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El Watan
Discrètes tractations au
Proche-Orient
Une autre politique des
petits pas
T. Hocine
Le Président Syrien Bachar al Assad
28 avril 2008 « On ne commence pas un effort de
ce type sans espoir », a souligné le Premier ministre turc. La
Turquie, liée depuis 1996 à Israël par un accord stratégique,
va-t-elle servir de médiateur dans l'épais dossier du
Proche-Orient ?
La question est dans l'air depuis au moins une décennie, mais il
n'était apparemment question que d'opportunité et de temps.
Depuis cette date, beaucoup de temps a été perdu, mais en termes
d'opportunité, il est difficile de dire que l'opportunité est
réelle après le bombardement israélien du territoire syrien en
septembre dernier, et puis ces accusations américaines selon
lesquelles la Syrie s'apprêtait à se lancer dans le nucléaire.
Des questions qui n'ont pas convaincu grand monde, sauf qu'il y
a eu le précédent irakien pour signifier que quelque chose
pourrait se préparer contre la Syrie. Et un tel risque, sans
dire qu'il a disparu, a été au moins atténué, samedi dernier,
par la visite de quelques heures en Syrie du Premier ministre
turc. Celle-ci signifie tout d'abord qu'il n'y a plus le moindre
nuage entre les deux pays, après les menaces turques contre la
Syrie, accusée du temps où ses troupes étaient présentes au
Liban, au moins d’aider à l’entraînement des rebelles kurdes du
PKK. Ensuite que la question du partage des eaux de l’Euphrate a
été réglée et enfin pour ce que cela implique, il y a le message
dénué d’ambiguïté du Premier ministre turc au chef de l’Etat
syrien, évoquant un retrait israélien du plateau syrien du
Golan. Et une telle offre semblait prendre, hier, de la
consistance avec la déclaration de l’ambassadeur d’Israël en
Turquie, évoquant les possibles étapes de négociations de paix
qui pourraient s’ouvrir entre Israël et la Syrie par l’entremise
de la Turquie. La radio militaire et le quotidien Maariv ont,
pour leur part, évoqué, un possible sommet entre le Premier
ministre, Ehud Olmert, et le président syrien, Bachar al Assad,
à l’issue des contacts évoqués par le diplomate. La rencontre
publique au plus haut niveau entre dirigeants israéliens et
syriens a eu lieu le 3 janvier 2000 entre le Premier ministre
israélien, Ehud Barak, et le ministre syrien des Affaires
étrangères, Farouk Al Chareh, à Sheperstown en Virginie
(Etats-Unis) sous les auspices du président américain, Bill
Clinton. « Je ne peux pas donner de détails sur le processus
engagé avec les Syriens actuellement », a ajouté le diplomate
qui a également souligné l’importance de la médiation turque.
« Les Turcs veulent vraiment être impliqués dans un processus.
Ils nous ont déjà aidés à de nombreuses reprises dans le passé.
Ils ont une influence dans l’espace musulman et régional, ils
peuvent aider, mais il ne peuvent pas prendre la direction d’un
processus. » « Les Turcs comprennent que seule une puissance,
comme les Etats-Unis ou seul un bloc comme l’Union européenne,
dispose des capacités économiques pour soutenir ce genre de
processus, mais ils pensent qu’en raison de leur statut
particulier, ils peuvent apporter leur contribution », a ajouté
l’ambassadeur. Les négociations entre Israël et la Syrie,
parrainées par Washington, ont été interrompues en 2000, après
avoir achoppé sur la question du Golan, dont la Syrie réclame la
restitution totale jusqu’aux rives du lac de Tibériade,
principale réserve d’eau douce d’Israël. La visite d’une journée
du chef du gouvernement turc à Damas est intervenue après que le
président Assad eut révélé l’existence depuis l’an dernier de la
médiation turque. M. Assad a affirmé avoir été informé par la
Turquie qu’Israël était prêt à se retirer du Golan en échange de
la paix avec la Syrie. Israël et la Syrie sont formellement en
état de guerre depuis 1948, mais ont signé des accords
d’armistice ou de cessez-le-feu. Interrogé pour savoir s’il
espérait un résultat concret, le Premier ministre turc a
répondu : « On ne commence pas un effort de ce type sans
espoir. » M. Assad a affirmé avoir été informé par la Turquie de
la disposition d’Israël à se retirer du Golan en échange de la
paix avec la Syrie. Avant de gagner la Syrie, M. Erdogan avait
souligné que l’amélioration des relations d’Ankara avec les pays
de la région avait permis à la Turquie d’intensifier ses efforts
pour y favoriser des pourparlers de paix. Quant au président
syrien, il a exclu l’engagement de négociations secrètes avec
l’Etat hébreu. « Ce dont nous avons maintenant besoin c’est de
trouver un terrain d’entente à travers le médiateur turc »,
avait dit M. Assad. « Nous discuterons en premier lieu du
recouvrement de la terre afin d’établir la crédibilité d’Israël,
car nous devons être prudents et précis dans nos négociations
sur cette question », avait ajouté M. Assad. Cela rappelle une
autre époque, celle de la politique des petits pas des années
soixante-dix, tandis que la prudence syrienne sans être
excessive s’explique par les reniements israéliens.
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réservés © El Watan 2006.
Publié le 29 avril 2008.
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