraine avec l’arrestation de
Stewart David Nozette, un scientifique ayant travaillé pour le
Pentagone, qui avait accès aux secrets nucléaires les mieux
gardés et était en tête dans la recherche de l’eau sur la lune.
Il a occupé de hautes fonctions au Département de l’Energie,
de la Défense, à la NASA et a été membre du
Conseil national de l’Espace de la Maison Blanche
sous Bush père.
En d’autres termes, il n’était pas quelque médiocre
quidam désireux de vendre son pays pour des espèces : il était
l’un des grands, le principal contributeur à la réalisation du
radar biostatique Clementine qui permet aux
scientifiques US de découvrir l’eau sur la lune, une sorte de
Oppenheimer dont l’apport particulier au programme spatial US et
à ses applications militaires lui avait valu une accréditation
sur le plan de la sécurité que peu ont obtenue.
En fait, Nozette a été piégé par un agent du FBI ou
d’un autre service posant comme agent du Mossad. De 1998 à 2008,
il a occupé les fonctions de consultant dans « une société
aérospatiale entièrement détenue par le gouvernement israélien »
au sein de laquelle, une fois par mois, des représentants de la
compagnie lui soumettaient des questions ou des tâches. Il y
répondait contre paiements réguliers à hauteur de 250 000
dollars. Il s’était, aussi, enquis de la possibilité d’obtenir
un passeport israélien et du droit de retour.
Pillage des découvertes technologiques
En 2007, le FBI a fait une descente dans les locaux
d’une association non lucrative qu’il avait fondée,
l’Alliance pour la Compétitivité Technologique (ACT)
sous prétexte qu’ayant obtenu des contrats du gouvernement
fédéral, il avait escroqué ce dernier en facturant des prix
excessifs.
La réalité est que le FBI supputait, depuis quelque
temps, que ACT transmettait des secrets à Tel Aviv. En
effet, ACT dont l’objet social était le transfert de
technologie, favorisait les activités israéliennes en pillant
les dernières découvertes technologiques américaines,
particulièrement dans le domaine militaire, à tel point que la
Cour des Comptes (General Accounting Office) les avait
qualifiées «d’opérations d’espionnage les plus agressives à
l’encontre des Etats-Unis de n’importe quel allié américain ».
ACT avait signé des contrats avec le Laboratoire
de Recherche de la Marine US à Washington, l’Agence de Projets
de Recherche Avancée de la Défense à Arlington, le Centre de Vol
Spatial Goddard de la Nasa à Greenbelt. Il ne fait aucun doute
que des données essentielles, vitales, sur ces projets ont
nourri le Mossad.
La nature et l’étendue de l’espionnage israélien aux
Etats-Unis ne sont pas un sujet que la presse ordinaire,
aux Etats-Unis ou en Europe, s’aventurent à explorer. Cependant,
quand cela arrive, les résultats sont déroutants : la série en
quatre parties sur l’espionnage israélien aux Etats-Unis, de
Carl Cameron, sur Fox News, en décembre 2001 nous
apprend que les Israéliens avaient suivi les terroristes du 11
septembre, connaissaient leurs plans mais n’avaient pas pensé à
en informer les Américains. Et, il y avait aussi ceux qui
dansaient de joie à la vue des Tours Jumelles en flammes……
*
Un nouveau système de défense est développé par Israël, soutenu
par les Etats-Unis, sous le nom de « David’s Sling » (la
Sarbacane de David), pour protéger l’Etat hébreu contre une
attaque de missiles s’ajoutant à un approvisionnement en
équipement militaire massif.
Ce dernier comprend la fourniture de la dernière génération de
20 avions de combat F-35 entièrement financés par le Pentagone,
pour une valeur de $ 2,75 milliards y compris une aide de $1.5
milliards pour la fabrication par la défense israélienne
de pièces détachées pour les F.35.L’administration Obama a aussi
déboursé 422.7 millions de $ pour le système Iron Dome construit
par Israël et l’expansion de la production du système
Arrow 3 dont le coût sur dix ans s’est élevé à 3milliards de $
payés par les Etats-Unis. N’est pas oubliée la vente à Israël du
carburant pour les troupes terrestre, l’aviation pour un montant
de 2milliards de dollars « pour assurer à Israël la
supériorité aérienne ».
Sources :
Washington Report on Middle East Affaires,
november 2010,19 - WRMA, december 2009
© G. Munier/X.Jardez
Publié le 15 décembre 2010 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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