|
El Watan
Un réel risque d'explosion
T. Hocine
Le roi Abdallah II
Mardi 12 mai 2009
Habituellement très réservé et aux propos très mesurés que le
souverain jordanien a décidé, cette fois, de rompre avec cette
habitude et d’asséner ce qui pour lui tient lieu de vérité. De
vérité partagée puisque la situation au Proche-Orient inquiète
au plus haut point.
Et le message que le souverain a adressé, en priorité au
monde occidental, est dénué d’ambiguïté. Ce sera la guerre,
dit-il, si rien n’est fait pour régler le dossier palestinien,
et toutes les questions liées à l’occupation israélienne. Il
fixe même un délai au-delà duquel la situation actuelle pourrait
basculer. Le roi Abdallah II a averti, hier, dans une interview
au quotidien britannique The Times, que le monde pourrait être
« aspiré dans un autre conflit » au Proche-Orient d’ici 12 à 18
mois en cas de nouveau report des pourparlers de paix. Le roi a
souligné qu’il était crucial qu’un signal clair sorte des
discussions prévues à Washington, fin mai, entre le président
américain Barack Obama et le nouveau Premier ministre israélien
Benjamin Netanyahu.
« Si nous reportons nos négociations de paix, il y aura alors
un nouveau conflit entre les Arabes ou les musulmans et Israël
dans les 12 à 18 prochains mois », a mis en garde le souverain,
qui, visiblement accorde peu d’importance à l’activisme du
Premier ministre israélien qui rencontrait, hier, le chef de
l’Etat égyptien. Pour lui, il faut aller à l’essentiel, d’autant
que le président américain s’est clairement prononcé en faveur
de la création d’un Etat palestinien indépendant, mettant fin
aux supputations répandues par des personnalités américaines en
vue, comme celles de l’ancien ambassadeur, John Bolton, en
faveur d’une solution à un Etat, niant de ce fait les droits
nationaux du peuple palestinien. Une telle déclaration est faite
alors que M. Barack Obama pourrait présenter les grande lignes
d’un plan de paix pour le Proche-Orient lors d’un discours-clef
à l’adresse du monde musulman au Caire en juin prochain. Le plan
de paix américain implique 57 Etats et pourrait comprendre une
reconnaissance d’Israël par les pays arabes et musulmans, selon
le roi Abdallah. « Tous les yeux seront braqués vers
Washington », a-t-il déclaré. « S’il n’y a pas de signaux et de
directives clairs pour chacun d’entre nous, il y aura le
sentiment qu’il s’agit juste d’un autre gouvernement américain
qui va nous laisser tomber ».
Si « la décision (issue des discussions Obama-Netanyahu) est
que ce n’est pas le bon moment (pour de nouvelles négociations)
(...) alors le monde risque d’être aspiré vers un autre conflit
au Proche-Orient », a-t-il averti. Avec une solution impliquant
57 Etats, « nous offrons à un tiers (des pays) du monde de les
accueillir en ouvrant les bras », a relevé le monarque.
« L’avenir n’est pas le Jourdain ou le plateau du Golan ou le
Sinaï, l’avenir c’est le Maroc dans l’Atlantique, ou l’Indonésie
dans le Pacifique. C’est cela la récompense », a-t-il souligné.
Abdallah II, qui devait se rendre hier à Damas, a souligné que
la Syrie, dénoncée par les Etats-Unis comme un pays soutenant le
terrorisme, pourrait faire son retour dans le concert des
nations à cette occasion. Le roi de Jordanie qui a décrit sa
plus récente rencontre avec M. Netanyahu, il y a une dizaine
d’années, comme « la moins agréable » de son règne, a jugé que
l’atmosphère dans la région était difficile. Mais « nous devons
faire avec ce dans quoi nous sommes embourbés », a-t-il
souligné. Justement, Netanyahu bouge, c’est le moins que l’on
puisse dire, mais rien de plus. Il tente à sa manière de
torpiller le rendez-vous américain. Il en avait donné la preuve
lors de sa première élection comme premier ministre en 1996.
L’homme n’a pas changé, comme la société qui a voté pour lui.
|