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Opinion
La réconciliation
inter-palestinienne et le retour de l'Egypte
Soraya Hélou
Photo: CPI
Jeudi 5 mai 2011 Si quelqu’un avait encore des doutes sur
l’importance pour le monde arabe de la réconciliation entre
l’OLP et le Hamas, il n’a qu’à lire les déclarations et à suivre
les décisions des responsables israéliens pour les dissiper
totalement. L’un après l’autre, les dirigeants sionistes se sont
relayés pour condamner cette réconciliation et menacer les
Palestiniens de toutes les foudres possibles, tout en poussant
ses protecteurs occidentaux à adopter des positions similaires,
ou, à tout le moins, négatives et méfiantes.
Avec ces données, on comprend mieux pourquoi il était quasiment
interdit aux composantes palestiniennes de se réconcilier tout
au long des quatre dernières années. Toutes les tentatives
étaient vouées à l’échec, y compris celle du roi Abdallah
d’Arabie.
A peine signé l’accord de la Mecque, et en dépit des promesses
faites dit-on sur le Coran, les Américains et leurs alliés
arabes ont tôt fait de le saboter. On se souvient en effet,
comment les conditions successives imposées par l’Autorité
palestinienne ont neutralisé l’accord.
Ensuite, ce fut au tour de l’Egypte de Hosni Moubarak de prendre
le relais soi-disant pour tenter de réconcilier « les frères
ennemis ». A chaque fois, et malgré disait-on des efforts
déployés par le représentant de Moubarak, Omar Sleiman, les
négociations tournaient court et en dépit de la gravité du
moment, de la guerre israélienne contre Gaza, de la poursuite de
la politique israélienne de colonisation et de judaïsation des
territoires palestiniens, sans parler des menaces de destruction
de la mosquée Al Aqsa, les Palestiniens restaient
irréconciliables.
Et puis, brusquement, la réconciliation n’est pas seulement
devenue possible, elle est désormais réelle, signée et confirmée
dans le cadre d’une cérémonie solennelle qui a fait chaud au
cœur de tous les Arabes sincères. Comment dans ce cas ne pas en
déduire que le véritable blocage n’était pas là où on le disait,
mais bien dans le rôle obstructif de Moubarak et de son équipe à
la demande des Américains et de leurs poulains israéliens.
La réconciliation inter-palestinienne est donc un grand moment
pour le monde arabe. Non seulement, elle marque le début d’une
nouvelle étape pour les Palestiniens eux-mêmes, avec le retour
du processus démocratique avec la formation d’un gouvernement de
transition et l’organisation d’élections législatives et
présidentielles, mais aussi pour l’Egypte qui est en train de
retrouver son rôle de leader du monde arabe, abandonné depuis la
signature de l’accord de Camp David en 1978.
Rappelons à ce sujet que c’est à la suite des dernières
élections législatives palestiniennes que le monde occidental
avait décidé de miser sur la division. Une belle leçon de
démocratie que donnait là la communauté internationale si
soucieuse de « répandre la culture de la démocratie chez ces
sous développés arabes ».
Le Hamas, on s’en souvient, avait remporté haut la main plus de
70% des sièges parlementaires et l’Occident avait réagi en
refusant de reconnaître ces résultats, ainsi que le gouvernement
qui en toute légitimité avait été formé à la suite de ces
élections. C’est donc la communauté internationale, qui à coups
de dollars et d’euros, avait encouragé Mahmoud Abbas à former
son propre gouvernement, reconnu par l’Occident, mais dépourvu
de légitimité populaire et protégé par Hosni Moubarak et Omar
Sleiman.
Espérons que la même communauté occidentale aura tiré les leçons
de l’échec de sa politique de refus de reconnaître les processus
démocratiques lorsqu’ils ne sont pas conformes à ses désirs et
ceux de son allié israélien. Il a donc suffi que l’Egypte
revienne à son histoire arabe pour que les Palestiniens
reviennent aussi à eux-mêmes et sèment l’inquiétude au sein de
la communauté internationale et la terreur chez les Israéliens.
C’est bel et bien un grand moment. Désormais, il devrait y en
avoir beaucoup d’autres. La démocratie dans le monde arabe,
c’est écouter la voix des populations qui elles sont toujours
restées fidèles à la cause principale, celle de la Palestine.
Quelle que soit la réaction des Etats-Unis et d’Israël, les
choses sont désormais claires : nul n’ignore plus qui veut
réellement la démocratie et qui préfère les dictatures pour
préserver ses intérêts.
Article publié sur Résistance islamique au Liban
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